13. A PROPOS DES ASTHMATIQUES :
Après
avoir esquissé la structuration du sujet du
point de vue pluridisciplinaire qui est le nôtre, nous pouvons user des divers étages précédemment décrits en
vue de l’approche des asthmatiques. .
L'allergie est le terrain privilégié pour l'étude de la pathologie psychosomatique Marty (1980 ), Gorot (1989). L'asthmatique pose la question de son propre vécu corporel par rapport à son identité et à l'autre. Sami Ali (1977, 1989 ), S. Cady (1987, 1988,1989), Gauthier (1989). L'asthme peut alterner avec d’autres somatisations allergiques, notamment cutanées et nous avons fait état des possibles relations entre asthme et dyslexie. Cet ensemble symptomatique conjugue donc des phénomènes immunitaires, des troubles de la fonction respiratoire au niveau du thorax et de la gorge, qui est à la fois le lieu d’émission de la parole et l’élément de passage entre la tête et l ‘ensemble du corps. Sami Ali rend compte du processus allergique par le phénomène du double : la somatisation se situant autour du problème de l'identité lors de l'expérience de différenciation de l’enfant par rapport à l’entourage.( ch 5-2) Au stade du miroir, s’ébauche pour l’enfant un certain type d’identification fondamentale au cours de laquelle celui-ci conquiert l’image de son propre corps, et nous avons précisé tous les aspects de ce double qui, au niveau subjectif, est structurant mais aussi aliénant. Nous envisageons ce symptôme avant tout comme un langage au sujet duquel un certain nombre de lieux peuvent être retenus dont celui de la parole ainsi que celui du souffle, respectivement la gorge ou le chakra Vishudda, le VI et l’étage thoracique ou Anahata, le V celui où le son est « non frappé» et auquel est dévolu l’élément AIR.
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Parlons
d’abord du souffle , qui est commun
aux deux plans, dont les différentes acceptions nous indiquent que ce lieu est
éminemment identitaire : c’est ANIMA et ANIMUS, déjà cités, au niveau
du chakra de la gorge et c’est le
pneuma des grec, le ROUAH en hébreu,
et ATMAN, le souffle, chez les hindous désigne dans les VEDAS la partie centrale
de la personne et en vient à signifier
« soi-même » et à valoir comme pronom réfléchi.
Avec l’air c’est la vie qui est évoquée dans cette dimension d’énergie quant
à son investissement. Si nous nous centrons
spécifiquement sur Anahata, le V qui représente le lieu du tact et de ce qui délimite un sujet, nous voyons
qu’il s’agit de ce plan phallique impliqué
dans ses vacillations, lors des identifications de l’enfant, à savoir,
être le phallus ou l’avoir donc se poser comme sujet autonome, s’affirmer,
s’opposer,lutter…pouvoir “faire face ”aux infections, ce qui est la problématique
de la petite enfance. .Les pneumologues nous enseignent que le désordre de l’asthme consiste en une
inflammation des bronches avec spasme
secondaire, mais l’écoute de la voix de l’enfant souvent enrouée, ou blanche,
ou tendue nous indique une inflammation et des tensions au niveau des cordes
vocales. L’espace du langage est au départ essentiellement une vibration aérienne
ou osseuse. Le respir est au cœur de la dynamique du langage et du chant. Parler,
se faire entendre, rendent compte de la pulsion invocante décrite par Lacan
(1973), laquelle est régie par les différentes combinatoires que nous
étudions ; et nous avons évoqué l’autre
face du sujet qui est l’ombre avec
laquelle il doit composer à la suite
de ses diverses identifications relatives aux deux lignées paternelle et maternelle
(Anima pour un homme et animus pour une femme, notre bipolarité). Antoine veut
changer de prénom, mais survient une
dispute dans la famille, il fait une crise d’asthme. Après réflexion il renonce
à ce changement
C’est
aussi l’ombre au niveau groupal représentée par certains traits que
la société refuse et projette sur un sujet : Cyril, asthmatique, n’aime pas la couleur de
sa peau, ni la texture de ses cheveux ; lui furent tenus des propos racistes à l’école, situation qu’a
aussi subi son père.
. Sur
le plan de l’expression de la voix, il
s’agit de notations énergétiques évoquées plus haut comme l’intensité, les variations
de l’aigu au grave, les harmoniques, le rythme etc… qui distinguent une voix
d’une autre et permettent à un sujet d’être reconnu à sa seule voix dans son
identité propre. Tous ces éléments, se situant aux confins du psychique et du
somatique, sont en voie d’instauration chez l’enfant. La voix issue des différentes
scansions au niveau du flux sonore aérien…
rencontre toujours en une légère dissymétrie la voix
de la mère qui tire sur les aigus à
la fin du mot, qui donne ses onomatopées sur un mode sécurisant, porteur, rassurant
mais aussi empreint de tristesse, désillusion, colère …C’est le grand Autre, qui fonde notre altérité et qui
participe à la dimension symbolique, associée
à la loi référée au Nom-du-père, le
chakra VII des instances interditrices. Le désir, la convoitise rencontrent
les commandements moraux et la conscience morale apparaissant très tôt
chez l’enfant ceci peut être la source d’angoisse, (de angustia :
resserrement, notamment des voies respiratoires et des cordes vocales) et de
sentiment de culpabilité. Est-ce tout ?
Si je me penche sur les nombreux cas d’enfants
que je reçois pour troubles du comportement en famille ou à l’école ou
pour difficultés scolaires en CP, CE1 ou CE2 ou plus tard, l’asthme est souvent
retrouvé dans l’histoire du sujet
en tant que souffrance dans la petite enfance ou manifestation actuelle
mais considéré comme secondaire ou comme un épiphénomène, la médication étant
souvent efficace. Situons-nous donc au niveau de l’histoire de l’enfant, lors
de périodes précédant l’acquisition du langage. Pendant la grossesse : la maman peut avoir été anxieuse, elle a eu des calmants, il peut y
avoir eu un deuil, ou toute autre souffrance.
Dans la dynamique de la grossesse notons la menace de fausse couche
engendrant la crainte de perdre l’enfant. L’accouchement peut
avoir duré longtemps, avec ou sans forceps etc. Sur le plan ORL il
a toujours été fragile avec allergies, otites aiguës ou séro-muqueuses, drains…
orthophonie en maternelle pour trouble de langage.
Les troubles
périnataux nous renvoient au plan de base, le chakra II avec la connotation
de sécurité, de plénitude qui peut s’inverser et tourner au cauchemar .
Pendant la première année, aux alentours de la phase orale, chakra III qui est
un moment de grands remaniements pour l’enfant les phénomènes s’instaurent en
miroir par rapport à l’entourage, avec
lequel il est en relation duelle et
à ce niveau je distingue le - miroir
sonore (qui s’ébauche en Vishudda,
le VI) dans lequel les inflexions de
la voix de l’entourage traduisent la tendresse, l’amour, le dépit, la colère
… et ce au moyen des paramètres comme l’intensité, les montées douces ou brusques de l’aigu et du
grave. du miroir visuel
, moment ou l’enfant structure son espace par rapport à l’Autre en une distanciation
progressive (chakra IV) avec les connotations variées de ce regard : bienveillant,
distant, absent, persécuteur, ou se référent au mauvais oeuil . Nos grandes
fonctions s’instaurent en un temps où le langage articulé est naissant et où le corps assure l’expression du sujet.
Ces observations
nous montrent que tous les éléments d’une histoire sont signifiants
et que tous les plans d’un sujet sont à écouter. Dans la voie de recherche
qui est celle de l’école pluridisciplinaire de Toulouse une thérapeutique adéquate peut être envisagée.
Chaque plan effectivement recevra sa
réponse sous forme d’une parole
adéquate mais ce peut être aussi sous la forme de musique,
de lettres, ou de comptines voire d’une
thérapeutique spécifique.
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