Celles-ci sont très vastes, et nous suivrons le cheminement
de la voie auditivo-langagière pour les préciser. En suivant le modèle de regroupement
de Feldman (1985), nous pouvons retenir :
- les séquelles d'otites, les otites à répétition, s'accompagnant de difficultés scolaires et comportant notamment des scotomes auditifs,
une chute fréquente dans les aigus, et des troubles de la sélectivité.
- Otites séro-muqueuses accompagnées de troubles du langage et pouvant retentir sur les acquisitions scolaires car peuvent passer inaperçues.
|
Au niveau perceptif
- Troubles de la lecture-écriture — dyslexie, dysgraphie — en accompagnement des pratiques d'orthophonie. Sont souvent retrouvées
des perturbations de la spatialité et de la sélectivité auditive comme le montre
la statistique de Madame Michaud de l'I.M.E. de Mons, Haute-Garonne (1991).
- Troubles de la reconnaissance du schéma corporel avec l'aide de techniques de psychomotricité.
- Amusie (réceptive
ou expressive), qui est un trouble de l'aptitude musicale : impossibilité de
reconnaître ou de chanter un air de musique.
.
-Troubles
à base phonatoire : bégaiement, difficultés articulatoires,
culture vocale, posture phonatoire.
Les difficultés
vocales constituent l'indication princeps de la méthode ; après la phase passive
d'éducation purement auditive, le sujet est invité à
répéter différents phonèmes dont les sifflantes ("S", "CH"...)
génératrices d'harmoniques aiguës et qui, pour leur prononciation nécessitent
une juste tension des muscles de la face et du voile du palais. Sur le plan
vocal, le sujet y gagne en justesse et en timbre, de même qu'en assurance et
en décontraction. Le professionnel y trouve sa vraie voix, ainsi que certains
effets inattendus comme… une meilleure posture et la disparition de certaines
douleurs dorsales. Les phénomènes inflammatoires
de la gorge, hantise du sujet, s'amendent car ce dernier chante avec tous les
plans et tous les résonateurs de son être, et cesse de solliciter intempestivement
son larynx. La qualité de la voix chantée prend ainsi une toute autre coloration
par sa richesse en harmoniques.
- Pathologie du corps calleux, avec l'aide
de la technique de Mesker qui consiste à faire écrire un sujet avec ses deux
mains simultanément sur un tableau non pas frontal mais sagittal, à la manière
d'une personne écrivant sur les deux faces d'une porte, le front contre l'arête
de celle-ci (cette technique, qui a valeur au départ de diagnostic, est d'un
apport pédagogique précieux en assurant une coordination bi-hémisphérique).
Nous devons
ajouter :
-L’ instabilité psychomotrice de l'enfant
avec déficit de l'attention qui comprend : hyperactivité
: l'enfant court ou grimpe partout, a du mal à rester tranquille ; troubles de l'attention : l'enfant a du
mal à se concentrer sur son travail scolaire ou tout autre activité nécessitant
une attention soutenue comme
le jeu ; il est facilement distrait par les stimuli
externes et il n'a pas l'air d'écouter ; lenteur dans le travail ; impulsivité. Une forme clinique voisine
est représentée par les troubles déficitaires de l'attention
(TDA) sans hyperkinétisme, ce groupe étant constitué par des enfants plus lents,
plus anxieux et réservés, ayant une grande tendance à la somnolence, avec réactions
moins bien adaptées, dont les performances cognitives sont plus faibles en vitesse
- Les troubles névrotiques de la communication chez l'enfant
(et chez l'adulte), dans le
cadre d'une psychothérapie, avec entretiens familiaux en ce qui concerne l'enfant.
- Les états dépressifs chez l'adulte dans le cadre d'une psychothérapie, en
raison de l'action stimulante des sons aigus. Une contre-indication est représentée
par la psychose maniaco-dépressive en cure ambulatoire. Auriol (1991) signale
cinq échecs sur six cas : « Après une amélioration qu'on croirait spectaculaire,
il y a inversion de l'humeur et "instabilisation" où euphorie et pessimisme
se répondent ».
- Les désordres pré-psychotiques et psychotiques de la communication chez l'enfant
et chez l'adulte, selon l'indication de P. Raynaud (1985) en institution ; dysharmonie
chez l'enfant, mutisme.
- Les affections psychosomatiques et les allergies, pour lesquelles nous pouvons citer l'asthme
chez l'enfant, lorsque celui-ci est associé à des troubles des acquisitions
et à la gaucherie.
Feldman
regroupe chacun de ces syndromes que nous venons d'énumérer en quatre catégories
:
1) - Les troubles audio-psycho-phonologiques qui sont liés à
un non désir de communiquer, d'écouter et d'apprendre. Les retards
de langage et les névroses de l'enfant avec décompensation scolaire peuvent
être rangés dans cette catégorie de même que les troubles présentés par les
prématurés : difficultés de contact, lenteur, phobies diverses.
2) - Les troubles de la latéralisation et les troubles hémisphériques de l'écoute qui sont majeurs chez le déficient intellectuel,
et à des degrés divers chez le traumatisé crânien. Un bilan de latéralité avec potentiels évoqués tardifs et indice de
latéralité peut nous guider dans notre démarche.
3) - Les troubles de la phonation et de l'attention auditive : les dysphonies fonctionnelles en sont une indication, ainsi que les troubles
temporels auditifs et les troubles de l'intégration du message.
4) - Les troubles de la lecture et de l'écriture, pour lesquels, outre un bilan psychomoteur
concernant l'autonomie du sujet, un bilan audio-psycho-phonologique nous paraît
essentiel, de façon à ce que soient reconnus les paramètres en cause : troubles
de la spatialisation, troubles de la sélectivité, ou bien troubles hémisphériques
du traitement de l'information (selon les modes digital et analogique).
Un meilleur
traitement de l'information permettra au sujet une discrimination plus fine,
une capacité supérieure d'abstraction et un langage plus précis. Concernant
la problématique droite-gauche, relativement à nos mécanismes de pensée et à
nos facultés créatrices, les choses sont-elles aussi simples ? Nos deux
hémisphères agissent en synergie et la spécialisation hémisphérique ne doit
pas masquer l'unité fonctionnelle de notre être. L'exemple de cette convergence
est donné par les caractères de lecture-écriture chinois, comportant entre autres
pictogrammes et idéogrammes, qui ne sont pas des abstractions, mais des représentations
dérivées d'une forme ou d'un mouvement relatifs au corps ou à la nature environnante.
Tout caractère est constitué par le signe (visuel, spatial) assorti d'une indication
concernant le son et le ton (prononciation) ; ce dernier peut être ascendant,
descendant ou ascendant-descendant. La forme et la sonorité, l'analogique et
le verbal, sont alliés dans ce cas, et certains pédagogues
s'adressent à l'usage de l'écriture chinoise, qui comporte en outre un côté
esthétique, pour remédier aux difficultés d'apprentissage de certains enfants.
D'aucuns regrettent que nous soyons des sous-développés de notre hémisphère
droit et le Pr. F. Lhermitte déclare : « Il existe une pensée sans langage,
une pensée qui précède et dépasse le langage ; je veux parler de la créativité,
qu'il s'agisse de l'idée nouvelle, de l'imaginaire, de la pensée mathématique.
Elle n'a pas évidemment pour seul support l'hémisphère droit, le cerveau tout
entier y participe. Le langage fut sûrement nécessaire à Archimède pour poser
les données du problème, mais la soudaine émergence de la découverte s'est produite
en dehors de tout remue-ménage d'une pensée verbale. Elle a jailli sans qu'il
fût conscient des mécanismes de sa pensée. C'est ensuite qu'il l'a formulée
[...]. Dans le domaine de la physique, Einstein a souligné le processus non
verbal de sa pensée. Ses concepts se présentaient tout d'abord sous forme "d'entités
physiques, de signes et images plus ou moins clairs" qu'il s'efforçait
d'associer ».
Nous donnerons
une comparaison des caractéristiques modales des hémisphères droit et gauche,
tout en sachant que ceux-ci peuvent orienter le pédagogue ou le psychothérapeute
vers un dialogue sur le mode de perception et d'approche du réel par un sujet,
à savoir : lorsque celui-ci perçoit et mémorise une donnée, le fait-il en privilégiant
son espace visuel, c'est-à-dire en revoyant les formules, les chiffres et les descriptions
géométriques à la manière des scientifiques
et de ceux qui observent la nature, ou bien se répète-t-il silencieusement
ou à haute voix (voie auditivo-langagière) les définitions, les mots et les énoncés à la manière des littéraires
ou des musiciens ? Il s'agit du "Dialogue pédagogique" proposé par A. de la Garanderie
(Centurion, Paidos).
Comparaison des caractéristiques modales
des hémisphères droit et gauche
Gauche : le symbolique (Commande le côté droit du corps) |
(Commande le côté gauche du corps) |
Verbal : utilise des mots pour nommer, décrire, définir. |
Non Verbal : conscience des choses, mais connexion minimale avec des mots. |
Analytique : découvre les faits étapes par étapes éléments par éléments. |
Synthétique : plaçant les choses ensemble pour former des ensembles. |
Symbolique : utilisant un symbole pour remplacer une chose ; ex. le signe + pour addition, la métaphore ou la métonymie pour désigner le réel. |
Concret : rattaché aux choses comme elles sont au moment présent. |
Abstrait : isole un élément d’un ensemble afin de le considérer à part. |
Analogique : voyant les liens et les rapports entre les choses, usant d’images mentales, de pictogrammes, imitations figuratives. |
Temporel : garde la trace du temps, organise les données séquentiellement et les exécute dans l’ordre (diachronie). |
Atemporel : conscience de la simultanéité (synchronie). |
Non rationnel : n’a pas besoin de faits et de raisonnement ; propension à ne pas juger. |
|
Spatial : conscience de l’aspect topologique des objets et de leur organisation structurale et systémique ; conscience des formes et des images. |
|
Intuitif : procédant par bonds, à partir d’impressions, de sentiments, d’images visuelles, d’éléments d’information. |
|
Global : percevant des ensembles, associant des parties ; conclusions divergentes ; structures et systèmes. |
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Déductif |
Imaginatif |
Actif |
Réceptif |
Explicite : richesse du vocabulaire. |
Tacite : vocabulaire pauvre. |
Réductionniste |
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Rationalisant |
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Objectif |
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Processus secondaire : Freud. | |
Maladies allergiques, dyslexie. |
Adaptation de la Présentation de Betty Edwards in Racle, G. (1983).
*
* *
Opposition entre les approches rationaliste
et systémique
(In Durand, D., 1979
Approche rationaliste classique |
Approche systémique |
Préceptes
|
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- d’évidence |
- de pertinence (par rapport au chercheur) |
- réductionniste (priorité à
l’analyse) |
- de globalisme (par rapport à ’environnement
du système) |
- causaliste (raisonnement linéaire) |
- téléologiques (recherche du comportement
du système ; finalité) |
- d’exhaustivité |
- d’agrégativité (en vue d’une représentation simplificatrice) |
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