Psychosonique en Pédo-Psychiatrie

Dr Joffrin, Françoise

 

 

9. - INDICATIONS EN  PÉDO-PSYCHIATRIE DE LA THERAPIE SONIQUE

Celles-ci sont très vastes, et nous suivrons le cheminement de la voie auditivo-langagière pour les préciser. En suivant le modèle de regroupement de Feldman (1985), nous pouvons retenir :                                                          

                                  - les séquelles d'otites, les otites à répétition, s'accompagnant de difficultés scolaires  et comportant notamment des scotomes auditifs, une chute fréquente dans les aigus, et des troubles de la sélectivité.                              

                                  - Otites séro-muqueuses accompagnées de troubles du langage et pouvant retentir sur les acquisitions scolaires car peuvent passer inaperçues.

 


                           

Au niveau perceptif               

                                  - Troubles de la lecture-écriture — dyslexie, dysgraphie — en accompagnement des pratiques d'orthophonie. Sont souvent retrouvées des perturbations de la spatialité et de la sélectivité auditive comme le montre la statistique de Madame Michaud de l'I.M.E. de Mons, Haute-Garonne (1991).                                              

                                  - Troubles de la reconnaissance du schéma corporel avec l'aide de techniques de psychomotricité.          

                                  - Amusie (réceptive ou expressive), qui est un trouble de l'aptitude musicale : impossibilité de reconnaître ou de chanter un air de musique.

                                  .

          -Troubles à base phonatoire : bégaiement, difficultés articulatoires, culture vocale, posture phonatoire.

Les difficultés vocales constituent l'indication princeps de la méthode ; après la phase passive d'éducation purement auditive, le sujet est invité à  répéter différents phonèmes dont les sifflantes ("S", "CH"...) génératrices d'harmoniques aiguës et qui, pour leur prononciation nécessitent une juste tension des muscles de la face et du voile du palais. Sur le plan vocal, le sujet y gagne en justesse et en timbre, de même qu'en assurance et en décontraction. Le professionnel y trouve sa vraie voix, ainsi que certains effets inattendus comme… une meilleure posture et la disparition de certaines douleurs dorsales. Les  phénomènes inflammatoires de la gorge, hantise du sujet, s'amendent car ce dernier chante avec tous les plans et tous les résonateurs de son être, et cesse de solliciter intempestivement son larynx. La qualité de la voix chantée prend ainsi une toute autre coloration par sa richesse en harmoniques.

                                   - Pathologie du corps calleux, avec l'aide de la technique de Mesker qui consiste à faire écrire un sujet avec ses deux mains simultanément sur un tableau non pas frontal mais sagittal, à la manière d'une personne écrivant sur les deux faces d'une porte, le front contre l'arête de celle-ci (cette technique, qui a valeur au départ de diagnostic, est d'un apport pédagogique précieux en assurant une coordination bi-hémisphérique).

Nous devons ajouter :                              

-L’ instabilité psychomotrice de l'enfant avec déficit de l'attention qui comprend : hyperactivité : l'enfant court ou grimpe partout, a du mal à rester tranquille ; troubles de l'attention : l'enfant a du mal à se concentrer sur son travail scolaire ou tout autre activité nécessitant une attention soutenue  comme  le jeu ;  il est facilement distrait par les stimuli externes et il n'a pas l'air d'écouter ; lenteur dans le travail ; impulsivité. Une forme clinique voisine est représentée par les troubles déficitaires de l'attention (TDA) sans hyperkinétisme, ce groupe étant constitué par des enfants plus lents, plus anxieux et réservés, ayant une grande tendance à la somnolence, avec réactions moins bien adaptées, dont les performances cognitives sont plus faibles en vitesse                                    

- Les troubles névrotiques de la communication chez l'enfant (et chez l'adulte), dans le cadre d'une psychothérapie, avec entretiens familiaux en ce qui concerne l'enfant.                                    

                                   - Les états dépressifs chez l'adulte dans le cadre d'une psychothérapie, en raison de l'action stimulante des sons aigus. Une contre-indication est représentée par la psychose maniaco-dépressive en cure ambulatoire. Auriol (1991) signale cinq échecs sur six cas : « Après une amélioration qu'on croirait spectaculaire, il y a inversion de l'humeur et "instabilisation" où euphorie et pessimisme se répondent ».

                                   - Les désordres pré-psychotiques et psychotiques de la communication chez l'enfant et chez l'adulte, selon l'indication de P. Raynaud (1985) en institution ; dysharmonie chez l'enfant, mutisme.                

                                   - Les affections psychosomatiques et les allergies, pour lesquelles nous pouvons citer l'asthme chez l'enfant, lorsque celui-ci est associé à des troubles des acquisitions et à la gaucherie.

Feldman regroupe chacun de ces syndromes que nous venons d'énumérer en quatre catégories :    

                        1) - Les troubles audio-psycho-phonologiques qui sont liés à un non désir de communiquer, d'écouter et d'apprendre. Les retards de langage et les névroses de l'enfant avec décompensation scolaire peuvent être rangés dans cette catégorie de même que les troubles présentés par les prématurés : difficultés de contact, lenteur, phobies diverses.                                

                        2) - Les troubles de la latéralisation et  les troubles hémisphériques de l'écoute qui sont majeurs chez le déficient intellectuel, et à des degrés divers chez le traumatisé crânien. Un  bilan de latéralité  avec potentiels évoqués tardifs et indice de latéralité peut nous guider dans notre démarche.                 

                        3) - Les troubles de la phonation et de l'attention auditive : les dysphonies fonctionnelles  en sont une indication, ainsi que les troubles temporels auditifs et les troubles de  l'intégration du message.              

                        4) - Les troubles de la lecture et de l'écriture, pour lesquels, outre un bilan psychomoteur concernant l'autonomie du sujet, un bilan audio-psycho-phonologique nous paraît essentiel, de façon à ce que soient reconnus les paramètres en cause : troubles de la spatialisation, troubles de la sélectivité, ou bien troubles hémisphériques du traitement de l'information (selon les modes digital et analogique).

Un meilleur traitement de l'information permettra au sujet une discrimination plus fine, une capacité supérieure d'abstraction et un langage plus précis. Concernant la problématique droite-gauche, relativement à nos mécanismes de pensée et à nos facultés créatrices, les choses sont-elles aussi simples ? Nos deux hémisphères agissent en synergie et la spécialisation hémisphérique ne doit pas masquer l'unité fonctionnelle de notre être. L'exemple de cette convergence est donné par les caractères de lecture-écriture chinois, comportant entre autres pictogrammes et idéogrammes, qui ne sont pas des abstractions, mais des représentations dérivées d'une forme ou d'un mouvement relatifs au corps ou à la nature environnante. Tout caractère est constitué par le signe (visuel, spatial) assorti d'une indication concernant le son et le ton (prononciation) ; ce dernier peut être ascendant, descendant ou ascendant-descendant. La forme et la sonorité, l'analogique et le verbal,  sont alliés dans ce cas, et certains pédagogues s'adressent à l'usage de l'écriture chinoise, qui comporte en outre un côté esthétique, pour remédier aux difficultés d'apprentissage de certains enfants. D'aucuns regrettent que nous soyons des sous-développés de notre hémisphère droit et le Pr. F. Lhermitte déclare : « Il existe une pensée sans langage, une pensée qui précède et dépasse le langage ; je veux parler de la créativité, qu'il s'agisse de l'idée nouvelle, de l'imaginaire, de la pensée mathématique. Elle n'a pas évidemment pour seul support l'hémisphère droit, le cerveau tout entier y participe. Le langage fut sûrement nécessaire à Archimède pour poser les données du problème, mais la soudaine émergence de la découverte s'est produite en dehors de tout remue-ménage d'une pensée verbale. Elle a jailli sans qu'il fût conscient des mécanismes de sa pensée. C'est ensuite qu'il l'a formulée [...]. Dans le domaine de la physique, Einstein a souligné le processus non verbal de sa pensée. Ses concepts se présentaient tout d'abord sous forme "d'entités physiques, de signes et images plus ou moins clairs" qu'il s'efforçait d'associer ».

Nous donnerons une comparaison des caractéristiques modales des hémisphères droit et gauche, tout en sachant que ceux-ci peuvent orienter le pédagogue ou le psychothérapeute vers un dialogue sur le mode de perception et d'approche du réel par un sujet, à savoir : lorsque celui-ci perçoit et mémorise une donnée, le fait-il en privilégiant son espace visuel, c'est-à-dire en revoyant les formules, les chiffres et les descriptions géométriques  à la manière des scientifiques et de ceux qui observent la nature,  ou bien se répète-t-il silencieusement ou à haute voix (voie auditivo-langagière)  les définitions, les mots et les énoncés à la manière des littéraires ou des musiciens ? Il s'agit du "Dialogue pédagogique" proposé par A. de la Garanderie (Centurion, Paidos).

Comparaison des caractéristiques modales

des hémisphères droit et gauche

Gauche : le symbolique

(Commande le côté droit du corps)

Droit : l’imaginaire

(Commande le côté gauche du corps)

Verbal : utilise des mots pour nommer, décrire, définir.

Non Verbal : conscience des choses, mais connexion minimale avec des mots.

Analytique : découvre les faits étapes par étapes éléments par éléments.

Synthétique : plaçant les choses ensemble pour former des ensembles.

Symbolique : utilisant un symbole pour remplacer une chose ; ex. le signe + pour addition, la métaphore ou la métonymie pour désigner le réel.

Concret : rattaché aux choses comme elles sont au moment présent.

Abstrait : isole un élément d’un ensemble afin de le considérer à part.

Analogique : voyant les liens et les rapports entre les choses, usant d’images mentales, de pictogrammes, imitations figuratives.

Temporel : garde la trace du temps, organise les données séquentiellement et les exécute dans l’ordre (diachronie).

Atemporel : conscience de la simultanéité (synchronie).

Rationnel : tirant des conclusions fondées sur des faits et sur un raisonnement.

Non rationnel : n’a pas besoin de faits et de raisonnement ; propension à ne pas juger.

Numérique : utilisant les nombres et leur mode d’emploi.

Spatial : conscience de l’aspect topologique des objets et de leur organisation structurale et systémique ; conscience des formes et des images.

Logique : tirant des conclusions fondées sur une organisation logique.

Intuitif : procédant  par bonds, à partir d’impressions, de sentiments, d’images visuelles, d’éléments d’information.

Linéaire : pensant en terme d’idées reliées ; pensée convergente.

Global : percevant des ensembles, associant des parties ; conclusions divergentes ; structures et systèmes.

Déductif

Imaginatif

Actif

Réceptif

Explicite : richesse du vocabulaire.

Tacite : vocabulaire pauvre.

Réductionniste

Englobant

Rationalisant

Intégrant

Objectif

Subjectif  et émotionnel.

Processus secondaire : Freud.

Processus primaire : Freud.

  Maladies allergiques, dyslexie.

Adaptation de la Présentation de Betty Edwards in Racle, G. (1983).

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Opposition entre les approches rationaliste et systémique

(In Durand, D., 1979

Approche rationaliste classique
Approche systémique
Préceptes
- d’évidence
- de pertinence (par rapport au chercheur)
- réductionniste (priorité à l’analyse)
- de globalisme (par rapport à ’environnement du système)

- causaliste (raisonnement linéaire)

- téléologiques (recherche du comportement du système ; finalité)
- d’exhaustivité

- d’agrégativité (en vue d’une représentation simplificatrice)

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