La dialectique posturale

(Chapitre VI de "Yoga et Psychothérapie" du Dr Bernard Auriol)

 

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Il convient, pour préciser la valeur et la place, en thérapie, des postures, d'examiner quelque peu ce que la physiologie nous apprend au sujet de notre fonctionnement musculaire1.

I. LE FONCTIONNEMENT MUSCULAIRE

Chacun de nos muscles peut être tendu ou relâché. Certains sont sous le contrôle de la volonté : les muscles " striés ". Quant aux muscles "lisses ", on avait cru que le Yogi entraîné pouvait s'en rendre maître directement : des travaux plus précis ont montré qu'il faut continuer à les ranger, même chez le Yogi exceptionnel, dans la catégorie de la musculature involontaire dont le contrôle - réalisable - ne peut être qu'indirect. Je veux parler ici du contrôle du sphincter vésical et des mouvements intestinaux :

  1. on sait que le Yogi entraîné peut aspirer de l'eau dans sa vessie par le pénis.
  2. de même il peut aspirer de l'eau par l'anus dans l'intestin et faire circuler le contenu du colon à sa guise dans celui-ci2.

Des études précises, en particulier la thèse de Risch, ont montré que l'aspiration d'eau était due à une dépression barométrique intra-abdominale, réalisée grâce à une élévation du diaphragme, les muscles striés de l'abdomen assurant une tension suffisante dans le sens vertical et nulle dans le sens horizontal. Il faut bien entendu que l'ouverture des sphincters soit réalisée simultanément. Les sphincters striés sont relaxés, les sphincters lisses ayant subi au préalable des distensions répétées, voire un effondrement, auparavant, à l'aide de canules de roseau. Leur relâchement à volonté n'est donc pas démontré.

La maîtrise de la musculature lisse des vaisseaux est possible et l'entraînement moderne par biofeedback le met à la portée de chacun3. Déjà depuis longtemps le Training autogène nous avait appris à dilater nos vaisseaux périphériques jusqu'à obtenir une augmentation de température cutanée4 de 1° à 1°5.

Le contrôle de la musculature cardiaque est également réel mais ne semble jamais aller au-delà d'un arrêt apparent (sthétoscopiquement) du coeur sans arrêt électrocardiographique5.

Le tonus musculaire est mieux soumis à la volonté que le tonus vasculaire, il n'est cependant pas aussi accessible que la contraction (" phasique ") volontaire.

Cette dernière a lieu sur la toile de fond, précisément, d'un " tonus " musculaire qui affecte l'ensemble du corps et se module pour précéder, accompagner et suivre chacun de nos mouvements6.

Une posture fixée, immobile, peut comporter une intentionnalité active actuelle, (comme lorsqu'on joint les mains au-dessus de la tête) qui disparaît dès que l'attention se relâche. (Les mains tombent). Telle autre posture peut également ou exclusivement comporter une distribution de tensions musculaires réalisée automatiquement une fois mises en place les différentes parties du corps. L'idéal est que le tonus de posture se réduise à ce qui est indispensable (eutonie).

On a coutume de distinguer deux sortes de muscles striés

L'électromyographie a permis de montrer qu'il existe dans chaque muscle des " unités motrices " (phasiques) utilisables pour le mouvement et des unités motrices (" toniques ") responsables du degré de tension musculaire d'accompagnement spatial (lorsqu'un autre muscle agit phasiquement) ou temporel (préparant ou suivant la contraction phasique).

On a montré que les muscles " rouges " contiennent une plus grande quantité " d'unités motrices " de type tonique et ont un rôle prédominant dans le maintien du tonus musculaire global, de la posture.

Les muscles pâles sont plutôt destinés à assurer des mouvements ils contiennent une majorité d'unités musculaires de type phasique7. On doit remarquer que tous les muscles participent à l'activité tonique et tous à l'activité phasique il y a seulement une prédominance d'une ou de l'autre activité selon les groupes musculaires.

Les muscles rouges " toniques " reçoivent, comme de juste, un grand nombre de neurones de type tonique qui envoient des influx prolongés et de fréquence proportionnée à l'intensité du tonus musculaire. Ils assurent naturellement des réponses musculaires lentes8, auto-freinées par rétroaction grâce à la boucle de Renshaw. Tout est donc en place dans les muscles rouges pour favoriser des contractions prolongées, peu intenses, d'installation lente.

Les asanas obéissent aux mêmes caractéristiques contractions prolongées, mise en place très progressive. Lorsqu'une contraction tonique prolongée se relâche au niveau d'un motoneurone, on voit apparaître un potentiel électrique " tardif " qui rend ce filet nerveux hypo-excitable. Ceci est à l'origine des remarquables résultats de la méthode Jacobson9 de relaxation dans laquelle on contracte fortement un groupe musculaire dans le but d'obtenir aussitôt après un relâchement parfait.

Chaque posture de Hatha-yoga, comme chaque exercice de la relaxation dynamique de premier degré, sera suivie d'une phase de " récupération " en passivité totale. Le participant ressentira alors des impressions de détente intense ou de chaleur, localisées à tel groupe musculaire qui aura travaillé. Souvent il pourra remarquer l'existence de " courants " ou de " vibrations " très agréables que la bioénergie a redécouverts. L'importance de la commande nerveuse sur la fonction musculaire est telle que le muscle se modèle, même dans sa structure microscopique, selon ce que lui demande le nerf. Ainsi, si on " branche " un nerf à action rapide sur un muscle de type lent (muscle rouge), le muscle se transforme et devient muscle pâle à type rapide11.

L'alternance de postures antagonistes en Yoga aura pour effet de tendre et détendre à tour de rôle des groupes musculaires d'effets opposés. Il en résulte nécessairement un assouplissement qui est perceptible déjà à l'intérieur d'une séance de vingt minutes. (On observe également cela avec la méthode Mézières).

Le yogathérapeute aura avantage à évaluer ces progrès en début de cure, puis huit jours, un mois et deux mois après12. En l'absence d'amélioration, il vaut mieux, au bout de trois mois, proposer une autre activité au sujet.

II. LA REGULATION DU TONUS PAR LA MOELLE EPINIERE

Il existe dans le muscle un ensemble sensitif et musculaire appelé fuseau neuro-musculaire. Etiré, il envoie des influx aux motoneurones proportionnels à son étirement, si bien que tout allongement du muscle tend à engendrer une contre-action de raccourcissement.

Fait remarquable : les fibres qui conduisent ces influx du faisceau neuro-musculaire jusqu'à la moelle sont de deux sortes :

Alors que la gymnastique fait jouer de la même façon les deux types de fibres par des mouvements musculaires rapides, le Yoga et l'eutonie en usant de mouvements musculaires très lents, dissocient fonctionnellement les fibres I et II en n'excitant que les dernières.

Les fibres II transmettent leurs influx aux motoneurones alpha par l'intermédiaire de plusieurs inter-neurones. Laporte et Eccles (1959) ont montré que l'action résultante excite les muscles fléchisseurs et inhibe les extenseurs.

Cet effet est freiné et modulé par le cerveau, on ne l'observe pleinement que si la moelle seule agit (animal " spinal " dont le cerveau a été mis hors circuit). Il est cependant clair que ce mécanisme permet à une flexion d'aller beaucoup plus loin en Yoga (mouvement lent) qu'en gymnastique. Il en va de même, quoique à un moindre degré, pour ce qui est de l'extension.

Le fuseau neuro-musculaire qui comporte ces terminaisons I et II peut être lui-même activé par des motoneurones gamma. Le raccourcissement produit alors une augmentation de stimulation des fibres I et II. Le motoneurone gamma est commandé par les parties hautes du système nerveux et représente une activité plus élaborée que celles que j'ai décrites jusque là.

Les variations d'activité des fibres gamma règlent la longueur du muscle. Or ces fibres gamma voient leur activité régie par des influences supérieures.

III. REGULATIONS SUPRA-MEDULLAIRES

1. REFLEXES D'ORIGINE CERVICALE

Les récepteurs situés dans les articulations cervicales sont mis en jeu lors des mouvements de la tête et du tronc. Chez un animal décérébré, les déplacements de la tête entraînent des modifications de la répartition du tonus musculaire des membres; c'est le réflexe de Magnus ainsi une flexion de la tête entraîne une diminution du tonus dans le train antérieur et une augmentation dans le train postérieur; c'est la position de l'animal qui s'alimente; une extension de la tête donne l'inverse, la position de l'animal s'apprêtant à sauter un obstacle.

Ce réflexe de Magnus est utilisé et renforcé par la chandelle (Sarvangasana) :

2. RÉFLEXES D'ORIGINE VESTIBULAIRE

Ils se font à partir du vestibule, appareil de perception de notre position dans l'espace (par rapport à la pesanteur) et dans le temps (par rapport à l'accélération).

Les récepteurs " maculaires " sont sensibles à la pesanteur ; ils donnent des renseignements sur la position statique de l'organisme. Ainsi, en renversant pattes en l'air, un animal décérébré, on active au maximum ses récepteurs, ce qui provoque une augmentation du tonus extenseur des quatre membres14.

Dans le Yoga, la " Perche " ( Shirshasana) est une posture où tout le corps est inversé, y compris la tête. Les jambes (et les bras accessoirement) sont en extension d'une manière qui est, on le voit, parfaitement automatique, sous-corticale, réflexe. Les maîtres du Hatha-Yoga ne tarissent pas d'éloges sur cette posture. Comme inverse de la station debout, elle peut nous amener à reconsidérer nos perspectives, à relativiser notre système de valeurs hiérarchisé et à prendre de la distance par rapport à nos attitudes réflexes habituelles.

3. ACTION DE LA FORMATION RETICULAIRE

Magoun15 a montré le rôle déterminant que joue la substance réticulée du tronc cérébral, sur le tonus, grâce à des formations activatrices qui augmentent le tonus, et des formations inhibitrices qui le diminuent. Les formations activatrices agissent par l'intermédiaire de deux voies, l'une rapide et précise, l'autre lente et diffuse. Tous ces influx sont additionnés au niveau des motoneurones gamma.

Euler a démontré le parallélisme entre le tonus et l'activation du cortex cérébral. Ainsi la plupart des stimulations en bombardant la réticulée d'influx perturbateurs engendrent à la fois l'éveil cortical et l'hypertonie musculaire16.

Le Yoga nous demande de nous mettre autant que possible à l'abri des stimulations inutiles et inadéquates. Il semble susceptible, par ailleurs, de nous permettre d'acquérir une dissociation telle, que nous puissions demeurer très vigilants quoique très détendus.

De même, nous pouvons baigner dans un milieu sur-stimulant sans nous laisser troubler par cette stimulation, mais ceci seulement après un très long et patient travail !...

Le contrôle du tonus par le Yogi est assuré grâce au contrôle du cortex sur l'ensemble des formations que nous avons d'abord étudiées.

4. ACTION DU CORTEX CÉREBRAL SUR LE TONUS

Mac Culloch17 en stimulant un endroit du cortex du lobe frontal obtient une augmentation de l'activité inhibitrice de la réticulée et donc une relaxation musculaire. Des travaux de Hugelin, on peut déduire qu'il existe une deuxième façon de diminuer le tonus musculaire : en effet le cortex est capable de freiner la substance réticulée activatrice et, ainsi, de contrecarrer l'effet, d'au moins une partie, des stimulations d'origine périphérique. Dans l'idéal il doit interdire toute augmentation du tonus inutile au maintien de la posture. C'est à cela que tend l'eutonie, ainsi, bien entendu, que le Yoga.

Si on supprime l'influence du cortex chez un animal, celui-ci devient extrêmement raide (rigidité de décortication). On peut en conclure que le rôle essentiel de notre substance grise corticale est de freiner l'action tonique des formations nerveuses inférieures. On ne doit donc, en aucune façon, considérer comme une activité de faible valeur le fait de s'entraîner à la relaxation par le " biofeedback ", le Training autogène, la sophrologie, le Hatha-yoga ou la Méditation Transcendantale. Il s'agit là d'activités nobles de renforcement de notre potentiel humain. Le fait que la suggestion voire l'hypnose puissent jouer un rôle doit être compris comme un artifice destiné à réfléchir sur le Sujet une activité corticale émiettée.

Le cervelet a un rôle également inhibiteur et surtout harmonisateur. Sans qu'on ait en mains d'études neurophysiologiques à ce sujet, on peut avancer que le Hatha-Yoga est en très grande partie l'apprentissage d'un meilleur fonctionnement cérébelleux (équilibres dans différentes positions, contrôle tonique, etc.).

Bien entendu, le lieu cérébral de l'affectivité, représenté notamment par l'hypothalamus, joue un rôle majeur, la partie antérieure étant inhibitrice, la partie postérieure facilitatrice16.

 

L' Abandon Corporel

L'abandon corporel est une approche psychothérapeutique développée par le québécois Aimé Hamman. Sa particularité est de laisser le corps exprimer spontanément des mouvements involontaires. Le thérapeute ne fait que poser sa main sur le bras ou une partie du corps du consultant dans une attitude de réceptivité totale. L'attitude d'accueil inconditionnel et non jugemental du thérapeute permet alors au consultant de se rencontrer lui ou elle-même. Selon les praticiens de l'abandon corporel, les mouvements involontaires du corps reflètent la manière dont celui-ci est organisé, c'est-à-dire son mode de rapport à la vie, unique à chacun. L'abandon corporel se pratique également sur le plan verbal dans la même attitude de réceptivité. L'abandon corporel est une approche profonde, non directive, fondée sur la rencontre inconditionnelle de ce que l'on est.


 

Le fonctionnement musculaire spécifique du Yoga aura des effets spécifiques d'autant que les muscles n'entrent pas seuls en jeu, mais aussi les tendons, les aponévroses (comme dans la méthode Mézières) et même la sensibilité cutanée. Tout cela notamment au niveau de la colonne vertébrale.

Les ostéopathes, vertébrothérapeutes et chiropracteurs ont retrouvé l'importance de cet axe osseux fondamental. Non seulement il nous permet la station debout, mais les manipulations, lorsqu'elles provoquent des réflexes salvateurs, au niveau d'organes souvent très différents (uretère, intestin, cholédoque et vésicule biliaire, etc.) soulignent l'interrelation étroite de l'organisme que le Yoga affirme depuis très longtemps.

L'action du Yoga sur le schéma corporel se double d'une action biologique, de type neurovégétatif, neuro-endocrinien ou même circulatoire mécanique on sait que l'enfant atteint de cardiopathie congénitale cyanogène adopte spontanément, en cas d'effort qui le fait bleuir, une attitude économisatrice de circulation, le " squatting ", accroupissement proche des asanas de 1' " oeuf " ou de la "réintégration ". Cette posture lui permet de réoxygéner rapidement les organes essentiels.

On a montré18 que, dans la moelle épinière du chat, les fibres nerveuses répondent à la fois à la distension de viscères creux et à celle de muscles striés. Mais l'organisation des rapports entre ces afférences d'origine viscérale et la proprioception musculaire est encore inconnue. Ces recherches permettent, malgré tout, d'entrevoir de quelle façon les postures stimulent ou inhibent le fonctionnement viscéral, et comment le jeu des postures antagonistes peut avoir un effet d'harmonisation du fonctionnement des organes.

On a pu montrer que la position couchée entraîne une diminution des protéines sériques. Les dentistes qui travaillent assis sont plus souvent atteints de troubles vertébraux et beaucoup moins souvent de troubles cardio-vasculaires que ceux qui travaillent debout. La position debout entraîne une augmentation du taux d'aldostérone et de celui des catécholamines (Henrotte, art. cit.).

Les postures prises dans un esprit gymnique engendrent l'essoufflement et tout travail musculaire exécuté en position incommode accroît le rythme cardiaque de manière importante19. On conseillera donc aux participants de respirer lentement, d'une manière très régulière, tout au long de la séance, au rythme de trois à quatre cycles par minute chez ceux qui le peuvent.

Si cela est obtenu, on n'observe pas une accélération du pouls comme on pourrait s'y attendre pendant des exercices qui demandent une dépense d'énergie; parfois même (sujets entraînés), le pouls ralentit au cours de la séance20.

Il parait important que soit préservé l'équilibre d'une séance posture et contreposture doivent se succéder harmonieusement.

Wallon21 a montré qu'il existe deux types de nourrissons : ceux qui ont tendance à utiliser prioritairement les muscles extenseurs et ceux qui utilisent de préférence la flexion. Les premiers ont souvent une tendance au rachitisme et leur attitude est corrigée par la vitamine D et le Calcium.

Nous savons par ailleurs que les adultes atteints de troubles de la série tétanie-spasmophilie-hystérie souffrent fréquemment de troubles du métabolisme calcique ou magnésien. Ils ont une préférence marquée pour les postures en extension. L'équilibration biologique et l'équilibration posturale apparaissent dans cette perspective étonnamment liées.

Descamps remarque que les postures en extension sont " dynamogènes ", qu'elles engendrent des états euphoriques, se traduisent par de l'enthousiasme et de la confiance. Parfois peut se produire une certaine exaltation la personne sent en elle une grande force, elle est prête à tout entreprendre. A mon avis, il s'agit d'un effet psychotonique plus que d'un effet antidépresseur.

Remarquons que certaines postures sont adoptées spontanément ou réussies facilement dans certaines conditions psychophysiologiques alors que leur contreposture s'avère pénible, éprouvante...

Monsieur M..., entré dans le service après une tentative de suicide, est un névrosé dont la dépression au niveau postural est traduite de la manière suivante par la monitrice de Yoga "  sujet très souple qui ressemble pendant les postures à une grande plante privée d'eau, dont la corolle (la tête) tombe jusqu'à terre ". Le Yoga tonifiera progressivement les muscles périrachidiens et entraînera une modification spectaculaire de sa présentation. On note également qu'au départ, les postures d'équilibre lui sont totalement inaccessibles et qu'elles ne deviennent possibles et normalement tenues qu'après deux mois de yogathérapie.

Il en faut peu pour rester souple !

"Les étirements favorisent la souplesse, mais combien sont nécessaires et comment faut-il les faire ? Une recherche récente apporte une intéressante réponse à la question. À mesure que le corps vieillit, les muscles perdent leur élasticité et deviennent plus rigides. Les étirements permettent de regagner un peu de la souplesse perdue et plus ils sont maintenus longtemps plus leurs effets deviennent apparents.Une recherche récente a comparé la capacité d'étirement des muscles situés à l'arrière de la jambe chez des personnes âgées (moyenne d'âge : 85 ans !) qu'on avait réparties en quatre groupes : le premier ne faisait aucun exercice d'étirement alors que les trois autres maintenaient une position d'étirement pendant 15, 30 et 60 secondes. Or le groupe des "60 secondes" a augmenté sa flexibilité et son amplitude de mouvement de presque le double des deux autres groupes expérimentaux. Autre bénéfice, ils avaient une meilleure capacité de se pencher en avant, tout en ayant moins de maux de dos. L'auteur de l'étude, Brent Feland, un physiothérapeute assistant-professeur à l'Université Brigham Young de Provo (Utah), recommande des étirements assistés pour maintenir le muscle aussi relaxé que possible et maximiser la flexibilité. Il suffit de se coucher sur le dos, les jambes allongées. Un partenaire lève la jambe de la personne couchée vers le haut jusqu'à ce qu'elle ressente un léger inconfort. C'est là qu'il faut maintenir la position pendant 60 secondes. La jambe doit être droite mais non "barrée". Étirer chaque jambe quatre fois de suite. En faisant cet exercice cinq jours par semaine, on augmente rapidement la flexibilité des muscles sollicités. Il suffit de le faire trois fois par semaine pour maintenir les acquis" (extrait de Proteus, 20 11 2000 ).

IV. POSTURE DE L'ARBRE

Toute " série " de postures (pratiquée dans le cadre d'une seule séance) doit comporter au moins une posture d'équilibre, qui exerce au maximum l'activité de l'oreille vestibulaire et du cervelet, et implique un travail d'ajustement fin, nuancé et précis des tensions musculaires dans l'ensemble de l'organisme.

L'arbre a, de plus, l'avantage d'être une posture latéralisée, permettant un exercice différencié des parties droite et gauche du système nerveux.

Prise de la posture debout, pieds joints, on fixe un point du sol situé à 150 cm en avant et on ne le quitte à aucun moment des yeux pour la suite des opérations.

On relève lentement le genou gauche en le pliant de manière à pouvoir saisir la cheville gauche avec la main droite (ou avec les deux mains). On porte alors la plante du pied sur la face intérieure de la cuisse droite, le talon étant bien calé en haut dans le pli de l'aine, la plante épousant les muscles de la cuisse.

Il faut alors porter le genou gauche le plus en arrière possible. Puis on lâche la cheville et on porte très lentement les mains jointes au-dessus de la tête, l'extrémité des doigts vers le ciel. On adopte une respiration lente et peu profonde. On peut alors rester dans cette position en étirant tout le corps vers le ciel et en dirigeant son regard de plus en plus loin et jusqu'à l'infini. Ensuite on revient selon les mêmes étapes à la position debout, pour recommencer la même chose en levant le pied droit.

Il faut, chaque fois, rester dans cette posture aussi longtemps que possible; pour autant que l'équilibre se maintient sans gesticulation. Lorsqu'il se rompt, on revient à la posture debout, comme si l'exercice était volontairement terminé, et on se concentre sur le rachis lombaire et dorsal.

Cette posture est source et signe d'une stabilisation neuro-émotionnelle. Elle est également posture-symbole et, en cela, s'apparente aux gestes sacrés (les " mudra ").

L'arbre représente la synthèse du haut et du bas ou, au moins, une sorte de nostalgie ascensionnelle. Il peut être une manifestation du sacré, l'axe du monde. Il représente aussi une progression ordonnée dans une dynamique d'épanouissement et symboliserait l'union du continu et du discontinu...

Selon Descamps, le sujet entraîné, la première peur passée, trouve une grande impression de sécurité dans les postures d'équilibre comme 1' " arbre " (et surtout dans les postures d'équilibre renversées : chandelle ou perche)22

Après certaines activités contraignantes et monotones, il est inutile de s'adonner aux postures similaires, sinon à titre de confirmation préalable et il convient de ne pas s y attarder. La contreposture au contraire est souhaitable, elle est éprouvée comme une détente et presque une nécessité par l'organisme...

L'étirement spontané souvent accompagné de bâillement est codifié, harmonieusement mené à terme par certains exercices.

Il est remarquable que certains " malades " affectionnent certaines postures et sont réticents par rapport à certaines autres (pas nécessairement plus pénibles en soi, et d'ailleurs opposées d'un malade à l'autre).

Pour les introvertis en particulier, il est bon d'autoriser des durées assez longues en postures fléchies, et même de commencer par elles, bien qu'elles semblent aller dans le sens de leur symptomatologie, pour n'aborder qu'ensuite et progressivement les postures antagonistes.

C'est Arlette B. qui nous a le mieux fait sentir la nécessité d'accepter, dans une première étape, certaines attitudes "  régressives " même au niveau postural.

Elle se faisait remarquer dans le groupe (comme d'ailleurs la quasi totalité des 'schizophrènes') pour sa difficulté et sa réticence à exécuter les postures extensives, qui dégagent l'avant du corps, l'ouvrent à l'environnement, alors qu'elle exécutait avec plaisir et pendant un temps inaccoutumé les postures inverses. Nous fûmes amenés, au cours d'une séance, à déclarer au groupe qu'il fallait attendre pour continuer, car Arlette n'avait pas terminé sa posture; elle s'arrêta et regarda alors en souriant. Chacun eut l'impression, à ce moment, qu'elle s'était sentie comprise et admise.

Les séances de Yoga ont suscité la critique dans l'équipe soignante, en ce sens qu'elles admettent et semblent favoriser des attitudes posturales et mentales qui peuvent se voir dans les formes les plus spectaculaires de catatonie (ex. l'oeuf).

Favoriser ces postures n'était-ce pas aggraver le symptôme? Dans le cadre d'un entraînement où sont intégrées les postures psycho-physiologiquement inverses et dans la mesure où le groupe exerce sa régulation par rapport aux penchants individuels, il faut croire que non. Notre expérience tend même à prouver que la tolérance à Cet égard est la Condition " sine qua non " du succès de la cure, dans la mesure où elle facilite et conditionne l'acquisition ultérieure de schémas posturaux et comportements relationnels plus ouverts.

Par posture " régressive " fléchie, il faut entendre par exemple la chandelle (sarvangasana), la charrue (halasana), (pashimotanasana), etc. Ce type de posture induit, selon les travaux de Descamps, des états de calme et d'absorption22.

V. SARVANGASANA

On est allongé sur le dos. En inspirant on relève lentement les deux jambes tendues jusqu'à la verticale. Il faut que le dos reste bien plaqué au sol, notamment au niveau des reins; (si c'est nécessaire pour l'obtenir on pliera les genoux au départ).

On élève ensuite les jambes vers le plafond en " enroulant " la colonne vertébrale (on s'aide, au besoin, des avant-bras appuyés sur les coudes pour soutenir les reins). En posture finale, seuls reposent au sol la tête, les épaules et les bras. Les plus avancés pourront même supprimer ce dernier appui en allongeant les bras le long du corps (d'où son nom de " posture de tous les membres "). Le menton touche la poitrine.

On redescend (en expirant), avec beaucoup de lenteur et sans décoller la tête du sol en " déroulant " la colonne vertébrale.

Cette posture agit sur l'ensemble des niveaux anatomophysiologiques appelés chakras23. Elle aurait un effet spécifique sur l'asthme et l'obésité. Les effets bienfaisants cités par Iyengar ou par Drenikoff Andhi sont si nombreux que cette posture apparaît, sinon comme une panacée, au moins comme une des plus utiles dans le Yoga.

On la pratiquera avec prudence dans le cas d'hypertension artérielle, bourdonnement d'oreille, catarrhe nasal chronique, sinusite chronique.

Au niveau biologique, on note une diminution du cortisol plasmatique de 20 % alors que la posture du cobra (en extension) entraîne une augmentation20 de 20 %.

On sait que les états dépressifs s'accompagnent d'une augmentation considérable du cortisol plasmatique24. On comprend que Sarvangasana soit utile dans une telle indication, contrairement à ce que pourraient faire supposer l'affirmation de Descamps qu'elle rendrait dépressifs les sujets prédisposés22.

VI. HALASANA

La charrue (halasana) en est le prolongement naturel et complète l'enroulement sur soi jusqu'à produire une attitude " hyper-foetale ".

Halasana par Paul Chabaud (photo © Pierrette Chabaud)

En effet, étant les jambes en l'air, on amène les pieds joints à rejoindre peu à peu le sol en arrière de la tête. Ensuite, on plie les genoux, qui se posent à côté des oreilles. Le retour est identique mais dans l'ordre inverse.

Cet asana est efficace contre la constipation, l'obésité et le diabète, très active contre la sensation de fatigue et sera spécialement prolongé chez les patients qui se plaignent de " dépression " (malgré l'impression " dépressive " qu'elle donne à certains)22. Elle aurait également un effet chez les comitiaux.

A la suite des postures en flexion, on effectuera des postures en extension, même si les premières sont préférées aux secondes.

Chez les extravertis et dans les troubles de l'organisme accompagnés d'une manifestation externe excessive, d'un " gaspillage " énergétique, les postures en extension sont généralement plus faciles à exécuter, mieux aimées, plus longuement tenues sans angoisse que les postures-flexion. Dans un cours un peu personnalisé on aura profit à les proposer pour ces personnes, avant les postures en flexion qui seront de toute façon exercées également.

Les attitudes psychologiques entraînent certaines attitudes plus ou moins visibles et décelables au point de vue neuro-musculaire.

Cette observation s'applique également dans l'autre sens et la modification des attitudes corporelles entraîne une modification des attitudes psychologiques (cf. le soin avec lequel l'autorité militaire impose le salut ou le garde-à-vous; le soin avec lequel les religions insistent sur certaines positions), ceci de la même manière que l'émotion entraîne une libération d'acide lactique et que l'injection d'acide lactique entraîne une plus grande émotivité.

Cette remarque explique pour une part l'action bénéfique sur l'organisation psychoaffective de la pratique équilibrée des asanas, sans même utilisation de la méditation ou de la psychothérapie.

Mais on pourrait craindre que la yogathérapie favorise la recrudescence des symptômes contre lesquels elle prétend lutter, même au niveau corporel, dans la mesure où on laisse au client tout le temps qu'il désire pour rester dans les postures qui lui plaisent.

Le dosage rigoureux des postures et l'exercice du Yoga en groupe éliminent cette difficulté.

Il ne s'agit pas de prolonger autoritairement les " asanas qui ne sont pas spontanément agréables ou qui sont peu accessibles, mais plutôt, de respecter l'équilibre classique posture-contreposture au point de vue du déroulement temporel de la séance. Ceci afin que les postures préférées prennent de moins en moins de temps par effet de satiété d'une part, par la pression d'uniformité de groupe d'autre part. Sans doute intervient également un conditionnement Opérant dû à la pression involontaire mais difficile à éliminer de l'animateur, pourtant silencieux à ce sujet; par ses attitudes corporelles personnelles, par les discrètes modifications de sa mimique ou tout simplement par ses actes manqués.

Il doit systématiquement encourager par l'aide physique, l'expression d'une satisfaction sincère, au besoin verbalement, les postures " mal aimées " du sujet. Cet encouragement ne doit être évident et insistant qu'au niveau de la mise en place de 1' " asana ". La durée de celui-ci devant toujours rester à l'initiative du sujet. De fait ce dernier, au bout d'un certains temps, est moins réticent et finit par accepter avec plaisir et garder aussi longtemps que la moyenne du groupe les postures auxquelles il s'était d'abord refusé. On peut penser que la durée qu'accorde chaque participant à telle ou telle posture constitue une mesure assez fidèle de son évolution.

Voici deux observations typiques

Madame Simone L... Professeur de lettres s'inscrit

à un cours de Yoga, apparemment par curiosité.

Pendant six mois, ces exercices lui plaisent énormément, la détendent; on enregistre de grands progrès au niveau des postures. Survient un événement très frustrant qui entraîne brutalement l'apparition de traits dépressifs et de symptômes névrotiques. Elle entreprend alors une psychothérapie sans interrompre son entraînement au Yoga qui lui devient pourtant presque insupportable elle présente une insomnie les soirs qui suivent la séance, elle se plaint de nausées et ne supporte plus les rétentions de souffle même très brèves. Il lui devient impossible de fermer les yeux et de se concentrer pendant les cours. Elle affirme que le Yoga ne lui convient plus et aggrave même son état. Simultanément, malgré la régularité de son entraînement et ses progrès antérieurs, elle devient incapable de prendre certaines postures telles que le lotus et la charrue (Pl. I) qu'elle réalisait auparavant sans difficultés.

Autre observation

Mlle B..., ne vient d'abord au cours de Yoga que sur prescription du médecin-chef de service. Elle remarque que le Yoga la détend et la calme et décide pour son propre compte de continuer. Certaines postures sont difficiles à acquérir, la respiration plus encore.

Avant d'entreprendre le Yoga, la distribution tonique était assez particulière, le dos et les épaules étaient crispés et on remarquait un abaissement de l'épaule droite. Mimique tendue.

Au bout d'un mois la dissymétrie a disparu, seule subsiste une certaine tension de la face et des mains; le dos s'est assoupli ainsi que les articulations des membres. Toutes les postures deviennent accessibles. Elle prend part à la conversation qui suit la séance et on note une meilleure adaptation dans le service. Une interruption de dix jours amène le retour de la dissymétrie d'attitude, de la crispation mimique et de l'hypertonie para-vertébrale. Simultanément, on constate une moins bonne adaptation dans le pavillon.

Ainsi les postures assouplissent l'organisme, apprivoisent les attitudes défensives, mais corrélativement si les stress d'origine externe sont trop intenses on peut assister à une détérioration ou à un piétinement aux deux niveaux, musculaire et psychologique.

Aucune des postures du Hatha-yoga courant ne paraît néfaste du point de vue de l'équilibre psychologique à condition qu'on prenne soin de faire suivre chaque posture d'une contreposture bien choisie.

Cependant certaines postures seront contre-indiquées chez le lombalgique ou le cervicalgique. Par exemple la posture de " salutation ", le cobra, la chandelle seront prises avec la plus grande prudence.

VII. MAYASANA

Cette posture est, au contraire, fort utile dans ce cas : assis par terre, placer la face externe du pied et de la cheville droite à l'extérieur de la fesse gauche (et réciproquement pour le pied gauche par rapport à la fesse droite). Le genou gauche est alors à l'aplomb du genou droit et au-dessus.

On courbe alors la tête et le buste, très lentement, très progressivement, les deux bras tendus au-dessus de la tête; les mains finissent par toucher le sol par la pointe des doigts. On poursuit le mouvement en s'allongeant de façon à créer la plus grande distance possible entre les genoux et la paume des mains. Cet exercice, un peu pénible est d'une grande efficacité pour positionner correctement les vertèbres lombaires.

On recommandera cette posture ainsi que la " pince" (pachimotasana) notamment dans les cas de " rétrolysthésis " de la cinquième vertèbre lombaire. Dans un tel cas, le " cobra " sera contre-indiqué.

Une neuropathie liée à une pratique inconsidérée de Paschimottanasana

d'après : Melanie Walker, Gregg Meekins, Shu-Ching Hu (Department of Neurology, University of Washington Medical Center; and the Veterans Affairs Puget Sound Health Care System, Seattle, Washington). Travail paru dans Neurologist 2005 May 11(3):176-8


La compression des deux nerfs sciatiques (droit et gauche) est extrêmement rare. Les auteurs décrivent la ces d'une femme qui souffrait d'une très grande faiblesse de la partie inférieure de son corps et d'anomalies sensorielles dans la même région. Ces troubles sont apparus après qu'elle se soit endormie en posture de la "pince" (tête sur les genoux).


Paul Chabaud en pachimotasana ("posture de la pince")
(photo © Pierrette Chabaud)

Cette observation doit rendre le yogi prudent pour cette posture comme pour toutes les autres. Il convient de ne jamais forcer, de ne manifester aucune brutalité à l'égard de soi même et de ne pas prolonger indument une posture.

 

Une malformation de la charnière atlo-occipitale (de l'atlas ou de l'odontoïde) fera interdire les postures mettant en jeu cette articulation, en particulier la posture " sur la tête " (Shirshasana).

Le Yoga pratiqué régulièrement nous évite de devenir rachialgique, il enseigne aussi à s'asseoir. La posture du disciple, le lotus et les postures qui le préparent permettent d'améliorer l'articulation coxofémorale aussi bien chez l'enfant atteint de " luxation congénitale " que chez l'homme mûr dont l'articulation se dégrade.

Cette façon de s'asseoir aurait le mérite de prévenir la survenue des varices alors que l'usage de la chaise et du fauteuil favorisent cette maladie veineuse25.

De toute façon le professeur de Yoga, devant une souffrance vertébrale, n'hésitera pas à adresser son client au rhumatologue (et à l'ostéopathe lorsque les grosses affections organiques seront écartées).

Ces précautions prises, le Yoga est la meilleure des gymnastiques vertébrales. Exécutés chaque jour correctement, avec discipline et persévérance, les exercices de postures créent des réflexes conditionnels qui finissent par s'intégrer dans les réflexes statiques contrôlant la répartition du tonus musculaire d'attitude26.

Chez celui qui souffre au niveau du rachis, que ce soit des reins, du dos ou du cou, il y a bien souvent un vécu dépressif latent très important masqué derrière la simple " douleur " physique. On peut retrouver la honte, l'inhibition, l'impuissance, la dévalorisation (reins-dos), la perte de l'estime de soi, l'insécurité (dos), l'instabilité, l'anxiété, la culpabilité (dos et cou).

Queneau27 a bien montré qu'on ne pouvait venir à bout de ces rachialgies rebelles que par une démarche dialectique à visée unitaire (celle d'une réharmonisation du corps et de l'esprit) permettant la libération du symptôme douleur de ses " adhérences somatiques "par le passage de la douleur physique à la souffrance psychologique et morale. Les travaux de Reich et de son école, et toutes les techniques récentes " made in U.S.A. " ont montré combien la prise en charge du corps et le " dénouement " des tensions musculaires (en abolissant la " cuirasse " d'hypertonie liée à la peur en tel ou tel segment du corps) de manière plus ou moins cathartique pouvait avoir d'influence sur l'être au monde et l'accès au plaisir de l'individu.

Le Hatha-yoga a le même effet mais de manière très progressive, beaucoup moins spectaculaire, peut-être aussi de façon plus harmonieuse et plus durable.

Certains associent d'ailleurs Hatha-yoga, et techniques reichiennes, cela avec d'autant plus de bénéfice que le Hatha-yoga ajoute au "déblocage " des segments de la cuirasse une recharge énergétique (" pranique " dans la terminologie orientale, " orgonique " dans le langage reichien) des centres profonds qui y correspondent (les chakras)23.

Parmi mes lecteurs, certains s'étonneront qu'on admette aussi facilement que l'action sur l'organisation fonctionnelle des tensions musculaires puisse avoir une action de déblocage et d'harmonisation identique au niveau psychologique.

Les chimiothérapeutes pourront s'approcher de notre point de vue en constatant avec Fouks28 que la gamme des effets secondaires des neuroleptiques "majeurs" passe insensiblement des troubles psychiques aux troubles neurologiques confirmés; cela laisse supposer qu'il n'y a point de distinction précise entre les mécanismes neurophysiologiques de la psychomotricité et ceux de la pensée... ". Même lorsqu'on ne décèle pas directement l'effet secondaire et que seule apparaît l'action psychologique recherchée, des mesures plus précises montrent des modifications marquées (aussi bien par le statokinésimètre que par des batteries de tests psychométriques).

Cette action va toujours dans le sens d'une hypertonie et d'une moins bonne coordination psychomotrice, notamment oculomotrice. Diamétralement opposée à celle du Hatha-yoga , cette action invite au niveau pratique à voir ce dernier comme un " correcteur " des troubles engendrés par les médicaments.

Plus fondamentalement on s'interroge sur le bien-fondé des thérapies neuroleptiques au long cours dont le caractère invalidant semble n'échapper qu'aux thérapeutes qui en font large usage.

Les neuroleptiques, comme d'ailleurs les troubles psychologiques pour lesquels on les prescrit, jouent dans le sens d'une moindre habileté dans l'utilisation du corps. Le progrès en Hatha-yoga sera celui qui mènera d'un geste maladroit, imprécis et global à une utilisation précise et donc économique de la musculature.

De curieuses observations ont été faites par Bair, Woodsworth, etc. sur l'apprentissage de quelques actes volontaires " exceptionnels comme les mouvements isolés de l'oreille ou d'un orteil. Ils ont noté l'insuffisance du souvenir des sensations. L'éducation se fait par tâtonnements, par sélection de mouvements d'abord inclus dans des réactions plus générales.

L'apprentissage des postures obéit exactement à ce schéma : il s'agit avant tout d'apprendre quels muscles ne pas contracter pour prendre parfaitement telle ou telle posture...

L'apprentissage d'une posture ne bénéficie pas comme l'apprentissage de la parole du contrôle comparatif entre ce que fait autrui et l'imitation qu'on en fait. L'usage d'un miroir peut parfois être utile, mieux encore serait le magnétoscope puisque le miroir donne une image inversée au point de vue de la latéralité29.

Certains professeurs de Yoga n'hésitent pas à prescrire (comme le fait Caycedo) au sujet de " visualiser "son propre corps dans la posture. Cet exercice a des effets très importants qui dépassent de beaucoup l'amélioration de l'exécution de la posture. Peut-être trop prudemment, j'ai évité de conseiller cet exercice aux patients dont j'avais la responsabilité.

Autres postures

Adhvasana

(asana de la route)

les déplace

Se coucher sur l'estomac. Étirer les mains au-dessus de l'épaule avec les paumes regardant le sol. Maintenir une petite distance confortable entre les jambes. Détendre mentalement la colonne verttébrale et abaisser le torse. Se concentrer sur l'estomac. Respirer rhythmiquement et comptet de 27 à 1.

Serait bénéfique contre les hernies discales, contre les tensions musculaires de la nuque et du cou, contre lesz cypho-scolioses.

 

Kashtha Takshanasana

(ou kaštha takšanasana L’asana du bûcheron )

               


Il s’agit de joindre les mains (doigts entre croisés) et d’y amener toutes nos frustrations , anxiétés, peurs, soucis, malheurs et insécurités. On relève les bras en inspirant profondément. Cet asana tonifie les épaules et le pelvis tout en "ouvrant" les vertèbres du thorax.

Après une rétention, on expire avec toute notre énergie en poussant le cri ("Ha" ) qui nous viendra spontanément, et en relâchant les bras et la tête
Cela permettrait d’abandonner toutes ces scories du passé et de coïncider avec l’instant présent.

 

Rajju karshanasana

( radždžu karšanasana ou asana de la corde tirée)

  1. S'étendre au sol et maintenir les jambes étirées et accolées (orteils orientés vers le plafond et talons sur le sol).
  2. Placer les deux mains sur le plancher à côté de la taille,k en maintenant la colonne vertébrale et le cou bien droit.
  3. Respirer doucement en gardant les yeux fermés, tout en centrant l'attention sur le fonctionnement harmonieux du corps
  4. On va ensuite maginer de tirer sur une corde verticale, alternativement avec les deux mains .
    1. Ouvrir les yeux tranquillement et fermer un poing.
    2. Inhaler et tendre la main droite vers le haut comme pour saisir une corde verticale, plus haut..
    3. Ne pas plier les coudes
    4. Exhaler profondément et agir comme pour tirer la corde vers le bas.
    5. Suivre le mouvement de haut en bas avec les yeux.
  5. Répéter tout ceci avec la main gauche
  6. Pratiquer ceci dix fois avec les les deux les mains .

 

Effets

  • Travail des muscles du bras vers le haut
  • Raffermissement du sein chez les femmes et développement des muscles thoraciques chez les hommes.
  • Délie les articulations de l'épaule et étire les muscles du haut du dos
  • Très bénéfique pour ceux qui travaillent toute la journée sur ordinateur

 

Janusirsasana

C'est la posture (asana) dans laquelle la tête (sirsa) vient au contact du genou.(janu)

Assis au sol, les deux jambes allongées et écartées, (ou une jambe repliée et l'autre allongée) on se penche vers la jambe allongée (ou l'une des deux) jusqu'à toucher le genou avec la tête, si on le peut; ou en tendant à le faire si par manque d'entraînement ou en raison de l'âge, on n'y parvient pas. Il convient d'être attentif, pour cette posture comme pour toutes les autres, que pour aller loin, il convient de ne pas commander à son corps comme un dictateur. Il est bon de se placer dans les conditions qui vont vers la posture idéale, de tirer quelque peu à chaque expiration, sans forcer excessivement et surtout sans "à coups".

Cet asana permet un étirement des muscles du dos; il assouplit aussi les jambes et la colonne vertébrale. Cet asana aurait des effets bénéfiques sur le système nerveux.

Si on pratique avec une des deux jambes repliée, on peut aller plus loin dans l'assouplissement de la cheville en plaçant cette dernière sur la cuisse par rapport à laquelle la tête se rapprochera.

 

Parivrtta Janusirsasana (posture de la tête au genou avec inclinaison latérale)

 

Dans cette variante, au lieu de courber le corps en regardant le genou pour l'atteindre avec la tête, on continue à regarder droit devant soi et on incline le corps latéralement pour, autant que possible, atteindre encore une fois le genou avec la tête.

Cette posture, pratiquée avec prudence, atténue certaines douleurs dorsales. Elle assouplit les jambes et tend à amincir la taille.

This posture tones up the circulation around the spinal column. It soothes backaches and strengthens the nervous system. The legs become more supple and the exercise helps eliminate excess fat around the waist.

 

 

NOTES

1. Toute la partie neurophysiologique est inspirée par l'article remarquable de GIRAUD, " Le tonus musculaire ", in Rev. de méd. de Toulouse, 1971, VII, pp. 133 Sq.

2. H. RISCH, Le Hatha-yoga, Thèse de médecine, Paris, 1950, n° 1086.

3. KARLIUS et ANDREWS, biofeedback turning on the power of your mind, Warner Ed., N.Y., 1973.

4. D'après P. GEISSMAN et R. DURAND DE BOUSINGEN, Les méthodes de relaxation, Dessart, Bruxelles, 1968.

5. T. BROSSE, Etudes instrumentales des techniques du Yoga, Maisonneuve, Paris, 1963.

6. M. MAURO et P. LACET, " Le tonus musculaire ", Presse méd., 1964, pp. 72-36, 37 et 38.

7. FULTON, Muscular contraction and reflex control of movements, William Ed., Baltimore, 1926.

8. P. BESSON et coll., C.R. Académie des Sciences, Paris, 1963, 256, p. 5627.

9. E. JACOBSON, " Les méthodes scientifiques de relaxation ", in La relaxation, Expansion, 3° éd., 1964, pp. 22-59.

10. CAYCEDO, "  Progrès en sophrologie ", éd. par Société de sophrologie, Barcelone, 1970.

11. PAILLARD, Traité de physiologie, t. II, p. 401, Flammarion.

12. P. L'EPEE, C.M., 28-3-1970, pp. 2953 sq.

13. D'après l'art. cit. de GIRAUD (cf. note 1).

14. A. COSTIN, " Posture and the rôle of vestibular and proprioceptive influences on neo-cortical, limbic, subcortical and cerebellar E.E.G. activity ", Brain Research, 17, 1970, pp. 259 sq.

15. H. MAGOUN et R. RHINES, J. neurophysiol., 1946, 9 (161-171), et aussi H. MAGOUN, Le cerveau éveillé, P.U.F., 1960.

16. Von EULER, Experientia, 1956, 12, pp. 278 sq. et E.E.G. Clin. Neurophysiol., 1957, 9, pp. 391 sq.

17. W. MACCULLOCH et coll., J. Neurophysiol., 1946, 9 (127-132).

18. FIELDS et WINTER.

19. CHEVROLLE, 2° Journées nationales de médecine du travail, Nantes, 1970.

20. J. HENROTTE, art. cit.; POINÇON, étude inédite sur les malades de l'Hôpital Marchand.

21. D. WALLON et coll., " A propos de l'organisation motrice du nourrisson ", C.M., 1970, (2181 sq.).

22. M. DESCAMPS, " Les vérifications du Yoga par la psychologie contemporaine ", Vie méd., 55, spécial mars 1974.

23. Les chakras et leur intérêt en psychothérapie et en médecine psychosomatique feront l'objet de publications ultérieures de l'auteur.

24. H. LABORIT, conférence toulousaine sur Les états dépressifs, 1976.

25. C. ALEXANDER, The Lancet, 1972, p. 822.

26. cf. " Gymnastique médicale ", Documents Midy, n0 53, 1969, p.12.

27. R. QUENEAU et coll., De la douleur à la souffrance, (art. cit.), pp. 501 sq. Psychologie Médicale (1975).

28. FOUKS et coll., " Réflexion sur la chimiothérapie ", Congrès de Neur. et Psy. de Lgue Fse, Milan, 1970; A. SOULAIRAC et coll., "L'activité posturale au cours des traitements par les neuroleptiques ", A.M.P., 1970, 128, 1, 3, pp. 335 sq.

29. On peut en faire l'économie grâce au Miroir Objectif que nous avons imaginé et qui donne une image inversée dans le sens droite-gauche par rapport à un miroir habituel.

Chapitre 7 (Respiration : le "Pranayama")

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3 Juin 2006