Thalassothérapie et hydrothérapie

Dr Bernard Auriol

 

Le recours à la thalassothérapie, aux bains bouillonnants et au thermalisme n'est pas une simple affaire de mode. Les romains en connaissaient déjà les bienfaits et réalisaièrent des installations très sophistiquées pour en servir l'idée.

Un des pionniers occidentaux de ce courant est Vincent Priessnitz paysan né en 1799 en Tchécoslovaquie : il a préconisé un emploi systématique de l’hydrothérapie qui devint un véritable « marqueur » de la médecine naturelle.

Il découvrit le pouvoir curateur de l’eau en observant un cerf blessé immerger, jour après jour, sa blessure dans un ruisseau glacé. Lui même étant sujet à des entorses périodiques du poignet se traita en le plongeant dans l’eau froide et en l’enveloppant dans un linge humide. On parle encore parfois de « compresse de Priessnitz ». Il décrivit une cinquantaine d’applications de ce procédé ! Il eut beaucoup de médecins parmi ses disciples. Certains enthousiastes, d’autres plus réservés quand il s’agissait de traiter l’asthme, la syphilis, les mycoses cutanées, etc. Ses succès thérapeutiques conduisirent un grand nombre de gens à essayer son régime glacé : on dit que sur les quarante mille personnes qu’il traita seulement quarante cinq moururent (environ un pour mille). Son principe était simple : traiter la personne et non la maladie et déclencher une crise salutaire à partir de quoi le corps pouvait commencer à guérir.


 

Johann Schroth, contrairement à Priessnitz n’employait que de l’eau très chaude. Se baigner dans une eau chaude a sans nul doute un effet thérapeutique en tant que cela aide à se relaxer alors même que la peau n’absorbe aucun sel ni gaz présents dans les eaux thermales et les romains furent des précurseurs en ce domaine...

J. H. Rausse préconisa une synthèse des deux méthodes avec l’idée que le mal doit être amené à une crise salutaire par l’eau froide puis traité par de l’eau chaude. En termes médicaux, on augmente et on diminue alternativement la circulation du sang dans le lieu du corps concerné, permettant ainsi la détoxication, l’oxygénation et la nutrition de la zone malade.

Le plus connu des médecins préconisant les traitements par l’eau fut le Père Sebastian Kneipp (1821-1897) ; c’était un paysan bavarois qui s’était guéri lui-même de la tuberculose au moyen d’immersions répétées dans le Danube. Par un dur labeur il parvint à se faire ordonner prêtre catholique, et il se croyait investi de la mission de répondre autant aux besoins physiques que spirituels de ses paroissiens. Il leur enseignait les méthodes d’élevage et l’agriculture et les traitait par l’eau froide selon la découverte qu’il avait faite sur lui-même.

Il devint célèbre comme « curé choléra »  en raison de la multitude de vies qu’il avait sauvées au cours d’une épidémie. Mais ses activités de soin furent sévèrement jugées par ses supérieurs ecclésiastiques qui le mutèrent dans un village éloigné. Ce lieu devint dès lors un centre d’attraction pour des centaines de milliers de patients venus du monde entier. Comme pour Priessnitz, les médecins entrèrent en compétition avec Kneipp et s’efforcèrent de l’évincer. Mais d’autres venant observer ce « charlatan » repartirent « convertis » ! L’un d’eux fut le Dr. Franz Kleinschrod, qui avait échoué à guérir un ulcère chronique du pied avec le traitement courant d’alors : phénol et iodoforme. Il voulait découvrir comment Kneipp avait guéri son patient. L’explication de Kneipp est un archétype de l’approche naturopathique encore de nos jours : « Voyez-vous, Docteur », expliqua Kneipp, « vous n’avez traité qu’une seule partie du corps et n’avez pratiquement rien fait pour la guérison. Cette femme souffrait gravement de varices qui entravaient la circulation du sang et constituaient un empêchement pour le processus de guérison. J’ai traité le pied avec une décoction de mélilot officinal, j’ai tâché de stimuler la circulation par de violents jets d’eau et de produire une élimination par des enveloppements humides et des tisanes." (Wolf, 1865, 88-89)

     Kneipp institua l’emploi de la médecine par les plantes qu’il tenait de sa mère, il fut pour cela critiqué par les puristes qui pensaient qu’il s’éloignait ainsi de la pure méthode de l’hydrothérapie. Mais Kneipp ressentait que les plantes autant que l’eau étaient les instruments voulus par Dieu pour guérir ses créatures. Il écrivit vingt-deux livres et traita des centaines de milliers de patients, demandant rarement des honoraires et utilisant les dons qu’il recevait de ses malades pour créer des sanatoriums.

Le premier établissement français d’hydrothérapie appliquant les principes de Priessnitz sera ouvert  en 1841 aux Ternes, village dépendant alors administrativement de la commune de Neuilly et devenu, à partir de 1860, l’un des quartiers du XVII° arrondissement de Paris.

 

Le thermalisme est souvent pris à la légère, comme s'il ne s'agissait que de villégiature à prétexte médical dont l'efficacité proviendrait entièrement du repos et d'un effet placebo.

Cependant l'usage des eaux thermales (crénothérapie) sous diverses formes semble dépasser largement une telle limitation !

Les soins crénothérapiques comportent :

Les eaux thermales agissent parce qu'elles sont... de l'eau, mais aussi et surtout par leur température et les sels minéraux qu'elles contiennent et auxquels la peau est perméable.

 

La crénothérapie produit de la relaxation et diminue la douleur quand elle existe.

 

A côté de ces effets physiques et chimiques, on doit insister sur les effets relationnels liés à la compétence du personnel soignant et de l'équipe médicale.

Le traitement thermal est spécialement utile pour lutter contre l'anxiété,les troubles du sommeil et les phénomènes psycho-fonctionnels. Il est aussi précieux pour seconder le sevrage des tranquillisants et hypnotiques dont le patient était devenu dépendant. Il peut également contribuer à prévenir les rechutes dépressives, à traiter la fibromyalgie, les colopathies fonctionnelles, la fatigue chronique et le syndrome hyperalgique diffus.

Arnaud et Benetout (1979-1981- 1991) font état d'une amélioration de l'anxiété et de la dépression; il y aurait une amélioration dans au moins 45% des cas des symptomes anxieux ou dépressifs et une diminution de l'usage des médicaments dans un tiers des cas (cependant ces études sont simplement à type d'observation sans groupe témoin).

Constant (1995) a montré (avec groupe contrôle) une efficacité d'au moins six mois sur les sujets dépressifs; il y a baisse d'au moins 50% des items de la MADRS (échelle de dépression) et une diminution assez fréquente de la consommation d'antidépresseurs (alors que cette consommation augmentait chez les sujets contrôles !).

L'étude stop-tag a comparé l'usage d'un psychotrope (la paroxétine) et de la cure thermale. Les résultats sont en faveur de la cure thermale ! (117 patients en cure thermale comparés à 120 patients sous paroxétine; p<0.0001). Il faut bien noter que les patients inclus dans l'étude habitaient au voisinage des centres de soins thermaux, ce n'est donc pas le dépaysement qui peut expliquer l'amélioration constatée !

(Stop-Tag est une étude réalisée par les Dr et Pr : Olivier Dubois, Jean-Pierre Solié, Roger Salamon, Christian Vaugeois; publié par le CNETh et Congrès de l'Encéphale , 26-27 Janvier 2008, Paris).

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17 Avril 2008