Recherches sur les latéralités

La motricité

Louis Bassou

Chapitre III

"Und Schveibe Getrost Im Anfang War die Tat !"

J.W. von Goethe - Faust.

"Et j'écris avec assurance : Au commencement était l'action !"

(p. 41, coll. Aubier Montaigne)

1- motricité et langage
2- les praxies
3- les mouvements volontaires
4- asymétries comportementales motrices
5- détermination des asymétries

La distinction entre action extériorisée et action intériorisée ou opération, d'après Piaget, pose le problème de la pertinence d'utilisation de tests de latéralités classiques pour déterminer une asymétrie essentiellement interhémisphérique.

Dans l'action extériorisée, visible aux yeux du sujet comme de l'observateur, la prévalence apparalt "extra- corpus" sur un organe beaucoup plus actif que l'autre dans des gestes qui sont devenus automatisés et préconscients parce que quotidiens et répétés. "C'est notre corps phénoménal que nous mouvons" écrit Merleau- Ponty (1945, p. 123).

L'action intériorisée exige un "plan', une représentation interne de l'acte mental à accomplir. Elle n'est pas l'équivalent de l'action extériorisée, non pas simplement parce qu'elle est essentiellement tournée vers l'intérieur, non parce que soumise aux contraintes d'ordre représentatif (imagé ou verbal) - l'action extériorisée l'est aussi très souvent- , mais parce que plus "consciente" des moments spatiotemporels qui la constituent, dans la fugacité même des saisies intuitives.

Il y a dans toute action extériorisée une part d'action intérieure non négligeable. Dès que le mouvement requiert un effort d'attention volontaire, dès qu'est sollicité le concours des voies sensorielles, dans l'ajustement d'un geste précis par exemple, l'action est modulée par la représentation interne, qui n'est pas pure production perceptive mais reconstruction active.

Le problème est d'atteindre cette part intérieure dont le geste n'est qu'une "ecphorie", une production au dehors, rieure riche de toutes les attaches avec le monde, phénoménal mais encore objectif de la connaissance.

Avant d'analyser les possibilités de détermination d'une éventuelle asymétrie de cette action intériorisée nous allons tenter de justifier pourquoi il est important de prendre en considération cette relation privilégiée que la motricité semble entretenir avec certains aspects, opératifs et figuratifs de la connaissance.

C'est avec le langage que la motricité entretient des rapports étroits.

1. Motricité et langage

Il faut, selon Leroi- Gourhan (1964, p. 262 et sq) remonter jusqu'aux premiers anthropiens pour voir la formation des deux couples fonctionnels main- outil et face- langage "faisant intervenir au premier rang la motricité de la main et de la. face dans le modelage de la pensée en instruments d'action matérielle et en symboles sonores.

Le rôle de la main, créatrice de l'outil, équilibre le rôle des organes faciaux, créateurs du langage verbal, puis la main inaugure son rôle dans la création d'un mode d'expression graphique équilibrant le langage verbal. "Avec la figuration graphique la main a son langage dont l'expression se rapporte à la vision, la face possède le sien lié à l'audition ; le geste interprète la parole, celle- ci commente le graphisme" (ibid, p. 290).

Avec l'écriture, "phonétisé et linéaire dans l'espace,le langage écrit se subordonne complètement au langage verbal,phonétique et linéaire dans le temps". La pensée "dispose ainsi d'un outil par lequel le symbole pensé subit la môme notation dans la parole et dans le geste. Cette unification du processus expressif entraîne la subordination du graphisme au langage sonore".

Il aura fallu plus de 10 000 ans, estime Leroi- Gourhan, pour qu'apparaisse le figuralisme graphique et plastique, traduction manuelle d'un contenu verbal déjà maltrisé.

Dix mille ans de relations entre les sens dominants que sont vision et audition et la motricité ; la figuration empruntant les mômes voies que la technique (outil) et le langage : le corps et la main, l'oeil et l'oreille.

Cette relation étroite, Wallon la note aussi chez le jeune enfant, dès son plus jeune âge. "Les choses changent quand le langage devient consigne, c'est- à- dire, quand il accompagne, non plus les impressions subies, mais l'acte à exécuter. Alors il peut traduire et diriger l'ordre à mettre dans l'acte. Par suite,il doit lui- même se présenter sous forme de succession et cette succession pose des problèmes" (1970, p. 195). Les mots énoncés sont, au début, un condensé de l'objet et des actions ou désirs qui y répondent (mots- phrases).

Puis la parole va se détailler dans le temps, alors que la chose à exprimer répond à un trait momentané de la conscience. "De l'acte moteur à la représentation il y a eu transposition, sublimation de cette intuition des rapports qui ont pour terrain nécessaire l'espace, intuition qui, d'incluse dans les relations entre l'organisme et le milieu physique, est devenue schématisation mentale" (ibid, p. 239).

Le langage peut avoir une "fonction planificatrice" : (Malrieu, 1972- 73). "Dès 2 ans, chez l'enfant, dans des activités de manipulation d'objets physiques sont intégrées des conduites verbales : emploi de mots- consignes : langage de l'anticipation constatant la nature de l'obstacle, définissant l'intention, formulant la règle d'action".

Les recherches neuropsychologiques surle5 aphasies et les apraxies présentent les similitudes pouvant indiquer une fonction de base commune au langage et au geste (Gaillard, 1979), certaines aphasies pouvant être considérées comme un trouble de la programmation des séquences motrices (Feyereisen, 1977).

Les enfants sourds ont des performances plus basses dans des tâches visuo- motrices que les enfants normaux (Clarke et Leslie, 1971). Ils ne peuvent pas se donner une information traduisant en d'autres termes la consigne ou coder verbalement le problème~d'où possibilité d'explication de leur retard (Oléron 1957 b, 1972).

Pour Kinsbourne (1976, p. 559) le langage évoluerait avec les programmes moteurs localisés. Plus un enfant est retardé mentalement, plus il aura de chances d'être non droitier.

Les interférences entre tâches motrices et activités verbales sont relevées par Bowers et al (1978) ; Summers et Sharp (1979) ; Cohen (1982) ; Sussman (1982).

Mc Farland et Ashton (1978, p. 739) dans une condition d'empan mnésique court, notent l'affaiblissement de la performance de la mâtes droite par une tâche concurrente verbale et celle de la main gauche par une tâche visuospatiale. L'activité cérébrale latéralisée accentuerait l'attention en faveur du côté contralatéral d'où production d'une interférence avec les performances du même côté.

Peters (1977), dans une recherche sur la motricité manuelle des pianistes note qu'il ne peut pas y avoir de feed- back visuel dans des mouvements complexes et rapides. Si le guidage est volontaire alors le système nerveux central ne peut produire qu'un rythme à la fois, un système moteur produisant un rythme, l'autre le suivant passivement. Dans son expérimentation, aucun sujet (adulte ou enfant) n'a pu réciter une chanson enfantine et battre le rythme 1.3.1.2.3, en même temps, avec une main.

Les mouvements entretiennent des rapports avec les énoncés verbaux (Goldblum, 1978). Les gestes d'accompagnement du langage sont plus fréquents au moment des noeuds syntaxiques et des hésitations, certaines manifestations motrices apparaissant dans des situations de conflit et tension, d'anxiété ou d'émotion (Feyereisenq 1977, p. 452).

Kimura (1973) fait une distinction, pour un sujet en conversation, entre mouvements dits libres de la main commandée par l'hémisphére linguistique (détermination par écoute dichotique) et mouvements d'auto- contact généralement effectués par les deux mains.

Un chevauchement des représentations cérébrales de la parje et de certaines activités manuelles pourraient expliquer les interférences constatées entre verbal et manuel (Lomas et Kimura, 1976), la latéralisation apparaissant liée au niveau d'habileté dans la tâche à la fois pour les épreuves manuelles et cognitives (Miller 1982 ; Ruoff et al, 1981).

Ce rôle de la cognition dans les processus moteurs ne doit pas être minimisé (Fowler et Leilhwood, 1971), praxies et langage étroitement reliés semblant partager les mêmes structures nerveuses (Keertesz et Hooper, 1982).

La déficience de l'aspect figuratif chez les dyspraxiques pour qui les difficultés seraient dues aux déficits des schèmes praxiques et à l'insuffisance de la représentation mentale est relevée par Ispanovic Radojkovic et al (1982).

Pour Assal et Regli (1980), les désordres gestuels étant parfois spécifiques à une modalité sensorielle (visuelle chez leur malade, qui peut accéder à la commande motrice par la dénomination alors que les informations visuelles ne font que la perturber), il est nécessaire de bien spécifier les difficultés selon les diverses afferences.

Nous venons de relever un certain nombre de faits expérimentaux mettant en évidence le r81e régulateur ou perturbateur du langage dans la motricité. Mais toutes les interférences constatées n'ont été obtenues que sur des tâches verbales et motrices concurrentes, où la motricité consistait en mouvements volontaires.

Dans la recherche d'une éventuelle asymétrie comportementale motrice, nous pensons qu'il est primordial de faire la distinction entre mouvements volontaires et activités automatisées.


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2. Les praxies

Nous avons tenté de mettre en évidence, chapitre I, le rôle de la motricité dans la formation des mécanismes de l'intelligence représentative avec des opérations comme étant des actions intAriorisées se coordonnant en structures bien définies et des connaissances comportant l'aspect opératif mais aussi un aspect figuratif perception, images mentales etc...

Du niveau sensori- moteur, avec ses coordinations vision- préhension, à l'avènement de la "fonction symbolique" il y a tout un procès d'intériorisation des actions, intériorisation supposant une longue reconstruction sur le plan de la pensée puisqu'il faut attendre par exemple 7- 8 ans avant de retrouver la structure de "groupe" déjà àl'oeuvre dans l'organisation des derniers stades sensori- moteurs (Piaget, 1960, p. 557).

L'image et l'aspect figuratif de la pensée dérivent des activités sensori- motrices, l'imitation préparant le "symbolisme" nécessaire àla pensée représentative. "L'image ne constitue pas un simple prolongement de la perception mais comporte un élément moteur" (ibid, p. 559). Piaget cite Gastaut qui a observé les mêmes ondes lors de la représentation mentale du fléchissement de la main que lors du fléchissement effectif.

Unité fondamentale donc de l'action et de l'intelligence sous son aspect opératif comme sous son aspect figuratif. Dais de quelles actions s'agit- il ? Quand les actes deviennent complexes l'anticipation est nécessaire àla réussite et la représentation imagée peut jouer un r81e dans le perfectionnement de leur exécution.

Ces actions qui "ne sont pas des mouvements quelconques mais des systèmes de mouvements coordonnés en fonction d'un résultat ou d'une intention" Piaget les appelle des praxies (ibid p. 551).
Ajuriaguerra les définit comme des mouvements dans le cadre d'une activité symbolique, celle- ci résultant d'une différenciation entre signifiant et signifié (1974, p. 237). Ce mouvement abstrait est donc avant tout un mouvement volontaire qui possède au plan neuro- physiologique des caractéristiques différentes de celles de la motricité automatique
.

Les praxies sont acquises et comportent des coordinations internes (réunion de plusieurs mouvements partiels en un acte total) ou des coordinations externes (coordinations de deux ou plusieurs praxies en une nouvelle praxie totale d'ordre supérieur).

Les praxies sont des systèmes de mouvements coordonnés en fonction d'un résultat ou d'une intention. Mais est- ce une intention de prise ou une intention de connaissance ?

L'espace corporel peut nous être donné dans une intention de prise sans nous être donné dans une intention de connaissance. Merleau- Ponty (1945, p. 121) distingue l'espace corporel en tant que gangue de notre action habituelle et en tant que milieu objectif.

"Dans une tâche familière nous ne cherchons pas nos mains ou nos doigts parce qu'ils ne sont pas des objets à trouver dans l'espace objectif mais des puissances déjà mobilisées par la perception de l'objet à saisir, le bout central des "fils intentionnels" qui le relient aux objets donnés" ....

Dans une tâche familière l'anticipation de l'acte est "habituelle". Avec un mouvement abstrait à composer, l'anticipation est à créer de toute pièce ou alors elle n'est pas, le geste étant accompli au hasard" (ibid, p. 123)-

"Le mouvement abstrait présuppose la conscience du but, est porté par elle et est mouvement pour soi" (ibid p. 140). "Entre le mouvement comme processus en troisième personne et la pensée comme représentation du mouvement, reconnaltre une anticipation ou une saisie du résultat assurée par le corps lui- même comme puissance motrice, un "projet moteur" (Bewegungsentur..Prfjiune "intentionnalité motrice sans laquelle la consigne demeure lettre morte" (ibid, p. 128).

Une asymétrie comportementale motrice ne pourra être mise en évidence qu'en sortant "du corps phénoménal" pour créer un mouvement abstrait habité par une "fonction représentative, une puissance de projection, qui "organise le monde donné selon les projets du moment, qui construit sur l'entourage géographique un milieu de comportement, un système de signification exprimant au dehors l'activité interne du sujet" (ibid, p. 130).

 

3. Les mouvements volontaires

A la différence de la motricité réflexe ou automatique, la motricité volontaire est gouvernée par un "plan" ou par un "programme" correspondant à une représentation interne du but et des moyens de l'atteindre. Ce programme n'est connu que du sujet lui- même. Il existe une distance entre sa représentation interne et la décision de l'exécuter (Jeannerod, 1978, p. 428).

Le système pyramidal est le support principal des mouvements volontaires. C'est un système récent dans l'évolution phylogénétique et de développement ontogénétique tardif. Le cortex pyramidal est pourvu d'une abondante innervation sensorielle de nature très diverse somesthésique, visuelle, auditive, vestibulaire (Massions 1978), Cette convergence permet d'envisager les neurones du cortex moteur comme les éléments de la. vraie "voie terminale" ou comme la zone commune de l'intégration sensorimotrice. "Selon toute évidence, l'élaboration terminale de l'activité d'analyse et de synthèse des régions postérieures est transmise aux cellules pyramidales motrices pour que les mouvements volontaires soient guidés par les réactions de l'organisme" (Luria, 1978, p. 93). Pour lui, les lobes frontaux, partie essentielle des zones corticales de l'analyseur moteur, jouent un rele décisif dans la régulation de l'activité conditionnée par le langage. Or le langage intervient dans le contrôle et l'exécution des mouvements intentionnels (réaction échopraxique).

L'exécution d'un mouvement volontaire exige le recodage des influx visuels, vestibulaires et auditifs en un système de signaux kinesthésiques, système qui constitue le réseau spatial assurant l'orientation des signaux efférents vers les groupes musculaires correspondants et les variations dynamiques de cette orientation (Luria, 1978, p. 213).

Pour Head (1973, p. 45) le cortex sensoriel exerce un contrôle du mouvement volontaire et l'appréciation constante des relations du corps dans l'espace en relation avec les activités effectives de la volonté.

Le choix d'un mouvement volontaire, à intention motrice, avec représentation interne du but à atteindre, exigeait que le sujet, auteur du mouvement, se trouve dans une situation telle, qu'intention et représentation soient le fruit d'une activité consciente.

Pour sortir de la "gangue phénoménale" il fallait des mouvements assez naturels pour qu'ils se rapprochent des mouvements utilisés dans l'écriture, mais en même temps assez contraignants pour qu'interviennent une anticipation, une programmation et d'éventuels feed- backs visuels, et/ou audio- articulatoires et/ou proprioceptifs.

De plus, il devait être possible d'effectuer une quantification, l'appréciation qualitative, comme il est de règle dans les tests de prévalenceS motrices latérales, ne permettant pas une approche différenciée des sujets sur une base vraiment objective.

Les formes utilisées dans le test tachistoscopique présentent, nous l'avons vu, une structure orientée droite- gauche. Nous avons expliqué ce choix.

De la même façon, les mouvements devaient retrouver cette asymétrie par rapport au plan sagittal pour qu'intervienne le même référentiel égocentrique (géocentrique et céphalocentrique) dans la coordination des espaces moteur visuel et auditif.

Ainsi, même si nous ignorons le rôle joué par les problèmes d'orientation droite- gauche dans la réalisation motrice et dans la tâche cognitive, la méthodologie adoptée devrait permettre de minimiser les interférences éventuelles dans la mesure où, si elles existent, nous pouvons supposer qu'elles interviennent sous une même forme et dans le même sens dans une tâche comme dans l'autre.,

L'utilisation simultanée des deux mains dans une tâche de détermination de latéralité motrice a été proposée par Harris (1961). Le sujet doit écrire les chiffres de 1 à 12 avec les 2 mains, une feuille de papier rigide devant le visage empêchant la vision des mouvements.

Le test est intéressant mais l'analyse des résultats est parfois difficile et la quantification de différenciation entre les deux mains pratiquement impossible.

D'autres items de coordination réciproque des deux mains existent (e.g test d'Ozeretsky proposé par Luria, 1978, p. 38'7). Le sujet exerce une action avec une main, une autre action avec l'autre, on intervertit ensuite les positions, etc... nous formulerons pour eux les mêmes critiques que pour le test de Harris.

La position de la main dans l'écriture indiquerait, avec la préférence manuelle, le degré de latéralisation cérébrale d'un individu (Allen et Wellman, 1980).

Positions normale et inversée de la main pendant l'écriture chez des droitiers et des gauchers (cf. Springer, 1982).

Mais cette position normale ou inversée ne peut âtre mise en relation avec la latéralité cérébrale pour les stimuli verbaux auditifs (Smith et D:oscovitch, 1979 ; Beaumont et Mc Carthy, 1981).

Il n'existerait pas de voies motrices différenciées chez les scripteurs "inversés" ou non (Warshal et Spirduso, 1981).

Les gauchers avec une position normale de la main dans l'écriture sembleraient plus fortement gauchers, les autres plus ambidextres (Parlow et Kinsbourne, 1981).

Ce critère ne nous parait pas encore très pertinent.

Nous pensons que les mouvements de rotation vers la droite ou vers la gauche, effectués simultanément par les deux mains, répondent aux conditions que nous avons énumérées : mouvements

- volontaires exigeant une intention motrice, donc une anticipation ;
- pas trop éloignés des mouvements intervenant dans l'écriture ;
- asymétriques, donc pouvant exiger, selon les sujets, l'intervention d'une représentation imagée ou audio- articulatoire, ou celle de feed- backs visuels ou proprioceptifs ;
- quantifiables puisque, pour un temps donné, le nombre de rotations peut être déterminé ;
- de même nature et de même sens dans les relations égocentriques et projectives que les actions intériorisées exigées par les transformations spatiales du test tachistoscopique.

Ces mouvements devraient traduire une asymétrie comportementale motrice, au sens défini dans le chapitre II.

L'appareil utilisé pour sa détermination (fig. 4) comporte deux disques que le sujet fera tourner simultanément vers la droite ou vers la gauche.

4. Asymétries comportementales motrices

Dans toute tâche cogr«tive ou motrice les deux organes symétriques sont concernés. Nous ne fermons pas un oeil$ nous ne nous bouchons pas une oreille pour prendre une information. De même quand la main droite exerce une action (chez un droitier) la main gauche ne reste pas inactive. Il suffit pour s'en convaincre de la bloquer dans une position fixe pour que, quelques instants après, la main droite voit sa "mélodie cinétique" quelque peu affectée.

La main gauche peut jouer un rôle actif, en "convergence" avec celui de la main droite, ou un rôle complémentaire d'appui, de soutien, ou plus simplement encore, un rôle d'équilibre par sa seule présence cénesthésique.

(cf Tome III)

Schéma simplifié du dispositif mécanique de rotation : diamètre des disques 150 mm ; des boutons d'entraînement 15 mm.; distance entre les centres des 2 disques : 190 mm.

Les plaques A et B supportant les disques peuvent se relever pour un fonctionnement vertical, le cas échéant. Le dispositif est relié au système électronique (modèle BC II) qui assure toutes les mesures et fonctions de détermination.

Une autre raison du choix d'un mouvement des deux mains est d'ordre neurologique. Depuis les travaux de Wyke (1971) cités par Hecaen (1978 p. 347) on reconnaqt à l'hémisphère gauche un contr8le prédominant sur la motricité volontaire bilatérale. Kimura et Archibald (1974) l'ont constaté avec des activités complexes et séquentialisées.

Le contrôle hémisphérique gauche de la séquence motrice s'exercerait bilatéralement (Jeannerod et Prablanc, 1978, - la voie ipsilatérale gauche étant plus développée que la voie ipsilatérale droite- ; Summers et Sharp, 1979 ; Sauerwein et al, 1981 ; Inouye et ale 1982) et n'aurait pas besoin de refléter l'absence de transmission Calleuse (Malfrax et Jone, 1981) ; la main gauche recevant son contr8le moteur principal de l'hémisphère droit (Gazzaniga, 1976, p. 152).

Ce contrôle bilatéral serait plus efficace sur les mouvements proximaux (Gazzaniga, 1978, p. 312 ; Jason, 1983) et pourrait ne plus exister pour les mouvements distaux (mains, doigts) mieux contr8lés par l'hémisphère contralatéral (Tzavaras in Jeannerod, 1978, p. 362), une voie directe sans passage par le corps calleux existant pour certains mouvements (Guiard, 1982).

Le trouble gestuel de la main gauche pourrait relever d'une dysconnexion entre zones d'élaboration des gestes de l'hémisphère gauche et les centres moteurs de l'hémisphère droit (Tzavaras in Jeannerod, 1978, p. 366).

Pour Jason (1983) l'organisation des mouvements per se ne dépend pas particulièrement de l'hémisphère gauche qui serait spécialisé pour la mémorisation de tâches motrices comportant des séquences manuelles mais non pour l'exécution de ce type de tâches.

Dans une tâche de conflit, l'hémisphère droit' contrôle l'output moteur non seulement de la main gauche mais aussi de la main droite, constate Kinsbourne (1978, p. 123). Donc pour une compétition des voies motrices, l'hémisphère qui est le plus compétent pour la fonction impliquée assure le contrôle sur le système moteur. Ainsi, même sur du matériel non verbal, si une transformation verbale est demandée, c'est l'hémisphère gauche qui contrôle et domine l'action de la main gauche alors que son contrôle moteur normal est dans l'hémisphère droit (ibid, p. 132).

C'est un point particulier sur lequel nous reviendrons dans l'analyse des résultats.

En exigeant la rotation simultanée, dans le méme sens, des deux mains, nous voulons mettre à l'épreuve la commande motrice de la main droite et de la main gauche effectuant une séquence de mouvements successifs, la rotation comportant un mouvement somatotrope et un mouvement somatofuge.

Si le contrôle hémisphérique gauche est bilatéral nous devrons avoir les performances motrices d'une main, ou des deux selon les cas, affectées par cette bilatéralisation.

Les deux mains exécutant le m8me mouvement, la main non prévalente tendra à le faire en miroir, inversant ainsi le sens de rotation, àmoins d'un contr8le plus volontaire, mais en ce cas, la main prévalente peut subir un ralentissement.

De plus, il est possible de vérifier le rôle du feed- back visuel en bandant ou non les yeux du sujet. Par la m9me occasion, avec les yeux bandés, il est possible de constater un éventuel effet de la proprioception, ou de la verbalisation interne, susceptibles d'intervenir dans la représentation intérieure du mouvement (Reichardt in Hecaen, 1978, p. 61).

5. Détermination des asymétries comportementales motrices (cf Annexe III)

L'appareil utilisé (fig. 4) doit répondre aux critères de détermination définis sous II : indiquer une asymétrie motrice, les 2 membres agissant simultanément. Il doit aussi permettre la vérification d'éventuelles relations entre espaces moteur, visuel et auditif.

Nous allons énumérer les différentes possibilités de mesures et tenter de justifier en quoi elles sont intéressantes pour une meilleure connaissance du sujet.

5.1 Mesure de la prévalence motrice

Nous aurons une performance motrice évaluée en nombre de rotations pour chaque main. La valeur obtenue ne sera que relative puisque dépendante du temps de rotation imposé au sujet et aussi de l'état dans lequel se trouve celui- ci au moment de la passation.

1) se reporter au livret annexe pour l'ensemble des procédures.

Nous définirons ainsi, pour le test considéré, des droitiers rapides, moins rapides, lents, des ambidextres, des gauchers àmain gauche prévalente et â main droite prévalente, etc...

Ce premier niveau de mesure sera mis en relation avec la latéralité d'usage. C'est la raison pour laquelle il nous intéresse.

5.2 Détermination des asymétries motrices

différents niveaux.

a) le sujet va démarrer sur ordre lumineux ou acoustique (signal de départ S.D). Un signal préparatoire (S.P) : "attention !" donné environ deux secondes auparavant, va le placer dans une situation. d'attente, conduisant à une pré- décision et l'engagea- nt dans une certaine direction de comportement. Le sujet sait qu'il aura à tourner les deux disques simultanément, soit vers la droite, soit vers la gauche. Il peut, pour contrôler le départ, soit faire appel à la vision, soit verbaliser implicitement l'orientation ("de ce côté ; vers la droite, etc... ") soit concentrer proprioceptivement son attention vers la direction à prendre.

Position en "dérivation" des processus préparatoires à la réponse (
Figure 5 : (d'après Requin, 1978) Position en "dérivation" des processus préparatoires à la réponse (R).
S.P : signal préparatoire ; S.D : signal départ.

Cette information de contrôle est tirées d'après Requin (1978) "des mémoires où schèmes perceptifs et programmes d'action sont en permanence construits et remodelés à partir des entrées sensorielles et des réafférences issues de l'activité motrice" (p. 87).

La décision se manifestera par le démarrage des deux mains l'une des deux démarrant en premier. Sur l'appareil une petite lampe s'allumerai à droite ou à gauche, indiquant la main concernée.

Un chronoscope indiquera le temps de réaction du sujet, temps compris entre l'apparition du stimulus (S.D) et le démarrage de la première main.

Nous aurons ainsi, sur plusieurs essais, deux informations, l'une concernant la main pour laquelle la décision motrice a été la plus rapide, l'autre concernant le temps de réaction, traduisant toutes deux une activation hémisphérique,dans le sens d'une préparation àl'action.

Nous pouvons ainsi vérifier si cette préparation a même origine chez un sujet donné, si elle est fonction des signaux de départ (visuel ou acoustique), si elle est constante dans le temps.

Par exemple, sur quatre essais, le sujet n° 1 démarre toujours sur la main droite avec un temps de réaction moyen de 0.80 seconde. Au 5° essai, démarrant avec sa main gauche,nous constatons une augmentation de 0.20 seconde environ. Ce qui confirme que la main droite est commandée ("initiée") prioritairement chez lui.

Au plan neurophysiologique, ces problèmes d'activation et de décision ont fait l'objet de nombreuses recherches. Les signaux préparatoires réduisent le temps de réaction du sujet en entraînant une activation corticale, les temps de réaction étant plus courts avec la main droite lorsque les S.P sont verbaux (Bowers et Heilman, 1976, 1980). L'hémisphère droit serait dominant dans la médiation des processus d'activation (Heilman et Van den Abell, 1979 ; Heilman et al, 1983), l'hémisphère gauche préparant l'hémi_corps droit à l'action alors que l'hémisphère droit prépare les deux côtés. Mais les processus neurologiques concernent des prises de décision d'un membre unique appelé à agir. Lorsque les deux mains doivent agir synchroniquement, un programme central plus complexe peut être exigé (Lofthus, 1981).

Les structures de décision seraient dans l'hémisphère gauche selon Bisiach et al (1982), les noyaux gris centraux jouant un rôle fondamental dans les premières étapes de l'initiation motrice, étapes où, par un processus encore inconnu~une idée abstraite est transformée en action motrice concrète (Evarts, 1979).

Le processus d'attention peut se porter sur la main qui a le plus de difficultés à assurer simultanément l'action avec l'autre main, ce qui la fait démarrer en premier. Mais nous émettons aussi l'hypothèse que la main plus rapide au démarrage est celle qui est en relation avec l'hémisphère privilégié par l'input (notion d'accès direct).

b) dans cette perspective, puisque notre préoccupation est d'établir les relations qu'entretiennent motricité, vision et audition, le S.D sera un stimulus soit visuel (allumage d'une lampe), soit sonore (et dans ce cas le sujet aura les yeux bandés). Si l'hypothèse d'accès direct est fondée la main de démarrage devrait être en relation avec l'asymétrie perceptive constatée (visuelle ou auditive), traduisant ainsi l'attention sélective d'un hémisphère particulier. La contribution de la vision peut être déterminée chez un sujet, par rapport à sa non contribution (yeux bandés). Nous trouverons des sujets présentant des troubles de la vision binoculaire qui réussiront mieux l'épreuve les yeux bandés, alors que d'autres sujets seront complètement perturbés par l'absence de support visuel.

c) les mouvements simultanés des deux mains,dans le même sens de rotation, coupent l'effet de Gestalt produit par le mouvement en miroir, d'ailleurs quand les problèmes de coordination surgissent, le mouvement de la main non prévalente s'inverse et devient mouvement en miroir de l'autre.

L'introduction de l'asymétrie droite- gauche crée un déséquilibre de la répartition du tonus dans l'organisme (Werner et Wapner, in Vurpillot~1962). Mais surtout, elle peut exiger de la part de certains sujets une certaine expression et formulation "symboliques" "c'est vers là que je dois tourner" ; "je dois tourner vers la droite" ; "les deux mains doivent tourner dans le même sens". Dans ce cas, les difficultés pour exécuter la tâche peuvent être fondées sur des déficiences de la verbalisation interne et non sur la rerte du pouvoir d'effectuer les actes demandés. Un seul test ne permettra pas de connaitre le rôle joué par les différents facteurs susceptibles d'intervenir,mais les résultats à plusieurs tests différents constitueront un faisceau d'indices, peut être pas suffisants, mais déjà intéressants,pour une approche des processus.

d) l'intérêt de notre appareil est de déterminer quantitativement comment se comporte chaque main. Nous aurons un nombre de tours (au dixième de tour près) pour chaque main. Le test dure 15 secondes. C'est une durée qui nous parait raisonnable pour des enfants de 10 et 11;6 ans. Nous avons testé des durées de 10 et 30 secondes sur des groupes d'enfants hors échantillon. Dix secondes paraît un temps trop court, les sujets n'ayant pas encore complètement assimilé la distribution dynamique des gestes. Trente secondes n'apportent pas d'informations supplémentaires intéressantes par rapport à celles obtenues avec 15 secondes. Certains sujets, les plus jeunes, peuvent présenter des signes de fatigue et le niveau de performance s'en ressent.

Nous l'avons déjà souligné,fin chapitre II, il vaut mieux recommencer le test quelques instants plus tard (ou quelques jours plus tard) plutôt que d'obliger le sujet à "tricher" en l'obligeant àmettre en place des stratégies de compensation ( Par exemple, le corps penche du côté de la main prévalente, la modification de posture favorisant la rotation de cette main.)

Le compte- tours des deux mains est "actif" dès le S.D et se met en marche dès le démarrage des mains. Il s'arrête automatiquement au bout de 15 secondes ( L'appareil peut être programmé pour toutes les durées de 0 à 60 s)

L'arrêt automatique évite les problèmes de persévération après le signal "stop", ceux dus à l'énergie cinétique accumulée/qui prolonge la rotation lorsque le sujet abandonne les disques alors qu'ils sont encore en rotation.

Nous avons ainsi un nombre de tours de rotation effectués pendant 15 secondes, le temps étant rigoureusement identique pour tous les sujets.

Pour une tâche motrice donnée (e.g. rotation vers la droite), pour une condition donnée (e.g. yeux bandés), pour un sujet particulier, nous pourrons calculer un temps moyen par tour (e.g. 30 tours en 158. temps moyen pour effectuer un tour : 0.50 s.).

Ce temps est tout relatif, bien entendu. Niais c'est une mesure de durée comme l'est celle du temps de réaction, comme le sont celles des temps sur tests auditifs et visuels.

Bien que les processus qui ont exigé ces durées ne puissent pas être comparés, les mesures ainsi définies nous paraissent tout de même plus homogènes.

Une autre raison est qu'un temps moyen par tour renvoie moins àl'idée de prévalence motrice qu'un nombre de tours qui, lui, sanctionne une performance motrice.

e) la performance motrice ne nous intéresse pas directement. C'est le comportement d'une nain par rapport à l'autre qui nous parait primordial. Nous comparerons donc les résultats obtenus avec la main droite et avec la main gauche. L'écart entre les deux résultats, s'il existe, sera mis en relation avec les asymétries perceptives décelées chez ce même sujet. Nous essaierons ainsi de mieux cerner la prévalence à partir de l'asymétrie motrice constatée.

Pour Guiard et al (1982) la main non prévalente peut être supérieure à la main prévalente dans certaines tâches motrices. Etre droitier (Gaillard, 1979) n'implique pas que la main droite est plus habile que la main gauche en tout, mais qu'elle s'est spécialisée. La main gauche aussi, chez le droitier, a ses activités privilégiées : elle palpe et reconnaît mieux les formes non signifiantes et les configurations.

En introduira»t le mouvement simultané des deux mains nous voulons aussi vérifier comment le sujet emploie le bras ipsilatéral à l'hémisphère directement concerné par l'arrivée du stimulus.

Puisqu'il est souvent question de moindre latéralisation des fonctions chez le gaucher, nous voulons connaître son comportement lorsque les deux mains accomplissent la même tâche.

Corraze (1981, p. 81) signale que dans cinq épreuves d'efficience motrice manuelle - test de Starback et al, 1951- la main ayant le meilleur rendement, chez les gauchers, n'est pas forcément la main gauche, mais cette meilleure main est statistiquement inférieure à la meilleure main des droitiers.

Lurçat (1972, p. 222) analysant l'acte graphique dans les conditions de reproduction simultanée par les deux mains note que les modifications de la trajectoire sont essentiellement le fait de la main gauche chez les droitiers alors que ces m9mes modifications apparaissent pour les deux mains et de façon plus sensible à droite, chez les gauchers.

Une différence faible entre les performances des deux mains, chez les gauchers, n'est pas un fait absolu. Nous verrons que les gauchers se comportent comme les droitiers : les écarts sont très variables.

Mais alors que leur main prévalente peut perdre justement cette prévalence, nous n'avons pas trouvé de cas similaire chez les droitiers de notre échantillon.

f) l'appareil utilisé met en jeu essentiellement la musculature proximale. quand les deux mains sont en rotation, le mouvement s'articule autour du coude et de l'épaule. A l'inverse de l'acte graphique la main n'est pas posée sur un support. Nous ne pouvons pas comparer l'acte de rotation et l'acte graphique bien que ce dernier comprenne de petits mouvements de rotation mais qui sont le produit de la musculature la plus distale de la main. Si au lieu de considérer l'aspect dynamique dans l'acte moteur, nous nous intéressons à l'aspect cinématique : déroulement du geste dans l'espace et dans le temps, nous pouvons décomposer le mouvement de rotation en quatre parties (Fig. 6).

Fig. 6 : étude cinématique du mouvement de rotation (de sens direct ici). Le schéma, représente, à l'échelle ~ , un des disques de l'appareil de détermination des asymétries. Pour le sujet placé en S, a et b représentent des translations horizontales légèrement curvilignes ; b, un mouvement somatotrope et d, un mouvement somatofuge.

Les parties a et c correspondent à une translation horizontale légèrement curviligne par rapport au corps du sujet. Leur réalisation ne paraît pas poser problème, quel que soit le sens de rotation. La partie b correspond à un mouvement somatotrope (vers soi) pour le sujet et la partie d à un mouvement somatofuge lorsque le sens de rotation est direct (sens de rotation des aiguilles d'une montre). C'est l'inverse qui se produit avec un mouvement indirect. C'est le mouvement somatofuge qui semble poser problème pour la main non prévalente.

Le mouvement somatofuge paraît directeur par rapport au mouvement somatotrope dans la mesure où il donne l'impulsion de rotation et l'énergie cinétique nécessaire pour accomplir une partie du mouvement de translation.

Dans le mouvement somatofuge le sgCeent distal est directeur : c'est la main qui semble prendre l'initiative de l'éloignement du corps. C'est un mouvement plus "actif" et plus volontaire que le mouvement somatotrope qui rapproche tout le segment (bras, avant- bras, main) du corps du sujet. Ce dernier mouvement semble plus soumis au contrôle proximal du bras. Le mouvement de rotation n'est donc pas un mouvement continu et harmonieux. Il présente des zones d'accélération et de freinage. Le couplage de notre appareil avec un micrQ,ordinateur (le programme est en cours d'établissement) permettra,à partir des différentes vitesses de rotation d'un point du disque, d'établir à quel niveau se situent les difficultés dans le mouvement de rotation, cela pour l'ensemble des sujets~et pour un sujet particulier d'analyser son comportement aux différents moments du mouvement.

Ceci est d'autant plus important à connaitre que nous exigeons un mouvement simultané des deux mains, dans le même sens.

En effet, si nous observons l'activité des deux mains (fig. 7) nous constatons que les mouvements somatofuges ne se situent pas au même niveau, par rapport à la ligne médiane virtuelle délimitant les deux hémi- espaces, lorsque le sujet est droitier ou bien gaucher, lorsque le sens de rotation est direct ou bien indirect.

Aucune main ne franchissant cette ligne médiane, tous les mouvements sont abductifs, c'est- à- dire se développent dans l'hémi- espace ipsilatéral (distinction entre mouvements abductifs et adductifs in Jeannerod et Prablanc, 1978, p. 283).).

Fig. 7, Mouvements de rotation simultanés et de même sens (direct ici)

Ce schéma représentes à l'échelle 1 , les disques et leurs positions respectives sur l'appareil de détermination 2 des asymétries. Le sujet placé en S, exerce une action somatofuge (apparemment directrice) près de la ligne médiane avec sa main droite alors que la même action est réalisée par la main gauche dans l'hémi- espace gauche.

Mais dans le sens direct, par exemple, la main droite exerce son action somatofuge dans la zone médiane alors que la main gauche l'exerce dans l'hémi- espace gauche. Dans le sens indirect, c'est la main gauche qui dirige son action somatofuge alors qu'elle se trouve dans la zone médiane.

Des différences peuvent donc apparaître, chez certains sujets, selon le sens de rotation demandé. Pour le vérifier, nous ferons passer le test d'asymétrie en tenant compte des doubles conditions déjà citées : support visuel 1ZS yeux bandés et sens direct V,S sens indirect.

Ce qui nous donnera les quatre items suivants, les mouvements étant simultanés et de même sens.

    1. Sens direct - vision
    2. Sens indirect  - vision
    3. Sens direct - yeux bandés
    4. Sens indirect - yeux bandés.

 

6. Conclusion

Les deux mains réalisent simultanément la même tâche dans des conditions de test très spécifiques. En fonction d'autres tâches cognitives nous aurions pu choisir une autre procédure.

Nous n'établirons pas de distinction entre Droitier ou Gaucher ou Ambidextre au sens strict, mais nous constaterons, sous ces conditions d'expérimentation, l'apparition dune certaine asymétrie comportementale motrice que nous mettrons en relation avec les asymétries comportementales perceptives constatées sous des conditions expérimentales sensiblement analogues.

Le test moteur permettra la détermination d'une prévalence motrice latérale traduite par le plus grand nombre de tours réalisé par une main. Ce résultat sera comparé à celui de la latéralité d'usage.

- d'une asymétrie comportementale motrice qui pourra se traduire

a) par un démarrage plus rapide d'une main par rapport à l'autre, le temps de réaction sera un indice supplémentaire ;
b) par une plus grande rapidité d'une main par rapport à l'autre à effectuer une rotation.
  1. Pour tenter de découvrir le rôle de la vision (accompagnée d'une verbalisation implicite parfois), de l'absence de vision~remplacée par une verbalisation implicite et/ou une perception kinesthésique et/ou proprioceptive ;
  2. Pour tenter d'approcher le comportement asymétrique de démarrage de l'action ;
  3. Pour tenter de déterminer le rôle du sens de rotation dans la performance dynamique et cinématique du mouvement ;

Nous demandons au sujet d'effectuer le test dans les quatre conditions suivantes

- sens de rotation direct - appui visuel

- sens de rotation indirect - appui visuel

- sens de rotation direct - yeux bandés

- sens de rotation indirect - yeux bandés

Le test d'asymétrie comportementale motrice sera avant tout un test clinique (possibilité de continuer sous d'autres conditions définies par la recherche spécifique de l'expérimentateur), n9me si les résultats permettent des comparaisons entre groupes de sujets définis par leur prévalence motrice d'usage.

Il n'indique qu'une direction d'asymétrie, que l'on retrouver lors d'une autre passation : sans pour autant retrouver le même niveau de performance beaucoup plus dépendant, lui, des conditions de passation moment de la journée, état physique de l'organisme (fatigue éventuelle), etc.

Nous venons de définir une asymétrie comportementale motrice. Le chapitre IV sera réservé aux asymétries perceptives visuelles et auditives et au rôle de la mémoire sensorielle dans l'encodage et/ou le traitement d'une information "non verbale" d'origine visuelle.

 

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1 Novembre 2007