Le Stress

CHAPITRE I d du livre :

Introduction aux Méthodes de Relaxation

Dr Bernard Auriol

 

 

 

« Fatigué, affairé, sans recul, prisonnier de l’illusion,

comment échapper à la boulimie compulsive du faire,

comment s’alléger du poids des soucis du monde,

comment rapatrier son autorité sur sa vie. »

Dr Jean-Louis Etienne

 

Hans Selye [1] , qui a fait connaître la notion de stress, en distingue deux sortes :

o       le stress positif, favorable, qu'il appelle « eu-stress » et

o       le stress négatif, désagréable qu'il appelle « détresse ».

 

HANS SELYE (1907-1982) décrivait en 1950 un syndrome réactionnel endocrinien lors des agressions violentes qu’il appelle «syndrome général d’adaptation» (ou « choc »). Il comporte deux ou trois phases consécutives :

1. phase d’alarme
2. phase de lutte contre l’agression
3. et si la phase précédente échoue : phase d’épuisement.

Plus tard (1956) il généralise cette idée pour rendre compte des maladies liées aux contraintes de la vie moderne et des facteurs de vieillissement («maladies de civilisation»).

 

Toute sensation qui met notre organisme en état d'alerte, nous rend plus vigilant, tend nos muscles, accélère notre respiration, notre circulation, augmente notre métabolisme, notre sécrétion de cortisol, etc. Elle constitue un stress . Ainsi sommes-nous prêts à jouir, combattre ou fuir.

Cette réaction peut être adaptée ou non, utile ou inutile, nuisible même :

1.  Une automobile me refuse tout à coup la priorité

 - mon coeur s'accélère (inutile),
- mon pied se crispe me faisant perdre une fraction de seconde pour le déplacer de l'accélérateur jusqu'au frein (non adapté)
 - ou même il enfonce plus encore l'accélérateur (nuisible).
2.  Si je joue au football comme gardien de but et que
 - je prépare ma détente dans le bon sens (réaction adaptée),
- mon organisme sera en meilleure santé.
 - Si je suis pris contre-pied, j'aurai enregistré une petite nuisance.

Dans notre civilisation technique où il s'agit plus d'appuyer sur des boutons que d'avoir une puissante détente des mollets, le stress devient très fréquent et très fréquemment inadapté. Si la survie des premiers humains était mieux assurée pour ceux qui réagissaient vite, fort et souvent, la compétition [2] actuelle (qui est une grande source de stress, d'ailleurs) fait que la plus longue survie est pour ceux qui savent ne réagir que rarement et de manière pas trop intensive. On a constaté que beaucoup étaient tellement entraînés à « être prêts à tout » qu'ils finissaient par être incapables d'affronter rien et par tomber malades.

 

Dès lors il ne faut plus apprendre à se tendre, à faire effort. Il devient nécessaire d'apprendre à se dé-tendre, à « ne plus faire effort ». C'est la raison du succès et de l'efficacité des méthodes de détente qui foisonnent actuellement. Nous allons en parcourir la gamme et nous interroger sur leur intérêt respectif. Nous nous donnerons ainsi les moyens de décider et de pratiquer l’une plutôt que l'autre.

 


 

 

Avant de faire ce parcours, essayons toutefois de vérifier si - et dans quelle mesure - il est bien fondé de rechercher cette relaxation. De quelle façon le stress et la tension sont-ils responsables la plupart de nos maux physiques et psychologiques ? Tout en utilisant les techniques de détente, pourrions-nous déterminer les causes de la tension et les éliminer ? Pour y voir plus clair étudions successivement

  1. Le stress et l'organisme « somatique ».
  2. Le stress , l'angoisse et les troubles psychologiques.
  3. La causalité du stress aujourd'hui.

 

I.        LE STRESS ET L'ORGANISME "SOMATIQUE"

 

Le stress est une réaction générale à une stimulation particulière. En première approche, les choses se passent comme si notre réaction à un bruit inattendu, un éclair lumineux, la survenue de toxines microbiennes dans le sang, était identique. En creusant davantage, on observe qu’il n’existe que quelques grands types de réaction aux agressions . Ces types de réaction dépendent au moins autant de la nature de celui qui reçoit que de ce qu'il reçoit [3] .

On distingue les réactions musculaires et les réactions du système nerveux végétatif.

 

1.   Les réactions musculaires peuvent être de tension , de préparation à l'action (attaque ou fuite) ou, à un degré supplémentaire, d'inhibition de l'action (jambes « qui se dérobent », hypotonie). Il peut arriver que certains groupes musculaires , voire l'ensemble du corps , soient en état d'alerte rouge permanente (en dehors du sommeil). On dit de telles personnes qu'elles sont « tendues » : mâchoires serrées, tête dans les épaules , dos restreint, avant-bras légèrement repliés, poings presque fermés, etc. Cette tension peut se manifester par un tremblement plus ou moins marqué : ce tremblement, appelé « physiologique » survient, sous certaines conditions (fatigue , émotion ), chez tous les individus. Il peut, chez des personnes « stressées  » devenir presque permanent [4] . Parfois cette tension musculaire est moins apparente et c'est au niveau de la peau que se révèle cette vigilance [5] .

Dans tous les cas, les tensions musculaires chroniques engendrent de la fatigue et des douleurs dont la localisation sera souvent symbolique. On peut assister aussi à des erreurs de gestion gestuelle qui, même à l’occasion d’un effort minime, peuvent conduire à des cervicalgies , des dorsalgies , des lombosciatiques ou des cruralgies très invalidantes. Si aucune mesure n’est prise pour diminuer le stress , ces phénomènes peuvent résister à tous les traitements ou récidiver sans cesse malgré eux.

 

2.   Les réactions du système nerveux végétatif peuvent toucher deux grandes parties de système nerveux : l'orthosympathique et le parasympathique .

 

Cependant, pour le Pr Xavier Girerd (président du comité français de lutte contre l’hypertension)

Le stress n’est pas responsable d’hypertension artérielle


Selon lui, le stress provoque une élévation de la pression artérielle et une accélération du rythme cardiaque qui sont ponctuelles et réversibles. Il ne peut donc pas être à l’origine de l’hypertension. Celle-ci est en effet une maladie chronique qui persiste même en cas d’absence de stress. Les moyens destinés à lutter contre le stress, s’ils permettent de mieux stabiliser la tension artérielle et d’améliorer la vie des hypertendus, ne font en aucun cas disparaître l’hypertension. Quant aux médicaments antihypertenseurs, ils n’empêchent pas la tension artérielle de monter sous l’effet d’une émotion ou d’une contrariété. Autant de données qui permettent de conclure que stress et hypertension sont deux phénomènes bien différents.

Dr Gabrielle Bitan

 

On reconnaît tout le cortège des maladies que la médecine contemporaine appelle « psychosomatiques » (comme si tous les troubles et toutes les maladies ne relevaient pas de l'organisme entier, comme s'il y avait des maladies « psychiques » sans troubles somatiques et des maladies organiques sans troubles psychologiques).

 

3.   Les réactions neuro-endocriniennes (endorphines, catécholamines, corticoïdes, insuline, thyroxine, parathormones, hormones sexuelles, sérotonine, histamine, etc.) et neuro-immunitaires (exagération ou affaiblissement des réponses, création d’autoanticorps, etc.) interviennent dans une proportion qu'on avait, jusqu'ici, sous-estimée. Il est maintenant démontré, par exemple, que le sperme sécrété par un homme stressé est de mauvaise qualité et ceci d'autant plus qu'il subit d'agressions émotionnelles. On a également pu produire des réponses immunitaires à un conditionnement purement neurophysiologique (pavlovien).

 

Que tous ces mécanismes se déclenchent à toute occasion de nocivité a été largement démontré par Hans Selye qui a pu obtenir des ulcères de stress (au niveau de l'estomac et du duodénum) aussi bien par l'exposition d'animaux au froid, au chaud, aux infections, aux toxiques, qu'à... la privation de liberté...


Mécanismes du stress  

 

Walter Cannon et l’homéostasie

 

La constance du milieu intérieur, cette propriété remarquable de certains animaux, ceux que l’on dit à sang chaud, n’est possible que parce que l’organisme dispose de mécanismes capables de gérer l’excès tout comme l’insuffisance. De tels mécanismes contribuent à l’homéostasie, c’est-à-dire au maintien actif de la constance du milieu intérieur. Mais, tout comme un matériau ne peut résister qu’à des contraintes modérées, l’homéostasie ne peut être maintenue que si les écarts à la normale restent relativement faibles.

 

Au-delà, des processus correctifs permettant de faire face sont nécessaires : c’est le stress . Le terme est déjà tout un programme puisqu’il désigne à la fois l’agent responsable, la réaction à cet agent et l’état dans lequel se trouve celui qui réagit.

Le premier à avoir utilisé le terme de stress en biologie est celui qui a donné à la notion d’homéostasie ses lettres de noblesse : le physiologiste américain Walter Cannon. Il décrit comment la mobilisation de la partie centrale de la surrénale, une glande située au-dessus du rein et qui est responsable de la libération d’adrénaline, permet de maintenir l’homéostasie face aux fluctuations de température, aux besoins énergétiques ou aux variations de la pression partielle d’oxygène dans l’air. Il note que de telles corrections ne sont possibles que pour autant que la contrainte n’est pas trop forte ; en prenant l’exemple de la sélection des pilotes militaires, il montre combien il serait utile de disposer d’épreuves appropriées pour mesurer de façon standardisée la capacité d’adaptation .

 

Acute stress leads to reorganization of large-scale neural network connectivity in the brain that is driven by noradrenaline.

Peter R. Stern, The Stressed Brain, Sci. Signal.4 (201), ec334. [DOI: 10.1126/scisignal.4201ec334]

 

Le syndrome général d’adaptation

 

Au cours de ses études médicales, Selye avait été frappé du fait que les diverses formes de réaction de choc observées en clinique – le choc des brûlés, le choc septique, le choc hémorragique, etc. – étaient toutes associées à des manifestations anatomo-cliniques identiques, à savoir :

En 1935 il attribue ces faits à une réaction non spécifique de l’organisme visant à rétablir l’homéostasie perturbée par l’agent agresseur. Pour différencier la réaction qu’il avait découverte de celle qu’avait identifiée Cannon, il proposa de la désigner sous le nom de syndrome général d’adaptation . Pour lui, ce n’est pas l’agent agresseur qui est pathogène, mais la réaction de l’organisme à cet agent. Cette réaction peut, dans certains cas, être totalement inadaptée parce que excessive ou insuffisante.

 

Selye a proposé les termes d’eustress et de dystress, le bon stress et le mauvais stress. Le premier stimule et rend plus productif, le second désorganise et inhibe. La théorie du stress rejoint là les théories de l’activation qui postulent que pour atteindre une cible mobile, se déplaçant de façon aléatoire sur un écran, il ne faut être ni trop « éveillé » ni trop « endormi » !

 

Le réveil à contre temps [8]

 

Certaines personnes peuvent programmer, en se couchant, l'heure à laquelle elles doivent se réveille. Cette troublante aptitude est expliquée par Jan Born et son équipe [9] de l'université de Lübeck (Allemagne). Si nous savons que nous devrons nous lever de bon matin, notre organisme s’y prépare une heure et demi environ avant l’heure prévue. Cette préparation n’est pas différente d’une réaction de stress classique (augmentation de l’ACTH, de la pression artérielle, du diamètre pupillaires, etc.).

Il n’en va pas de même, bien entendu, si le réveil est imposé par surprise à la même heure ! Dans ce cas, c’est dans les minutes qui suivent ce réveil que le phénomène de stress survient. Par contre si nous faisons la grasse matinée, on n’observe rien de particulier [10] .


Système Nerveux et stress

 

Ø     Le système limbique est le centre d’intégration émotionnelle de toutes les informations que nous recevons, notamment de celles qui nous stressent !

§        Ce système comporte une formation des plus intéressantes, l’amygdale cérébrale (qu’il ne faut pas confondre avec les amygdales du fond de la gorge !). Elle nous permettrait de donner une valeur émotionnelle à certains stimuli avant même d’en avoir compris la signification !
§        Le septum et l’hippocampe sont contrôlés par le locus cœruleus (il gère les comportements d’alarme, de peur, d’anxiété et d’éveil). C’est également cette minuscule structure qui met l’ensemble des muscles du corps en état de profonde relaxation (et même de ‘paralysie’) pendant le rêve. On agit sur cette région par les Gamma Hydroxy Butyrates (Gamma-OH) qui peuvent donner lieu à toxicomanie.

Ø     L’hypothalamus, étroitement lié au système limbique va prendre en charge les commandes biologiques qui permettront de préparer les réactions à la perturbation stressante (« axe du stress  » à C.R.F. [12] , ACTH [13] , cortisol et bêta-endorphine).

 

Chez le primate comme chez l’homme soumis à des stresses intenses et/ou prolongés, le nombre de neurones producteurs de CRF augmente. Avec pour conséquence une plus grande production de cortisol. Ce dernier, en trop grande quantité est toxique pour certaines cellules (CA3) de l’hippocampe : d’où une diminution du volume de ce dernier. Ceci est encore mesurable 25 ans après les événements. On comprend que les détresses intra-utérines ou celles du nouveau né, à une époque ou s’édifie la structure cérébrale, puissent avoir de très importantes conséquences sur la santé ultérieure [11] .

 

 

La dimension biologique du stress

 

La réaction de stress fait intervenir les catécholamines qui sont produites par différentes structures. Ces produits sont responsables de la plupart des réponses immédiates à l’agression  :

1.   tachycardie,
2.   augmentation de la pression artérielle,
3.   redistribution du sang des territoires viscéraux vers les muscles et le cerveau,
4.   dilatation des pupilles,
5.   broncho-dilatation,
6.   accroissement de la thermogenèse [14] ,
7.    hyperglycémie.
8.   Les morphines endogènes, ou endorphines, sont également impliquées.

On observe également, à moyen et long terme, une consommation accrue de calcium et/ou de magnésium [15] , une augmentation de l’aldostérone, de l’hormone de croissance et du cholestérol [16] . Ce dernier pourrait jouer un rôle dans l’encrassement des vaisseaux sanguins (athérome) avec, pour conséquence, le risque d’infarctus et de troubles cérébraux… La lutte contre l’excès de cholestérol par un régime et des médicaments appropriés atténue ces risques mais n’augmente pas l’espérance de vie de ces sujets. Ils dépriment plus facilement, présentent des accidents ou des maladies. Il est possible que certains dérivés [17] du cholestérol soient indispensables en induisant différents enzymes hépatiques ayant un rôle détoxiquant : ils empêcheraient les calcifications dues au stress sur le rein, le cœur et pourraient avoir un rôle protecteur à l’égard du cancer !

Les méthodes de relaxation, notamment la Méditation, ont un effet préventif bien démontré sur le risque d’infarctus et d’accident vasculaire cérébral [18] .

 

Les effets du stress sur le système immunitaire

 

Les réponses immunitaires sont très sensibles aux facteurs d’agression physique ou psychique :

Chez des étudiants en première année de médecine, la période des examens est accompagnée d’une diminution des capacités de production d’interféron (molécule à activité antivirale synthétisée par les globules blancs), d’une réduction du pourcentage de cellules tueuses naturelles et d’une baisse de leur activité cytotoxique.

On peut observer aussi bien une diminution qu’une augmentation de réponse, voire une absence d’effet (maladie infectieuse ou auto-immune pourraient en être conséquence).

 

Les cellules immunocompétentes possèdent sur leur surface des récepteurs permettant la fixation de la plupart des neurotransmetteurs connus. Ces récepteurs ont des caractéristiques biochimiques semblables à celles des récepteurs situés sur les neurones, et ils fournissent donc aux cellules de l’immunité un système de lecture du fonctionnement du système nerveux.

Schwartz M. et Moalem G. ont découvert que les réactions auto-immunes à la suite d’un traumatisme cérébral, qui s’exercent dans le Système Nerveux Central et qu’on croyait plutôt nocives, permettent au contraire de limiter les dégâts.

 

Beneficial immune activity after CNS injury: prospects for vaccination.

Schwartz M, Moalem G (Department of Neuroimmunology, The Weizmann Institute of Science, Rehovot, Israel) J Neuroimmunol 2001 Feb 15;113(2):185-192 [Record supplied by publisher]

A study in our laboratory showed, against all expectations, that macrophages and a particular type of T cell, by promoting regrowth and reducing the post-traumatic spread of damage in the injured rat optic nerve or spinal cord, have a beneficial effect on the injured CNS. Macrophages in the CNS have long been thought to have predominantly destructive effects. Autoimmunity in general, and in the CNS in particular, has never been documented as a purposeful physiological response of benign character. Our results suggest that after traumatic injury to the central nervous system (CNS), both of these immune cell types potentially have beneficial effects: macrophages can promote repair and T cells of a particular specificity can reduce the spread of damage. However, possibly because of the immune-privileged character of the CNS, the spontaneously evoked physiological activities of both macrophages and T cells in the CNS are restricted, and appear to need well-controlled boosting in order to be effective. It thus appears that (i) a stress signal transmitted from the traumatized tissue (in this case the CNS) for recruitment of the adaptive immune system does not have to be pathogen-related in order to evoke a response, (ii) a response to self is not necessarily a quirk of nature, and (iii) an autoimmune response, provided that it is well-regulated, helps the individual to cope with stress signals from the traumatized CNS, and thus plays a role in maintenance of the injured tissue without posing a threat to the organism.

 

Les dimensions psychologiques du stress

 

Stress des grands traumatismes [19]

 

« On ne peut interdire aux oiseaux noirs de survoler la maison

mais on peut les empêcher d’y faire leur nid »

 

Les attentats, accidents, prises d’otages, etc. ont amenés à prendre en considération ce type de stress gravissime, violent, inattendu, exceptionnel. On en rapprochera les agressions moins violentes mais très prolongées (vie dans les camps, participation à certains groupes sectaires). Ils ont des effets sur de nombreuses structures cérébrales [20] immunitaires et hormonales. Ils laissent des traces pratiquement indélébiles, notamment au niveau de la mémoire, de la réactivité émotionnelle (sujet toujours sur le ‘qui-vive’). Ces traces donnent lieu au « syndrome de répétition [21]  ». Le sujet revit le traumatisme de départ sous différents angles :

Ø                 physique (troubles respiratoires, cardio-vasculaires, hormonaux et même immunologiques)
Ø          psychique (cauchemars, irruption d’images, de scènes violentes, pseudo hallucinations [22] )
Ø         comportemental (réactions de sursaut, tics, phobies, sentiments de détachement, d’étrangeté, etc.).

Il souffre fréquemment d’insomnie, d’anxiété chronique, d’irritabilité, de difficultés de concentration, de pertes de mémoire plus ou moins directement liées à l’événement traumatisant (oubli de scènes d’http://auriol.free.fr/psychanalyse/inceste/ par exemple).

 

La thérapie devra permettre au patient de se « décharger » par la catharsis [23] et de se relaxer. Les victimes ne sont pas les seules à souffrir : leurs sauveteurs subissent eux-mêmes un stress suffisant pour engendrer dans l’année, chez 25% d’entre eux, de l’anxiété, de la dépression ou des maladies psychosomatiques [24]  ; ceci surtout s’ils s’identifient aux personnes qu’ils secourent.

 

Psychologie statistique du stress

 

Les difficultés qui assaillent le sujet humain dans son fonctionnement quotidien ne sont pas de même nature que celles qui sont utilisées par les chercheurs pour étudier la biologie du stress . On parle d’événements de vie pénible pour désigner toute situation survenant fréquemment ou de manière occasionnelle et qui nécessite de la part du sujet un effort d’adaptation. Tous ces événements ne sont pas forcément nocifs : le mariage et une promotion sont considérés comme des événements de vie au même titre qu’un deuil ou un échec, même si les scores donnés à ces événements sont différents.

En fait, lorsqu’on dresse le catalogue des traumas les plus connus, on se retrouve en présence d’événements que les comportementalistes et les physiologistes rangent parmi les « événements de vie stressants ».

 

Témoin, la liste de Kammerer :

 

à     déportation, déracinement, migration
à     agression physique, séduction incestueuse, viol
à     atteinte aux possessions matérielles : destruction, vol, ruine, changement de situation, chômage ou problème professionnel.
à     atteinte à la dignité et à la liberté : agression verbale, injure, emprisonnement
à     deuil, conflit conjugal, séparation d’un proche

L’index de Thomas Holmes (1967) comprend 43 événements de vie affectés d’un « poids » qui va de 100 à 11. Un item est comptabilisé selon la valeur de son poids s’il correspond à un événement survenu depuis un an ou moins ou qui doit survenir dans un futur proche. Plus le score est élevé et plus est importante la vulnérabilité ou la diminution statistique  de la résistance à la maladie.


Index des événements qui changent la vie (d’après Holmes)

item

points

Décès du conjoint

100

Divorce

73

Séparation d’avec le conjoint

65

Sortie de prison

63

Décès d’un proche

63

Maladie ou blessure personnelle

53

Mariage

50

Perte de l’emploi

47

Réconciliation avec le conjoint

45

Départ à la retraite

45

Changement dans la santé d’un proche

44

Grossesse

40

Difficultés sexuelles

39

Accroissement de la famille d’un membre

39

Réadaptation nécessitée par le travail

39

Changement de la situation financière

38

Décès d’un ami proche

37

Changement concernant le genre de travail

36

Changement dans le nombre des disputes avec le conjoint

35

Débit supérieur à 100 Euro

31

Saisie suite à un emprunt ou une dette

30

Changement dans le niveau de responsabilité au travail

29

Départ de la maison du fils ou de la fille

29

Difficultés avec la belle-mère ou le beau-père

29

Réussite personnelle éminente

28

Le conjoint reprend ou arrête de travailler

26

Rentrée des classes ou départ en vacances scolaires

26

Changement dans les conditions de vie

25

Remise en question des habitudes personnelles

24

Conflits avec le patron

23

Changement dans les conditions ou horaires de travail

20

Changement de résidence

20

Changement d’école

20

Changement dans les loisirs

19

Changement dans les activités religieuses

19

Changement dans les activités sociales

18

Débit inférieur à 100 Euro

17

Changement dans les habitudes de sommeil

15

Changement dans la fréquence des réunions familiales

15

Changement dans les habitudes alimentaires

15

Vacances

13

Noël qui approche

12

Petite infraction sanctionnée (amende, contravention, pv)

11

 

Cette échelle mesure une probabilité purement statistique et ne permet pas de prédire si tel sujet tombera effectivement malade ni quelle sera la maladie.

Il est clair que l'application individuelle de ces constatations ne saurait se faire, sans tenir le plus grand compte de l'hérédité, de la biographie, de la généalogie et du contexte situationnel : structure familiale, milieu culturel, influence religieuse, contexte économico-politique, etc. Bien des événements de vie, stresseurs, tristes ou gais, ne sont pas ici répertoriés. Leur importance « objective » ne permet pas de conclure mécaniquement à la gravité de leurs conséquences. Ainsi a-t-on pu montrer que les prévisions du succès ou de l'échec dans la vie péchaient par excès de pessimisme : les enfants bien équilibrés réussissent d'habitude comme prévu, mais ceux qui ont souffert de carences ou traumatismes variés, s'en sortent souvent mieux que ne le craignaient les psychanalystes. Les circonstances favorables ultérieures, les ressources relationnelles et diverses formes  d’action sur soi sont probablement causes de ce « plus » !

 

 Le stress ne se résume pas au score total d’événements de vie au cours de la période écoulée. On devrait tenir aussi le plus grand compte d’une multitude de petits stresses non répertoriables : l’ensemble des bruits ou des spectacles perçus, les contrariétés ou satisfactions de faibles niveaux qui s’accumulent [25] , etc. Le stress dépend des perceptions du sujet, de ses représentations mentales et de ses attitudes. Il est soumis à des « événements objectifs » dont la valeur pour lui dépend de données qui lui sont totalement personnelles ; ce qui paraît catastrophique à l’un est sans poids pour un autre. La perception elle-même qui « fait » l’événement est strictement individuelle et subjective (elle dépasse largement les données conscientes). L’attention du sujet à tel fait précis ou ses compétences attentionnelles prises globalement interfèrent de façon remarquable avec sa vie émotionnelle [26] .

 

La possibilité de contrôler la situation joue un rôle privilégié, illustré dans le film de Laborit et Resnais « Mon Oncle d’Amérique » : ce ne sont pas les caractéristiques physiques de la situation agressive qui sont importantes, mais la possibilité qu’a (ou que croit avoir) le sujet de la modifier [27] par son comportement.

 

On peut ainsi noter l’existence de deux types de réaction :

 

§        Les tentatives de contrôle actif de la situation sont en règle générale associées à une libération accrue de noradrénaline et à une diminution de la libération des glucocorticoïdes. . Les personnes qui attribuent ce qui leur arrive à leurs propres actions se montrent plus résistantes au stress que celles qui accusent les autres ou la malchance… L’attitude des premières les conduit probablement à se sentir plus impliquées, éloignant ainsi les effets délétères de l’inhibition de l’action.
§        Au contraire, le stress « passif » survient dans un contexte qui interdit (par obstacle extérieur ou intérieur au sujet) toute forme d’action [28] . Cette perte de contrôle est associée à une libération d’adrénaline et un accroissement des glucocorticoïdes et des endorphines avec inhibition de l’axe gonadotrope.

On parle de stratégies d’ajustement [29] pour désigner ces attitudes. La possibilité de faire face de manière efficace à la situation repose non seulement sur les capacités de l’individu à sélectionner la stratégie appropriée, mais également sur ses aptitudes à utiliser pour cela les ressources disponibles dans son environnement social, ce que les psychologues appellent le soutien social. D’une manière générale, l’activation physiologique induite par la situation agressive est d’autant plus faible que la prévision et le contrôle comportemental sont meilleurs et que le sujet bénéficie d’une attitude positive de la part de son entourage.

 

Les hormones du stress, indice fiable de prédiction du divorce


Selon une recherche effectuée auprès de 90 couples durant 10 ans, le niveau sanguin d'hormones de stress est un facteur plus fiable qu'un comportement agressif ou négatif pour prédire un divorce.

Les couples avaient été spécialement sélectionnés par le Centre médical de l'Université d'État d'Ohio parce que tous se disaient très heureux d'être ensemble au début de leur mariage et ne montraient aucun facteur de risque connu comme des problèmes de comportement ou des maladies psychiatriques. D'ailleurs, après dix ans, leur taux de divorce de 19 % était environ la moitié du taux moyen aux États-Unis.

Au début de la recherche, les couples qui ont divorcé se disaient aussi heureux que ceux qui sont restés ensemble. Mais leurs niveaux d'hormones de stress (adrénaline, norépinéphrine, cortisol et ACTH) révélaient que quelque chose, à un niveau inconscient, n'allait pas aussi bien.

La recherche montre que de subtils malaises et non-dits inconscients entre époux élèvent de manière imperceptible le niveau de stress et soumettent les individus à une tension constante. Logiquement, ces conflits inconscients et latents finissent par éclater un jour ou l'autre.

Deux autres recherches précédemment publiées par le Dr Kiecolt-Glaser ont montré un lien significatif entre l'état du système immunitaire et le processus de séparation. Ces recherches sont consistantes avec les données épidémiologiques concernant le taux de morbidité (maladie) et de mortalité chez les gens divorcés.

  • Kiecolt-Glaser JK, Kennedy S, Malkoff S, Fisher L, Speicher CE, Glaser R. Marital discord and immunity in males. Psychosom Med. 1988 May-Jun;50(3):213-29.
  • Kiecolt-Glaser JK, Fisher LD, Ogrocki P, Stout JC, Speicher CE, Glaser R. Marital quality, marital disruption, and immune function. Psychosom Med. 1987 Jan-Feb;49(1):13-34.

D'après PROTEUS

 

 

Stress, Angoisse et troubles psychiques
 
 
L’émotivité
 

Alors qu'on était moins attentif au corps , la perturbation était lue surtout au niveau de l'intériorité et la psychologie parlait d'émotivité là où nous parlerions peut-être de « stressabilité ». Il s'agissait de la facilité avec laquelle un individu s'éprouvait comme « ébranlé » en lui-même en raison d'une situation externe.

 

L’angoisse
 

Mais si l'émotion devient une habitude dont les circonstances ne constituent qu'un modulateur, on parle plutôt d'un état  d'angoisse, d'anxiété. La philosophie existentialiste a mis à la mode l'angoisse comme révélateur philosophique, si bien qu'on peut arriver à croire qu'on est intelligent simplement parce qu'on est aux antipodes de la sérénité.

Au niveau médico-psychologique, et quelle que soit sa cause, l'angoisse est impliquée toujours de manière déterminante dans les maladies  de l'esprit ou du cœur : névroses, psychoses, troubles variés de la personnalité. Elle intervient aussi en augmentant l’intensité de la vigilance au détriment de la largeur du champ de conscience, de la fiabilité de la perception et de la pertinence de la mémoire de travail. L’attention subit une « attraction automatique » de la part des stimulations anxiogènes [30]

L’effet du stress (et de la dépression) sur la mémoire, est bien documenté.

« De plus en plus d'éléments permettent en effet d'affirmer que le stress et les glucocorticoïdes -une hormone liée au stress- ont un impact négatif sur les zones de notre cerveau où loge la mémoire. Il y a longtemps que des liens ont été établis quant à l'impact négatif du stress sur la capacité d'apprentissage d'une personne, mais une étude menée sur des rats, et rapportée dans Nature, établit cette fois un lien direct avec la mémoire -du moins, la mémoire d'événements à court terme.

Par ailleurs, une autre étude, parue dans Science, permet d'en apprendre davantage sur les chemins suivis par un souvenir. Et plus précisément, sur ce qui fait en sorte qu'un événement sera gardé en mémoire, et un autre oublié. Des scientifiques des universités Harvard et Stanford ont utilisé de l'équipement d'imagerie magnétique pour suivre à la trace l'activité du cerveau d'une personne lorsqu'on lui demande "d'activer" sa mémoire. Cela a permis, pour la première fois, de déterminer quelle partie du cerveau est impliquée lorsqu'un événement est "enregistré" -et quelle partie l'est lorsqu'il est envoyé dans la poubelle de l'oubli [31]  ».

Il peut exister deux formes de l'angoisse :

·     la première serait produite par l'impuissance à manifester l'agressivité ou la peur,
·     la seconde étant davantage liée à l'impossibilité de se laisser aller au plaisir,  vécu comme dangereux ou coupable.
 
Décharge et Catharsis
 

On peut observer toutes sortes de façons que l'énergie de stress a de se dépenser, soit :

·        sous forme d'action adaptée ou non
·        sous forme d'angoisse vécue
·        sous forme de maladie corporelle [32]

 

Le travail psychanalytique a permis de montrer que les angoisses et les stresses d'aujourd'hui se structurent sur les angoisses et les stresses d'hier et que, en bonne logique, la « stressabilité » et la forme d'angoisse adoptées par l'organisme aujourd'hui, sont dépendants pour beaucoup, de la quantité et de la qualité des stresses du tout début de la vie. La première structuration de l'angoisse et du stress aurait lieu au cours de la vie intra-utérine et au moment de la naissance où des modifications physiologiques très importantes se produisent (acquisition de mouvements respiratoires amples et surtout bouleversement du système circulatoire) [33] . L'angoisse de sevrage est moins typée aujourd'hui vu l'usage extensif du biberon [34] . Elle ressemble et s'accole à l'angoisse de naissance. On trouve ensuite des angoisses d'abandon, puis de mutilation. Ces éléments font comprendre l'intérêt, pas du tout « folklorique », des techniques et aménagements permettant à la mère d'engendrer volontairement, d'attendre sans angoisse, de mettre au monde sans douleur un enfant auquel on évitera la violence [35] , qui sera nourri au sein, fréquemment caressé, sans cesse porté [36] par un être vivant (mère, père ou autre personne aimante).

 


Des câlins contre la toxicomanie

15/05/2001 - Un environnement post-natal stressant augmenterait le risque pour l'enfant de devenir toxicomane. À l'inverse, une bonne relation avec son "milieu" diminuerait sa réponse aux drogues.

Alain Gratton, de l'Université McGill, a remarqué que les rats qui subissent un stress post-natal important sont plus sensibles aux psychostimulants comme l'amphétamine et la cocaïne.

Les tests ont été effectués sur trois groupes de ratons. Dans le premier, les ratons étaient séparés de leur mère trois heures par jour, pendant quatorze jours. D'autres étaient manipulés, caressés par les chercheurs pendant quinze minutes quotidiennement et le troisième groupe, témoin, n'a pas été dérangé du tout.

Après les deux semaines préparatoires, les ratons ont tous reçu des injections de cocaïne. Les ratons qui avaient subi un stress post-natal réagissaient plus violemment que le groupe témoin, et ceux qui avaient été manipulés étaient hyposensibles. Ils ne réagissaient qu'après avoir reçu des concentrations très élevées, soit de 20mg/kg, contre 5 mg/kg pour les autres. Les ratons manipulés sont aussi ceux qui ont développé la meilleure relation avec leur mère et ceux isolés de leur mère la pire. Alain Gratton a donc établi un lien direct entre la sensibilité aux psychostimulants et la qualité de relation entre un raton et sa mère. Ce lien serait aussi applicable à la relation entre une mère et son nouveau-né.

Violaine Ballivy { Sherbrooke (Canada) } d'après CyberSciences

 

 

3.      CAUSALITE DU STRESS

 

Au delà des premiers moments et des premières années de la vie qui structurent la réactivité de l'individu d'une façon plus ou moins harmonieuse (de telle sorte qu'il sera plus ou moins stressable, plus ou moins angoissé), les situations qui s'accumulent par la suite ont un rôle non négligeable et peuvent aller dans le sens d'une réparation ou d'une aggravation des premières expériences. On peut aller jusqu'à dire que n'importe quel individu est susceptible de fournir n'importe quelle pathologie, sous toutes les formes connues, pourvu que les circonstances soient suffisamment stressantes dans tel ou tel sens déterminé [37] .


Les causes de stress peuvent se répartir de la façon suivante

1. par excès
2. par défaut

 

à différents niveaux :

1.   - physique, par exemple, un excès ou un défaut de chaleur [38] , un excès ou un défaut de bruit , de lumière, etc.
2.   - chimique, un excès de calories ou un défaut de calories dans la ration alimentaire, trop ou trop peu de tel ou tel élément chimique déterminé
3.   - biologique, un excès ou un défaut de stimulations sensorielles
4.   - psychologique, un excès ou un défaut de contacts affectifs
5.   - sociologique et économique, un excès ou un défaut de ressources, d'activité productive, de prise en considération, etc.
6.   - nousologique [39] , un excès ou un défaut de spiritualité... (?).

Cette simple énumération constitue une sorte de réquisitoire mettant en accusation, pour peu qu'on y réfléchisse, le style de vie occidental et planétaire dans la mesure où « l'American way of life » constitue un modèle vers lequel tendent même les nations sous-développées, au moins au niveau de leur classe dominante.

 

La dimension socio-politique du stress n'est pas la moindre. La société industrielle avancée – maintenant devenue « informationnelle » et « virtuelle » - oblige les individus à affronter des situations nouvelles et à les dominer en un laps de temps de plus en plus court, les contraignant ainsi à faire un choix parmi des options toujours plus nombreuses [40] .

 

Ainsi beaucoup de maladies somatiques ou psychologiques ne sont-elles pas dues spécifiquement à l'agent provocant immédiat, mais à notre réaction ; ceci sans exclure, comme nous l'avons déjà dit, que l'accumulation des nuisances ou même l'excès des excitations inutiles soient responsables d'une moins grande stabilité de notre organisme. Plus il reçoit de stress, plus il y devient sensible en une spirale vicieuse et vertigineuse. Depuis très longtemps ont été mises au point des techniques [41] qui tendent à agir selon une spirale inverse pour renforcer l'homéostasie de l'organisme à tous les niveaux et le rendre de plus en plus résistant au stress. Mais ceci ne peut se faire par l'abolition pure et simple des excitations : cela constituerait même un nouveau stress ! La déprivation sensorielle est, en effet, une des formes modernes de la torture !

 

                                                       

Stress et traumatisme

 

Avant que n’existe l’idée de stress , Freud nous avait offert la notion de « trauma ». Il s’agit d’un excès d’excitation reçu par un sujet qui n’en peut supporter la charge, par exemple en raison d’un timing inapproprié (jeune enfant soumis à la séduction ou au sadisme d’un adulte) [42] .

Certains concepts freudiens nous éclairent sur les échanges d’énergie au sein de l’appareil psychique :

·     Le principe de nirvana [43]  : il désigne « la tendance de l’appareil psychique à ramener à zéro ou du moins à réduire le plus possible en lui, toute quantité d’excitation d’origine externe ou interne [44]  » . Le Nirvana, tel que le conçoivent les bouddhistes, correspond à une extinction [45] supposée du désir humain et, par là de la souffrance, obtenue par la méditation : l’individu abandonne ses frontières et obtient une paix sans limite. Ce principe est proche du principe de plaisir qui est souvent assimilable à une diminution de tension . Cela souligne combien le plaisir est lié à l’anéantissement. Le principe de nirvana n’est pas sans lien avec la pulsion de mort [46] . Il s’agit d’une tendance radicale à ramener l’excitation au niveau zéro et en cela, ce principe n’est pas exactement le même que le principe de constance.

·     Le principe de constance veut que l’appareil psychique tende à maintenir à un niveau aussi constant que possible, la quantité d’excitation qu’il contient ; ceci par décharge de l’énergie présente et par évitement de tout ce qui pourrait l’augmenter. On voit immédiatement qu’il est proche de l’homéostasie de Cannon et du principe de stabilité de Fechner. Le principe de constance se rapproche du principe de réalité et des pulsions de vie comme le principe de nirvana se rapproche du principe de plaisir et des pulsions de mort.

 

Tableau 1

Champ conceptuel

lutte

détente

Psychanalyse

principe de constance

principe de nirvana

Psychanalyse

principe de réalité

principe de plaisir

Psychanalyse

pulsions de vie

pulsions de mort

     

neurophysiologie

ergotropisme

trophotropisme

Système nerveux végétatif

orthosympathique

parasympathique

Endocrinologie

catécholamines

acétylcholine

Psychophysiologie

tension musculaire

relaxation musculaire

 

 

L’état de stress post-traumatique

 

Ce trouble est défini par le DSM-III-R [47] comme le développement de symptômes typiques faisant suite à un événement traumatisant hors du commun [48]  :

Syndrome de Damoclès

"Cette expression est inspirée du familier de Denys l'Ancien qui avait fait suspendre, par un crin de cheval, une épée au-dessus de son siège afin de mieux le convaincre de la fragilité de la condition humaine. Le syndrome de Damoclès a d'abord été appliqué aux enfants, mais il vaut aussi pour les adultes traités pour un cancer et exposés à sa rechute. C'est la perception de ce risque et de la menace de mort qui caractérise le syndrome de Damoclès. L'exposition à un danger fatal et la conscience d'être en sursis peuvent retarder ou limiter la guérison qui comporte, pour certains, l'occultation renouvelée de la mort. Elles peuvent aussi s'accompagner d'une " fureur de vivre ", d'une hyperactivité lucide pendant le peu de temps qui reste à vivre si l'évolution se montrait défavorable. C'est par exemple ce qui a déclenché les débuts littéraires d'Anthony Burgess ou qui a été ressenti par Alexandre Soljenitsyne avant son hospitalisation à Tachkent. Le syndrome de Damoclès s'estompe avec le temps et l'éloignement de la maladie".

Bernard Hœrni.

 

Un tel événement provoque la détresse (peur, terreur, abandon) chez la plupart des individus. Les symptômes durent plus d’un mois :

·     reviviscence pénible de l’événement traumatique (cauchemars, images).
·     évitement de tout ce qui y fait penser
·     abattement, anesthésie émotionnelle, émoussement psychique , difficulté de concentration.

·     hyperactivité neurovégétative (insomnie, état de « qui vive », sursaut exagéré, irritabilité).

 


Echelle de gestion du temps [49]

C

O

T

A

T

I

O

N

Mettre la note 7, 8 ou 9 si c’est « la plupart du temps »

Mettre la note 10 si c’est « toujours ». Mettre la note 0 si c’est « jamais »

Mettre la note 1, 2 ou 3 si c’est « quelquefois »

Mettre la note 4, 5 ou 6 si c’est « fréquemment »

   N

O

T

E

ê

1

Je suis indispensable. Je me trouve impliqué dans des activités variées que je suis le seul à pouvoir assumer…………………………………..

 

2

Des crises quotidiennes prennent tout mon temps. Je n’ai pas le temps de faire des choses importantes étant trop occupé à « éteindre des incendies.

 

3

J’essaie de faire trop de choses à la fois. J’ai l’impression de pouvoir tout faire et je ne dis « non » que très rarement………………………………..

 

4

Je suis toujours sous pression, comme si j’étais sans cesse derrière et que je n’ai aucun moyen de rattraper ! Je suis toujours bousculé !……………

 

5

Je travaille habituellement beaucoup : 10, 12, 14 et jusqu’à 18 Heures par jour ; 5, 6 ou même 7 jours par semaine…………………………………..

 

6

Je me sens constamment submergé par des exigences et des détails, et la plupart du temps, j’ai l’impression de devoir faire des choses qui ne m’intéressent pas…………………………………………………………..

 

7

Je me sens coupable de quitter mon travail à l’heure. Je n’ai pas assez de temps pour me reposer ou pour avoir une vie personnelle. J’emporte soucis et problèmes à la maison…………………………………………..

 

8

Je déborde constamment les « derniers délais » !…………………………

 

9

Je suis terrassé par la fatigue et l’apathie avec beaucoup d’heures creuses faites d’activité improductive……………………………………………..

 

10

J’oscille de manière très fréquente dans des alternatives désagréables…..

 

                                                                          Total :

 

 

§        Si vous avez moins de 35 points, vous pouvez bénéficier des techniques de gestion du temps, mais votre niveau de stress n’est probablement pas affecté par la pression liée au temps.
§        Si vous avez entre 36 et 60 points : vous pourriez utiliser l’entraînement de gestion du temps pour diminuer votre risque de troubles potentiels liés au stress .
§        Si vous avez plus de 60 points votre vie se déploie au delà de tout contrôle et peut-être estimez vous « ne pas avoir le temps » d’effectuer un entraînement à la gestion du stress ou du temps ; cela peut vous conduire à sans cesse remettre à plus tard des décisions capitales comme de cesser de fumer, prendre de l’exercice, passer du temps avec votre famille ou vos amis.


Applications : La Gestion du stress

 

Le rire est l'antidote de la morosité et de l'ennui :
il dissipe les idées morbides et se fait souvent le garant d'une bonne santé mentale.
Les gens qui rient sont des gens heureux : ils n'ont pas d'histoire.

[ Eve Belisle ] Extrait de Pension de famille

 

Une gestion efficace du stress [50] repose sur les trois niveaux où se manifeste le stress : niveau somatique, niveau comportemental et niveau cognitif.

 

 

1.   Réduire l’état de tension grâce à diverses techniques de déconcentration, de relaxation musculaire et de respiration (Training Autogène, sophrologie, hypnose , Jakobson, biofeedback, etc.).

2.   Techniques gymniques ou sportives jusqu’à la fatigue (sports de combat, aérobic, etc.)

3.   Demander à un/une ami(e) de décoller la peau par un léger pincement tout le long de la colonne vertébrale : on déclenche alors parfois une douleur très cuisante, mais l’effet à moyen terme peut-être des plus bénéfiques. On peut la première fois demander des instructions et se faire montrer la technique par un(e) kinésithérapeute, de préférence « eutoniste ».

4.   Techniques liées à la Spiritualité (zen, yoga, méditation, oraison, danses sacrées, Taï Chi Chuan, etc.)

5.   Se donner un temps de sommeil suffisant sans être excessif et, en cas d’insomnie, s’adonner à une activité paisible et intéressante (lire, écrire, dessiner, méditer) pendant dix à vingt minutes, puis se reposer à nouveau.

6.   « Vider son sac » : s’expliquer avec autrui lorsque son action nous a heurté pour repartir avec lui – ou elle – sur des bases saines. Ne pas rester passif et silencieux !

7.   Se confier à un(e) ami(e) : cela apaise les trop fortes tensions surtout s’il s’agit de quelqu’un de compréhensif, pas trop enclin aux conseils et aux jugements [51] .

8.   Se confier à un journal intime, écrit au jour le jour, et qu’on ne relira que très rarement ou pas du tout (pour éviter de « ruminer ») [52] .

9.   Ecouter de la musique à une intensité modérée, peindre, dessiner, sculpter, écrire, bricoler, jardiner…

10. Utiliser la littérature, la BD, le théâtre et le cinéma à l’exemple de la tragédie grecque. « Elle laissait s’accumuler la tension anxieuse jusqu’à un point critique, la catharsis purifiait l’âme des spectateurs des différents sentiments éprouvés (sympathie, appréhension, horreur, pitié, etc.) [53]  ».

11. « Décharger » ses tensions émotionnelles : s’exclamer, rire, pleurer [54] . Réfléchir sur notre façon de voir le monde ; s’ouvrir à d’autres types de représentations et de perspectives [55] . Toutes les formes d’agression et d’hyperstimulation sans décharge conduisent à l’installation du stress  : un moyen de l’éviter pourrait être de choisir les situations de notre vie en tenant compte de cette constatation.

12. Les formes d’agression et d’hyperstimulation sans décharge que nous imposons à autrui, non seulement augmentent sa tension et son niveau de stress , mais elles le conduisent à réagir, à son tour, avec agressivité et angoisse ; ce qui nous revient ‘par retour du courrier’ et augmente bien entendu notre propre stress. Une certaine gestion de nos actes peut conduire à la paix avec autrui ce qui devrait avoir, en retour, d’heureuses conséquences pour nous même... Il s’agit d’identifier les situations à problèmes et d’analyser notre façon d’y réagir. Remplacer, si possible, les attitudes sources de conflit avec autrui par des attitudes plus conciliantes.

13. Avoir recours à un psychothérapeute ou un analyste pour permettre à la tension anxieuse de se résoudre au prix d’un processus parfois éprouvant mais enrichissant.

14. Un certain nombre d’études ont signalé que la formation en gestion du stress apporte des améliorations dans des domaines comme l’emploi, la dépression et la santé. Elle a une incidence mesurable sur nombre de symptômes (par exemple : réduction de la consommation d’alcool).

 

10 règles d’or pour bien se détendre

Lorsque je programme mes activités quotidiennes, je préserve toujours un temps libre pour la détente

Au moins une fois par jour, je programme des activités que j’aime.

J’y consacre le temps nécessaire pour ne pas avoir à me presser.

Lorsque je sens monter un énervement en moi, je réalise quelques inspirations profondes et de petits mouvements des mains et des épaules.

Je sais dire « non ! »

Je réduis ma consommation de café, de thé, de coca.

J’arrête de fumer.

Je fais de la marche dès que je le peux (monter les escaliers, faire les courses,…)

Lorsque je ne suis pas d’accord, je fais valoir mon point de vue, tout en respectant celui des autres.

Lorsque je me sens débordé, je n’hésite pas à en parler à mon médecin.

Le stress peut-il jouer un rôle ant-istress ?

 

Axel m'écrit "Je suis quelqu'un de très stressé, très émotif , à tel point que je perdais mes capacités pendant les examens.

Dernièrement j'ai vécu un choc émotionnel très fort où j'ai failli perdre la vie, échappant de peu à un accident de voiture très grave. Mais je n'ai même pas été blessé ! Depuis, c'est comme si j'avais acquis une immunité à l'égard des émotions et des stress de la vie courante, qui me déstabilisaient auparavant.

Est-il possible de ne plus ressentir d'émotion après une très grande émotion ?"


Voilà qui est très intéressant : avoir échappé à la mort de manière quasi miraculeuse, permet de relativiser les stress plus insignifiants de la vie quotidienne.

Cela se retrouve parfois sous une autre forme, être sauvé miraculeusement donne au sujet une impression d'invincibilité, d'invulnérabilité. Que pourraient donc les petits ennuis de la vie sur quelqu'un qui s'est éprouvé comme capable de vaincre la mort ?

C'est sans doute un phénomène analogue qui pourrait rendre compte du fait que des malades mentaux très gravement atteints furent rendus à une vie "normale" au cours de la seconde guerre mondiale : les bombardements dont avait été victime leur environnement, les rendaient mieux à même d'abandonner leurs délires et leurs anxiété et de regarder en face la "vraie vie" !

 

 

 

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voir aussi : tensions musculaires, crampes, contractures, etc

On lira aussi avec intérêt le travail de Mme Vandendaele :
L'étudiant, les stages et… le stress.

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Psychosonique Yogathérapie Psychanalyse & Psychothérapie Dynamique des groupes Eléments Personnels

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30 Novembre 2011


 

[1] SELYE. « A syndrome produced by novous agens », Nature, 13.2.1936

[2] La compétition est à la base de la vie sociale occidentale et de la vie internationale. Les individus sont imprégnés de l'esprit de compétition de manière directe (la course à la promotion hiérarchique, l'obtention d'un pouvoir  plus ou moins étendu, dans la famille ou la cité) ou, de façon indirecte (besoins, sans cesse en augmentation et en standardisation par le biais des mass média publicité, presse, télévision, affiches, etc.) cf. à ce sujet B.AURIOL, Prolégomènes à une Yogathérapie de Groupe. Thèse médecine, 1970) Yoga et Psychothérapie, Privat, 1977, et aussi E. FROMM. L’homme pour lui-même  F.S.F., 1967..

[3] de BONIS,  Stress, facteurs cognitifs et indices physiologiques », in Psychologie méd..  1977. 9. 8. pp. 1433-1442. cf. aussi les n° 8 et 9 de la revue Neuro-Psy, consacrés au stress (avril et mai 1986 - ISBN (1296-3981).

[4] Ce tremblement est augmenté par les sécrétions thyroïdiennes, les corticoïdes et les catécholamines. En cas de nécessité on peut utiliser pour le faire disparaître un bétabloquant (par exemple le pindolol) ; Notons cependant que ce type de produit est interdit lors des compétitions sportives (de tir, en particulier).

[5] Voir la description du « décollage » de la peau dans les « Applications » en fin de chapitre.

[6] KRANTZ, « Essai d'une explication et d'une thérapie pathogéniques des états dépressifs « in Progrès méd.. 8, avr. 44, pp. 147-150. On sait que le médiateur chimique du sympathique est constitué par la Nor-Adrénaline et l'Adrénaline. L'utilisation de médicaments antagonistes (bêtabloquants) a des effets immédiats dans certaines mélancolies et certains états dissociatifs ou délirants (cf. B. Auriol, Le problème des récepteurs bêta-adrénergiques en psychiatrie - étude critique de la littérature et observations cliniques, Mémoire pour le C.E.S de psychiatrie, 1973). (Cf. à ce sujet différents textes sur le web : <http://members.aol.com/auriol/biblio.htm>

[7] Le sang est appauvri en eau et la concentration en globules augmente ; un tel phénomène doit être différencié nettement de l’augmentation des globules rouges qui se produit après absorption d’EPO à titre de dopage.

[8] Loïc Mangin, Le Stress du réveil, Pour La Science, 257, p. 22, Mars 1999. Son article prend appui sur celui de Jan Born et coll. Dans Nature, 397, 7/01/1999, p.29.

[9] Pour cette étude, durant trois nuits, ces chercheurs ont étudié le sommeil de quinze volontaires, analysant leur sang tous les quarts d'heure.

[10] Seulement les variations « circadiennes » attendues. On appelle « circadiennes » les variations de nos constantes biologiques en fonction de l’heure de la journée. Le travail posté (trois huit) qui désorganise ce rythme est bien entendu une source importante de stress qui fragilise la santé de ces travailleurs.

[11] 2000 American Psychiatric Association Annual Meeting, 13-18 Mai 2000, Chicago (Abstract Psy 216, 16)

[12] Le C.R.F. (« Corticotrophin Releasing Factor » ; en français « corticolibérine ») favoriserait les activités ergotropes au détriment des activités trophotropes. Le C.R.F. est inhibé au niveau physiologique par l’acide gamma amino butyrique ou GABA et au niveau médical par les bêtabloquants. Cet « axe du stress  » devrait plutôt se nommer « axe du stress aigu » car il intervient essentiellement dans le court terme.

[13] Adreno Cortico Trophin Hormone : sécrétée par l’hypophyse, elle stimule la partie de la surrénale qui produit la cortisone physiologique.

[14] Fabrication de chaleur qui peut aboutir à de la fièvre et de la transpiration. On rapporte le cas du Padre Pio qui présentait fréquemment une fièvre inexpliquée, témoin de ce qu’on pourrait nommer un « stress mystique ».

[15] La carence en l’un de ces produits augmente la sensibilité au stress ce qui peut amorcer un cercle vicieux et l’apparition de fatigue , dépression ou crises de panique. Ces produits se trouvent normalement en abondance dans les lieux de stockage que sont certaines cellules sanguines et surtout les os. Le stress prolongé, renouvelé fréquemment, peut amener un profond déséquilibre de cet ensemble et contribuer à faire apparaître une décalcification dommageable avec ses conséquences périlleuses (tassements vertébraux, fractures, lombalgies ou dorsalgies sévères).

[16] Agents « catatoxiques » par opposition aux agents « syntoxiques » corticoïdes impliqués dans « l’axe du stress  »..

[17] Il s’agit de la prégninolone carbonitrile ou PC N. (Cf. P. et H. Loo, le stress permanent , Masson, 1995.

[18] étude du NIHA, CR in FigMag plus, 28 X 2000

[19] Syndrome connu sous le sigle de PTSD (Post Traumatic Stress Disorder). Cf. D.Charney, XXI° Collegium Internationale Neuro-Psychopharmacologicum, Glasgow, 12-16 Juillet 1998.

[20] surtout l’amygdale, le locus cœruleus et l’hippocampe qui diminue de volume !…

[21] déjà connu de Lucrèce : de natura rerum, cap.IV.

[22] Le Dr Laurent Chneiweiss cite le cas suivant « Une patiente avait ‘vu’ au cours d’une agression à main armée, le corps , flottant dans l’air, de sa mère nue ; elle-même apparaissant sous la forme d’un nouveau-né, à sa gauche, le cordon ombilical démesurément grand, pendant sur le côté. Cette hallucination visuelle revenait dans les suites d’un sursaut »… (Dr L. Chneiweiss, Les Etats de stress post-traumatiques, Abstract Neuro & Psy, 176, 12 (15 Janvier 1998).

[23] Outre un immédiat « debriefing » au cours duquel les sujets exposés pourront parler librement de ce qui leur est arrivé, on pourra utiliser plus tard la psychothérapie verbale non directive de Rogers, l’hyperventilation guidée (« rebirth ») ou le psychodrame de Moréno. L’usage des médicaments allopathiques est plutôt déconseillé dans ce cas (Cf. R. Berkow and al. In Manuel Merck de Diagnostic et Thérapeutique, pp.1601-2, Sidem Frison-Roche éd., 1988). On pourra avoir recours à l’homéopathie (arnica en forte dilution).

[24] Etude d’une équipe de Bethesda (Maryland) sur 54 intervenants après une explosion ayant fait de nombreux morts et blessés. (Abstract NeuroPsy 198, 9, III-IV 1999 d’après http://news.medscape.com/reuters/)

[25] Cet effet cumulatif donne lieu, à partir d’un certain seuil, à un « embrasement » ou kindling : le sujet réagit à partir de ce moment là à un événement infime comme s’il s’agissait d’une agression insupportable. On peut rapprocher ce phénomène de l’allergie sur le plan biologique (exemple : le maçon qui finit par développer un eczéma au moindre contact du ciment).

[26] Cf.  JP Mialet, Effets de l’anxiété sur l’attention : données des recherches cognitives, Psychologie Médicale, 1989, « A », hors série : 109-203.

[27] La capacité de prévision intervient de la même façon. Sous ce terme, on fait référence aux informations dont dispose le sujet à la fois

à      sur la façon dont la situation évolue au cours du temps et

à      sur les conséquences de ses actions.

[28] On trouvera une bibliographie à ce sujet dans « B.Auriol, Le problème des récepteurs bêta-adrénergiques en psychiatrie, Mémoire pour le CES de Psychiatrie, Toulouse III, 1973 ». L’évaluation de la situation par le sujet soumis au stress lui permet de déclencher l’un ou l’autre de ces deux mécanismes : on a nommé ce phénomène « double évaluation » (Lazarus R.S., Psychological stress and the coping process, New York, McGraw Hill, 1966). Dans le cas où l’action est impossible ou évaluée comme telle, un état dépressif transitoire ou durable peut s’installer (chez l’animal comme chez l’homme) Cf. P. et H. Lôo, op.cit., 1995.

[29] coping , en anglais

[30] JP Mialet, article déjà cité (1989).

[31] http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/cap240898.html

[32] J'ai cru nécessaire de distinguer deux formes de l'anxiété. l'une « positive » qui pousse à l’action, l'autre « négative » qui se bloque sur elle-même comme en un autocuiseur. Le passage de la deuxième à la première semble être favorisé par certains produits (les bêtabloquants) cf. B. AURIOL, Le problème des récepteurs bêta - adrénergiques, op. cit.

[33] Cf. Otto RANK, Le traumatisme de la naissance, PBP 121. Payot, 1976, et aussi A. TOMATIS, La libération d'oedipe, E.S.F., 1972.

[34] Loin de moi l’idée que ce recours au biberon soit bénéfique. Le sein donne un lait plus adapté et le contact de la maman avec son bébé, plus étroit, plus chaleureux est un atout capital de structuration émotionnelle…

[35] Cf. l'oeuvre de F. LEBOYER, lui-même marqué par A. TOMATIS au sujet de la technique de naissance sans violence.

[36] Selon le noble et immémorial usage africain dont on peut hélas redouter qu’il ne disparaisse.

[37] C'est dire que tout un chacun, placé dans des circonstances adéquates, peut se révéler tour à tour névrosé (avec des symptômes obsessionnels ou phobiques), psychotique (avec des hallucinations, un délire structuré ou non), psychopathe (avec des comportements socialement inadmissibles) ou psychosomatique (avec des troubles graves ou légers : oppression respiratoire, asthme vrai, indisposition alimentaire, ulcère d'estomac, etc.).

[38] Il s’agit ici de l’organisme global. Mais on a découvert que les structures les plus fondamentales de la vie, elles mêmes, sont sensibles à certains stresses (notamment la température, le chimisme, les rayonnements, etc). Quand des stresses importants de cette nature surviennent sans aboutir à la mort de la cellule, celle-ci voit ses gènes se modifier selon une très large variété de possibilités. Ces mutations génétiques seraient une source importante des sauts évolutifs de la vie. Les descendants sont mutants, et par là monstrueux. Ces monstres sont le plus souvent incapables de survivre. Cependant, dans la multitude obtenue certains de ces monstres sont « prometteurs » à leurs monstruosités pourront immédiatement ou au prix de mutations surajoutées s’avérer très positives et être ainsi sélectionnées dans le combat pour la vie (Richard Goldschmidt, 1933). Il arrive aussi – exceptionnellement - que des traumatismes amènent un individu à un changement radical et positif de sa vie (métanoïa).

[39] Terme introduit par Thérèse Brosse à partir de ses recherches sur le Yoga. pour désigner le secteur de la science qui devrait exister et qui devrait s'intéresser aux états de conscience éminents (états en voie de Samadhi) décrits par le Yoga ou d'autres techniques « spirituelles ». Cf. Brosse, « Contribution to the experimental study of Altruism. Instrumental explorations of Yoga Techniques». In Forms and Techniques of  altruistic and spiritual Growth, A symposium, ed. by P.A. SOROKIN, BOSTON Mass. U.S.A., The Bacon Press, 1954 .

[40] TOFFLER in « Stress, maladies de la civilisation et vieillissement », Symposium médical international, p. 8, par Laboratoire Robert et Carrière, 1975.

[41] Qui feront l’objet des chapitres suivant.

[42] du trauma à la frustration : Freud avait d’abord mis en avant le trauma comme facteur étiologique accidentel. Il y substitue plus tard la frustration ; elle indique l’événement de l’interposition d’un obstacle (1912). En soi, la frustration infligée par la réalité, reste inopérante. Ce qui est en cause c’est la frustration interne, conçue comme un « dam » imaginaire infligé à la libido. Ainsi s’explique le cas bizarre de ceux qui s’effondrent parcequ’ils ont obtenu une promotion ou atteint l’objectif qu’ils poursuivaient, depuis des années, sans succès ! « La contradiction entre de telles expériences et la règle selon laquelle ce qui induit la maladie, c’est la frustration, n’est pas insoluble. Elle disparaît si nous faisons la distinction entre une frustration externe  et une frustration interne . Si l’objet dans lequel la libido peut trouver sa satisfaction est soustrait dans la réalité, il s’agit d’une frustration externe. En elle-même, elle est inopérante, nullement pathogène, tant qu’une frustration interne ne lui est pas adjointe. Cette dernière doit procéder du moi et doit disputer à la libido l’accès vers d’autres objets, accès que le moi cherche maintenant à contrôler. C’est alors seulement qu’un conflit se déclare, ainsi que la possibilité d’une maladie névrotique, c’est-à-dire d’une satisfaction substitutive obtenue subrepticement du côté de l’inconscient refoulé. La frustration interne est donc potentiellement présente dans chaque cas ; seulement elle n’entre pas en action avant qu’une frustration externe, réelle, ne lui ait préparé le terrain. Dans ces cas exceptionnels où des gens sont rendus malades par le succès, la frustration interne a opéré par elle-même ; ou plutôt, elle a seulement fait son apparition après qu’une frustration externe a été remplacée par l’accomplissement d’un désir. »

[43] Concept inventé par Barbara Low. Cf. Freud « Au delà du principe de plaisir » in « Essais de Psychanalyse, Payot, 1951, pp. 5-75.

[44] Freud, au début de ses recherches, définit le principe d’inertie neuronique, selon lequel les neurones tendent à évacuer les quantités d’énergie qu’ils reçoivent. Il pense que l’appareil neuronique se tient, autant que c’est possible, à l’écart de toute source d’excitation. Nous savons aujourd’hui que cette phase de décharge est précédée d’une phase de charge : ce n’est que si l’énergie reçue dépasse un certain seuil qu’il y a décharge, complète et brutale. Cf. Vocabulaire de la Psychanalyse de Laplanche et Pontalis (P.U.F., 1973).

[45] Le mot nirvana  désignait à l’origine la disparition complète d’une flamme sur laquelle on a soufflé, « l’extinction » de cette flamme.

[46] Cf. Freud Le problème économique du masochisme, RFP, 1928, 2, N°2, pp. 211-223.

[47] Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, (APA), Masson, 1989.

[48] C’est à dire dépassant le domaine des expériences communes telles que le deuil simple, une maladie chronique, de mauvaises affaires ou des conflits conjugaux...

[49] d’après E.A. Charlesworth et R.G. Nathan « Stress Management : A Comprehensive Guide to Wellness » ; traduction de Bernard auriol.

[50] Miller et Hester, 1986.

[51] Carl Rogers a montré que tout jugement, fut-il d’approbation ou de valorisation, est généralement moins constructif que le témoignage explicite d’une bonne compréhension émotionnelle.

[52] En suivant des asthmatiques et des personnes souffrant de polyarthrite rhumatoïde, on a pu montrer une amélioration des troubles beaucoup plus fréquente et marquée si ces patients écrivaient quotidiennement leur stress plutôt que d’autres faits (par ex. leur projet du lendemain). (Cf. Impact Médecin 448, 18, 16 IV 99).

[53] Cf. J.Y. Gautier, « Récit traumatique, restauration identitaire ? », , Synapse, Février 1999, N°153 pp. 43-46.

[54] Les larmes permettent d’éliminer certains produits de notre angoisse. Le rire (Bagwan Rajneesh) et la clameur (Jalenque) sont utilisés dans des thérapies dont le caractère exotique ne doit pas dissimuler la pertinence ! L’Association « Le rire Médecin » exprime jusque dans son titre l’intérêt de la bonne humeur. On cite le cas de ce citoyen des USA qui aurait guéri un cancer problématique en regardant toute la journée et sur une longue période tous les films comiques dont il pouvait trouver la vidéo !

[55] d’après Encyclopædia Universalis 1995.