De l'écoute au Succès

par Dr Bernard M. AURIOL, MD

Résumé

L'hypoacousie ou l'inattention limitée à certaines fréquences sonores, la grossièreté de la discrimination temporelle entre des clics successifs (Delta t), l'incapacité d'analyser les variations de hauteur tonale, une latéralisation à gauche ou non homogène du contrôle verbal auditif, constituent des handicaps de l'écoute très préjudiciables au succès scolaire, même si l'audiométrie classique est "normale".

Les tests de dépistage devraient en tenir compte. Une "gymnastique l'écoute", telle que Puel l'imagine, pourrait, en améliorant les performances dans ce domaine, conduire à une amélioration très importante de compétence de ces enfants.

Summary

With a "normal" audiometric examination, we can sometimes notice unskilfulnesses to use hearing: hypacusis or inattention restricted to specific frequencies, inaccuracy of time discrimination (between successive clicks), unability to analyse variations of pitch, unhomogeneous or left audio verbal control . It all induce the children to school failing.

Tracking down testing did have assess such damages. Some listening in training, as Pujol thought, could improve these skills and school results.


1) Certains enfants ("autistes") peuvent se rendre imperméables à l’information sonore en atténuant dramatiquement leurs réponses corticales qui resteront présentes mais très peu amples ou exagérées. Dans le second cas, les sons restent fournisseurs de stress sans permettre une adaptation à l’environnement. Cette simple remarque oblige à se poser le problème de l’efficacité du "système d'écoute" plutôt que de se limiter au dépistage des surdités ou des hypoacousies.

2) Deuxième question : certaines fréquences ont -elles un rôle privilégié quant à la compétence scolaire ? Chaque langue s'appuie sur des distinctions phonétiques spécifiques. Les phonèmes eux -mêmes sont l'objet d'un usage plus ou moins intensif, selon des proportions remarquablement stables, et sont saisis grâce à leur composition spectrale particulière. Chaque langue, dans sa globalité, nécessite donc, pour être comprise et parlée, une bonne perception auditive dans telle ou telle région de l'audiogramme .

Il est dés lors possible, qu'une performance plus ou moins bonne dans les fréquences sensibles, joue un rôle facilitateur ou inhibiteur sur les apprentissages linguistiques et même sur tous les apprentissages scolaires, dans la mesure où ils sont tous transmis par le biais de la parole.

Ceci devrait être vrai dans tous les cas, mais plus encore et poussé à l’extrême, lorsqu'il s'agit de sujets en situation de transplantation culturelle et linguistique, comme le sont les immigrés de fraîche date.

C'est ce qui nous a poussé (Jean Pierre Chollat, Xavier Buscail, Robert Divoux, Monique Widmer, Suzette Privat et moi -même), sous l'effet des échanges réguliers du Groupe de Réflexion sur les Sons (Pr Josserand), à mener avec le CREPT de Toulouse une étude visant à vérifier cette hypothèse (Barel B.,1981).

L'étude a porté sur 37 stagiaires adultes qui ont tous subi, d'une manière indépendante, un audiogramme et une évaluation de leurs progrès scolaires au cours de l'année 1980. Ils étaient originaire d'Asie, d'Afrique et d'Europe du sud. Nous nous sommes centrés sur les fréquences 1 et 2 KHz, représentant la zone la plus "parlante" en français. Parmi eux 25 avaient un test d'écoute très performant à 1 et 2 KHz, 12 présentaient au contraire une faiblesse de l'audition ou/et de l'attention concernant ces fréquences. L'ensemble des stagiaires fut répartie en quartiles (9 individus par quartile) correspondant aux mentions scolaires suivantes :

Progrès                          1                  2                  3                    4

1 et 2 KHz défectueux:    5                  3                  4                    0

1 et 2 KHz corrects :       4                  6                  5                    9

Ceux qui ont de bonnes performances scolaires ont tous une écoute correcte aux fréquences considérées, on trouve au contraire 5 présentant un résultat défectueux aux deux niveaux contre 3 attendus. Ces nombres deviennent très parlants si on les confronte au tableau Ecoute/Motivation: le degré de motivation ne semble en rien corrélé avec l'écoute plus ou moins bonne aux fréquences 1 et 2 KHz…..

Motivation:      
1  
2
3
4
1 et 2 KHz défectueux:
2
3
4
3
1 et 2 KHz corrects
7
6
5
6

 

Ces données suggèrent déjà que le dépistage audiométrique scolaire devrait attacher une importance particulière aux fréquences conversationnelles du français d'une part, aux fréquences conversationnelles de la ou des langues que l'élève voudrait acquérir d'autre part. Cela permettrait dans certains cas d'orienter la scolarité plutôt vers l'espagnol que l'allemand, plutôt vers l'anglais que l'italien, etc... au cas par cas.

3) D'autre part, la discrimination temporelle, mesurée sur la capacité pour un individu de séparer des clics plus ou moins rapprochés (Delta T ), semble le témoin fidèle d'une aptitude à "intelligibiliser" les sons perçus. Cela se manifeste notamment en cas d'audition « limite ». Les individus à bon « Delta t » se débrouillent bien mieux que les autres pour optimiser du côté du sens ce qu'ils entendent. (Test de Leipp, amélioré par Urgell et Bassou). Ce test, lorsqu'il est de mauvaise qualité se traduit chez l'élève, sinon par la difficulté de compréhension, au moins par une lenteur , préjudiciable d'autant que la matière enseignée exige plus d'agilité mentale (Auriol B. , 1986) .

On peut rattacher à ce problème l'incapacité de reproduire des rythmes sonores (épreuve de Stambak). Ces troubles s'accompagnent généralement d'une concentration faible, de fatigabilité et de mal compréhension. La discrimination des sons est souvent insuffisante quant aux oppositions sourde/sonore, les enfants ont des difficultés avec les diphtongues et font des confusions longues/brèves (Spirig, 1978).

4) La faculté de discrimination fréquentielle, permettant au sujet de dire si deux sons de hauteurs différentes sont distincts et lequel est plus aigu ou grave que l'autre, semble un bon prédicteur de la compétence scolaire. M.E. Roblin et P. Vrignaud (1987), ont pu exhiber une statistique le mettant au même niveau que le QI pour prédire si un élève redoublera ou non la classe qu'il fréquente ...

Quoique la physiologie n'ait pas encore pu se faire une religion à propos du mécanisme de reconnaissance fréquentielle, on tente d'apprécier les performances globales de notre système auditif, à cet égard (L. Demany et H. Lavenant, 1985) .

Nous pouvons nous demander dans quelle mesure un sujet donné se montrera capable, lorsqu'il entend un son, de le distinguer d'un autre d’amplitude analogue et de caractériser avec justesse le sens de la variation perçue: est -il plus aigu ou plus grave ?

Il convient de faire entendre les deux sons l'un après l'autre ce qui améliore la sensibilité. La durée du silence intermédiaire ne joue pas, ici, de rôle perturbateur comme dans l'analyse des intensités (L.J. Postman ,1946).

Un bon fonctionnement du système d'écoute implique la possibilité de situer une fréquence par rapport à une autre: les mélomanes prétendent au "comma", intervalle qui sépare, par exemple, le DO dièse du RE bémol (la gamme tempérée du piano néglige cette « nuance » qui est de 1/9e de ton). Tout un chacun devrait, au moins, situer convenablement la variation d'une quarte qui fait aller du DO au FA ou au FA dièse, par exemple ....

Eh bien, même dans l'orchestre professionnel, on peut rencontrer certains exécutants qui défaillent à le faire si les sons présentés sont purs, privés des harmoniques qui en font, d'habitude, des notes de musique ,des notes de TEL instrument de musique, avec son timbre, sa physionomie bien reconnaissable d'objet sonore, spécifiquement produit par le piano, la guitare ou la contrebasse ! (B. Auriol, CNA2, Lyon 1988).

Il a été démontré que la capacité à « catégoriser » les sons phonétiques jouait un très grand rôle dans l'apprentissage des langues, de la lecture et de l'écriture correcte des mots. Il est évident que la discrimination, des fréquences (et à un moindre degré des intensités) joue ici le rôle de condition favorisante.

Une mauvaise discrimination des hauteurs conduisant à toutes sortes d'erreurs (Bradley, 1983). Tomatis (1974) a donné le nom de « fermeture de la sélectivité », « fermeture du diaphragme auditif » à ce phénomène qui peut se manifester à tous les points de l'audiogramme ou seulement sur une de ses portions. Harrison (1982) a fait remarquer l'impropriété du terme de « sélectivité » pour désigner ce qu'il vaudrait mieux appeler, « Capacité d'Analyse Tonale».

Voici la méthode d'évaluation qu'il utilise: on fait entendre à l'une des deux oreilles du sujet un son pur, le plus aigu disponible, avec une amplitude raisonnablement supérieure au seuil moyen, puis un autre situé 1/2 octave au dessous et il doit indiquer si les deux sons étaient de même hauteur ou si leur intervalle était de type ascendant ou descendant ... On recommence de quinte en quinte, depuis 8000 jusqu'à 125 Hz. On opérera de même, ensuite, avec l'autre oreille.

Pour certains intervalles aucune différence de hauteur n'est indiquée, ou même, cette différence est évaluée dans le sens opposé à sa réalité !…. G. Bérard (1982) indique que les résultats sont à peu près les mêmes qu'on présente les fréquences à comparer, dans leur ordre décroissant ou croissant ... Il confirme, comme tous les usagers de ce test, que les résultats varient peu dans le temps, à moins de choc psychologique (fermeture) ou de thérapie sonique (ouverture).

Roblin et Vrignaud (1987), étudiant des élèves de 6eet 5e ont établi statistiquement (Analyse des correspondances, analyse discriminante, etc.) que la C.A.T. droite et gauche étaient liées, que les erreurs se regroupaient selon trois régions fréquentielles (graves, médiums, aigus) et que ces erreurs démontraient une hiérarchie telle que les aigus sont plus facilement perturbés que les graves et l'écoute gauche que la droite.

Ils ont pu dégager une valeur prédictive sur les résultats scolaires (70 % de prévisions exactes concernant le passage ou non dans la classe supérieure) égale à la valeur prédictive des tests psychotechniques (lecture et orthographe, compréhension, aptitude au raisonnement verbal, aptitude aux apprentissages de tous ordres). Ce sont les mesures concernant la C.A.T. pour l'oreille GAUCHE qui semblent, paradoxalement, les plus fiables. Le paradoxe est seulement apparent, si on considère la très grande importance de la mélodie comme support attentionnel du langage.

On a donné une interprétation psychologique de la fermeture de C.A.T. : elle traduirait une forte répression (consciente ou non) de la communication affective, toutes émotions confondues. Par exemple, une agressivité qui couve, mais ne peut s'exprimer directement. Ou encore, un besoin de tendresse inassouvi et inexprimé, etc ...

L'expressivité sociale semble liée à « l'ouverture »de la C.A.T. à un point tel que, lorsque le sujet se met à percevoir les différences qu'il ignorait, à bien les situer, on observe, de manière quasi constante un changement du comportement remarqué par l'entourage "il devient agressif", « elle se met à fréquenter des tas de gens », etc. ... alors que le sujet lui même peut rester inconscient du phénomène ou le nier.

L'étude statistique que nous avons menée avec M. Bertin (Auriol, 1979), suggère aussi un lien entre coordination visuo -motrice et ouverture de la C.A.T. (en particulier pour les items "viser une cible avec une balle" et « rapidité pour tracer des bâtons »).

 

VARIATIONS LATERALES

Si beaucoup de sujets se révèlent incapable de distinguer bien clairement un son grave d’un son plus aigu, il en est aussi pour déclarer plus haut tel son adressé à une de leurs oreilles que le même son envoyé à l’autre.

La « diplacousie » (généralement associée au phénomène de « recrutement ») consiste en ceci que l'auditeur, écoutant des deux oreilles simultanément, une fréquence pure, l'entend plus aiguë à une oreille qu'à l’autre. Il perçoit simultanément deux hauteurs pour un même son. Cela évoque, bien sûr, le fait de voir double dans ce qu'on a désigné comme « diplopie ».

La "variation latérale", est un phénomène beaucoup plus fréquent et non pathologique d'un point de vue ORL. On présente alors le stimulus à chaque oreille, SUCCESSIVEMENT; l'auditeur doit indiquer si les deux sons ont la même hauteur ou si l'un est plus aigu que l'autre ..

E. Leipp (1971 et 1977) a remarqué la grande incidence de ce phénomène chez le sujet tout à fait sain d'un point de vue ORL classique, et même chez le musicien compétent. L'erreur semble accentuée plutôt qu’amoindrie lorsqu'on augmente l'amplitude, en passant par exemple de 30 dB  (“piano”) à 60 dB ("mezzo forte") . Le musicien peut annoncer, bien souvent, une difference

d'un demi ou même d'un ton ! Les déviations les plus grossières se situent aux extrémités du spectre alors que dans les fréquences « médium », elles, sont généralement faibles (ce qui est homogène à tout ce que l'on sait par ailleurs de la compétence auditive le long de l'échelle des sons) .

R. Jones et R. Pracy ont adopté un protocole différent, (qui tend à minimiser et à quantifier les erreurs). Ils proposent au sujet de faire varier le son d’une oreille pour l'égaliser à une fréquence test proposée à l'autre oreille. Dans ces conditions, les bien entendants se comportent de manière équivalente pour les fréquences utilisées, ils ne se montrent pas différents les uns des autres, la fidélité test -retest est excellente; les étudiants en musique ont des performances supérieures (0,01 à 2,12 % d'erreur) aux sujets tout -venant (0,58 à 4,07%d'erreur). On n'a pu mettre en évidence de variation dans ces performances selon l'heure de la journée où était pratiquée l'épreuve. Si on compare les musiciens avant et après une session de trois heures de prestation orchestrale, on trouve des différences nettes: l'épreuve avant de jouer est normale, détériorée (erreurs de l'ordre de 20%….) ensuite pour certaines fréquences..

La différence de méthode explique les résultats dissemblables de Leipp et de ces auteurs; il en va ici comme de l'audiogramme automatique par rapport à l'audiogramme classique. La précision est améliorée par le caractère continu de la stimulation et modification PROGRESSIVE qu'on lui impose.

On peut classer les sujets, pour chaque fréquence testée, selon leur plus ou moins bonne performance; la distinction entre musicien et non musicien montre une bonification notable par l’entraînement et une détérioration par le bruit.

5) L'écoute est latéralisée et un travail toulousain (Montaud et coll., 1978) (concernant 342 sujets, de 7 à 14 ans, des deux sexes) a montré que les élèves qui écoutent le langage de l'oreille gauche ou présentent une latéralité non homogène, ont un handicap statistique relativement à ceux qui le visent par la droite. Les gauchers auditifs sont plus souvent « en retard » d'un an et leur nombre est très significativement accru dans les établissements de rattrapage ou de thérapie.

Spirig (1978, p.3) remarque la faible concentration de ces enfants, l'existence de fautes non systématiques et l'impression des éducateurs qu'ils « pourraient beaucoup mieux faire ».

Dans le cas d'une latéralité flottante, mal établie, variable suivant le moment, il s'agit d'enfants caractérisés par des «up and down » dont les résultats scolaires sont très irréguliers. « Quand on se fâche il y arrive! ». Mais on ne peut se fâcher tout le temps ...

6) La prévention de la surdité, par les précautions que nous commençons à connaître (éviter les excès de bruit, certains médicaments, traiter les otites, etc ... ) est une base nécessaire au succès scolaire. Elle n'est pas suffisante : il serait bon de dépister les troubles de l'écoute selon les différentes voies que nous avons esquissées; d'autant que, le plus souvent, ils sont rééducables (que ce soit par des moyens collectifs non spécialisés: éveil musical ; ou par des techniques plus sophistiquées de rééducation individuelle comme les résultats de notre pratique personnelle le suggèrent).

7) Indications et Contre -indications des cures soniques

Je désigne par ce terme de "cure sonique« (ou « acousticothérapie » selon le néologisme créé par D. Feldman, 1985) l'ensemble des procédés de thérapie utilisant l'interaction entre le patient et un environnement sonore aménagé en vue d'obtenir une modification positive de son organisme.

J’envisagerai ici un sous ensemble limité aux procédés utilisant, en plus d’une source sonore définie (souvent musicale ou vocale), quelque procédé de modification systématique de cette source: filtres, amplificateurs, équalizers, etc. ...

Certaines d'entre ces méthodes ont un objectif spécifique précis qui dispensent de commentaires étendus; il en va ainsi des sons Feijoo employés en analgésie dentaire ou obstétricale, des cassettes conçues pour faciliter la détente et la relaxation, etc . . . . du Suvag Lingua de Guberina pour la rééducation des sourds et l'apprentissage des langues étrangères, de l’appareil de Lafon pour améliorer le confort et la compétence linguistique du sourd, etc…..

Réciproquement, la musicothérapie dans son acception courante, sans utilisation d'un traitement sophistiqué du signal, peut entrer dans la stratégie soignante, à peu près dans tous les cas, au prix de l'imagination, de la culture et du savoir faire du praticien.

Entre ces deux extrêmes, nous trouvons les thérapies "armées" d'un appareil modificateur de l'écoute: Oreille Electronique et ses émules, Sémiophone d'Isi Beller, Filtre de Bérard, Variophone d'Auriol et Marinoff, etc…..

David Feldman (1985, p. 135) fait une énumération extrêmement extensive des indications de « l’acousticothérapie »; il propose de l'utiliser dans toutes sortes de désordres de l'écoute et de la phonation ainsi que dans les problèmes liés à une insuffisance de l'intégration corticale.

Les indications privilégiées sont pour lui regroupées sous quatre chefs :

  1. les troubles audio psycho phonologiques. Ils sont liés à une perturbation ou un affaiblissement du désir de communiquer et de connaître: la cure sonique aurait pour effet de restaurer, renforcer, stabiliser ce désir. On range dans cette catégorie les névroses de l'enfance avec décompensation scolaire, les désordres névrotiques et psychotiques de la communication, les hypoacousies psychogènes, les dysphonies psychogènes et les retards de langage.
  2. les troubles de la latéralisation.
  3. les troubles de l'attention auditive et de l'attention en général : l Les élèves, étudiants, enseignants, etc voient leurs capacités d'effort intellectuel augmentées: ils sont dynamisés, mieux concentrés ... On observe plus d'assurance, plus d'aisance en public: les relations avec autrui sont plus actives. Souvent apparaît un goût, voire une passion pour la lecture.
  4. les troubles fonctionnels de la phonation, de la lecture, de l'écriture et de l'orthographe: bégaiement, dyslexie, etc. On pose parfois l'indication de prolonger ou de préparer une rééducation orthophonique classique qui devient, dans quelques cas, superflue.

 

Etude Psychométrique des indications

C'est à E. Deneys (1986) qu'on doit le travail le plus systématique à ce jour. Son mémoire permet de prévoir sur quelles dimensions de la personnalité peuvent agir les sons filtrés et dans quelle mesure peuvent s'amender les symptômes cibles et/ou les structures qui les sous -tendent.....

Elle a tenté d'évaluer avec nous s'il existait des paramètres de la personnalité qui étaient significativement modifiés, dans un sens déterminé, par l'usage prolongé d'une thérapie sonore avec le Variophone (ou l'oreille Tomatis), utilisant la modification systématique de sources sonores diverses, selon un protocole progressif et systématique.

Nous avons testé (Test M.M.P.I.) un certain nombre de sujets adultes avant cette sonothérapie et après plus de six mois de pratique.

On observe une diminution des échelles d'angoisse, de dépression (cf. aussi B. Auriol, 1978), d'intériorisation, d'introversion et de névrose et une augmentation de l'échelle de « force du moi »(«Ego Strength ») et de l'échelle de passage à l'acte.

On doit noter que l'augmentation de l'échelle de passage à l'acte, comporte des inconvénients, éventuellement graves qui invitent à une grande vigilance concernant la propension du client à réaliser ses angoisses dans la réalité plutôt que d'en supporter la charge interne. Il existe un risque non négligeable d'actes auto ou hétéro agressifs, de changements sentimentaux, professionnels ou idéologiques mal intégrés.

Deux échelles (A et R), utiles à la recherche, ont été proposées par G. Welsh : elles constituent une évaluation très satisfaisante des facteurs essentiels qui ont été isolés de façon stable dans la très grande majorité des, études factorielles de ce test.

L'échelle A concerne plutôt le monde « subjectif» et « intersubjectif » des valeurs, des jugements, de la vie intérieure, des sentiments, etc... L'élévation de cette échelle correspond à une majoration de « l'angoisse existentielle», du « sentiment tragique de l'existence », de l'introversion, de la crispation sur des valeurs sentimentales, intérieures subjectives au détriment de l'action, de l'attention à l'environnement, de la communication directe et franche avec autrui ... (Introverti d'Eysenck; Axe Sentiment -introverti/Pensée -extravertie de C.G. Jung).

L'échelle R concerne l'attitude à l'égard du monde « objectif » interne (somatisations) ou externe (contacts, science et technique, etc.). L'élévation de cette échelle correspond à une majoration du positivisme, de l'extraversion, des valeurs réalistes et objectives de la vie, y compris sous forme de somatisations ou de passage à l'acte en cas de conflit ... (Extraverti d'Eysenck; Axe Sensation -extravertie/Intuition -introvertie de C.G. Jung).

Les cures soniques favorisant l'écoute des hautes fréquences et la qualité de leur analyse ainsi qu'une latéralisation du contrôle verbal à droite ont pour effet de diminuer cette échelle A.

Ce qui va dans le sens des observations cliniques, lesquelles ont conduit tous les praticiens à affirmer la «dynamisation relationnelle » produite par la cure sonique. Il s'agit d'une ouverture à la communication et au monde extérieur: éveil, concentration, attention, activité, relations humaines. Dans quelques cas, rares mais très suggestifs, on est surpris d'entendre les témoins du milieu familial ou scolaire vanter une amélioration du comportement que ne confirme pas nécessairement le sujet lequel estime n 'avoir pas fondamentalement changé. Il a même parfois l'idée que ce sont les circonstances qui sont devenues plus favorables.

Conclusion

Nous sommes amenés à deux suggestions: le dépistage, et au moins l'examen approfondi en cas d'échec scolaire, devraient s'intéresser nom seulement à l'écoute des fréquences, spécialement celles qui sont impliquées dans la langue, mais aussi aux capacités d'analyse (hauteur tonale, discrimination de clics rapprochés) et à la bonne qualité de latéralisation ...

L'éducation de l'oreille (musique, langues vivantes) devrait commencer tôt et faire l'objet de recherches pédagogiques approfondies. En cas d'insuffisance ayant entraîné un début d'échec scolaire, une rééducation  proprement auditive devrait être proposée. Une approche rééducative particulièrement intéressante est assise sur l'emploi d'appareils modificateurs de l'écoute.

Bibliographie

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Psychosonique Yogathérapie Psychanalyse & Psychothérapie Dynamique des groupes Eléments Personnels

© Copyright Bernard AURIOL (email : )

3 Novembre 2005

d'après le texte :

Congrès d'Ergonomie Scolaire (RESACT et GRIESE), Toulouse - 20 Oct 1988 - p. 35-44,
C.R. extensif in " Thérapie du Futur " N°3, pp.35-46