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We are such stuff As dreams are made of, and our little life Is rounded with a sleep[1] (Shakespeare)
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La conscience constitue le « lieu » des relations du sujet à son monde. Cette conscience nest pas immuable, on lui connaît divers « états », notamment létat éveillé et létat endormi. Les physiologistes divisent ce dernier en « sommeil lent » et « sommeil paradoxal ».
Les méthodes de relaxation permettent de décrire un « quatrième état[2] », une conscience particulière à laquelle Caycedo donne une valeur particulière. Cet état comporte la paix, la sérénité, « l'absorption », voire la « présence », lineffabilité, etc. Sur le plan métabolique, il sagit dun repos qui peut devenir plus profond que le sommeil profond. Cet état de super-repos vigile est appelé « quatrième état » par certains des neuro physiologistes qui s'y sont intéressés, d'autres, surtout dans l'univers linguistique anglo-saxon l'appellent "état hypnagogique". Le terme de "quatrième état" est dérivé du fait quon connaissait jusque là seulement trois états de la conscience normale : la veille, le sommeil et le rêve. Mais il existe un quatrième état est décrit dans toutes les cultures. La connaissance de cet état est généralement liée à une construction théologique ou philosophique propre à chaque culture qui en fait la description.
Les états de la conscience peuvent se définir au moyen de critères phénoménologiques, dauto observation subjective, physiologiques et psychologiques. Ils produisent aussi un certain nombre de conséquences observables de lextérieur, que ce soit au laboratoire ou dans la vie. Récapitulons ici quelques données historiques à ce sujet.
préconisait déjà, comme
de tradition ancienne, une purification de lâme qui consistait "à
se recueillir, à se ramasser en partant de tous les points du corps, à vivre,
autant que possible, isolée, comme déliée du corps". Avec beaucoup
d'à propos, il rapprochait ce déliement de celui de la mort et y voyait comme
une préparation, une sorte d'entraînement à l'affronter en se mettant "dans
les conditions qui rapprochent le plus possible du fait d'être mort"...
Cette idée est bien proche de celle des yogis lorsqu'ils dénomment l'état de relaxation « shavasana », c'est à dire « posture du mort ». Il s'agit bien d'être parfaitement flexible dans la main du relaxologue, obéissant à ses mouvements « perinde ac cadaver ».
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Le Vedanta indien distingue, comme nous, trois états de conscience standard :
Il sy ajoute un quatrième état qui consiste à vivre simultanément l'état
de sommeil profond tout en persistant dans la conscience (Turyia) : il s'agit
donc d'un état d'éveil coexistant avec un repos complet du corps et de l'esprit.
Les indiens attribuent à cet état de nous mettre en contact avec l'Absolu
qui n'est autre pour eux que le Réel. Cet état est appelé Samadhi (qu'on traduit
à la suite de Mircea Eliade par « enstase »).
Au cours de la méditation assise Zazen, le bouddhiste japonais cherche à s'établir dans un juste équilibre entre la contention (trop rigide) et la mollesse (trop laxiste), entre l'excitation et la somnolence. Les transformations variées de la conscience et du vécu corporel sont observées sans lutter contre eux ni s'y complaire, qu'il s'agisse d'impressions angoissantes, douloureuses ou d'événements gratifiants, voire merveilleux ! Il s'agit d'une pensée sans pensée, d'une sorte de l'au delà dans l'ici bas, séparée de la vie et de la mort, à la charnière entre deux morts, d'un esprit vide ouvert sur le non être...
"Dieu ne peut nous rattraper
que si nous restons
dans l'espace inconscient de nos coeurs"
Patrick Kavanagh's
lextase et le ravissement mystique
Sainte Thérèse d'Avila nous décrit l'état « d'oraison surnaturelle » : c'est un recueillement intérieur qui se fait sentir à l'âme, et durant lequel elle semble vouloir se séparer de l'agitation des sens extérieurs; parfois même, elle les entraîne après elle. Elle sent le besoin de fermer les yeux du corps, de ne rien entendre, de ne rien voir, de vaquer uniquement à ce qui l'occupe alors toute entière : « s'entretenir seule à seul avec Dieu »... Il convient, « sans nulle violence, sans bruit, qu'elle tâche d'empêcher l'entendement de discourir, sans essayer de le suspendre, non plus que l'imagination ». L'âme peut ainsi s'enfoncer dans une quiétude suave et plus ou moins « fruitive ». Cette jouissance[3] ne va pas sans divagations sporadiques de l'entendement et de l'imagination qu'il convient de laisser aller sans y attacher d'importance. Dans l'union pleine, il y a suspension totale de toutes les puissances : volonté, intelligence, imagination. La durée de ce ravissement est généralement bref, et le parait plus encore qu'il ne l'est réellement...
Le hassidisme dans sa recherche de la perfection se sert des moyens classiques de la mystique, notamment lascèse[4] et la méditation. Isaac Luria (1534-1572) donne une importance déterminante à la méditation pour permettre à lhomme daccéder à sa lumière. La méditation de la Cabale louvre à lén-sof, lêtre sans limite, impossible à nommer et à connaître (« qui ? »). Pour nous il peut revêtir laspect du néant (« ayin »).
Le « fana [5] » (« mourir, cesser dexister »), le complet abandon de soi et la réalisation de Dieu est une des étapes de la mystique soufie pour obtenir lunion à Dieu. Le fana peut être atteint par une méditation constante et par la contemplation des attributs de Dieu, couplés avec la condamnation des attributs humains. Quand le soufi réussit à se purifier entièrement du monde terrestre et à se perdre dans lamour de Dieu, on dit quil a annihilé sa volonté individuelle et quil est mort à sa propre existence pour ne vivre quen Dieu et avec Dieu.
Beaucoup de soufis soutiennent que le fana, à lui seul, est un état négatif, car même si se débarrasser des désirs terrestres, reconnaître et condamner les imperfections humaines sont choses nécessaires pour tout dévot, de telles vertus sont insuffisantes pour ceux qui embrassent la voie soufi. Pourtant par le « fana du fana » (« anéantissement de lanéantissement »), le soufi parvient à annihiler les attributs humains et perd toute conscience de son existence terrestre ; il est alors revivifié par la grâce de Dieu et le secret des attributs divins lui est révélé. Ensuite il pourra atteindre létat plus sublime de « baqa » (subsistance) et se trouvera ainsi prêt à la vision directe de Dieu[6].
Le témoignage des soufis mises à part les références théologiques ne semble pas différent dans son vécu de ce que nous disent les mystiques juifs, chrétiens, hindouistes et bouddhistes.
A côté des états de conscience promus par les démarches spirituelles des croyants, il y a peut être place pour la rencontre de soi dans le silence d'une méditation sans référence croyante. Ce qu'on peut appeler des Etats Mystiques Laïques dont une des promotrices fut par exemple Genevève Lanfranchi ou les protagonistes du Village de la Paix...
La méthode de méditation que je vous propose est difficile mais vierge de doctrine religieuse; elle consiste en ceci :
- prévoir de consacrer une demi heure ou une heure à la méditation et lancer un chrono ou équivalent
- s'asseoir sur un coussin ou un canapé, avec le dos droit mais sans rigidité, les jambes repliées en tailleur
- fermer les yeux et attendre un moment
- se rendre attentif aux bruits de l'environnement, jusqu'à ce qu'ils perdent de leur intérêt
- se rendre attentif aux sensations éprouvées au niveau du corps, notamment s'il en est de douloureuses ou d'inconfortables, jusqu'à ce qu'elles perdent leur intérêt
- se rendre attentif à ses émotions, jusqu'à ce qu'elles perdent leur intérêt
- se rendre attentif à ses pensées, jusqu'à ce qu'elles perdent leur intérêt
- se rendre attentif à la source en soi qui guide le processus de la pensée : l'instance qui choisit de se rendre attentif à ceci ou celà : il s'agit de tenter de refluer de sa propre activité et initiative de pensée et d'attention vers ce qui en est responsable en soi.
- arrêter lorsque la durée prévue est atteinte
- Si on dispose encore de temps, s'allonger tranquillement les yeux fermés pendant un temps libre puis se lever et se rendre à ses occupations
"al dormirse, uno se olvida de sí mismo.
Y al despertarse se recuerda"
Jorge Luis Borges (1899 - 1986)
Lapparition impérieuse du sommeil a pu être comparée à un instinct[8]. On le considère comme un moyen de se défendre contre lépuisement des fonctions organiques et psychiques. Plus récemment, on a démontré qu'il accélère de manière très importante l'élmination des déchets liés à l'activité cérébrale. Cette élimination serait en défaut dans les maladies neurodégénératives (octobre 2013) ; cf. l'encart Taking out the Trash et Mediscoop ci-dessous.
Il est décrit comme une « petite mort », une sorte de parenthèse, quelle soit vécue comme salutaire ou qualifiée de temps perdu ! Que le sommeil soit proche parent de la mort est attesté par la mythologie aussi bien que létymologie[9]. Selon la pensée occidentale, il exclurait toute conscience explicite de soi
Cependant, le dormeur peut séveiller lors de lapparition de sons signifiants : les larmes du bébé réveillent immédiatement sa maman pourtant impavide au bruit des avions, et larrêt des émissions réveillent le téléspectateur quelles avaient endormi ! La persistance de ces possibilités au cours du sommeil le différencie du coma ou de la narcose chimique et attestent dune conscience partielle que le yoga permettrait parfois de renforcer sous la forme dun « sommeil conscient » !
Très différent est le cauchemar[10] qui constitue une forme pathologique de sommeil dans laquelle le sujet vit une expérience hallucinatoire intense, fait preuve dun certain degré de somnambulisme et dort très profondément, eut-il les yeux grands ouverts !
Au cours du sommeil, les diverses fonctions et régulations du corps sont conservées. Par contre, en dehors des signaux dalerte qui gardent une voie daccès, les perceptions et les actions sur lenvironnement sont supprimées ; il nest probablement pas possible dapprendre en dormant[11].
Le comportement de sommeil dun animal se reconnaît aisément grâce à sa posture. Un certain tonus musculaire persiste au cours du sommeil (chez le chat, par exemple, au niveau des muscles de la nuque).
D'après Jouvet, “Le sommeil lent se manifeste par une activité corticale synchronisée sous forme de fuseaux (16 c/s) et/ou d'ondes lentes de haut voltage (“delta” : 2 or 3 c/s)”.
Lendormissement se caractérise par limmobilité musculaire et une modification de lactivité électrique cérébrale avec apparition de « fuseaux » dondes à 16 cycles par seconde (c/s), suivis dondes delta, ondes lentes de haut voltage à 2 ou 3 c/s. Plus les ondes sont lentes et plus il est difficile déveiller le dormeur[12] ! Cest à cause de ce rythme lent que lon donne parfois le nom de sommeil lent au sommeil proprement dit (ou sommeil trivial). Les fuseaux de sommeil sont produits dans un noyau du thalamus[13] dont lactivité rythmique empêche les activités rapides thalamo-corticales, nécessaires aux activités mentales quon observe pendant léveil ou le rêve. Lorsque ce mécanisme est déréglé, on parle dinsomnie.
[Revue de presse rédigée par Laurent Frichet pour TSAVO PRESSE] « Dormir permet au cerveau de se nettoyer » in Le Monde, L'Express Le Monde note en effet que « dormir permet au
cerveau de se nettoyer des déchets accumulés pendant
l'éveil du fait de l'activité neuronale. Cette découverte,
publiée dans Science, pourrait faire avancer la compréhension
des fonctions biologiques du sommeil et permettre de trouver des traitements
contre des maladies neurologiques comme Alzheimer, estiment Xie et
al.». Le quotidien ajoute que les auteurs « ont découvert
que l'espace intercellulaire s'accroissait de 60% pendant le sommeil,
permettant aux déchets d'être évacués plus
efficacement ».
Taking Out the Trash The purpose of sleep remains mysterious. Using state-of-the-art in vivo two-photon imaging to directly compare two arousal states in the same mouse, Xie et al. (p. 373; see the Perspective by Herculano-Houzel) found that metabolic waste products of neural activity were cleared out of the sleeping brain at a faster rate than during the awake state. This finding suggests a mechanistic explanation for how sleep serves a restorative function, in addition to its well-described effects on memory consolidation. Science 18 October 2013: |
Lorgane qui souffre le plus de la privation de sommeil lent est le cortex préfrontal ; on en déduit que la fonction essentielle du sommeil est de le régénérer. Cest à cette région cérébrale que nous devons ladaptabilité, la flexibilité de limagination et de la réflexion[14], lattention, la concentration, la planification des actes
léveil provoque sa propre inhibition de la façon suivante :
Il existe une relation quantitative entre la durée de léveil et lintensité des ondes lentes du sommeil : plus lanimal est resté éveillé longtemps, plus les ondes lentes se ralentissent et samplifient lorsquil sendort !
pendant léveil, certains neurones, situés très haut dans le système, présentent des décharges régulières à peu près toutes les secondes, comme une horloge. Ils semblent mesurer la durée de léveil.
Ceci entraîne (par médiation de la sérotonine) la mise en jeu dun système qui va inhiber le réseau exécutif de léveil et libérer le système du thalamus que nous venons de voir.
Il existe également un autre système responsable de lendormissement. Situé dans le bulbe au niveau du noyau du faisceau solitaire, il reçoit les signaux de fatigue en provenance du milieu intérieur (système parasympathique) ; parmi ces signes on fera une place particulière à l'irritation des yeux qui deviennent rouge, au baïllement, à la diminution du tonus musculaire qui aboutit à "piquer du nez", etc.
Il est curieux de noter que le réflexe d'avalement de la salive se produirait environ toutes les cinq minutes chez un sujet éveillé, plus sans doute en cas de stress émotionnel et beaucoup moins en cas de sommeil (une fois toutes les minutes environ). Ce réflexe est probablement moins fréquent encore lors des états de conscience modifiée (éveil paradoxal), mais ceci n'a pas été encore systématiquement évalué, pas plus que pendant le sommeil paradoxal riche en rêves. Ce réflexe d'avalement dépend bien entendu de la quantité de salive sécrétée, de son degré de viscosité, d'une éventuelle excitation des muqueuses, etc. mais serait aussi lié à la nécessité d'équilibrer les pressions de part et d'autre de la membrane du tympan.. (Burgeat, 1973).
Le sommeil est bon pour le système immunitaire Le repos n’est pas anodin. Le sommeil est nécessaire au bon
fonctionnement de notre organisme et à son métabolisme
(= ensemble des réactions chimiques de l’organisme). D’après
certaines études, un manque de sommeil perturbe la régulation
d’hormones, ce qui peut avoir un impact sur la prise de poids. Un manque
de sommeil entraîne une augmentation du taux d’hormones de l’appétit
(= ghréline) et une diminution du taux d’hormones qui favorise
la satiété (= leptine). Pour améliorer la qualité de son sommeil et renforcer son système immunitaire, voici quelques conseils :
extrait de "Passeport Santé Net" ( page de l'extrait) basé sur un travail de l'Inserm. |
Au cours de léveil, le cerveau perçoit les informations du milieu extérieur ou intérieur. Il les décode, les évalue, les intègre et les compare aux informations reçues auparavant. Ainsi pourra-t-il y répondre de façon optimale. Que léveil soit proche parent de la vie et de la vigueur est attesté par létymologie : « uigëre » en latin signifie être bien vivant, vigoureux, éveillé, lil en alerte.
Certaines maladies peuvent donner le change, de telle sorte que le moi soit absent de ses actes qui ont pourtant toute lallure de la vigilance : on cite le cas dun individu qui conduisit sa voiture sur des centaines de kilomètres, prit une chambre dhôtel et sy réveilla totalement perplexe ! Son enregistrement électroencéphalographique témoigna quil lui arrivait en effet dagir, les yeux ouverts et de manière assez adaptée dans un véritable état de sommeil.
Dans dautres états pathologiques, il sagit plutôt de « transe », de « possession » ou de « personnalité multiple ». La personne montre plusieurs façons dêtre, plusieurs identités, parfois extrêmement contrastées, alors quelle est dans tous les cas consciente de son moi fut-il provisoire ou coexistent avec une autre version de soi et dans un état cérébral déveil ! On est sans doute là dans une des formes possibles déveil paradoxal.
Du point de vue des ondes électriques cérébrales létat déveil trivial se traduit par une activité électrique rapide (de lordre de 40 hertz) et de bas voltage[15].
« On a démontré que les systèmes déveil étaient disposés en réseaux, cest-à-dire que lexcitation pharmacologique de lun est suivie par lactivation de tous. Il existe cependant, à certains « nuds » de ces réseaux, des endroits stratégiques dont linactivation peut inhiber tout le réseau.
Le réseau exécutif de léveil comprend différentes structures[16] excitatrices du cortex. Elles utilisent différents médiateurs chimiques, tels que lhistamine[17], le glutamate[18], la sérotonine, la noradrénaline, le Gaba et lacétylcholine. On sait le rôle excitateur de lamphétamine qui donne lieu à toxicomanie (ecstasy). Contrairement aux amphétamines, un produit assez récent, le modafinil, nentraînerait ni tolérance (qui oblige à augmenter les doses), ni dépendance. Léveil peut-être également modulé par des facteurs de type hormonal ( par ex le « corticotrophin releasing factor[19] » et le système central à arginine vaso-pressine). Les stimulations venant du corps lui même et du monde extérieur contribuent à la mise sous tension de ces systèmes et favorisent ainsi létat déveil.
Certaines stimulations de rythme lent, de caractère répétitif et dintensité faible peuvent agir en sens inverse.
L'éveil standard, trivial, comporte plusieurs modalités conscientes : discours intérieur, imagerie sensorielle, conscience sensorielle, états émotionnels et aussi "pensée asymbolique". Dont il faut discuter plus en détail....
Les philosophes insistent depuis toujours sur le vécu de réalité que le rêveur éprouve. Les émotions, elles aussi, sont profondes et vives, parfois plus que ne le sont celles de létat éveillé ! Descartes[20], pour illustrer la difficulté de décider si le sentiment de réalité suffit à distinguer le réel du rêve, cite le cas dun esclave « qui jouissait dans le sommeil dune liberté imaginaire » mais bientôt « il commence à soupçonner que sa liberté nest quun songe, craint de se réveiller et conspire avec ces illusions agréables pour en être plus longtemps abusé[21] ». A quoi fait écho Pascal « si un artisan était sûr de rêver toutes les nuits, douze heures durant, quil est roi, je crois quil serait presque aussi heureux quun roi qui rêverait toutes les nuits, douze heures durant, quil serait artisan ».
Pour se dégager de lillusion, nous prétendons utiliser un contrôle réciproque des sens : « pince-moi, je crois que je rêve ! ». Il est clair quun tel procédé na aucune efficacité, pas plus que laccord de lesprit avec celui de mes semblables : si je rêve deux ils me parlent et mapprouvent ou me combattent à sy méprendre ! Par ailleurs, labsurdité du rêve nest perçue du rêveur que lorsquil ne rêve plus !
Pour Schopenhauer[22], « la vie et les rêves sont les feuillets dun livre unique ; la lecture suivie de ces pages est ce quon nomme la vie réelle ; mais quand le temps accoutumé de la lecture (le jour) est passé et quest venue lheure du repos, nous continuons à feuilleter négligemment le livre, louvrant au hasard à tel ou tel endroit et tombant tantôt sur une page déjà lue, tantôt sur une que nous ne connaissons pas ; mais cest toujours dans le même livre que nous lisons. » « Ainsi donc, les rêves isolés se distinguent de la vie réelle en ce quils nentrent pas dans la continuité de lexpérience ( ) et cest le réveil qui met en lumière cette différence ».
« Lassimilation du sommeil paradoxal à lactivité onirique est due aux travaux de lécole de Chicago[23]. Le réveil de sujets au cours du sommeil paradoxal entraîne des souvenirs de rêve très précis dans plus de 80 p. 100 des cas, tandis que des sujets qui sont réveillés en dehors du sommeil paradoxal se souviennent rarement davoir rêvé. »
Il est reconnaissable à quelques signes cardinaux :
Respiration irrégulière.
Mouvements rapides des yeux sous les paupières closes.
Relâchement musculaire.
Excitation sexuelle.
Alors même qu’on observe une activité électrique rapide, similaire à celle de l’éveil, le sommeil paradoxal est un sommeil très profond, tellement qu’il est plus difficile d’éveiller le dormeur que pendant le stade le plus profond du sommeil « lent ». C’est cette bizarrerie qui a conduit à dénommer « paradoxal » cet état !
Si, pourtant, on réveille le sujet, il peut raconter un rêve.
(voir une comparaison synthétique entre les quatre états, plus loin).
Mélinan[24] découvre la différence entre expérience du rêve et de la veille en cela que « nous ne nous réveillons jamais de ce que nous appelons la veille. Nous ne passons jamais dans un autre état, doù nous puissions, à son tour, juger la réalité de loin et de haut, comme elle juge le rêve ».
Il observe que dans les conditions normales de lhumanité, il ny a pas de quatrième état qui soit à la réalité ce que la réalité est au rêve. Il se demande pourtant si le passage de vie à trépas ne pourrait constituer une sorte de réveil de léveil ! Il poursuit : « il semble bien quil y ait pour certains hommes, dès la vie actuelle, au moins un demi-réveil ; certains hommes approchent, sils ny atteignent pas, de ce nouvel état où le monde sensible apparaîtrait comme un songe[25] ».
Cest cette idée qui a été développée par des chercheurs comme Desoille, Wallace, Benson ou Caycedo. Jai moi-même proposé le terme « déveil paradoxal[26] » plutôt que de « quatrième état » afin de bien marquer la symétrie de cet état de conscience dans sa fonction doubli, de remise à zéro, de désencombrement, de « purification », par opposition à lenrichissement imaginaire et à la mise en mémoire liés à létat de sommeil paradoxal. Horne (1988, 2000) assure que le corps, au niveau cellulaire, récupère mieux en cet état que pendant le sommeil !
L'étude des techniques de relaxation et de leurs effets, permet de les rapprocher, sur le plan physiologique des états de conscience modifiés par diverses méthodes de méditation ou d'oraison.
Au cours de léveil paradoxal, les diverses fonctions et régulations du corps sont conservées. Si les signaux dalerte restent efficaces, les perceptions comportent des distorsions notables, telles quun bruissement minime puisse déclencher une réaction forte alors quun bruit intense passera inaperçu ! La fonction dalerte est avivée alors que disparaît la perception dinformations moins inquiétantes pour la survie.
En dehors dune alerte, laction sur lenvironnement est supprimée ainsi que tout ce qui en prépare la survenue : ainsi léveil paradoxal se caractérise-t-il par une diminution du tonus musculaire qui va se limiter au maintien de la posture.
On observe un ralentissement de lactivité électrique du cerveau avec augmentation de « cohérence » entre ses différentes parties (avant/arrière, droite/gauche). Cette activité lente permettrait de nommer cet état « veille lente » par opposition à la veille triviale avec ses rythmes rapides.
La respiration, elle aussi, se fait lente et très régulière, ceci de manière spontanée. Cependant, le pranayama du yoga fait de cette conséquence une cause : le ralentissement respiratoire est utilisé[27] pour approfondir létat déveil au repos[28]. On observe même des phases darrêt respiratoire avec (ou par) diminution des besoins en oxygène. Ces moments saccompagnent de sensations de « béatitude », éventuellement détournés au profit du maître ou de la doctrine qui en transmet la technique[29]. Il convient de distinguer ces apnées, limitées à quelques minutes, de larrêt respiratoire apparent des yogis qui se font enfermer dans un espace restreint et survivent plusieurs heures avec une quantité doxygène disponible très réduite. Dans ce dernier cas, la respiration se poursuit ; mais létat de repos obtenu étant très « réussi », la consommation doxygène est extrêmement faible, les mouvements diaphragmatiques quasiment imperceptibles[30].
Dautres manifestations physiologiques vont à insister sur le repos généralisé qui accompagne la relaxation :
Les yogis disent qu'une épingle qui tombe fait du bruit comme le tonnerre et le tonnerre fait du bruit comme une épingle.
C'est en effet une chose qui peut s'observer et qui physiologiquement devrait
avoir une conséquence.
Quelqu'un médite, et puis il y a un petit bruissement et cette personne va être perturbée, elle va sursauter.
Par contre vous avez des coups de feu à la télévision ou quelqu'un qui se met à jouer un instrument de musique très fort, etc... le méditant n’y prétera pas attention, ne saura pas que cela s'est fait ; et pourtant un froissement d’étoffe auprès de cette même personne la fera sursauter.
Donc il y a une espèce d'état paradoxal vis-à-vis de la perception, en particulier de la perception auditive telle que les sons faibles deviennent très dérangeant et très forts et les sons forts passent inaperçus, complètement inaperçus.
Par quel mécanisme ?
Je ne pense pas que la personne devienne sourde aux sons forts mais je pense que ces sons forts sont complètement négligés dans son fonctionnement haut.
Par contre les sons faibles la dérangent beaucoup. Et l'on constate chez les gens qui pratiquent assidûment différentes techniques de méditation que leur seuil audiométrique s'améliore de manière surprenante. Probablement que leur oreille ne devient pas meilleure ; simplement ils s'en servent mieux.
Il faut sans doute rapprocher cela du fait que le système des cellules
ciliées externes de la cochlée ne se met en action que pour
amplifier les sons faibles ; il a probablement une action inverse en cas de
sons excessifs !
( Cf. l’article de J.L. Puel et al. : Selective attention modifies the active
micromechanical properties of the cochlea, Brain Research, 44, 380-383, 1988).
Michael H. Antoni, Susan K. Lutgendorf, Bonnie Blomberg, Charles S. Carver, Suzanne Lechner, Alain Diaz, Jamie Stagl, Jesusa M.G. Arevalo, Steven W. Cole, Cognitive-Behavioral Stress Management Reverses Anxiety-Related Leukocyte Transcriptional Dynamics, Biological Psychiatry, Available online 16 November 2011 |
Lensemble de ces phénomènes peut se rapprocher de différentes réactions radicalement anti-stress comme la dormance (hibernation) ou même la pâmoison, les lipothymies en cas dagression, lextase et le ravissement mystique[31] et certaines formes de léthargie.
MythologieAprès des siècles passés aux enfers, les âmes des justes et celles des méchants qui avaient expié leurs fautes, revenaient sur terre. Mais elles devaient perdre auparavant le souvenir de leur vie antérieure, et à cet effet boire les eaux du Léthé, qui provoquaient l'amnésie. Le Léthé séparait les Enfers de ce monde extérieur du côté de la Vie, de même que le Styx et l'Achéron les en séparaient du côté de la Mort. Léthé est Fille d’Eris ( la Discorde) et mère des Charites. Ce qu'on peut traduire : à la discorde succède l'oubli qui engendre la fête. Les Charites sont filles de Zeus et d’Eurynomé. Elles présidaient à la gaieté des festins, à l'harmonie des fêtes, à la joie innocente, à tout ce qui est beau, radieux, attrayant; elles étaient la personnification de ce qu'il a de plus séduisant dans la beauté. On en compte trois : Aglaé (= brillante), Thalie (= verdoyante, qui inspire la joie) et Euphrosyne (= qui réjouit l'âme). Elles personnifiaient le charme et la beauté. Chez les Romains, elles correspondent aux Grâces.
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«Un lièvre en son gîte songeait
(Car que faire en un gîte, à moins que lon ne songe ?) »[32]
Il y a très peu denvironnements dans lesquels les organismes ne soient sujets à aucune sorte de stress[33]! Lévolution a mis en place une façon déviter un environnement stressant répétitif : létat de dormance. Dans cet état, lorganisme conserve au maximum la quantité dénergie dont il dispose et demande le minimum à son environnement !
Dormance : état dactivité métabolique réduite que beaucoup dorganismes adoptent en cas de stress environnemental ou quand un tel stress devient probable[34]. On lappelle aussi et plus spécifiquement hibernation, estivation, etc
La plupart des groupes vivants, animaux comme végétaux, ont des représentants qui utilisent la dormance; les mécanismes de la dormance varient avec la conformation de chaque organisme. Pour nombre de vivants, la dormance est devenue une part essentielle du cycle vital[35] , permettant à un organisme de traverser des phases difficiles avec un impact minimal sur lorganisme lui-même ! Cet état de dormance peut être déterminé par bien des variables, notamment :
o le manque de nourriture ou de boisson,o le manque doxygène ou de gaz carbonique.o les changements de température (en plus ou en moins)o la durée dexposition à la lumière,
Limportance du timing dans le rythme annuel dactivité et de dormance peut-être démontrée : lécureuil arctique, gardé au chaud dans le laboratoire, se met pourtant, lhiver venu, en état de torpeur, de paresse extrême ! De même, quand les hibernants sont soumis à une température froide hors saison, ils réagissent comme tous les animaux à sang chaud en augmentant leur activité thyroïdienne et leur niveau métabolique pour maintenir une température normale de leur organisme. Par contre, à lautomne, le froid les amène à abaisser leurs sécrétions thyroïdiennes et leur métabolisme ; pour certaines espèces, au froid doit sajouter une diminution de nourriture.
Cependant, létat dhibernation nest pas continu : à intervalle de quelques semaines, on observe un réveil et quelques mouvements, surtout au début et à la fin de lhiver. Les chauve souris démontrent leur aptitude à lhibernation, même en dehors de lhiver : elles ont des périodes naturelles dhypothermie tout au long de lannée ! Le colibri, quant à lui, devient torpide selon un rythme de 24 h et consomme ainsi beaucoup moins dénergie.
Ces données pourraient sembler purement anecdotiques ; elles nous suggèrent une idée très importante, à savoir que la dormance est assez largement disponible et selon des modalités adaptatives variées. Il sagit peut-être du développement extrême dune aptitude très générale à vivre un état neurophysiologique particulier tout aussi important que le sommeil, le rêve ou léveil[36]
Le terme dhibernation est souvent utilisé dans un sens vague pour dénoter nimporte quel état de dormance, de torpeur, ou dinactivité dun organisme vivant[37]. A côté des « vrais hibernants[38] », on décrit des « hibernants légers » qui peuvent rester inactifs et léthargiques du point de vue comportement, avec une discrète diminution de leur température, par périodes de quelques semaines[39]. Lhibernation légère est un compromis entre les besoins minimaux en énergie dun hibernant profond et la grande dépense des animaux qui restent actifs tout lhiver.
Dans les contrées arides certains animaux deviennent torpides durant lété très chaud et très sec, on parle alors « destivation ».
Typiquement, la dormance se pratique dans une tanière[40] protégée.
Les organes internes (tractus digestif, glandes endocrines) sont presque totalement inactifs ! Les tissus sadaptent pour maintenir leur métabolisme au niveau minimum nécessaire pour la survie. Lorganisme se tient sur le fil du rasoir entre une vie rendant possible la sortie de lhibernation et une réduction du métabolisme proche de la mort !
Le système nerveux périphérique et la moelle épinière ont une sensibilité augmentée pour certains stimuli alors que le cerveau réduit massivement son activité électrique[41] mais reste capable, même dans sa plus profonde torpeur[42], denregistrer les variations pertinentes de lenvironnement ! Une zone cérébrale surtout reste vigilante, lhypothalamus qui gère lappétit, la température aussi bien que les fonctions cardio-respiratoires et endocriniennes. Durant la dormance, la température du corps est abaissée plus ou moins considérablement.
Les rythmes cardiaque et respiratoire se ralentissent jusquà devenir imperceptibles. La pression sanguine diminue sans seffondrer totalement (grâce à la quasi-fermeture des vaisseaux qui alimentent les organes non vitaux[43] ).
Le jeûne, solide et liquide, entraîne un amaigrissement qui peut atteindre 40 %. La sécrétion durine est infime. La consommation doxygène et la production de gaz carbonique sont étonnamment basses.
Lactivité des glandes endocrines, accélératrices du métabolisme est très réduite[44]. On observe généralement une réduction de lactivité des glandes sexuelles. Lactivité thyroïdienne est largement diminuée lors de la dormance. Par contre, « les parathyroïdes sont très actives, comme aussi la graisse brune (principalement inter scapulaire) qui est, à la fois, une réserve de graisse et une glande à sécrétion interne jouant un rôle essentiel dans la régulation de la température [45] ». La recherche sur les adipocytes bruns montre que certains sujets sont riches en ce type particulier de tissu, ce qui favorise leur résistance au froid et les protège en partie de l'obésité. Ce tissu semble plus développé chez les enfants et les adultes maigres. Il n'est pas impossible que certains facteurs (par exemple certaines pratiques connues des yogis) puissent favoriser le développement et l'heureux fonctionnement de la graisse brune, où qu'elle soit dans l'organisme. Il est clair que ce tissu a dû jouer un rôle important dans l'adaptation humaine aux glaciations et qu'il protège le bébé des agressions liées aux variations de température. De ce point de vue, il pourrait être opportun de ne pas abuser des protections contre le froid chez les enfants (mais cette opinion n'a pas de base expérimentale à ce jour et ne pourrait être d'un certain intérêt que si on la mettait en oeuvre avec une grande modération : les bébés ont besoin d'être protégés d'un froid excessif qui peut entraîner leur mort).
La dormance des ours
Marc Bœuf, Chermignac Réponse d’André Malan "La question est tout à fait pertinente. On a longtemps débattu avant d’accepter les ours parmi les mammifères hibernants. Les espèces les mieux étudiées, l’ours noir américain et l’ours brun, ne présentent en effet qu’une baisse modeste de la température corporelle, de l’ordre de 6 °C au maximum. Cela facilite évidemment le réchauffement, ce qui répond à votre question. Les ours remplissent cependant un certain nombre de critères de l’hibernation : en particulier, la période de léthargie, qui peut atteindre six à huit mois, est marquée par un jeûne total et une réduction corrélative de la consommation d’oxygène et de la fréquence cardiaque ; elle est précédée par une phase saisonnière d’engraissement. On retrouve également chez les ours une réorientation du métabolisme vers l’utilisation des lipides, et des mécanismes de protection contre l’ostéoporose qui pourrait résulter de l’immobilité. L’hibernation des ours présente une autre particularité, sans doute liée à la durée de la gestation et à celle de la croissance (qui augmentent toutes deux avec la masse corporelle) : contrairement aux petites espèces où une inhibition totale des fonctions reproductrices est nécessaire pour commencer la saison d’hibernation, la naissance des petits et l’allaitement ont lieu pendant l’hibernation de la mère ; comme celle-ci ne mange ni ne boit, la croissance des fœtus, puis des bébés, se fait entièrement à partir des réserves maternelles. Cela nécessite un minimum de métabolisme protéique ; comme l’urée ne peut être évacuée par l’urine, le rein étant à l’arrêt, elle est recyclée par des bactéries intestinales suivant un mécanisme qui a été retrouvé depuis chez des petits hibernants. C’est donc bien une hibernation, mais une hibernation très particulière." |
Les considérations précédentes nous permettent de critiquer la pertinence du terme de « dormance ». Nous pouvons vérifier que cet état, malgré certaines analogies, est bien différent du sommeil. Ne serait-il pas mieux comparable à lEveil Paradoxal ou état sophronique ?
Sommeil |
Dormance |
Eveil Paradoxal |
|
Le stress |
Défavorise le sommeil |
Déclenche la dormance qui en atténue les effets |
Est « nettoyé » par léveil paradoxal qui en atténue les conséquences |
EEG |
Communications cortico-viscérales accrues |
Activité faible et ralentie |
Synchronisation cortico-corticales , latérale et antéro-postérieure |
Delta dominant |
Delta sporadique |
Alpha dominant (thêta sporadique) |
|
Hypothalamus |
Reste actif |
||
Métabolisme |
Diminué |
Extrêmement diminué |
Très diminué |
Consommation doxygène |
Diminuée |
Extrêmement diminuée |
Très diminuée |
Production de Gaz Carbonique |
Diminuée |
Extrêmement diminuée |
Très diminuée |
Température centrale |
Légèrement diminuée |
Extrêmement diminuée |
Légèrement diminuée |
Moelle épinière et Système nerveux périphérique |
Sensibilité diminuée dans lensemble |
Sensibilité augmentée pour certains stimuli, atténuée pour dautres |
Sensibilité augmentée pour certains stimuli, atténuée pour dautres |
Rythme cardiaque |
Ralenti |
Extrêmement ralenti |
Ralenti et stabilisé |
Rythme respiratoire |
Ralenti |
Extrêmement ralenti |
Ralenti parfois extrêmement[46] |
Pression sanguine |
Plutôt diminuée |
Diminuée |
Plutôt diminuée |
Tonus des vaisseaux périphériques |
Détente des vaisseaux périphériques(chaleur des extrémités) |
Quasi-fermeture des vaisseaux qui alimentent les organes non vitaux (froideur de la périphérie) |
Détente des vaisseaux périphériques(chaleur des extrémités)[47] |
Glandes endocrines |
Activité diminuée dans lensemble |
Activité très diminuée dans lensemble |
Activité très diminuée dans lensemble |
STH |
Augmentée |
||
Thyroïde |
Très diminuée |
||
Parathyroïdes |
Très actives |
||
Graisse brune |
Très active |
||
Surrénales |
Activité très diminuée |
Activité diminuée[48] |
|
Sécrétions des gonades (testicules et ovaires) |
Généralement diminuée |
||
Faim |
Soulagement : « qui dort dîne » |
Extrêmement diminuée (amaigrissement +++) |
« Sublimée » jeûne favorable. |
Organes digestifs |
Actifs |
Inactifs |
Peu actifs |
Diurèse[49] |
Infime |
||
Tonus |
Hypotonie globale |
Hypotonie globale |
Limité au maintien de la posture |
Comportement |
Immobile |
Immobile |
Immobile |
Effet psychologique |
Procrastination |
? |
Distanciation, simplification, unification, tolérance accrue à la frustration |
Etat |
Sommeil |
« Intermédiaire » entre Veille et Sommeil |
« Intermédiaire » entre Veille et Sommeil |
On a longtemps admis quil y avait une relation et même une identité entre sommeil et dormance : dormance et sommeil sont semblables en cela que les processus organiques essentiels continuent à un niveau plus bas : - Pendant le sommeil, lanimal simmobilise, lactivité cérébrale sappauvrit, le cur bat moins vite et la respiration se ralentit. Le corps produit moins de chaleur. - Au cours de la dormance, cesse toute activité qui nest pas immédiatement nécessaire pour maintenir la vie à son niveau métabolique le plus bas possible, lanimal simmobilise aussi, cur et respiration ralentissent, on observe par moment des décharges qui évoquent les ondes lentes du sommeil.
Mais au « réveil » de la dormance, on observe un approfondissement du sommeil à ondes lentes, exactement comme après une privation de sommeil de plusieurs heures : la dormance nest pas un équivalent du sommeil, mais un état de vigilance intermédiaire entre sommeil et éveil[50] !
Nous suggérons de ranger cet état dans la catégorie de lEveil Paradoxal dont il constitue une utilisation adaptative aux variations extrêmes de température ou de sécheresse ! |
Ce terme désigne une perte de connaissance de survenue rapide. La personne en état de syncope perd de sa réactivité aux stimuli de lenvironnement ; ses perceptions sont perturbées dès le début[51] du phénomène avec sensation de faiblesse, voile visuel, modifications sonores, vertiges, impression de vide de la pensée et parfois nausées ou transpiration.
La médecine a mis en évidence plusieurs causes possibles :
La transe correspond à un état modifié de la conscience[56]. Elle est connue depuis la nuit des âges et liée à une grande variété de contextes culturels et religieux. Il s'agit de franchir une limite, aller - pour en revenir - au pays de la mort, outrepasser les frontières du temps et du lieu, s'extrémiser au cours d'un voyage ou l'identité de soi se perd plus ou moins, au profit d'une divinité dont on devient la monture, qui se fait guide ou dont on se rend maître. Cet état est généralement intégré par la société dans le cadre de moments permissifs ou prescrits : processus d'initiation, sibylles institutionnelles, confréries mystiques, fêtes religieuses, danses sacrées[57], carnaval et chari-vari, expression corporelle et thérapie[58], etc...
Les caractéristiques psychophysiologiques de la transe dans les endroits où elle se pratique, sont encore mal connues; il s'agit plus d'un ensemble d'anecdotes que de l'appréhension des données scientifiques aptes à éclairer notre propos. Sur cette base, on peut cependant remarquer la parenté de la transe avec le rêve : un scénario[59] se crée, pour le sujet, au moment où il le vit, prend tous les caractères de la réalité, l'inscrit dans une nouvelle identité et le confronte à des dimensions psychiques de lui-même qu'il ne prévoyait pas et qu'il pourra même oublier à la fin du parcours.
A la différence de l'état de rêve, l'action n'est pas inhibée au cours de la transe ! La communication avec le groupe social, ou un de ses représentants, reste disponible. Le caractère fréquemment rituel, institutionnalisé et didactique de ces communications suggère qu'elles pourraient avoir une valeur fonctionnelle pour le groupe : mise à plat des tensions, re-équilibrage des excès, élicitation de percées créatives, etc... Rôle, encore une fois comparable à celui du rêve, mais dont l'efficacité concernerait plus le collectif que l'individuel...
Elle pose des problèmes quant à létat de conscience quelle met en jeu.
Selon lAssociation médicale britannique (1955) : « Lhypnose est un état passager dattention modifiée, état qui peut être produit par une autre personne et dans lequel divers phénomènes peuvent apparaître spontanément ou en réponse à des stimuli verbaux ou autres. Ces phénomènes comprennent un changement dans la conscience et la mémoire, une sensibilité accrue à la suggestion et lapparition chez le sujet de réponses et didées qui ne lui sont pas familières dans son état desprit habituel. En outre, des phénomènes comme lanesthésie, la paralysie, la rigidité musculaire et des modifications vasomotrices peuvent être, dans létat hypnotique, produits et supprimés. »
Lhypnose représente la forme la plus ancienne de la relation psychothérapique moderne. En 1784, un élève de Mesmer, le marquis de Puységur, décrivit le somnambulisme artificiel sans crise convulsive, qui permet une communication verbale avec le sujet. Il inaugura ainsi la thérapie par le langage. La psychanalyse sest édifiée en bonne partie sur létude et la critique de cette relation ; elle la, à son tour, rendue plus intelligible en permettant dentrevoir les lois qui la régissent.
La suggestibilité ne doit pas être confondue avec lhypnose quelle accompagne selon des doses variables. Il existe une forme de suggestion, qui est, selon Freud, « un fait fondamental de la vie psychique de lhomme ». Cette suggestion indirecte, non délibérée, émane du patient : « Un facteur dépendant de la disposition psychique du malade influence, sans aucune intention de notre part, le résultat de tout processus thérapeutique introduit par le médecin. » « Cette attente croyante », comme dit encore Freud, nest « ni dosable, ni contrôlable, ni intensifiable ». La relation comporte alors un élément archaïque non accessible à la verbalisation.
Ainsi doit-on doit mettre laccent sur la relation mère-nourrisson, saisie au stade pré-langagier. Mais on connaît la possibilité dobtenir lhypnose par une action sans transfert (auto-hypnose par exemple) ce qui met en valeur la réalité physiologique de létat hypnotique[60].
Certaines conditions sont généralement requises pour obtenir lhypnose :
« rapport » de confiance entre le médecin et le malade.
stimulations auditives par lopérateur qui répète des suggestions dune voix monotone « terpnos logos »;
fixation de lattention, soit par un objet visuel ou sonore, soit par un groupe didées
A titre subsidiaire, on peut ajouter :
diminution ou exclusion des stimulations extérieures ou au contraire débordement sensoriel (châteaux sonores)
position assise ou allongée (utile mais non indispensable)
Les théories physiologiques sont centrées sur les rapports entre le sommeil et lhypnose mais lassimilation de lhypnose au sommeil na pu être confirmée par des tracés électroencéphalographiques. Elle est qualifiée par les pavloviens de sommeil partiel. Il se crée artificiellement des « points vigiles » qui rendent possible la communication entre le sujet et lopérateur. Cet état de sommeil partiel, intermédiaire entre le sommeil et la veille, comporte des phases hypnoïdes, ou phases de suggestion, pendant lesquelles diverses modifications physiologiques, impossibles dans létat de veille, peuvent se produire. Cette description invite à ranger cet état, comme le fait François Roustang dans le cadre de léveil paradoxal
*
* *
*
Non-Agir (repos) |
Agir |
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E V E I L |
Eveil Paradoxal
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Eveil Trivial
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S O M M E I L |
Sommeil Trivial
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Sommeil Paradoxal
|
|
Les quatre états de la conscience
Cest avec raison que lUniversalis écrit : « Une stricte hygiène de vie, créant des habitudes régulières, dans laquelle lactivité physique, la relaxation sont pratiquées avec persévérance ( ) sont des conditions nécessaires au traitement correct des insomnies. » Ainsi, le sommeil trivial nécessite-t-il, peu ou prou, une forme déveil paradoxal pour sinstaurer De même, le sommeil paradoxal ne survient quaprès un temps suffisant de sommeil trivial. Enfin une activité efficace au cours de léveil trivial nécessite certainement une préparation par une bonne nuit de sommeil, cest à dire, au final, par une provision suffisante de rêves qui lui fournisse le carburant du désir Léveil paradoxal lui-même nécessite pour sapprofondir une activité consciente préalable avec une mise en jeu de linteraction entre le sujet et son environnement, plus ou moins frustrant
Cest dire que les états de conscience sorganisent dans le temps sous forme de cycles denviron 24 heures pour lalternance veille-sommeil et de cycles denviron 90 minutes pour lalternance entre modalité triviale et modalité paradoxale.
La modalité triviale est tout dabord prépondérante puis la modalité paradoxale se renforce ; cest à dire que le dormeur rêve davantage en fin de nuit et lêtre éveillé éprouve dautant plus la nécessité de faire le vide que la nuit approche Grosso modo, il paraît souhaitable de dormir au moins sept heures (avec plus dune heure de sommeil paradoxal) et de bénéficier au cours de la journée de plus de trois heures de « détente[61] ».
En fait, passer de la veille au sommeil[62] suppose dabandonner l'organisation physiologique propre à la veille pour aller vers le type d'organisation caractérisant le sommeil. Entre les deux états trouve place un moment de « neutralité organisationnelle[63] » qui devrait logiquement survenir aussi quand on passe du sommeil profond au sommeil paradoxal ou du sommeil paradoxal à l'éveil.
Nous avons remarqué ailleurs qu'il semble exister un calcul neuro-physiologique non-conscient du temps (euchronie), d'une très grande précision, qui permet à certains dormeurs de programmer leur réveil à une heure arbitrairement choisie au moment de l'endormissement. Le même phénomène semble à l'oeuvre chez les personnes qui méditent : nombre d'entre elles arrêtent leur méditation, lorsque la durée fixée s'est écoulée, avec une très grande précision et sans avoir à regarder leur montre.
La sophrologie étudie la conscience humaine en partant de ses propres conceptions, définies par Caycedo. Il propose de distinguer les niveaux de conscience dune part, les états de conscience dautre part :
Dans cette perspective, l'être humain évolue :
· soit dans un état de conscience ordinaire, soi-disant « normale »
· ou bien, il renforce les éléments positifs de sa personnalité et accède progressivement à la conscience sophronique
· soit provisoirement ou définitivement dans un état de conscience pathologique (de la névrose à la psychose, sans oublier toutes les possibilités psychiatriques connues).
Il nous reste beaucoup à apprendre quant à l'éveil paradoxal. Les traditions qui l'ont cultivé et promu font état de différents niveaux, allant de l'éveil paradoxal basique que nous avons décrit, à des niveaux beaucoup plus sophistiqués, décrits comme "cinquième état de conscience", "mariage mystique", etc. Ils décrivent aussi des états différents (types particuliers de méditation, culture des siddhis, etc).
Une étude intéressante a étté publiée qui tente de décrire l'évolution des paramètres physiologiques de l'un de ces états particuliers. Voici le compte rendu qu'en a publié "Yahoo Actualités" :
La méditation agit sur le cerveau, selon une étude sur des moines tibétains. WASHINGTON samedi 6 novembre 2004, (AFP) - Une longue pratique de la méditation entraîne des modifications physiques dans le cerveau, selon une étude réalisée sur des moines boudistes qui doit être publiée lundi dans les annales de l'académie nationale des sciences américaine. L'équipe de chercheurs de l'université du Wisconsin à Madison a comparé un groupe de dix étudiants volontaires novices en méditation, âgés d'une vingtaine d'années, à des moines formés dans la tradition tibétaines ayant de dix mille à 50.000 heures de pratique dans cet exercice spirituel et dont l'âge médian est de 45 ans. Alors que les groupes pratiquaient une méditation visant à engendrer un état "de compassion et d'amour pour le prochain", les chercheurs ont constaté avec des électro-encéphalogrammes, "une très forte augmentation des ondes à haute fréquence gamma" chez les moines boudhistes alors que le changement a été modeste chez les étudiants. Ces ondes, dont on pense qu'elles signalent l'activité des neurones, les cellules nerveuses, sont associées à une activité mentale intense. L'activité mentale des moines a été dans tous les tests nettement plus intense que celle dans le groupe de novices. De plus, le groupe de chercheurs a observé le cerveau des sujets avec un système d'imagerie par résonance magnétique qui a également montré une activité nettement plus élevée chez les moines boudhistes que chez les étudiants. L'activité dans la partie préfrontale gauche du cortex cérébral, le siège des émotions positives, était intense chez les moines en méditation, submergeant l'activité de la partie droite de leur cortex, centre des émotions négatives et de l'anxiété. Les résultats de cette étude laissent penser que le cerveau comme le reste du corps pourrait être intentionnellement modifié physiologiquement tout comme l'exercice physique accroît le volume musculaire, ont estimé ces chercheurs. |
Les états de transe, de délire, les excès quant au niveau de vigilance (léthargie ou au contraire excitation ), les dysfonctionnements qui échangent la réalité de la veille pour le Réel du Délire et des Hallucinations propres au sommeil paradoxal, alors quen rêve le sujet retrouve la platitude du quotidien rationneln sont des exemples de conscience pathologique. Cependant, selon la valorisation spirituelle, artistique ou philosophique que le sujet et son environnement social promeut, on avoir à classer différemment certaines expériences phénoménologiquement identiques ! Par exemple une « hallucination » peut se reconvertir en « Vision inspirée », une léthargie en extase. Il est difficile de se prononcer sur de tels cas et personnellement, je trouve inaccessible à la raison et à la science le classement des Prophètes et des Messies (faux ou vrai)
Il est important pour les médecins de réanimation de déterminer si un sujet est mort ou vivant.
On trouvera un résumé de la situation ( 2014) en cliquant ici.
La découverte du quatrième état de conscience (état sophroliminal, éveil paradoxal) constitue une avancée majeure car elle nous permet de construire un équilibre de vie de grande valeur en prenant conscience de la nécessité de se donner un temps quotidien suffisant déveil au repos.
Considérez cette très intéressante vidéo diffusée par Daily-motion
(d'après Avaaz)
Respect
Nous ferons preuve de gentillesse et de respect envers nous-mêmes et
les autres aussi souvent que possible.
C’est tout-à-fait dans l'ordre du possible : tout le monde livre
au moins une bataille dont nous ne savons probablement rien.
Sagesse
Nous ferons notre possible pour prendre les décisions justes, en nous
écoutant et en écoutant attentivement les autres.
Nous chercherons l’équilibre entre notre raison, notre coeur
et nos intuitions dans une harmonie qui sonne juste.
Reconnaissance
Nous prendrons régulièrement le temps de penser à toutes
les personnes et choses pour lesquelles nous éprouvons de la reconnaissance,
parce que cela met les choses en perspective, dissout la négativité
et nous aide à nous concentrer sur ce qui compte vraiment.
[1] « Nous sommes faits de létoffe dont sont tissés les songes, et notre vie si courte a pour frontière un sommeil »
[2] Durand de Bousingen a tendance, comme Benson, à considérer que les états autogènes profonds peuvent rejoindre certains des états obtenus par la Méditation Transcendantale (comm. pers.. janv. 1978). Beaucoup d'auteurs, comme le remarque en le déplorant Y. Ikémi lors du colloque de Tsukuba. préfèrent parler d' « états altérés de la conscience » ou A.S.C. (Altered States of Consciousness ). Ce terme (proposé par Charles Tart) a lavantage et linconvénient de regrouper avec le Quatrième Etat (que nous croyons agréable. naturel et même nécessaire) certains états, toxiques ou pathologiques (qui sont dangereux ou pénibles). Caycedo a eu le mérite de distinguer nettement les états de la conscience perturbée des états normaux ou optimisés. Cest pourquoi nous préfèrerons parler « détat déveil paradoxal » pour désigner la conscience particulière qui apparaît lorsque nous nous détendons, faisons le vide, oublions nos ennuis
[3] Jacques Lacan a insisté sur cette jouissance, Encore !
[4] notamment par la pratique aussi rigoureuse que possible des moindres commandements de la Thora. Cet aspect a parfois pris le pas sur la démarche proprement mystique.
[5] ce terme nest pas à lorigine du mot « fanatique » lequel dérive du latin « fanum » (= temple) et signifiait « inspiré, en transe, en délire » (culte de Cybèle).
[6] Le fana est entièrement fondé sur les enseignements du Coran (55, 26-27) : « tout ce qui est sur terre passera. La face seule de Dieu restera environnée de majesté et de gloire ».
[7] Jemploie ici le mot trivial dans son sens de « courant, banal, commun » et non dans lacception péjorative de « vulgaire » Il soppose ainsi à « paradoxal ».
[8] E. Claparède
[9] sanskrit « svap » dormir, être mort
[10] à ne pas confondre avec un « mauvais rêve » qui, lui, survient au cours du « sommeil paradoxal » (Cf. plus loin).
[11] Il nexiste aucune preuve dapprentissage au cours du sommeil (hypnopédie) réalisé dans des conditions expérimentales rigoureuses (contrôle électroencéphalographique).
[12] Chez lhomme on distingue quatre stades au cours du sommeil :
1. Le stade I (descending stage one ) correspond à lendormissement ; il ne dure que quelques minutes et se traduit par la disparition du rythme alpha de léveil et par une certaine accélération de lactivité électrique.
2. Le stade II associe quelques fuseaux à un rythme thêta
3. Le stade III est représenté par lassociation de fuseaux et dondes delta à 2-3 c/s.
4. Le stade IV sobjective par la succession dondes lentes delta de haut voltage.
[13] Le noyau réticulaire et ses neurones qui utilisent comme médiateur chimique lAcide Gamma Amino Butyrique (GABA).
[14] Horne (2000)
[15] sauf lhippocampe où lon recueille une activité plus lente : rythme thêta à 5 à 8 c/s (cycles par seconde). Lhippocampe a un rôle capital pour la mise en mémoire.
[16] La voie réticulo-hypothalamo-corticale (agissant sur la formation réticulée mésencéphalique, le système diffus de lhypothalamus postérieur et les groupes cholinergiques mésopontins et télencéphalique basal), la voie réticulo-thalamo-corticale (formation réticulée mésencéphalique, neurones cholinergiques mésopontins et noyaux thalamique), les neurones noradrénergiques du locus coeruleus (qui agissent directement sur le cortex, le thalamus et lhippocampe), le raphé antérieur qui produit de la sérotonine et agit sur lhypothalamus et le cortex
[17]
le système à histamine est considéré comme
lun des systèmes les plus importants de léveil. Les corps cellulaires à
histamine sont tous situés dans lhypothalamus postérieur (H.P.), et ils se
projettent dans tout le cerveau (en particulier au niveau des autres systèmes
déveil).
[18] [neurones Asp/Glu]
[19] (C.R.F.)
[20] Descartes, Méditation Première, « des choses quon peut révoquer en doute », uvres Complètes, Joseph Gibert éd. 1950, T.II, pp.106-107.
[21] Ce recours compensatoire au rêve par rapport aux dures réalité peut sexprimer, chez certains sujets, par la narcolepsie : « crises de sommeil paradoxal survenant selon un rythme variable, indépendamment de lalternance normale veille-sommeil. Les accès de narcolepsie durent quelques minutes ou plusieurs heures et sont parfois déclenchés par les émotions. »
[22] Schopenhauer, « Le monde comme volonté et comme représentation », traduction De A.Burdeau, revue par R. Roos, PUF, 1966-1984 p.43 sq.
[23] Cf. E. Aserinski, N. Kleitman et
W. C. Dement (1954-1957).
[24] In « Mélinan, Notions de Psychologie appliquée à léducation. »
[25] Mélinan op.cit. p.210 et il énumère de tels hommes : le scientifique, le métaphysicien platonicien.
[26] L'existence d'un état particulier de la conscience lié à l'exercice d'une spiritualité et cultivant un état intermédiaire entre veille et sommeil a permis d'employer le terme de « quatrième état de conscience ». Le Yoga emploie également cette expression à propos de « Turyia », état de conscience distinct, plus vaste et qui, supérieur aux trois autres, les englobe. Jai proposé dutiliser plutôt le terme « déveil paradoxal » qui a le mérite de lever cette ambiguïté. Ce terme a été repris, de manière indépendante semble-t-il, par François Roustang dans son ouvrage sur lhypnose.
[27] la respiration jouit dune place particulière dans léconomie psycho-biologique : elle est peut être la seule fonction qui soit à la fois spontanée et gérable par une décision consciente. Certains évènements laccélèrent ou la ralentissent ; je peux aussi décider de laccélérer ou de la ralentir selon mon bon plaisir !
[28] Ceci mest loccasion de souligner un fait très général : la paix intérieure entraîne une diminution des tensions musculaires et la diminution des tensions musculaires peut diminuer les conflits internes, lémotion accélère les rythmes respiratoire et cardiaque et le ralentissement de ces rythmes tend à atténuer lémotion, etc.
[29] Ce type deffet est loccasion dun grand nombre de dérives ; Cf. Michel Monroy : La Dérive Sectaire ( PUF, 1995). On lira aussi, dans les Cahiers du Grep (http://www.grep-mp.org) les réactions du public à son intervention.
[30] on est là dans un état de « dormance » tout à fait comparable à lhibernation (Cf. plus loin)
[31] évoqué plus haut.
[32] Jean de La Fontaine, Le lèvre et les grenouilles
[33]Certains animaux migrent sur de grandes distances pour éviter des situations défavorables ; dautres réduisent les stresses environnementaux en modifiant leur comportement et les habitats quils occupent. Par exemple, certains rongeurs arctiques, lors des hivers rigoureux, senfouissent sous la neige où ils poursuivent leurs activités !
[34] Le terme dhibernation est communément appliqué à tous les types de dormance chez les vertébrés. Il sagit dun état dactivité très réduite avec température du corps abaissée que certains animaux adoptent pour faire face aux difficultés de lhiver ou à la sécheresse du désert lété. Quand les lacs, les étangs ou les rivières sont à sec, par exemple, les organismes aquatiques peuvent se mettre en état de dormance pour survivre, alors que dautres périssent. Certains animaux, grâce à ce processus peuvent coloniser des régions froides où les autres espèces ne sadapteront pas.
[35] La période de dormance varie quant à sa durée et quant au degré de réduction métabolique : cela va dune légère réduction métabolique pendant un profond sommeil périodique et de courte durée aux plus extrêmes réductions pour des périodes très étendues
[36]
La longévité è
Les primates sont, en général, le groupe dont la vie est relativement la plus longue.
Trois facteurs ont des corrélations indépendantes avec lespérance de vie :
· le poids du cerveau,
· le poids du corps et
· le niveau du métabolisme au repos, selon léquation :
DV =
5.5 E0.54 S-0.34 M-0.42
DV = Durée de vie (en mois)
E = Poids de lencéphale en
grammes[36]
S = Poids du corps en grammes[36]
M = Métabolisme en calories par gramme
et par heure.
Lexposant négatif de M (-0.42) signifie que la durée de vie risque dêtre dautant plus courte que le sujet dépense davantage dénergie à chaque instant ! Le « refroidissement » de lorganisme serait ainsi facteur de longévité. La pratique de léveil paradoxal expliquerait la longue vie observée chez les orants et contemplatifs à quelque religion quils appartiennent !
[37] A proprement parler, cependant, lemploi de ce terme devrait être limité aux homéothermes à sang chaud : oiseaux et mammifères ! Leur plumage ou leur fourrure réduit leur rayonnement calorique et dautres mécanismes de déperdition thermique. Cela les aide à maintenir une température de lorganisme à peu près constante. Leur homéostasie les rend ainsi moins dépendants de lenvironnement, spécialement quant aux limites quimposerait autrement la température ambiante.
[38] Le vrai hibernant passe la plus grande partie de lhiver dans un état proche de la mort; lanimal, de fait, parait être mort ! Lhibernant est sur le fil du rasoir entre le maintien de la vie à un niveau qui rende possible la sortie de lhibernation et une réduction du métabolisme à un niveau qui conduirait à la mort. Il sagit dune méthode de survie précaire au mieux, dont beaucoup dindividus ne se réveillent pas ! Pour la survie de lespèce, cest valable ; pour la survie de lindividu, cest incertain et risqué. Seuls mammifères hibernants réels : les chauve souris, les hérissons ou autres insectivores et les rongeurs. Pour survivre à lhiver, lhibernant peut compter sur la combinaison de ses réserves corporelles de graisse et/ou de nourritures engrangées (rongeurs). Après que la température du corps a chuté jusquau niveau de la température ambiante, sa respiration se fait imperceptible (moins de trois mouvements respiratoires par minute) ; il ne réagit pas si on le déplie de sa position « en boule ». Cependant cela déclenche le « réveil ».
[39] Lécureuil « tamia » (ou chipmunk ou « suisse ») en est un exemple. De même, lours nest pas un vrai hibernant ! Pour hiberner, sa température passe seulement de 38° à 34° ! Il sagit dun repos hivernal plutôt que dune véritable hibernation ! Au cours de cette léthargie, il reste capable dactivité si on le stimule.
[40] Une forme de dormance chez les protozoaires et nombre dinvertébrés, soumis à des conditions défavorables est lenkystement sous différentes formes.
[41] Chez lécureuil arctique, par exemple, on peut observer une réduction de 90% de lactivité électrique du cerveau (t° =6°C).
[42] à des températures où le Système Nerveux des autres mammifères cesse de fonctionner !
[43] Chez les vrais hibernants, le sang circule plus à lavant quà larrière du corps ; ceci permet au peu dénergie disponible de garder au cerveau une température constante en dépit des variations de la température extérieure et du refroidissement complet de la peau.
[44] Hypophyse :Lhibernation (freinée par la plupart des sécrétions endocrines) peut survenir, paradoxalement, pendant un accroissement dactivité de lhypophyse. Cela pourrait suggérer quil y a dissociation entre croissance cellulaire et synthèse hormonale par rapport aux organes cibles normalement contrôlées par la sécrétion de STH. Il y a diminution du magnésium sanguin et des sécrétions surrénaliennes
[45] © 1995 Encyclopædia Universalis France S.A.Tous droits de propriété intellectuelle et industrielle réservés. En 2010 la recherche sur les adipocytes bruns est très active [Cf. Jennifer Altman, Un nouveau regard sur les adipocytes, 9° Colloque Médecine et Recherche en Endocrinomogie, Fondation Ipsen, Alzheimer Actualités, Mars-Avril 2010, 209:6-12)]
[46] phases dapnée avec (ou par) diminution de la production de gaz carbonique et des besoins en oxygène
[47] Cependant, daprès la littérature du yoga, lorsque le quatrième état sapprofondit, on peut observer un refroidissement de lensemble de la périphérie, tout à fait similaire à létat dhibernation. La chaleur quitte le « corps » en commençant par le bas et en ne laissant de point chaud perceptible quau niveau de la tête.
[48] On a montré que les cellules granulaires hippocampiques, utilisées par la mémoire se multiplient dautant plus que le taux de cortisone est abaissé. Ceci nous aide peut-être à oublier les moments les plus stressants ! (Cf. Heather Cameron, « Naissance des neurones et mort dun dogme », La Recherche, 329, Mars 2000 pp.29-35.
[49] Quantité durine produite.
[50] Daprès Irène Tobler, spécialiste Zurichoise qui étudie la phylogenèse du sommeil (La Recherche HS N°3, Avril 2000, p.13). On voit quelle rejoint notre propre conception dun état distinct de la veille, du sommeil et du rêve que nous appelons « éveil paradoxal ». Lhibernation étant une forme particulière de cet état neuroconscienciel.
[51] Si les choses sen arrêtent là on parle de « lipothymie » plutôt que de syncope ou dévanouissement
[52] La vasodilatation permet aux muscles dêtre prêts à agir avec rapidité ce qui est favorable en cas dagression pour se battre et surtout pour fuir. Lexcès de ce mécanisme aboutit à la syncope : lêtre paraît mort et lagresseur sen désintéresse
[53] Ce mécanisme est en jeu dans la technique du rebirth.
[54] On en connaît une autre forme, utilisée par les ORL, où leffort dexpiration est bloqué, non au niveau de la glotte mais en serrant les lèvres et en pinçant le nez, dans le but de faire pénétrer, en force, de lair dans la caisse du tympan via la trompe dEustache.
[55] Cest une fonction harmonieuse avec celle du côté gauche du corps, dont une contraction de posture sert dappui aux gestes fins
[56] « état modifié de la conscience » plutôt que « ASC » (« altered State of consciousness ») qui pourrait faire croire quil sagit détats pathologiques ou défectueux, alors que nous visons des états particuliers mais de nature le plus souvent « saine », « normale »
[57] quelles soient anciennes comme dans la culture africaine ou juive ou récentes comme dans le Buto japonais ou les essais de danse religieuse tentée par telle moniale catholique
[58] On pense évidemment à la transe-terpsichore-thérapie de Jacques et Alain Donnars
[59] ce terme est particulièrement adapté, dans la mesure où nombre de sujets, racontant leur rêve parlent du « film » (pour dire « rêve ») Tout film est un rêve préfabriqué !
[60] Nous nous référons pour lessentiel de ce passage à lexcellent article de lEncyclopædia Universalis, dont nous recommandons la lecture intégrale !
[61] détente aussi proche que possible de léveil paradoxal ! exercices physiques « doux » mais aussi sophronisation, relaxation, méditation, etc
[62] Cf. P. Etevenon, Du rêve à 1'éveil. Bases Physiologiques du sommeil, Albin Michel, 1987.
[63] Cultiver l'état d'éveil paradoxal peut conduire à « Turyia », état recherché par les mystiques indiens. Le sujet se place en position de neutralité et de témoignage permanent à légard de sa conscience. Cela a suggéré à certains la notion « dattention constante » dune façon qui peut se révéler extrêmement nuisible à léquilibre mental.