Introduction aux Méthodes de Relaxation
Dr Bernard Auriol
CHAPITRE III
L'hypnose est une des très anciennes et très efficaces techniques permettant d'abolir les tensions liées aux défenses musculaires et végétatives de l'angoisse. Tour à tour prônée ou rejetée avec mépris par les médecins, qui la déclarent capable de tout guérir ou de ne rien faire, elle suscite un intérêt constant dans le public en raison de son allure de mystère, des relents magiques qui l'escortent, de son utilisation plus ou moins mystifiée dans le cadre du music-hall.
L'hypnose est liée à la suggestibilité naturelle[2] augmentée par l’apprentissage. Les diverses méthodes efficaces suscitent des circuits cérébraux « en boucle », grâce à une focalisation de la conscience. Ce processus est favorisé par le transfert que suscite le prestige ou la compétence de l’hypnotiseur.
L'hypnotiseur utilise différents procédés pour renforcer la suggestibilité spontanée du sujet : contexte qui renforce son prestige.
Il répète la suggestion pour créer un circuit neuronique réverbérant :
Ceci est rendu possible par le fait, maintenant clarifié par l'idéographie cérébrale, selon lequel toute perception (réelle ou imaginaire) s'accompagne d'une ébauche d'action, aussi infime soit-elle, liée à la signification de cette perception. Ceci est d'autant plus efficace que le flot de l'attention, qui structure la vie mentale, arrive à se dégager d'un projet précis. C'est dire que l'état d'éveil paradoxal[3] est tout à fait apte à favoriser dans une très large mesure ce type de phénomène si l'on se place dans des conditions particulières. Il est devenu évident, avec la technique dite de soi-disant « vol yogique » proposée par Maharishi, que l'état d'éveil paradoxal est hautement propice à l'accroissement de la « faculté idéomotrice[4] », que ce soit pendant ou même après cet état (dans les heures qui suivent). Une même évidence se présente pour la relaxation médicale qui conduit à de très intéressantes possibilités de guérison de symptômes.
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L'hypnotiseur utilise la suggestion pour accroître la suggestibilité, et cherche à conduire son sujet dans un état d'éveil paradoxal particulier qui conserve et cultive un rapport privilégié entre les deux protagonistes[5].
La suggestibilité est maximum vers l'âge de sept ans, plus grande chez la femme que chez l'homme, favorisée par les toxicomanies, d'autant plus efficace qu'il s'agit de phénomènes liés à l'émotion et aux images. On obtient facilement toutes sortes d'illusions et d'hallucinations. On sait aussi atténuer des brûlures, produire des phlyctènes, faire réapparaître un herpès latent, guérir des verrues, produire des saignements (stigmates), etc. On a cru aussi pouvoir améliorer certaines facultés : une expérimentation précise montre que c'est vrai seulement pour les sujets qui utilisaient mal leurs capacités : on peut alors leur permettre de moins s'inhiber.
L'hypnotisé peut se détendre ou se tendre musculairement, subir une suggestion tendant à détériorer ou à améliorer son état de santé. Il peut être rendu sourd, aveugle, paralysé. Il peut faire naître sur son corps une plaie[6] ou empêcher l'apparition d’une inflammation (négativation de la cuti-réaction tuberculinique). Il peut guérir d'idées moroses, de pessimisme noir, de phobies, d’obsessions, d’anxiété, de troubles sexuels, de troubles du sommeil, de douleurs rhumatismales, de stérilité psychogène[7], de migraines, de troubles fonctionnels gastriques, vésiculaires, cardio-vasculaires, respiratoires, dermatologiques, etc.[8] L'hypnose est utile dans l'énurésie, les tics, le bégaiement. Cette énumération partielle suffît à montrer combien cette pratique pourrait être utile à bien des médecins, dans bien des circonstances. Cependant l'orientation « technique » de la médecine, la nécessité d'agir vite, le manque de formation, et le relent « occulte » de l'hypnose font qu'elle est assez peu pratiquée[9].
Les raisons qui amènent cette désaffection de la part des médecins (actuellement, il existe des formations médicales) me semblent être les suivantes
1. allure magique, peu « scientifique », archaïque
2. la relation médecin-malade (qui est toujours empreinte d'une certaine dépendance) montre cette dépendance à l'état de caricature
3. la relation est « érotisée », que le médecin le souhaite ou non, que le client le recherche ou s'en défende
4. si on associe le 2e et le 3e, l'hypnose apparaît comme une relation de type incestueux de Parent (Médecin) à Enfant (Malade).
5. on avance quelques autres prétextes (peut-être fallacieux) comme le fait que les résultats ne seraient pas toujours définitifs (mais les médicaments ont-ils toujours des résultats définitifs ?) ou que tous les sujets ne seraient pas hypnotisables[10].
6. reste que l'abolition d'un symptôme peut faire place à l'apparition d'un autre (c'est encore vrai pour bien d'autres formes de thérapie).
Pour conserver le bénéfice de l'hypnose sans nouer une relation « transférentielle » massive de dépendance, quelques personnes ont appris à s'auto-hypnotiser. Une partie de leur personnalité joue le rôle Parental (d'hypnotiseur), le reste de la personne jouant le rôle d'Enfant (hypnotisé). Ainsi ces personnes sont capables de s'autosuggestionner ou, au moins, d'obtenir un état plus reposant, plus confortable, comportant une certaine jouissance, renforçant la confiance et l'amour de soi-même. Cet apprentissage est parfois assez peu stable, comme l’explique Eric[11] « j’ai cessé de m’autohypnotiser pendant quelques mois ; quand j’ai voulu recommencer, je n’y suis plus arrivé ! ».
Un usage très systématique de la suggestibilité à l'état de veille et sans passer par l'état d'éveil paradoxal est réalisé par la Programmation Neuro Linguistique[12], Il ne s'agit pas à proprement parler d'une technique de relaxation ce qui nous évitera d'en parler longuement. Son efficacité sur bien des symptômes ne peut effacer l'inconvénient que représente à mes yeux son caractère accentué de manipulation du patient par le thérapeute, même si on en limite les inconvénients par l'éthique de ce dernier.
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Johannes Heinrich Schultz (neuro-psychiatre allemand, 1884-1970) a mis au point vers 1930 de la technique du « Training autogène » pour apprendre à celui qui le désirerait de bénéficier des avantages de l'auto-hypnose[14].
Après avoir longuement expérimenté et interrogé les personnes capables d'auto-hypnose, il a établi les étapes utiles de l'apprentissage autogène :
q choisir un lieu aussi calme que possible, ni trop chaud ni trop froid, si possible dans la pénombre.
q couper sonnette et téléphone.
q se libérer de vêtements trop serrés (ceinture, souliers, chaussettes, gaine, soutien-gorge, boucles d'oreilles, col, chignon, etc.)
q éliminer, s'il y a lieu, urine ou fèces.
q il est préférable de n'avoir pas absorbé, immédiatement avant, un repas trop lourd.
q se coucher (ou simplement s’asseoir). La position assise qui peut se prendre en tout lieu est celle dite « du cocher de fiacre ». On n'utilise pas le dossier. Les jambes sont légèrement écartées, les avant-bras reposent sur les cuisses, les mains tombent à l'intérieur de l'angle des cuisses, le dos est relativement vertical, comme tassé sur lui-même, la tête se laisse pendre vers l'avant. Si on veut utiliser la position couchée, on se met sur le dos, coudes légèrement écartés, mains aussi, pieds tombant en dehors et ne se touchant pas.
Au début du premier exercice, on propose la formule « je suis tout à fait calme ».
Certaines personnes rencontrent là leur premier étonnement et leur première difficulté, voire leur première révolte. « Quand je dis cela je ne me sens pas du tout calme et ça ne me calme pas ».
J'explique que cette formule ne se veut pas efficace comme une potion magique mais doit être prise comme le poteau indicateur placé sur une route :
"La direction ‘Toulouse’ indiquée sur le poteau ne veut pas dire qu'on est arrivé mais montre la direction à prendre. De même le stoppeur qui affiche ‘Nice’ ne prétend pas qu'il est à destination, il utilise ce panneau pour s'y rendre".
Ceci fait immédiatement saisir qu'il est totalement inutile de répéter trente-six fois cette formule, soit dans le but de s'en convaincre (ce qui serait illusion) soit pour la rendre efficace (ce qui demanderait beaucoup de temps et pourrait aboutir à l'effet inverse). Cette inutilité[15] de la répétition reste vraie en ce qui concerne l'ensemble des formules dans le Training.
La première semaine, on fera le 1er exercice trois fois par jour. La deuxième semaine, le 1er et le 2e exercice trois fois par jour, etc.
La formule utilisée est « mon bras droit (ou gauche) est tout à fait lourd » qu'on doit prononcer intérieurement une seule fois (se contenter de se rendre présent au bras sans s'efforcer d'éviter les distractions : elles sont normales et leur survenue n'indique pas un échec). Le patient peut s'aider d'une image visuelle comme celle d'un bras en plomb, ou sonore comme celle d'un gong ou d'un basson[16].
Ce premier exercice ne sera que d'une minute ou deux mais devra être fait régulièrement, sans aucune défaillance, trois fois par jour. A la fin de la séance, et cela restera vrai tout le long de l'apprentissage (et par la suite), une « reprise » est prescrite. Elle doit être fidèlement exécutée afin de revenir de l'état un peu vaporeux de la relaxation à une vigilance bien branchée sur le réel. On ne l'omet que si l'exercice est effectué au lit, comme entrée en matière du sommeil de la sieste ou de la nuit.
Cette reprise consiste à
Il arrive qu'on propose une reprise plus progressive[17]. Il s'agit alors d'exécuter au niveau d'une seule phalange d'un seul doigt, d'une seule main, le plus petit mouvement qu'on est capable de concevoir. Il est généralement éprouvé comme une sorte de déclic à mi-chemin du volontaire et de l'involontaire. Si le sujet a le temps, il peut s'adonner à ce mouvement inchoatif à tous les niveaux du corps. Il assurera ainsi progressivement la mise en marche de tous les segments osseux avec une ampleur croissante, faisant intervenir des « quanta » successifs de mobilisation[18].
On demande au sujet de noter à l'issue de chacune des séances effectuées à la maison l’heure, la durée de la séance, les sensations ressenties et tout ce qui lui paraîtrait intéressant.
Cet exercice pratiqué régulièrement amène, dans les meilleurs cas, une sensation de pesanteur dans le bras droit dès la première séance et la perception de cette pesanteur à d'autres niveaux dans les jours suivants. C'est déjà le signe d'une bonne décontraction que le thérapeute peut contrôler en mobilisant légèrement le bras[19]. Dans certains cas les résultats tardent à venir. Il n'y a pas lieu de s'en inquiéter puisque la relaxation survient toujours pourvu qu'on effectue les exercices avec régularité et persévérance. Suivant les cas, le moniteur de relaxation persistera dans le premier exercice, en attendant que le sujet obtienne une certaine détente musculaire, ou il passera à des formules de généralisation et aux exercices de chaleur. Quand le sujet peut vivre sa décontraction sans aucun trouble, on lui permet de prolonger l'exercice le temps qu'il le désire pour autant qu'aucune perturbation ne survient.
Je pense utile cependant de mettre en garde contre l’abus en indiquant une fourchette de durée : au moins cinq minutes, au plus quarante-cinq minutes.
La formule proposée sera « mon bras droit (ou gauche) est tout à fait chaud ». La personne pourra simultanément s'aider d'une représentation de bras chauffé (par le feu en hiver, par le soleil sur la plage, etc.). Ici aussi, il est impossible de forcer les choses. Il suffit d'attendre patiemment que la sensation se produise. Elle peut débuter par un tout petit coin du bras, par le bras tout entier, par une autre partie du corps. Parfois le sujet a déjà ressenti la chaleur pendant les exercices de pesanteur.
On peut mesurer une augmentation de la température de la peau de un degré ou un degré et demi. Elle est due à l'augmentation de la circulation sanguine à ce niveau.
Dans "L'Arlésienne " (ACTE II TABLEAU II SCENE II ), Alphonse Daudet nous montre combien la température des mains est liée à l'angoisse ou à la dépression .
Comme le dit l'adage ("mains froides, coeur chaud"), il est quelquefois vrai que certains sentiments soient liés à un état de stress. |
La température des membres est sous la dépendance d'au moins deux facteurs :
Entre les artérioles et les veinules, il existe un réseau de capillaires uniquement formés d’un endothélium . La circulation, en tel lieu précis du corps dépend de l’ouverture et de la fermeture de sphincters. La force de constriction des veines est plus faible que celle des artères.
Les vaisseaux sanguins sont doués d’une certaines contractilité. Les petites artères sont pourvues d’une enveloppe
« musculaire ». Le contrôle de ces muscles lisses vasculaires
dépend du système nerveux orthosympathique qui entraîne
une diminution de diamètre du vaisseau (vasoconstriction). Cette
vasoconstriction sert par exemple à la thermorégulation
: elle permet de retenir ou dissiper de la chaleur. L’irrigation d’un
tissu s’adapte ainsi aux besoins de ce tissu (via des mécanismes
mécaniques, immunologiques et métaboliques).
L’exercice de « membre chaud » du training autogène tend à diminuer le tonus vasomoteur de base ; c’est à dire à rapprocher le sujet d’un état dépourvu de stress. C’est, pour ainsi dire, le contraire d’un syndrome de Raynaud, dans lequel les vaisseaux se contractent et privent le membre du sang dont il a besoin. |
(qu'on peut intervertir avec le cinquième, surtout dans les cas où l'angoisse est localisée avec prédilection au niveau cardiaque).
On se représente le coeur et on ressent ses battements, ou le battement du sang à n'importe quel endroit du corps. On dit intérieurement « mon coeur bas calmement » (Geissman et Durand de Bousingen). On se contente de percevoir ses battements sans tenter d'en ralentir le rythme (qui de fait se ralentit peu à peu comme le montrent les études électro-cardiographiques).
Heartbeat cycle can influence stimulus-evoked
neural responses and stimulus perception. Moreover, individual heartbeats
themselves evoke cortical responses (the heartbeat-evoked potential) detectable
with precise electrophysiological techniques. A finding now suggests that
the brain’s response to heartbeats is influential in guiding reported
visual experience, such that the ability to accurately report the presence
or absence of a visual target is influenced by the brain’s heartbeat-evoked
activity. Excerpted from https://mail.google.com/mail/u/0/?ui=2&ik=962058c8dc&view=att&th=14500469c19a7602&attid=0.1&disp=safe&zw |
Il s'agit là aussi de se sentir respirer sans agir sur le rythme ou la profondeur de la respiration. On prononce intérieurement « ma respiration est tout à fait calme », ou encore « ça respire
(Schultz - Geissman et Durand de Bousingen).
On se représente une chaleur au niveau du plexus solaire et on se dit « mon plexus solaire "rayonne[20]" une douce chaleur ».
Mon front est agréablement frais ». On se représente la fraîcheur que ressent le front quand une petite brise souffle par temps chaud.
Cet apprentissage du cycle inférieur du Training Autogène demande de un à six mois d'exercice en moyenne. Le sujet peut s'adonner à la relaxation plus ou moins longtemps à chaque séance (de 5 à 20 minutes). Il ressent chaque fois un grand calme, la détente physiologique et une distanciation à l'égard des perturbations internes et externes[21].
Y. Ikémi (Colloque de Tsukuba) a utilisé un sensographe statique à trois points (San-EI) pour mesurer les mouvements inconscients du corps. Il a démontré qu'ils diminuent énormément après une pratique régulière du Training pendant trois mois, comparativement à des élèves n'ayant pas appris la technique.
Les effets sur l’E.E.G. ont été encore incomplètement étudiés. Suivant les cas, on observe soit un tracé de pré-sommeil (stade d'endormissement), soit une régularisation et une légère accélération avec augmentation de la fréquence principale du rythme alpha[22]. Ikémi a démontré le ralentissement du rythme, l'ensemble {delta + } étant significativement augmenté par rapport à l'ensemble {alpha + bêta}. Le même auteur a montré que le potentiel évoqué dans le cortex par des éclats lumineux était extrêmement réduit lors du training autogène. De même, on observe une modification de la réponse électrique du cerveau à des stimulations variées. Ces modifications différencient nettement l'état autogène du sommeil, de l'hypnose et de l'état neuroleptisé (distractibilité).
Le réflexe psychogalvanique (ou réaction électrodermale) mesure la capacité de la peau à conduire le courant électrique. On sait que l'émotion augmente cette capacité (la perception d'un bruit, par exemple). Pendant l'état autogène, on observe une diminution, importante de ce réflexe qui montre que le sujet concentré sur son corps devient moins sensible à ce qui se passe dans le monde extérieur[23].
Le simple usage de cette technique de base deux à trois fois par jour suffit, très souvent, dans les cas de spasmophilie, de phénomènes anxieux ou dépressifs, de troubles « fonctionnels » ou même « psychosomatiques ». Luthe[24] propose aussi d'utiliser des formules organo-spécifiques (F.O.S.) pendant l'état de « déconnexion organismique » procuré par les exercices précédents. Par ces formules le patient s'entraîne à percevoir comme pesant, chaud, frais ou fonctionnant normalement tel ou tel organe, telle ou telle fonction de l'organisme. Luthe fait état également de l'efficacité pratique de formules intentionnelles (F.I.) du type « le tabac m'est indifférent » ou « je sais que j'évite de manger entre les repas ». Chez l'introspectif permanent « je m’intéresse aux autres » ; etc.
G. Soubiran-Bonvalot retient[25] l'intérêt du training dans le surmenage professionnel des hyperactifs. Le TA. est également utilisé en cas de surmenage réactionnel à un traumatisme. Les résultats semblent moins évidents chez les hypocondriaques, « les caractériels », les « psychotiques ». Avec cependant quelques succès pour les deux dernières étiquettes. Les personnes de structure paranoïaque et les personnes souffrant de paranoïa caractérisée semblent bien profiter de cette technique[26].
Demangeat[27] en a montré la valeur dans les névroses d'angoisse et les névroses cardio-respiratoires (étouffement, tachycardie, etc.). Si le patient utilise le training autogène dans des séances prolongées, surviennent ce que Luthe appelle des « abréactions autogènes[28] », désignant par là toutes sortes d'expériences psychiques et neurophysiologiques permettant la décharge d'énergies localisées à telle ou telle zone cérébrale en connexion avec telle ou telle zone du corps et telle ou telle expérience traumatique. Vittoz avait déjà souligné des phénomènes analogues par simple concentration sur une région (émissivité[29]).
Nous avons indiqué un rapprochement possible avec le phénomène d'imposition des mains chez les guérisseurs, les sectes charismatiques et en parapsychologie[30]. On retrouve des choses similaires en Yoga et en bioénergie[31] (comme par exemple lorsqu'on se concentre, aidé par le thérapeute, sur une cicatrice). Janov a signalé lui aussi des phénomènes cathartiques qui peuvent en être rapprochés[32].
On observe certaines modifications du schéma corporel évoquant ce qu'éprouve le Yogi[33] avancé au cours de l'accès aux « siddhis » (les « pouvoirs » du Yoga) impression de légèreté, de lévitation, de sortir de son propre corps, etc. Dans toutes les formes de méditation, d'oraison, de contemplation (etc.), peuvent survenir des phénomènes visuels, auditifs ou des modifications du vécu corporel analogues à quelques-unes des abréactions décrites par Luthe.
Au niveau pratique, l'utilisation du Training Autogène de premier degré nécessite du côté du thérapeute qu'il en ait vécu lui-même l'expérience et qu'il ait eu l'occasion de discuter de ses premières cures (en tant que moniteur) avec un praticien expérimenté ou dans le cadre d'un groupe de type Balint. Il peut s'agir d'un médecin généraliste, d'un psychologue, rééducateur de psychomotricité, kinésithérapeute, sage-femme, infirmière, ou de tout autre personne possédant quelque culture psychologique et la formation didactique idoine. On trouvera d'autres informations très utiles sur le site "Passeport Santé".
Cette expérience a été menée par Mme Stringaro, infirmière spécialisée
1- Dans un Hôpital de jour pour personnes âgées présentant des difficultés ou troubles psychotiques de plus de 60 ans.
2- Dans un Hôpital de jour d’un secteur géographique, recevant essentiellement des psychotiques (plus quelques troubles névrotiques).
3- au Centre Hospitalier Spécialisé, surtout des pathologies névrotiques.
- Dans chaque lieu une fois par semaine en groupe mais aussi quelques prises en charge individuelles individuelles, toujours sur prescription du médecin.
- Méthodes employées, Training Autogène, Relaxation dynamique 1er et 2eme degré, méthode anti stress.
- Les psychotiques sont demandeurs des séances, expriment surtout de la détente qui persiste toute la journée, les douleurs qui disparaissent, de la récupération après une mauvaise nuit, de la baisse d’agressivité.
- Certains trouvent les séances simples, mais n’arrivent pas à refaire les séances chez eux, expriment le besoin d’un support vocal.
Les patients, ayant surtout des troubles névrotiques expriment du bien être,une meilleure concentration, font les séances chez eux, beaucoup pour s’endormir, d’autres le matin à leur réveil, et certains régulièrement.
- Les patients délirants, sauf les schizophrènes, sont dispensés des séances, avec l’accord de l’équipe pluridisciplinaire, pour éviter une re-émergence de leur délire.
Propos recueillis quant au ressenti pendant les séances de relaxation :
Francis L : Je n’y crois pas, ça ne m’apporte rien. J’attends, je ne ressens rien, je viens par respect, je n’essaye pas de refaire la relaxation à l’appartement communautaire.
Géraldine B : Ça me détend pendant la séance. La détente dure jusqu’au soir, ça ne change rien le reste du temps. Si on en faisait tous les jours ça me plairait.
Sylvie B : Moi ! ça me relaxe, c’est bien parce que c’est pas trop long ( 10-15 mn ), plus détendu à la fin de la matinée. Contente car ce n’est pas difficile. Ça ne fait pas longtemps que j’en fais. (Ne le refait pas chez elle).
Sylvie L :J’aimerais que ça dure longtemps car je suis angoissée, j’aimerais que ça me calme. Ça me fait du bien, je suis contente de la faire, ça me permet de ne pas m’énerver. (fait la relaxation à la maison sur un tapis).
Jacques B : Je ne le fais pas. Je pense à autre chose. Des fois j’écoute. Je le faisais avant, ça ne m’apporte rien, c’est comme si j’étais au lit.
Philippe G : Ça dure 5 minutes, ça marche, puis j’ai un silence dans mon organisme, ça me met en paralysie, j’ai le bras qui se baisse direct, ça me fait peur. Je ne pense à rien, je n’aime pas ça, ça me fout la trouille. Un jour j’ai peur que l’animatrice profite de nous, ne nous fasse pas revenir. J’ai peur.
Azziz A : Moi, ça me relaxe, j’aime bien que ce soit en groupe. Plus difficile à la maison, seul. Ça m’apporte du plaisir au moment ou je la fais. J’essaye de me concentrer, de suivre ce qu’elle dit, mais parfois j’ai des images, je me vois ailleurs ( soleil, bonnes images ).
Jacques M : Ça me relaxe, ça me fait du bien. (Ne la refait pas à la maison, je ne saurai pas le refaire seul).
René D : Ça me relaxe, ça me détend, ça m’enlève les contractions
du poignet. Je le refais de temps en temps le matin au réveil.
Thérapies et Confiance Critique
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En fait, l'hypnotisabilité, comme l'a montré Eysenck, dépend de plusieurs facteurs :- le névroticisme la renforce- le psychoticisme la diminue- il existe une faculté idéo-motrice, variable suivant les individus, indépendante des deux premiers facteurs, qui rend solidaire de façon plus ou moins intense la représentation et son exécution.
A. et C. Jus. « Etudes polygraphiques de la relaxation », ler Congrès de médecine psychosomatique. C.R. 2 ; 2, pp. 179-181.
Les modifications du schéma corporel sont subjectives, non observables par un appareil photographique. Dans l'expérience des siddhis, la lévitation serait objective. Il est notable qu'il s'agit d'élévations cathartiques chez les siddhas fous rires, cris, etc. Jusqu’à ce jour, aucune action non conventionnelle sur la gravité n’a été mise en évidence : il s’agit de sauts à mécanisme musculaire.