Dr Bernard Auriol
fere libenter homines id quod volunt credunt
Caïus Julius Caesar
of all things that are certain, the most certain is doubt
Bertold
Brecht
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L'illusion est à tous les tournants de l'effort de connaître. Elle mine la perception, se marie à l'imagination, se fait complice du sentiment, est au soupçon du doute et donne sa force à tous les dogmatismes. C'est dire qu'elle intéresse non seulement le philosophe, l'épistémologue ou l'historien, mais aussi le sociologue, le psychologue et le psychiatre.
Du latin de basse époque "illusio", "illusorius". Le mot venait de "illudere" qu'on peut traduire par "se jouer de". Le mot "illudere" vient à son tour de "ludere" et "ludus" qui signifie "jouer en acte" par opposition avec "iocus" qui se rapporte aux "jeux de mots", aux "plaisanteries". Le pluriel "ludi" sert à dénommer "les jeux" qui avaient un caractère religieux ou officiel, notamment les jeux donnés en l'honneur des morts (origine étrusque).
Curieusement "ludi" est devenu "scolaire" de telle sorte que "ludi magister", mot à mot "maître des jeux", a désigné le maître d'école !
Au sens premier de "ludere", jouer s'est greffé celui de "singer, imiter par jeu", d'où "se jouer de, se faire un jeu de". Cela a donné "ludibrium", moquerie, dérision, objet de moquerie.
On aura pour dérivé "alludere", "faire allusion, effleurer de manière badine", ou "eludere" exclure du jeu.
Nous sommes dès l'abord perceptif soumis à des illusions dites "sensorielles" ou par l'effet de substances chimiques, d'actions électro-magnétiques, etc..
L'hypnose permet de faire surgir une plaie ou de modifier une réaction immunologique (par rapport à la tuberculine). Ces recherches plutôt confidentielles, qui intéressent notamment les hagiographes des stigmatisés ont débouché sur la conception et le recours universel au double-aveugle en pharmacologie. Ceci afin d'éviter qu'un effet placebo ou nocebo ne soit faussement attribué à une substance testée.
Jean-Jacques AULAS, psycho- pharmacologue clinicien, auteur de : « Les médecines douces. Des illusions qui guérissent » (Odile Jacob. 1993) et « Placebo. Chronique d'une mise sur le marché » (Science infuse. 2003) a développé sa réflexion sur l'effet placebo au point d'y voir l'unique explication de l'homéopathie, de l'acupuncture, de l'ostéopathie, des techniques hypnotiques et de bien d'autres pratiques, qu'il qualifie de charlatanesques, sans pour autant contester leur efficacité.
L'effet placebo met en évidence, le pouvoir inconscient du cerveau sur la physiologie et à travers elle la pathologie. Il est d'autant plus actif qu'il met en jeu notre inconscient.
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Il pense à aller à droite et sa chaise y va, à gauche et elle le fait. Transmission de pensée ? Psychokinèse entre le cerveau et la chaise roulante ? Comment expliquer ce pouvoir du tétraplégique ?
C'est qu'il bénéficie d'une connexion entre son électroencéphalogramme, un ordinateur et le moteur de sa chaise !
"Une équipe de l'Université des Télécommunications de Tokyo a créé un prototype de chaise roulante automotrice contrôlée par les ondes mentales de son passager. Un casque composé de 13 capteurs recueille, à la manière d'un électroencéphalogramme, les ondes du pilote, puis un ordinateur compare les données à un modèle-type d'onde stocké en mémoire. Si le signal recueilli est analogue à une onde-type spécifique (" se déplacer vers la gauche "), l'ordinateur transmet l'information au système de propulsion et de guidage de la chaise roulante. Le professeur TANAKA Kazuo, responsable du laboratoire, indique que le système affiche un taux de réussite de 80%. Même si la chaise roulante est pour l'instant peu précise, le procédé pourrait bénéficier à de nombreux tétraplégiques, mais aussi trouver des applications dans le monde du jeu vidéo et des loisirs". ( Cette information est un extrait du BE Japon numéro 416 du 14/09/2006 rédigé par l'Ambassade de France au Japon. Les Bulletins Electroniques (BE) sont un service ADIT et sont accessibles gratuitement sur www.bulletins-electroniques.com).
Il s'agit sans doute de se tromper soi-même pour des raisons émotionnelles, telles que l'enthousiasme, le découragement, la passion magique ou iconoclaste, etc... liées à différentes formes de centration de l'attention mues par la peur, le désir, l'action en cours, la volonté de puissance, les sentiments d'amour ou de haine, la crainte d'être floué, la passion de la vérité ou de l'unité, etc...
L'illusion peut être résultat de tromperie, de mensonge et perdurer toute une vie, par exemple, au sein de la famille, l'illusion de paternité (cf. Marcela Iacub, Les illusions de la famille, CNRS)
On se souviendra de cet accrochage dans lequel Jean Racine découvrit que son adversaire n'était autre que Pierre Corneille. Ils parvinrent à en faire le constat et qu'ils étaient de bonne foi. Mais le premier mouvement fut de croire à une mauvaise plaisanterie ! Pourtant chacun des deux savait d'expérience que les parents ne résistent pas toujours à donner à leur progéniture un prénom trop évocateur ! Mais peut-être chacun pensait-il que cet amusement avait quelque chose d'insupportable et devait être fort rare, au point de rendre improbable une telle rencontre ! Qui pourtant eu lieu, et sans machination aucune !
Les illusions du rêve dont on ne peut se rendre maître, sinon à les oublier ou en déformer le souvenir se retrouvent affaiblies dans la rêverie qui peut davantage se soumettre à la censure de la logique et de la morale; on en a tiré l'outil thérapeutique du rêve éveillé plus ou moins dirigé comme l'a suggéré Desoille. On voit ici la très grande parenté du rêve et du jeu.
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Un pas vers le collectif, et nous voici face au mythe, à la fable, au conte de fée. Rêverie avalisée par les générations, jeu collectif sans cesse enrichi des nervures imaginales, des fioritures littéraires, de l'expérience des vieilles gens au contact des plus jeunes. Ainsi se construit une sagesse dont Bettelheim a bien vu qu'il serait aberrant d'en priver les petits blancs d'Afrique du Sud au prétexte que ces histoires de bonne femme véhiculent attitude irrationnelle et superstitions.
Eric Berne, dans ses travaux d'Analyse Transactionnelle, a montré qaue nombre de symptomes psychologiques, notamment ceux qui mettent en scène une ou plusieurs relations entre individus, sont analysables en les comparant à des jeux dont il convient de repérer les règles implicites.
Nous n'en sommes pas dupes mais nous en sommes friands. Body buildind, dopages de toutes natures, fards et maquillages, grands yeux au prétendu désir de la belladone, chapeaux hauts et tailles basses, talons aiguilles
Pour les exégètes des textes sacrés comme pour les psychanalystes, devant les opacités du texte ou de la parole, on est conduit à se munir d'interprétation. Qu'est ce qui est dit ? Dans quel "style littéraire", pour dire quoi, etc... On fait oeuvre de détective, confrontant le récit yahviste au récit élohiste de la Genèse, dévoilant le désir inconscient derrière la dénégation, etc...
Tout serait pour le mieux, comme dans le Meilleur des Mondes, s'il s'avérait que ces démarches n'ont rien de délirant. De fait, il pourrait se faire que ces mécanismes paranoïaques, qui permettent au délirant de montrer qu'il est un génie méconnu ou l'objet d'une persécution généralisée, soient sournoisement, subtilement à l'oeuvre dans bien des positions herméneutiques, sinon sur tous les fronts scientifiques, politiques ou philosophiques.
On a très justement dit que toute traduction est une trahison. Mais l'interprétation étant une forme sophistiquée de traduction, elle échappera difficilement à être elle aussi une trahison, une source d'amères désillusions. Le traitre en réchappera-t-il ? Ou bien, à l'abri de sa bonne foi, et à condition de ne pas être porteur de nouvelles trop mauvaises, lui pardonnera-t-on d'avoir sans qu'on le veuille dit quelque semblant de vérité ?
André BOUCHER nous fait réfléchir à: « la véracité des sons » : l'enregistrement sonore scientifiquement exact de toutes les informations constituant un évènement sonore n'est physiquement pas possible. La prise de son et la reproduction sonore sont un « art d'illusion ». On se persuade à peu de frais que l'enregistrement étant réalisé par le truchement d'appareils dépourvus de sensibilité et d'imagination, on peut obtenir un "double exact" de la scêne sonore ou visuelle. Mais quelqu'un doit choisir l'appareil, le placer, ou le déplacer, fixer des limites de temps, etc... Le preneur de son, le photographe, le cinéaste sont - qu'ils le veuillent ou s'en défendent - des artistes; ils pourront pencher vers le réalisme, l'hyper-réalisme, l'abstrait ou l'impressionnisme, il s'agira dans tous les cas de leur implication subjective en regard d'un objet qui serait autre dans les mains d'un autre !
Face à l'inexplicable, les hommes comme les femmes ont essayé de comprendre; et c'est objet de stratégie !
Jeudi 20 Janvier 2005
Télépathie aviaire en Amazonie?En juillet 1998, lors d’une expédition en Amazonie, un chercheur fut témoin d'un étrange phénomène. "Depuis une position où une vaste étendue de la jungle amazonienne s’étendait sous ses yeux, il assista soudainement au brusque envol d’une multitude d’oiseaux, de toutes espèces à la fois en trois ou quatre endroits très précis de la foret, distants de quelques kilomètres les uns des autres, et en ces endroits seulement."
Comment comprendre cette coincidence ?
"Le passage d’un prédateur pourrait expliquer un envol, mais non plusieurs aussi éloignés ; un phénomène atmosphérique (rafales de vent) ou telluriques (tremblement de terre) aurait des effets beaucoup moins localisés ; un mécanisme comportemental (migration, rituel d’accouplement) ne serait pas aussi synchrone et ne concernerait pas toutes les espèces simultanément."
A la recherche d’une hypothèse raisonnable, c’est avec stupéfaction que le scientifique observa par deux fois encore, dans l’heure qui suivit, la meme incompréhensible manifestation. Mais elle ne se répéta pas dans la journée, ni au cours des suivantes, malgré une attention de tous les instants.
S'agissait-il de télépathie entre oiseaux ?
De retour en ville il apprit que ce matin-là (ui était l’après-midi à Paris), la finale de la Coupe du monde de football avait vu la France battre le Brésil par trois buts à zéro. "Les clameurs du stade de France avaient été relayées jusqu’au fond de la foret amazonienne par les Indiens qui, dans leurs campements, suivaient avec la meme passion le match sur leurs transistors. C’étaient les cris du Stade de France lors des buts, qui avaient provoqué l’effroi et l’envol des oiseaux en Amerique du sud". (lire le texte intégral)
Elles nous sont bien connues depuis le lycée ! On peut jouer avec, par exemple en utilisant une programmation en flash : témoin, le travail de Vincent Cruble.
En 1981, Isia Leviant a peint Enigma : l’œuvre représente des cercles concentriques colorés sur fond de rayures noires et blanches. C’est devenu une célèbre illusion optique : en la regardant, il semble que les cercles sont en mouvement, selon un circuit à vitesse variable. Susana Martinez-Conde et ses collègues (Institut de neurologie Barrow, Arizona) viennent de montrer que cette illusion est due à des mouvements très rapides des yeux appelés microsaccades. Trois sujets ont regardé Enigma pendant qu’une caméra analysait les mouvements de leurs yeux, à raison de 500 enregistrements par seconde. Ils devaient signaler quand le mouvement circulaire semblait ralentir, s’accélérer ou stopper. Une fois calculé le temps de décalage entre le signalement et les mouvements oculaires, il en ressort que l’illusion est bien corrélée aux microsaccades, d’autant plus intense que celles-ci sont fréquentes. Mais on ne sait pas au juste ce qui produit ce mouvement rapide. |
Les illusions perceptives nous mettront en garde contre la précipitation du jugement, notamment le travail tout récent d'Aude Oliva et coll. qui, en jouant sur les fréquences spatiales sont bien aptes à nous faire prendre les vessies pour des lanternes, les hommes pour des femmes, les coléreux pour des gens tout sourire !
Regardez cette image de votre chaise face à l'écran de
l'ordinateur, M. Colère est sur la gauche et Mme Calme est sur
la droite. Cette illusion, utilisant un mixage de hautes et basses fréquences visuelles, a été créée par Phillippe Schyns et Aude Oliva de l'Université de Glasgow. Elle suggère qu'il se peut que nous ne voyions pas toujours ce qu'il y a réellement devant nous... |
Prenez 10 secondes maxi pour le faire. Vous regarderez ensuite le résultat plus bas sur la page :
Comptez le nombre de 'F' dans le texte suivant : +++++++++++++++++++++++++++ |
C'est fait ?
Ne faites défiler la suite que si vous avez fini de les compter!
OK ?
Combien ?
Trois ?
Faux, il y en a six - Revenez plus haut et comptez encore!
Le cerveau ne traite pas le terme 'OF' trop banal en anglais...
Quiconque compte les six 'F' du premier coup est une exception, quatre ou cinq
est plutôt rare, trois est normal.
C'est que certaines illusions sont liées à notre capacité d'extraire du sens sans nous focaliser sur les détails non pertinents.
Un correspondant nous communique ce fichier pps relatif à l'illusion latérale kinesthésique. C'est assez intéressant !
Si l'un de vous connait l'auteur de cette oeuvre,
qu'il veuille bien nous en informer
afin d'en mentionner la provenance.
Nombre d'illusions circulent sur le web, voir par exemple : illusions-optiques (visible sous visionneuse powerpoint).
Un large panorama des illusions optiques sont proposées par le Dr JM Muratet.
La belle illusion d'optique naturelle des côtes inverses fait croire au témoin que telle route monte dans une direction; si on laisse un véhicule en roue libre sur cette route, il se meut spontanément et semble remonter la pente. Il s'agit d'une illusion : de fazit, la route monte dans la direction inverse de ce que nous croyons observer. Voir : le mystère de Lauriole
Maurits Cornelis Escher (1898 – 972), a proposé
des dessins qui nous mettent devant une figure impossible car l'interprétation
des parties de l'image est en contradiction flagrante avec son ensemble
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Celles qu'ont proposé les compositeurs :
"Les illusions auditives illustrent le travail d'interprétation réalisé par le système perceptif : dans ce cas, l'inférence effectuée sur la base des informations disponibles est incorrecte et conduit à la perception d'un objet sonore fictif. (...) Les sonates et partitas pour violon seul de J.-S. Bach offrent de nombreux cas remarquables d'illusion auditive : l'auditeur perçoit assez clairement la présence de deux violons jouant dans des registres différents bien qu'il n'y ait en fait qu'un seul violoniste jouant très rapidement des notes alternativement graves et aiguës. De la même façon, en jouant une même mélodie dans plusieurs familles d'instruments, Ravel dans le Boléro, réussit à détourner l'oreille de la perception d'un ensemble de timbres différents et à l'orienter vers la perception d'un timbre unique aux qualités chatoyantes et nouvelles qui provient d'une source sonore virtuelle". d'après Stephen McAdams et Emmanuel Bigand, "Introduction à la cognition auditive" in "Penser les Sons: Psychologie Cognitive de l'Audition, Oxford University Press, Oxford 1993"
Celles des musiciens traditionnels
Ces illusions dont jouent les orchestres populaires tyroliens : l'un intercalant ses notes dans la transition entre les notes de son compère, ce qui produit des effets surprenants d'agilité et qu'un seul ne pourrait jouer.
Les illusions construites scientifiquement
Plus extraordinaire encore : les sons paradoxaux de Jean Claude Risset ; ils ont l'air de devenir de plus en plus aigüs, sans fin (!) ou de plus en plus graves.
De même, les erreurs de localisation dans l'illusion d'octave ou celle des demi-gammes proposés par Diana Deutsch.
Voir aussi : http://users.skynet.be/illusionsauditives/premiere%20page.htm
Toutes ces illusions sont à rapprocher de la notion de paréidolie :
• Pareidolie La pareidolie (du Grec ancien para- <=> à côté de, près de et eidolon, diminutif d'eidos apparence, forme) est un phénomène psychologique, impliquant un stimulus vague et indéterminé, souvent visuel, plus ou moins perçu comme reconnaissable.
On peut distinguer
Cf. l'article de Wikipédia Fr |
La psychiatrie se trouve affrontée de manière déterminante au problème des illusions, notamment celles qui apparaissent comme éminemment pathologiques : hallucinations, délires.
Tout comme dans l'hallucination ou les visions mystiques, il s'agit de perceptions dont l'objet n'existe pas à l'extérieur du sujet percevant. Il y a cependant une différence entre l'hallucinose et l'hallucination : celui qui éprouve une hazllucination a beaucoup de difficulté à la départager de son expérience de la réalité objective externe, alors que le sujet victime d'une hallucinose la critique, se rend compte qu'elle ne correspond pas à une réalité extérieure. Du point de vue médical, l'hallucination peut être diminuée ou disparaitre grâce à des médicaments psychotropes appropriés ; l'hallucinose est souvent due à une cause neurologique et on doit rechercher une cause neurologique éventuelle : pour cela le médecin pourra s'appuyer sur un examen soigneux des réflexes et des examens complémentaires : EEG, Scanner, etc...
la synesthésie est une "vieille lune" pourrait-on dire.
Il ne s'agit pas d'une perception élargie mais plutôt d'une confusion des genres .
Chaque modalité sensorielle a sa propre spécificité :
etc
Si les informations issues d'un de ces champs perceptif envahit un autre champ, nous appelons ça synesthésie :
par exemple, écoutant de la musique, nous voyons des couleurs, comme si chaque son stimulait notre oeil !
Il peut s'agir d'une spécificité du fonctionnement neurologique de certaines personnes, mais tout un chacun peut faciliter ce type d'erreur sensorielle en utilisant un produit approprié, par exemple le di-éthyl-amine de l'acide lysergique (LSD) !
Alfred Korzybski a montré que notre capacité de parler est liée à notre capacité d'abstraire, de désigner par des mots hiérarchiquement ordonnés du plus basique concret à l'abstrait le plus général (par exemple la Vérité, le Bien, le Beau, etc). Plus on monte dans la hiérarchie de ces concepts et plus on prend le risque du malentendu avec la très forte illusion que si l'autre nous comprend de travers, c'est qu'il triche ou se trompe. Il ne reste plus qu'à lui faire la guerre qui revient à être un jeu de dupes. Tous les croisés et peut être leurs cibles partagent cetype d'illusion.
Celles du prophète inspiré qui croit transmettre la parole divine ou de ses disciples qui adhèrent à sa conviction... On découvre ici la bizarrerie de tromperies réalisées pour servir la Vérité - il est vrai avec un grand V -. On forge des preuves pour une vérité qui pourrait être mise en doute. Pour servir la conviction convenable d'autrui on lui présente de faux indices, d'arguments sur mesure: on en a même fait une véritable discipline intellectuelle, l'apologétique. On crée une hagiographie ou foisonnent les miracles et l'héroïsme des vertus, on écrit des livres de légende, des histoires de chevalerie. On crée le bon Père Noël ou le généreux Saint Nicolas avec son comparse "fouettard" pour promouvoir la bonne conduite et la bonne éducation, fut-ce au prix d'un gros mensonge et d'un théatre familial ou institutionnel assorti d'affirmations légendaires, de folklore, etc
On invente les "arguments ad hominem" qui tentent de disqualifier l'adversaire au nom de "révélations" sur sa vie privée. On exagère les "hauts faits de Dieu", lui attribuant telle ou telle victoire sur le parti du mal en faveur des bonnes croisades, on insiste sur les bienfaits des méfaits (la colonisation, les croisades, le pillage des trésors archéologiques ou des richesses minières, les vertus "globalement positives" d'un système à la fois idéal et inique, l'aspect moteur - si même accidentogène - de la libre concurrence économique sans foi ni loi.
Les créateurs religieux sont légion, plus sans doute que les démons habitant le corps des porcs ! Il est d'autant plus remarquable de lire la biographie de Jiddu Krishnamurti (1895-1986) qui nous met sous les yeux l'illusion refusée par faux prophète en refus du mensonge. Cet Instructeur du Monde annoncé par les Théosophes, qui - au delà de la formation reçue d'eux , pendant onze ans) qui le consacrait comme nouveau Messie, dernier Prophète - rejeta ses éducateurs inspirés et bien intentionnés, déclara que "la vérité est un pays sans chemin" (au moins affirmait-il ne pas être "la Voie, la Vérité et la Vie" !
Certaines approches religieuses tendent à disqualifier la "réalité" de l'expérience des sens, qualifiant tout phénomène d'illusoire : le monde, tel que nous le fréquentons ne nous donne accès qu'à sa superficie, qui se présente comme un jeu chatoyant sans consistance (lila).
Au cours de l'évolution d'un petit groupe (de 4 à 20 individus) les psycho-sociologues ont mis en évidence une dynamique du groupe qui lui fait parcourir plusieurs étapes affectives, allant notamment de la dépendance à l'autonomie en passant par la contre-dépendance.
René Kaës fait l’hypothèse d’un appareil psychique groupal, étayé sur les appareils individuels et sur les institutions sociales et culturelles. L’appareil psychique familial en serait la forme de départ.
Didier Anzieu pense que certaines métaphores (par exemple celle du corps et de ses membres, de lavigne et de ses sarments, etc) permettent aux individus de gérer leurs craintes du morcellement. Les individus ont en effet tendance à s'identifier à leur groupe d'appartenance (symbolisé par un animal totem, un drapeau, etc.). Ce qui brise le fonctionnement harmonieux du groupe et qui le menace est alors vécu comme menaçant pour les individus eux-mêmes. Ils peuvent lutter contre ce danger par différents procédés tels :
L’illusion groupale, ou tendance à un état fusionnel collectif exaltant qui fait pendant à des fantasùes archaïques de destruction. (Ce fantasme est lié à une autre illusion, celle que le groupe est un monstre dévorant destructeur de ses propres membres.
Comme l'individu, le groupe sécrète des scénarios imaginaires d ’accomplissement de désirs, : eldorado, reconquête d’un lieu saint, embarquement pour Cythère. !
Béjarano a montré que dans le groupe comme dans la dyade mère-bébé, il y a une tendance au clivage entre un bon objet et un mauvais objet : ke groupe tend à cristalliser
Ainsi, le groupe génère sur lui-même, pour les autres ou pour lui-même des illusions qui lui sont spécifiques :
Elles ne sont de nulle part mais on ne peut leur refuser de nous guider vers quelque part; sans ces illusions de lendemains qui chantent, d'eschatologie radieuse, de paradis au bout du tunnel, ne nous arrêterions nous pas à refaire demain ce que nous avons fait hier ?
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Même la foi la mieux chevillée à l'âme ne peut présenter de certitude que révélée, transmise par ceux qui n'en sont pas revenus..Nous sommes mortels, comme toute âme vivante. Aussi éloigné soit-on de toute religion, voire de toute religion, on n'arrive pas à y croire ! On n'arrive pas à s'y faire !
Y ?
y désigne souvent la partie imaginaire d'un nombre complexe: z = x + i y
Le plus déterminé des athées montre dans son comportement, et vit dans sa subjectivité que ça va continuer. Même s'il revendique sa fin de vie, il veut laisser un zeste de soi-même, rédiger un testament, donner un dernier avis, s'assurer qu'on l'aime et qu'on l'aimera encore par dela l'au delà. "Au delà", c'est dire une frontière entre deux régions, qu'avec la fin de la vie biologique se sera une autre région de l'être, fut-ce le vide auquel on s'attend. Seriez vous le phénix, n'essayez pas d'être immortel, vous n'y parviendrez pas !
"do not try to live forever. You will not succeed"
George Bernard Shaw
Sans parler de l'autobiographie dont on sent facilement qu'elle ne dévoile que pour mieux celer, il sera nécessaire de demander aux historiens, archéologues, paléontologues et autres astrophysiciens de quelles dérives surgissent les continents de la légende, de l'hagiographie. Comment doit on faire pour enregistrer le canonique et brûler l'apocryphe ?
La construction de la science et sa prétention à la vérité théorique se désillusionne sans cesse des déconvenues de l'expérience. Cette déception renouvelée en permanence aiguillonne notre pensée, notre logique et notre imagination.
A Failure to Forget Melissa McCartney Students with science misconceptions often have a hard time giving them up, especially if they have held them for a long time. When students are exposed to scientific evidence that conflicts with their earlier theories, what happens? Are the previous misconceptions overwritten or merely suppressed? Shtulman and Valcarcel devised and implemented a novel speed-reasoning task to investigate this question. Using software designed to record the speed and accuracy of answers, 150 college undergraduates, who had completed an average of 3.1 college-level math and science courses, verified 200 statements about natural phenomena (20 statements in 10 areas of science such as evolution, mathematics, etc.). Participants were slower at verifying inconsistent statements than consistent ones, verified true statements faster than false statements, and were more accurate in domains where conceptual change occurs early in life, such as fractions, than they were for domains such as evolution, where conceptual change occurs later. These findings imply that although early, incorrect theories are suppressed by scientific theories, they are not truly replaced by them. This suggests that science instruction may benefit from helping students reanalyze their misconceptions rather than expecting students to simply forget them. Cognition 124, 209 (2012). |
Et s’il nous plaît d’être trompés
!
(Philippe Boulanger )
Par exemple celles des effets spéciaux au théatre ou au cinéma, l'usage du maquillage, des fards, de la chirurgie esthétique, des vêtements, insignes, décorations. Il s'agit de faux-semblants qui ne trompent qu'à demi. De même les arts de la scêne, non seulement celui du prestidigitateur ou du magicien qui obtient la complicité de son public pour lui présenter ses tours, mais aussi celui de l'hypnotiseur en complicité avec l'hypnotisé. Les arts en général, par exemple la peinture - et pas seulement le trompe-l'oeil - par exemple la danse, l'opéra, la musique, le théatre font usage d'artifices qui ne sont trompeurs que par notre goût du rêve, notre aspiration à un ailleurs ultra-mondain.
Ces illusions sont pour séduire, pour arracher des soupirs ou des applaudissements.
Ces illusions jouent de bien des façons pour obtenir un effet inattendu, quasi miraculeux !
L'illusionniste table sur la coopération du spectateur; il n'a pas forcément besoin de payer des comparses; en effet les spectateurs viennent à son spectacle pour "se faire avoir", pour être trompés, sachant qu'"il y a un truc", même si ce truc est très difficile à déceler
Par exemple, Gary Kurtz joue parfois à laisser planer le doute sur l'existence ou non de trucs pour certaines de ses prestations; quitte à corriger le tir si on l'en interroge ou à crever la baudruche par un titre de spectacle plus lisible (ci-contre) ! | |
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Les grands illusionnistes et prestidigitateurs (tel
Juan Tamariz ci-contre, que j'ai eu l'extrême bonheur de recevoir
chez moi, d'assister à ses tours en close-up et d'en rester bouche-bée)
nous émerveillent de notre complicité à les laisser
nous berner avec humour et sans prétendre au paranormal : juste
un truc dont profitent nos yeux écarquillés ! |
Ne sommes nous pas complices ? => | http://www.huffingtonpost.com/katja-brose/how-did-he-do-that_b_3728451.html |
On en trouvera des exemples étonnants sur le site "thoreking" :
http://thoreking.free.fr/zetetique/media/videos/magic/illusion-vitre.wmv
http://thoreking.free.fr/zetetique/media/videos/magic/criss-angel-window.wmv
http://thoreking.free.fr/zetetique/media/videos/magic/illusion-anneaux.wmv
http://thoreking.free.fr/zetetique/media/videos/magic/illusion-valise.wmv
On verra aussi avec intérêt le film de de Richard Wiseman : "changement de couleurs"
On pourra voir avec intérêt une illusion "parapsychologique" sur internet ici et là.
« Ce que l'on appelle l'opinion commune est, à y bien regarder, l'opinion de deux ou trois personnes ; et nous pourrions nous en convaincre si seulement nous observions comment naît une telle opinion. [Comme pour le ragot], nous verrions alors que ce sont deux ou trois personnes qui l'ont admise ou avancée ou affirmée, et qu'on a eu la bienveillance de croire qu'elles l'avaient examinée à fond ; préjugeant de la compétence suffisante de celles-ci, quelques autres se sont mises également à adopter cette opinion ; à leur tour, un grand nombre de personnes se sont fiées à ces dernières, leur paresse [ou séduction] les incitant à croire d'emblée les choses plutôt que de se donner le mal de les examiner. Ainsi s'est accru de jour en jour le nombre de ces adeptes paresseux et crédules [et séduits] ; car une fois que l'opinion eut pour elle un bon nombre de voix, les suivants ont pensé qu'elle n'avait pu les obtenir que grâce à la justesse de ses fondements. Les autres sont alors contraints de reconnaître ce qui était communément admis pour ne pas être considérés comme des esprits inquiets s'insurgeant contre des opinions universellement admises ou comme des impertinents se croyant plus malins que tout le monde. Adhérer devint alors un devoir. Désormais, le petit nombre de ceux qui sont capables de juger est obligé de se taire ; et ceux qui ont le droit de parler sont ceux qui sont absolument incapables de se forger une opinion et un jugement à eux, et qui ne sont donc que l'écho de l'opinion d'autrui. Ils en sont cependant des défenseurs d'autant plus ardents et plus intolérants. Car ce qu'ils détestent chez celui qui pense autrement, ce n'est pas tant l'opinion différente qu'il prône que l'outrecuidance qu'il y a à vouloir juger par soi-même - ce qu'ils ne font bien sûr jamais eux-mêmes, et dont ils ont conscience dans leur for intérieur. Bref, très peu de gens savent réfléchir, mais tous veulent avoir des opinions ; que leur reste-t-il d'autre que de les adopter telles que les autres les leur proposent au lieu de se les forger eux-mêmes? Puisqu'il en est ainsi, que vaut l'opinion de cent millions d'hommes? Autant que, par exemple, un fait historique attesté par cent historiens quand on prouve ensuite qu'ils ont tous copié les uns sur les autres et qu'il apparaît ainsi que tout repose sur les dires d'une seule personne. »
in Arthur Schopenhauer, « L'art d'avoir
toujours raison », 1830 (Mille et une nuits)
cité par Jean-Louis Racca (mars 2006)
Nous faisons ici référence à l'escroquerie, au mensonge utilitaire, à la calomnie. Il s'agit de tromper autrui, de l'amener à quelque illusion à des fins personnelles. Notons au passage que ce type d'illusion est lui-même basé sur une illusion très générale à laquelle souscrit le ruffian : il trompe autrui pour servir son ego car il se croit totalement séparé de lui et ne perçoit pas la solidarité fondamentale des êtres humains et des êtres en général.
La parenté la plus obvie rattache l'imaginaire à l'illusion. Le réel serait plutôt du côté de la désillusion si l'hallucination ou le délire ne le faisaient soudain - parfois - basculer. Quant au symbolique, il appert de la sémantique générale que plus il s'algébrise et plus il engendre ce pour quoi il n'est pas fait : l'incompréhension.