"Erreur de ceux qui font naître la perception
de l' ébranlement sensoriel proprement dit
et non d' une espèce de question posée à notre activité motrice ....
La vérité est qu' elle (la perception) n' est
pas plus dans les centres sensoriels
que dans les centres moteurs ;
elle mesure 1a complexité de leurs rapports et existe là où elle apparaît".
H. Bergson, Matière
et mémoire P.U.F., 1939
"La précision numérique est souvent une émeute de
chiffres
comme le pittoresque est, pour parler comme Baudelaire, une
émeute de détails"
Bachelard (1938, p. 215).
Nous ne vendrions pas tomber dans ce travers là.Pourtant les données numériques ne manquent pas et il est toujours tentant de toutes les utiliser.
Nous commencerons par nous limiter à la vérification de l' hypothèse principale. D' elle, et des présupposés théoriques qu' impliquent sa confirmation, dépendront toutes les hypothèses complémentaires.
Nous disposons d' un certain nombre d' indices pour cette vérification : temps de réflexion, réponses déclaratives des sujets, asymétries comportementales visuelles, auditives et motrices.
Chaque indice, à lui seul, n' a que peu de valeur. Nous essaierons de montrer qu' il y a convergence d' un faisceau d' indices concourant à la validation des hypothèses explicatives qui seront émises, hypothèses dépendantes du type de tâche proposée et de l' âge des sujets notamment.
Les asymétries étant déterminées, les temps de réflexion mesurés, il reste à préciser ce que nous obtenons comme réponses déclaratives.
a) Les réponses déclaratives
Elles ont été fournies en fin de test t c' est donc à un exercice de rétrospection que se sont livrés les sujets.
L' introspection après chaque item pose déjà) en elle même;pas mal de problèmes (Piaget, 1923, p. 118 et sq. ; Cambon, 1978, p. 236), l' exiger après la passation des 32 items en pose de bien plus grands comme objection principale, le sujet verbaliserait un mode opératoire portant sur le dernier ou les derniers items notamment.
Pour éviter des verbalisations complexes portant sur des identifications ou des opérations elles- mêmes complexes, nous avons choisi des formes simples offrant des indices simples considérés à la fois comme signifiants et signifiés.
En effet, d' après Piaget (1947, p. 114) les indices sont des signifiants non différenciés du signifié et correspondent aux caractères physiques des objets.
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Prenons un exemple : Le signifiant est constitué par les indices perceptifs -image ou relations entre parties- mais le signifié est fourni par les schèmes (opératifs ou opératoires) dépassant le donné sensoriel, schèmes qui ont servi à l' identification et au traitement de la forme. Dans ce cas très simple,nous pouvons émettre l' hypothèse que la réponse déclarative du sujet a de fortes chances de correspondre au processus effectif. |
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Les psychologues de l' école soviétique, Ivanov- Smolenski notamment (Luria, 1978) diraient que cette énonciation constitue le reflet du premier système de signalisation dans le second : c' est un constat de ce qui s' est passé au niveau des perceptions.
Les indices seront révélateurs d' un processus si d' autres viennent les renforcer ou se recouper avec eux.
"Dans l' ignorance du rapport de causalité, il suffit qu'on ait affaire.. à une concomitance régulière, succession ou coexistence ; ou même simplement .... à une fréquence statistique suffisamment élevée .... Dans ces conditions, et qu' il s' agisse ou non d' un rapport causal, la présence de l' un des termes sera prise pour signe de l' autre..." Blanche (1973, p. 189).
Quels sont les indices proposés 7
Nous les classons en deux catégories s
- ceux faisant référence à une attitude globale de la part du sujet: "une image", "une photographie" ;- ceux faisant référence à une attitude plus ananlytique : "j' ai regardé en haut, en bas", "à droite, à gauche", "c' était du même côté", etc...
Peu de sujets, surtout à 10 ans, ont signalé les indices "droite- gauche".
Quelques sujets ont eu recours à un déplacement du doigt dans l' espace pour représenter la forme perçue avant le dessin. Ils ont déclaré que cette pratique rendait "l' image" plus nette et leur permettait de "mieux se souvenir". Nous les avons classé parmi les "globaux", bien que le geste détaille dans le temps la forme en représentation. Mais il semblerait que cette attitude, finalement d' ordre global, "une image", soit plus un fait de mémorisation que de représentation proprement dite.
Le nombre de sujets ayant appréhendé les formes de manière soit globale soit analytique n' est pas intéressant en soi, étant donné le nombre de sous-groupes formés à partir des asymétries comportementales. Nous préférons intégrer ces sujets dans les sous-groupes, la réponse déclarative contribuant ainsi à forger une preuve supplêmentaire de la validité ou non validité de l' hypothèse proposée.
La présentation étant visuelle, le premier processus sensoriel concerté est visuel. Les sous- groupes seront donc formés à partir de l' asymétrie visuelle de convergence.
b) délimitation du cadre de présentation des résultats
Un certain nombre de résultats ne seront pas présentés. Ils alourdiraient le texte sans apporter de preuves intéressantes. Avant de les écarter nous avons tout de même fait les vérifications qui s' imposaient.
1. Pas de distinction entre résultats obtenus par filles et g rçons - trop faibles effectifs dans les sous-groupes.2. Les cas particuliers (absence de convergence, diplopie...) ne seront pas étudiés pour eux- mêmes. C' est une étude clinique qui devrait 8tre faite. Elle ne rentre pas dans le cadre de ce travail.3. Les sujets manifestant au test d' asymétrie motrice une ambidextrie ont été laissés dans le groupe des droitiers ou gauchers auxquels ils appartiennent. Nous avons constaté qu' ils présentaient les m8mes caractéristiques qu' eux.4. Dans le test d' asymétrie motrice la rotation était demandée aux deux mains, simultanément, tantet vers la droite, tant8t vers la gauche. Les sens direct ou indirect de rotation, semblent avoir eu une action sur l' asymétrie mais cela n' a pas eu de répercussions au plan cognitif. Par contre nous prendrons en considération les différences constatées aux tests avec vision et yeux bandés qui, elles, paraissent avoir une certaine incidence sur les résultats de certains sujets.5. Sur six sujets d' origine maghrébine dont les parents parlent arabe en famille, cinq sont ambidextres avec un niveau assez bas d' asymétrie motrice et une assez grande incoordination des deux mains. Nous signalons le fait bien qu' il nous soit impossible d' affirmer s' il relève du bilinguisme ou d' un artefact d' échantillonnage. Nous avons vérifié si les enfants d' origine espagnole et portugaise de l' échantillon présentaient les mêmes caractéristiques. Nous n' avons trouvé qu' un seul cas semblable parmi un ensemble de population difficile à cerner car ces parents (père et mère) arrivent à se faire comprendre, à parler plus ou moins la langue française, ce qui n' est pas le cas des mères maghrébines notamment.
6. Il a été vérifié si filles et garçons parmi les droitiers (les plus nombreux) se différenciaient au plan auditif "séquentiel" droit ou gauche. Le test du Qui 2 montre que les différences constatées ne sont pas significatives (respectivement X² = 0,78 et 1,63 avec 1 dl à 10 et 11 ; 8 ans).
7. Le test d' asymétrie auditive "séquentielle" a été passé avant et après le test cognitif. Trois sujets seulement n' ont pas manifesté d' asymétrie nette, un à 10 ans et deux à 11 ; 8 ans.
8. Les résultats obtenus aux deux séries d' items exigeant
des opérations spatiales ne seront pas ananlysés.(ltems I.01 eh I.03).
Ils ont été mal réussis par l' ensemble des sujets. Nous l' avions déjà souligné
: il est difficile de garder une forme en mémoire et de la transformer ensuite
surtout si la transformation exige une rotation dans l' espace. D' autres modalités
de présentation sont à rechercher pour pouvoir étudier de telles opérations.
9, Dans le cadre du test au tachistoscope et dans les limites constituées par les sous- grrupes tous les sujets ont une fréquence de réussite élevée. Ce sont les temps de réflexion qui différencieront les sujets. Cette qualité de la performance obtenue avec des présentations brèves (150 ms) a déjà été relevée par Pailhous, Chesnais et Leplat (19?5).
10. Les résultats obtenus par les enfants de 10 ans sont très voisins de ceux de 11 ; 8 ans. Nous avons souligné, chapitre I, que les deux groupes se situaient au même stade des opérations spatio-temporelles et que nous ne nous attendions pas, étant donné le matériel utilisé, à ce qu' il y ait de bien grands écarts. Nous verrons tout de même qu' au plan de la prise de conscience des opérations effectuées une différence importante existe entre les deux groupes.
11. Nous avons regroupé nos sujets en fonction de l' oeil directeur. Aucune différenciation n' est apparue dans les résultats obtenus au test spatial. L' hypothèse d' une "direction" oculaire indépendante de la circulation de l' information en vue d' une intériorisation des données semblerait donc se confirmer. L' analyse des réisultate sera donc faite en tenant compte de la convergence oculaire.
12. Les capacités de détection peuvent présenter des écarts importante à différents moments de la journée (Lecoutre, 1980, p. 82). Nous avons voulu vérifier la régulation du niveau d' attention sélective au plan de la convergence. C' est dans les sous-groupes à asymétrie visuelle droite que nous avons recontré des modifications (5 sur 16 à 10 ans et 7 sur 26 à 11 ; 8 ans).
En fait nous ne pouvons pas affirmer si ces modifications proviennent d' un changement d' attention sélective hémisphérique ou bien d' une difficulté que nous avons eue à différencier l' asymétrie droite de l' ambiocularité chez les sujets en question.
Le perfectionnement du test de convergence permettra de mieux répondre à ce type de problème. Le test a été passé avant et après le test cognitif. Les sujets ont été classés d' après les résultats obtenus au deuxième test. De ce fait, ils s' insèrent ainsi parfaitement bien dans le nouveau cadre défini par les sous-groupes auxquels ils appartiennent.
Ce qui montre, s' il en était besoin, que lorsqu' on travaille sur des asymétries motrices et perceptives il est toujours nécessaire de les déterminer avant et après toute tâche avec laquelle on veut les mettre en relation.
La figure 12 indique comment ont été formés les sous-groupes àpartir de l' asymétrie de convergence oculaire.
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Fig. 12 Répartition des sujets droitiers "manuels" en fonction de l' asymétrie de convergence oculaire droite (0,D), gauche (OG) ou à ambiocularité (02) et des asymétries auditives en "séquentiel" droites (ORD) ou gauches (ORG). |
Dans notre échantillon (dans les deux groupes d' âges) nous n' avons trouvé que deux sujets à 10 ans présentant une asymétrie auditive gauche avec une convergence gauche. Tous les autres sujets présentent une asymétrie auditive droite avec une asymétrie de convergence oculaire gauche.
Nous reviendrons sur ce point important un peu plus loin.
Le tableau 5 regroupe l' ensemble des sujets droitiers en prenant en considération l' oeil directeur et l' asymétrie auditive "sensorielle".
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Tableau 5 Répartition des droitiers en fonction des différentes asymétries (voir légende figure 12). Les colonnes a et b représentent respectivement le nombre de sujets à 10 et 11 ; 8 ans |
L' analyse portera d' abord sur les résultats obtenus par le groupe des droitiers OD et O2, les effectifs y étant les plus importants.
Nous commencerons par l' étude des temps de réflexion [ =>
temps compris entre la présentation du stimulus et le début du dessin.] relevés
lors de la résolution des douze items d' identification et complètement de formes
I.C1 [ => l' élément C est présent dans la forme AB (eg
?)]
Fig.13 items I.C.1 - Disposition des sujets sur l' axe des temps de réflexion en fonction de l' asymétrie oculaire en convergence (OD ; 02) et de l' asymétrie auditive en séquentiel (ORD ; ORG) - Temps moyens en secondes. |
La figure 13 représente les résultats obtenus. Ils sont identiques dans les deux groupes d' âges.
Les temps indiqués représentent la moyenne des latences des réponses exactes.
Nous avons retenu comme satisfaisant le score de 7 bonnes réponses sur 12. [ 2 sujets de 10 ans et 1 de 11 ; 8 ans ne répondent pas à ce critère Ils ont produit respectivement 6 ; 5 et 6 BR sur 12. Etant donné le niveau élevé de réussite on comprendra que l' analyse du nombre de bonnes réponses n' apporterait aucune indication intéressante].
Hormis 6 sujets de 10 ans,tous les sujets se classent comme indiqué figure 13. Cela veut dire qu' aucun sujet {OD - ORG} et {O2 - ORD} ne dépasse 2,50 secondes ; de même qu' aucun sujet {OD - ORD} et {O2 - ORG} ne descend au dessous de 2,50 secondes.
Les 6 sujets faisant exception à la règle appartiennent tous au groupe {OD - ORD (10 ans)} et devraient donc avoir des latences de réponse supérieures à 2,50 secondes. Or leurs latences varient de 1,28 à 2,42 secondes. Nous ne proposons aucune explication pour l' instant.
Nous avons noté, chapitre IV que les tests d' asymétries indïquaient une direction et que cette direction d' asymétrie (notamment auditive) pouvait varier chez certains sujets. Le classement ci- dessus (fig. 13) correspond à l' asymétrie auditive déterminée après le test.
Le tableau 6 indique les fréquences de variations d' asymétrie auditive. Il semblerait qu' un déplacement d' attention sélective se soit produit, chez certains sujets, en cours de passation, privilégiant un certain mode opératoire.
Ce déplacement d' attention serait le fait de sujets à préférence indéterminée (Dean et Hua, 1982).
10
ans |
11;8
ans |
|
OD
- ORD |
1/5 |
3/10 |
OD
- ORG |
3/11 |
4/16 |
O2
- ORD |
1/7
|
3/12 |
O2
- ORG |
4/9
|
2/7 |
Tableau 6 |
Reprenons l' hypothèse :
Les sujets se différencieront d' après leurs latences de réflexion au test d' identification et complètement de formes (I.C.1) selon le type d' asymétries de eomportements moteur et perceptifs qu' ils manifestent.
Nous avons insisté sur la nécessité de déterminer des asymétries à la fois visuelles et auditives. Nous ne pouvons pas regrouper à présent nos sujets sous prétexte d' un calcul statistique plus satisfaisant.
Chaque sous-groupe constitué à partir de l' asymétrie de convergence oculaire sera étudié séparément.
Pour une même voie sensorielle de transmission de l' information, deux possibilités correspondent aux deux voies auditives : chez les droitiers (manuels), comparaison de
OD - ORD par rapport à OD - ORG,
et O2 - ORD par rapport à O2 - ORG.
A l' intérieur d' un sous-groupe de sujets à convergence oculaire définie, les moyennes des temps de réflexions se différencieront selon la voie auditive privilégiée.
Dans chaque sous-groupe, les deux séries de mesures sont issues du même ensemble parent.
Le test U de Mann et Whitney infirme cette hypothèse nulle avec une probabilité absolue et sans qu' il soit besoin de calculs puisque la valeur 2,50 secondes marque une frontière nette entre les deux séries de mesures, aucune mesure d' une série ne se trouvant dans l' autre (cf. fig. 13).
Nous acceptons donc l' hypothèse alternative : Les deux séries de mesures ne sont pas issues du même ensemble parent.
Comme conséquence au plan psychologique :
Il y a un très haut degré de probabilité pour que les 2 sous-groupes constitués à partir de la même voie sensorielle oculaire se différencient par les voies auditives qu' ils privilégient
- chez des droitiers manuels dans notre échantillon de population
Le test de Mann Whitney est un test non paramétrique. Montrer que les deux séries de mesures sont séparées est certes intéressant mais ces mesures peuvent être tellement proches que, bien que séparées, elles n' aient qu' une valeur relative dans la vérification de l' hypothèse.
L' hypothèse nulle que nous allons tester à présent est :
Les deux séries de moyennes (temps de réflexions) appartenant aux deux sous-groupes à même convergence oculaire (OD - ORD et OD - ORG d' une part ; O2 - ORD et O2 - ORG d' autre part) sont extraites d' une même population parente de moyennes et la différence constatée entre les deux séries peut être expliquée par le hasard de l' échantillonnage.
Pour le vérifier nous utilisons le test du t de student.
Les deux assomptions permettant l' emploi d' un tel test paramétrique sont : échelle de mesures au moins ordinale et normalité des populations parentes.
La première condition ne posant pas problème, nous allons vérifier dans chaque cas, la normalité des deux populations parentes.
La figure 14 représente les histogrammes de distribution des temps moyens dans le groupe d' âges 10 ans.
Nous constatons que si dans les sous-groupes à réponse rapide la distribution est à peu près normale, il n' en est pas de même pour les sous-groupes à réponses lentes.
Nous allons tout de même utiliser le test du t de student en nous mettant dans le cas de figure le plus défavorable :.i.e nous ne tiendrons pas compte dans chaque sous-groupe du temps le plus extrême. Dans ce cas la nouvelle moyenne calculée se rapproche de la moyenne de la première série. Si malgré cela, la différence constatée entre les moyennes des deux séries demeure statistiquement significative, alors nous pourrons en conclure que les deux séries ne sont pas extraites d' un même ensemble parent.
Le même raisonnement est fait pour le groupe d' âges 11;8 ans (cf. fig. 15) pour lequel n' ont pas été retenues la valeur extrême dans le premier sous-groupe et les deux valeurs extrêmes dans le deuxième.
Fig. 14 Histogrammes de distribution des temps moyens de réflexion
dans le groupe d' âges 10 ans. |
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Fig. 15 |
Le tableau 7 résume l' ensemble des valeurs du t de student obtenues. Dans tous les cas, les temps de réflexion entre sousgroupes à même asymétrie oculaire de convergence apparaissent significativement différents à un seuil de probabilité inférieur à .01
sous-groupes OD-ORD et OD-ORG |
sous-groupes |
|
10 ans |
5,73 -
13 ddl |
3,85 -
13 ddl |
11-8 ans |
4,43 -
23 ddl |
7,64 -
15 ddl |
Tableau 7 Valeurs du t de student obtenues sur les quatre ensembles de 2 séries de mesures (P < .01). |
Nous rejetons donc l' hypothèse nulle et concluons que les différences constatées ne peuvent être expliquées par le hasard de l' échantillonnage.
Les différences pourraient être expliquées, au plan psychologique, par la différence de voie auditive privilégiée, puisque la voie sensorielle visuelle demeure la même.
Comment se situent les réponses déclaratives des sujets par rapport aux asymétries constatées ? (cf. tableau 8).
Tableau 8 Réponses déclaratives des sujets (rétrospection) |
Nous constatons que les réponses, aux exceptions près, sont identiques dans les deux groupes d' âges.
Rapprochons ce tableau du tableau n° 1 correspondant aux résultats obtenus en 1980 sur une population de méme âge.
La figure 16 traduit le rapprochement des tableaux 1 et 7 (valable aussi bien pour 10 ans que 11 ; 8 ans).
Fig. 16 Répartition des sous-groupes sur l' échelle des temps moyens de réflexion en tenant compte de la réponse déclarative de la majorité des sujets dans chaque sous-groupe. Temps donnés en secondes. Entre parenthèses le temps enregistré sur l' échantillon 1980. |
Deux faits importants sont à souligner :
1. la similarité du type de réponses déclaratives sur les deux échantillons complètement différents (1980 et 1983).
2. l' identité des temps de réflexion marquant le seuil entre sous-groupes. En effet, si aux 2.50 secondes - seuil du temps moyen de réflexion (1983), on ajoute 0.80 s. - temps moyen de dessin (1983) nous retrouvons les 3.30 secondes correspondant au seuil enregistré en 1980 (en temps de réflexion et temps de dessin n' avaient pas été différenciés).
Une question : Le sujet doit reculer au moins sa tête avant d' écrire la réponse. On peut se poser la question de la part prise par ce mouvement plus ou moins rapide chez certains, dans le temps que nous qualifions de "réflexion".
Pour chaque sujet, le temps moyen calculé est dans la majorité des cas accompagné d' un écart- type bas, de l' ordre de 0,1 à 0,3.
Si le déplacement intervenait, les écarts-types seraient beaucoup plus grands et pourraient varier d' une position à l' autre. Méme en admettant qu' il n' intervient pas chez un sujet, attentif à la tâche, il pourrait produire une variation entre sujets. Les latences relevées vont à l' encontre de cette hypothèse.
Il semblerait donc que pendant qu' il retire sa tête
de l' appareil, le sujet réfléchit et le déplacement exigé, somme toute minime,
ne semble pas interférer avec cette réflexion. Rappelons que la main posée sur
l' appareil de réponse n' a pas besoin de bouger, un déplacement des doigts
suffisant au dessin des deux traits (exemple de réponse
).
Nous avons cherché à rendre les temps de réflexions les plus homogènes possibles
- par la facilitation du codage : indices simples ;
- par l' utilisation de la main prévalente pour donner la réponse ;
- par la régularité du rythme de stimulation qui réduit l' incertitude temporelle et équivaut à un signal préparatoire.
Donc - pour le type de tâche proposée et la procédure utilisée 2.50 secondes [2,50 secondes est un temps moyen. Le seuil varierait dans les conditions du test entre 2,45 et 2,55 secondes] sembleraient marquer un seuil entre les sous-groupes à auditif séquentiel droit et gauche pour une même voie sensorielle visuelle.
D' autres expérimentations, dans les mêmes conditions que celles-ci, devraient faire apparaitre ce même seuil. Les résultats obtenus sur les deux échantillons pourtant différents témoignent, à nos yeux, de son existence [Juliet Vogel (1980 p. 473) remarque, avec des enfants de 4 à 5 ans, qu' après 2500 ms, si le codage n' a pas eu lieu l' information visuelle est perdue. Mais les conditions d' expérimentation n' étaient pas les mêmes que les notres, nous devons donc rester prudent quant à la généralisation de l' existence d' un tel seuil].
Le test d' identification et complètement de formes (I.C.1
[ (C) est présent dans (AB) - e.g.
])
exige :
a - un processus sensoriel : codage physique de l' information et transport vers l' aire hémisphérique correspondantes;
b - un processus d' identification qua. peut ttre de nature
- soit globale,
- soit analytique, entraînantc - la détermination de la réponse qui, programmée, se traduira par
d - le processus moteur de graphie.
Le temps de réflexion enregistré correspond aux processus b et c, le temps de dessin au processus d.
Comparons les sous- groupes OD- ORG et OD- ORD.
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|
OD-
ORG ![]() |
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L' asymétrie comportementale visuelle droite [ déterminée au test de convergence] traduirait une attention sélective hémisphérique droite.
Comme arguments, puisque la présentation du stimulus est à 25 ms
- à moins de 150 ms les connexions inter-hémisphériques ne fonctionnent pas l' image est "vue" par l' hémisphère cérébral ipsilatéral ;
- il n' y a pas eu de saccade oculaire (pas de saccade avec une présentation à moins de 150 ms - Pynte, 1980).
- avantage rétinien temporal
fibres directes, constaté comme dépendant de l'oeil d' entrée. (Davidoff, 1982).
Pour lui un avantage rétinien temporal, traduit par des latences plus basses, résulterait du fait que les excentricités des deux hémirétines n' ont pas été égalisées (expérience en hémichamp visuel).
En vision binoculaire on pourrait eavisager, du fait de la convergence plus grande d' un oeil une excentricité hémirétinienne temporale qui produirait une circulation ipsilatérale de l' information. L' attention sélective hémisphérique pourrait se traduire alors par l' utilisation des fibres latérales directes.
Les asymétries constatées en hémiahamp visuel et les performances supérieures de l' hémirétine temporale seraient dues pour Corballis (Kinsbourne, 1978, p. 219) beaucoup plus à la position relative hémirétinienne qu' à la sensibilité rétinienne proprement dite.
• rappelons que le faisceau direct de fibres nerveuses est intimement lié à la vision binoculaire (Bonamour, 1970, p. 806).
Admettons donc .
Si nous acceptons l' hypothèse de Kimura des voies controlatérales
privilégiées en auditif (hypothèse largement confirmée depuis)
Alors :
OD
hémisphère droit par accès direct
ORG
hémisphère droit, hypothétiquement le plus efficient pour une appréhension globale du stimulus [ détermination par le test de discrimination séquentielle.], cela nous donne une identification,.une décision et élaboration de réponse réalisées sur le même hémisphère (droit), ce qui expliquerait la rapidité du temps de réflexion enregistré et la réponse déclarative des sujets "global".
Selon le même modèle théorique, nous aurions pour le sous-groupe OD- ORD
OD
hémisphère droit par accès direct ;
ORDhémisphère
gauche, hypothétiquement le plus efficient pour une appréhension analytique
du stimulus [ détermination par le test de discrimination séquentielle.];
cela nous donne
- un accès à un hémisphère ;
- un traitement dans l' autre hémisphère, ce que confirmeraient des temps de réflexion beaucoup plus lents et des réponses déclaratives des sujets de type analytique.
Nous avons constaté un allongement de la latence d' un comportement. Admettons avec Tiberghien (1971, p. 29) "qu' elle est indicatrice de l' existence d' un processus inobservable directement mais inférable à titre de construction hypothétique ou de variable intermédiaire susceptible de rendre compte de façon explicative de certains aspects de ce comportement."
Nous verrons dans la suite ce qu' apports la comparaison entre les deux sous groupes O2-ORD et O2-ORG !
Soulignons que dès 1970 Gazzaniga (p. 238) notait une différence intercorticale dans les tempe de réponse au cours d' une discrimination visuelle selon l' accessibilité unilatérale ou bilatérale du stimulus et de la réponse. Pour Seamon et Gazzaniga (1973) les essais présentés à l' hémisphère inapproprié apportent des temps de réponse plus longs, les effets constatée pouvant être mis en rapport avec un modèle de système de traitement hémisphérique séparé.
La rapidité de réponse serait expliquée par une réponse activée à partir du même hémisphère qui reçoit la stimulation (Berluchi et al. 1977 in Davidoff, 1982).
L' hypothèse d' une entrée des données indépendante du traitement hémisphérique a été signalée par Hecaen (1972, b).
C' est un point qui nous parait capital et que semblerait confirmer notre expérimentation.
Il y a d' abord entrée sensorielle des données et cette entrée n' est pas déterminée
- abandonnons l' idée qu' une tâche spatiale active obligatoirement et directement l' hémisphère droit et une tâche verbale l' hémisphère gauche
- abandonnons l' idée que si un matériel exige une appréhension globale c' est l' hémisphère droit qui réagira immédiatement ou l' hémisphère gauche pour un traitement analytique.
Avec un stimulus visuel, le premier niveau est un processus sensoriel de circulation d' influx. Ce processus parait latéralisé et un seul hémisphère cérébral serait alors concerné.
Ce n' est qu' après et après seulement qu' interviendrait le traitement qui, lui, serait spécifique à l' hémisphère concerné.
Ce qui ne veut pas dire que la tâche ou le matériel n' ont pas d' importance. Ils en ont bien une mais elle parait indirecte et dépendrait du système approprié chargé de les traiter et les résoudre.
Nous dirons aven Paillard (1974, p. 9) que "l' information n' a de statut qu' au regard de la structure d' accueil qui lui donne un sens".
Pour nous, c' est l' efficience momentanée qui fait que tel comportement hémisphérique apparaitra.
Kershner et al (1977) ; Milner (1978) ; Kimura (1978), parmi bien d' autres auteurs. reconnaissent à l' information une priorité qui nous parait abusive. Pourquoi l' information réclamerait- elle un traitement plutôt qu' un autre ?
Si une tâche n' exige que de la reconnaissance visuelle, l' encodage visuel est médiatisé par l' hémisphère droit, (Kimura 1978, p. 350) et si la tâche exige un encodage verbal l' hémisphère gauche prend le relais, etc.
Pourquoi la tâche l' exigerait elle ?
Et le sujet, a- t- il disparu devant la tâche ?
Il serait plus raisonnable d' imaginer ce sujet premier par rapport à la tâche qu' il doit assumer ou au matériel qu' il doit traiter.
Il est présent par l' efficience que manifestera tel hémisphère à un moment particulier et dans un contexte particulier.
N' avons- nous jamais remarqué, nous- mêmes, notre propre changement d' attitude face à une tâche qui, elle, ne varie pas.
Ici- même, à notre table de travail, ce matin, nous traitions rapidement les schémas, organisant les relations visuellement dans des saisies intuitives que détaillaient ensuite dans le temps et l' espace nos réponses graphiques.
En fin de soirée, un peu las, reprenant nos schémas, nous nous surprenons à verbaliser implicitement les données et constatons avec effarement la lenteur avec laquelle nous travaillons. La tâche, elle, n' a pas varié, mais le sujet singulier que nous sommes est bien conscient, lui, de la modification comportementale opérée.
Nous allons donc analyser le comportement cognitif des sujets en fonction des asymétries comportementales qu' ils manifesteront en émettant toujours l' hypothèse que ces asymétries traduiront des faits de spécialisation interhémisphérique.
Analysons maintenant le comportement des sujets des sous-groupes O2- ORD et 02- ORG.
Pour O2- ORD nous avons
- une réponse rapide
- un processus de type analytique d' après les réponses déclaratives.
Si ORD est en relation avec l' hémisphère gauche, pour que le traitement soit rapide, il faut que l' information accède directement à l' hémisphère gauche.
Il faut donc admettre que l' ambiocularité en convergence provoque l' arrivée de l' information sur l' hémisphère gauche.
Nous aurions donc
- O2
h. G., accès direct ;
- ORD -
- h. G., le plus efficient pour une appréhension analytique du stimulus, d' où une identification, une décision et une élaboration de la réponse réalisées sur le même hémisphère (gauche), ce qui expliquerait la rapidité du temps de réflexion enregistré et la réponse déclarative des sujets : analytique.
Pour le sous-groupe O2- ORG nous avons,
- O2
h. G. accès direct,
- ORG
h. D., le plus efficient pour une appréhension globale du stimulus, ce qui donne un accès dans un hémisphère et un traitement dans l' autre, ce que confirmeraient des temps de réflexion plus lents et des réponses déclaratives de type "global".
Pourquoi l' ambiocularité constatée au plan de la convergence permet- elle l' arrivée de l' information sur l' hémisphère gauche ? C' est un problème que d' autres recherches auront à résoudre.
Signalons que Sampson (1978) reconnait comme conséquence de la rivalité binoculaire une dominance cérébrale gauche (mais l' expérience portait sur la fixation binoculaire de points) ; que Nachshon et Carmon (1975 p. 129) employant une stimulation dichoptique dans une expérience de fusion de nombres obtenaient une supériorité hémisphérique gauche dans 1a reconnaissance de matériel verbal, seulement lorsque les stimuli atteignaient les deux hémisphères simultanément.
Nous signalons à nouveau avec insistance, qu' avec les mêmes conditions d' expérimentation et à partir du même matériel nous avons trouvé en 1980 les mêmes résultats sur les deux populations, d' àges 10 ans et 11 ; 8 ans, résultats reproduits sur deux populations différentes des premières en 1983. [ en 1980, la voie auditive n' était pas déterminée mais le seuil apparaissait à l' intérieur de chaque sous-groupe à asymétrie comportementale visuelle.]
L' ambiocularité en convergence semblerait donc bien traduire un fait de spécialisation hémisphérique gauche.
Une question se pose : dans les réponses déclaratives, c' est l' hémisphère gauche qui "parle", cela prend du temps. Peut- on expliquer les différences constatées par la verbalisation explicite ? Non, puisqu' il n' y a pas eu une telle verbalisation.
Peut- on l' expliquer par une "vraie" verbalisation implicite ?
En effet
OD
![]() ORG
|
entraine une réponse rapide |
OD
![]() ORD |
entraine une réponse plus lente. |
On pourrait supposer que l' augmentation de temps correspond, non à un traitement, mais à une verbalisation implicite.
Mais alors comment expliquer que dans le groupe
O2
![]() ORD |
le temps de réflexion soit aussi rapide ? |
Il nous faut donc admettre que ce n' est pas la verbalisation qui intervient mais un type d' analyse qui ne se traduira en verbalisàtion explicite qu' à la fin de la passationt, lorsque la question en sera posée au sujet.
Lorsque le sujet dit "avoir regardé en haut, en bas" c' est une analyse qui a eu lieu, il n' y a de verbal que l' expression qui en est faite. C' est une constatation perceptive et non opératoire. Dire "Haut- Bas" ne signifie pas verbaliser des relations intrafigurales.
S' il y avait vraiment eu verbalisation implicite de traits distinctifs et encodage de ces traits, les transformations opératoires exigées dans les items d' identifications et opérations auraient été beaucoup mieux réussies.
En effet, par exemple pour
si l' on a codé pour AB "(bâtons) du même côté et opposés haut bas"
il est facile à partir de cet encodage de résoudre l' item. Or ce type d' item a été
très mal réussi.
Le traitement analytique (extériorisé - par le sujet sous les formes indiquées) reste donc en deçà de la verbalisation même implicite.
Il faut admettre que la fonction instrumentale du langage dans l' identification perceptive peut se situer à des niveaux différents: d' un niveau préconscient d' analyse (comme cela parait être le cas ici) à la verbalisation la plus clairement exprimée en passant par une verbalisation implicite déjà consciente des implications qu' elle soulève.
En résumé,pour simplifier les explications, nous proposons les tableaux suivants (fig. 17a et 17b) qui impliquent l' hypothèse des modèles d' accès direct, d' efficience relative..., de relai calleux et de traitement spécifique à chaque hémisphère : global pour l' hémisphère droit, analytique pour l' hémisphère gauche.
Mais la priorité doit être donnée à l' accès direct.
Et cet accès direct semblerait dépendre du sujet lui- même et non de la tâche imposée ou du matériel proposé.
L' asymétrie comportementale visuelle constatée par le test de convergence pourrait traduire un fait hémisphérique d' accès de l' information en un site où elle pourra être traitée ou d' où elle pourra être transférée.
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Fig.
17 Modèles théoriques hypothétiques proposés pour expliquer les différences constatées dans le comportement cognitif des sujets des sous- groupes à asymétrie visuelle de convergence droite (OD) ou à ambiocularité (O2) et à asymétries auditives "séquentielles" droite (ORD) ou gauche (ORG). L' hémisphère activé est celui où aboutit la flèche en trait épais : hémisphères droit (H.D) ou gauche (H.G). |
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Fig.
17bis Modèles théoriques hypothétiques proposés pour expliquer les différences constatées dans le comportement cognitif des sujets des sous- groupes à asymétrie visuelle de convergence droite (OD) ou à ambiocularité (O2) et à asymétries auditives "séquentielles" droite (ORD) ou gauche (ORG). L' hémisphère activé est celui où aboutit la flèche en trait épais : hémisphères droit (H.D) ou gauche (H.G). |
Il nous faut avouer que nous avons triché. Dans l' introduction nous annonçions que les sujets de 10 ans s' ordonnaientl à partir de leurs temps de réponse, d' après les réponses déclaratives au test de mémorisation et non d' après celles au test tachistoscopique qui se résumaient pour tous à "j' ai vu une image".
Le même phénomène s' est reproduit à nouveau.
Cette année les sujets de 10 ans ont répondu dans 98 % des cas avoir "vu" une image après le test au tachistoscope. Les réponses déclaratives utilisées pour l' analyse des réponses par sous-groupes dans les chapitres précédents (cf. 1.1 à 1.4) correspondent à celles produites après le test de mémorisation.
C' est en cela que nous avons triché. Mais si nous ne l'avions fait rien n' aurait pu être expliqué.
Les sujets de 11 ; 8 ans ont apparemment pris conscience du processus utilisé pendant le test rapide ; les sujets de 10 ans se sont apparemment comportés, au niveau des processus eux- mêmes, comme les sujets de 11 ; 8 ans, mais ils semblent n' avoir pu en prendre conscience.
C' est le test de mémorisation qui a permis l' émergence des procédures utilisées. Nous avions pris la précaution (cf. chapitre I), d' utiliser un test le plus proche possible du test visuel afin de comparer ces procédures. Le sujet utilise les mêmes indices dans les deux tests.
Ces indices sont des signifiants et des signifiés en même temps.
Pour les sujets de 10 ans, dans le test visuel rapide, ces indices en seraient restés au stade de la "subception" ["La subception n' est pas une perception inconsciente comme on a coutume de le dire mais une perception dont la conscience demeure simplement brève, momentanée, et évanescente faute d' une intégration dans la conscience conceptualisée qui en ferait une connaissance" (Piaget, 1975, p. 141)].
Cette subception "(qui joue un rôle important dans les conduites de l' enfant à l' égard des observables non remarqués par lui mais certainement perçus) (ne serait)" qu' une perception sans interprétation, avec une conscience élémentaire, mais insuffisante pour pénétrer dans le champ de la conceptualisation et donc pour donner lieu à une "prise de conscience" "Piaget (1974 p~ 259).
La conceptualisation n' implique pas toujours le langage et elle peut être" en liaison avec les autres formes de la fonction sémiotique (image, etc..) la conceptualisation étant à prendre dans le sens le plus large d' un schème représentatif, mais en sa signification bien entendu, et quel qu' en soit le signifiant (ibid, p. 258).
Piaget note que "lorsqu' on parvient à dissocier l' action elle méme de sa traduction représentative, verbale ou graphique on constate combien la conceptualisation est en retard sur la sensorimotricité (1975, P• 143)•
Ce n' est qu' à partir de 11- 12 ans d' après Piaget (1975 P. 141) que les sujets présentent des aptitudes à coordonner deux systèmes de références à la fois et qu' apparaissent les abstractions réfléchies, produits conscients des abstractions réfléchissantes (1974, p. 271).
A 10 ans, par contre, avec la rapidité exigée, les états momentanés à conscience fugae qui ont pu caractériser les moyens employés n' auraient donné lieu à aucune intégration conceptuelle ou représentative, le système obtenu demeurant sensori- moteur.
L' action effective exigée pour la mémorisation des formes semble avoir obligé ces jeunes sujets à une conceptualisation qui s' est traduite par une prise de conscience.
Il est intéressant de noter que le passage de cette subception à une perception plus "consciente" se situe au moment même où débute 1e stade des opérations formelles (ou opérations sur des opérations).
La méthode utilisée dans l' expérimentation : perception rapide et mémorisation de formes perçues rigoureusement identiques aux premières pourrait s' avérer un excellent paradigme expérimental pour l' approche de cette "coupure" épistémologique.
Un autre point important découle de cette observation.
C' est que 1a mémorisation repose sur une perception rapide dont le sujet n' a que peu conscience.
Et il semblerait que cette perception première, ce "mode opératoire" dont nous parlions chapitre 1, module les processus qui suivent, traduisibles, eux, en stratégies plus élaborées.
Nous pensons que connaitre ces premiers processus pourrait s' avérer une heuristique féconde pour mieux comprendre ensuite les stratégies complexes.
Dans le temps de réflexion mesuré on peut considérer qu' une partie de ce temps sert à identifier et traiter le stimulus, l' autre partie à 1a programmation de la réponse en vue de l' initiation du geste.
Temps de réflexion = temps de détermination de la réponse (Td) + temps de programmation de la réponse (Tp)
Td = identification, recherche de la réponse associée au signal encodé avant la présentation
Tp = recherche en mémoire du code moteur requis pour exécuter la réponse (Vanderhaeghen, 1980)
Avant que la graphie ne débute, le sujet connait la réponse mais on peut émettre l' hypothèse que dés qù' il la connait il ne réagit pas de suite et qu' un temps (Tp) s' écoule entre le moment où il "sait" ce qu' il doit dessiner et le démarrage de la main qui va dessiner.
Nous avons relevé, pendant le test manuel, un temps de réaction correspondant au temps écoulé entre le signal de départ et le premier démarrage d' une main.
Nous savons bien qu' une transmission d' information en processus internes est plus rapide que celle provenant d' un signal externe mais nous supposons que toutes deux traduisent un aspect psycho-physiologique de la personnalité du sujet : certains seraient rapides, d' autres plus lents ....
Nous allons, un peu abusivement, assimiler le temps de réaction obtenu au test manuel au temps de programmation de la réponse Tp.
Si l' on soustrait ces temps de réaction [ moyennes de 4 temps ] aux temps de réflexion enregistrés, nous constatons une réduction importante des écarts-types dans tous les sous-groupes.
Les temps de détermination de la réponse (Td) paraissent plus homogènes, regroupés autour d' une même valeur. Le tableau 9 le montre nettement pour les sous-groupes "analytique".
![]() |
Tableau 9 Temps (en secondes) de détermination de la réponse (Td) dans les deux sous-groupes "analytique". Le 1er nombre indique la moyenne, le deuxième, le nombre de sujets. |
L' analyse du tableau 9 montre
Le passage interhémisphérique [ il ne s' agit pas d' une transmission calleuse qui, elle ne demande que 30 ms environ (Gazzaniga, 1976) ] semble avoir demandé 1,87 - 1,27 = 0,60 seconde pour les sujets du groupe d' âges 11 ; 8 ans et 1,65 - 133 = 0,32 secondes à 10 ans.
Analysons le comportement des sujets des sous-groupes "global" ( tableau 10).
Tableau 10 |
Nous notons :
1. le comportement assez semblable des sujets des deux groupes d' ages ;
2. dans chaque sous- groupes nous n' avons pas une seule valeur mais deux dans le groupe "rapide" et trois dans le groupe "lent".
Sous-groupes global rapide
Deux types de sujets différents : les uns très rapides Td - 0,91 (0,98) [ lére valeur 10 ans ; 2° valeur :11 - 8 ans. ], les autres plus lents Td = 1,66 (1,43).
Dans le premier cas nous avons des sujets pour qui le traitement parait bien "global" et même "intuitif" car moins d' une seconde ne permet pas d' insister sur une image.
Dans le deuxième cas, ce comportement lent peut être rapproché de celui des "analytique". Les temps lents des "global rapide" sont assez voisins de ceux des "analytique rapide". Cela tendrait à montrer que leur comportement n' est pas très éloigné.
Nous émettons l' hypothèse que parmi les sujets du sous-groupe global rapide (et on peut le généraliser au sous-groupe global lent, cf. tableau 10), certains appréhendent l' image globalement, d' autres l' appréhendent d' une manière plus analytique, tout en restant dans le cadre du groupe "global",d' après leurs réponses déclaratives.
Cette latence plus grande sur imagerie visuelle pourrait représenter un codage interne plus profond : "propositionnel abstrait". (Kosalyn et Pomerantz , 1977).
Donc, en plus d' une représentation mentale se référant aux images et au langage verbal existerait une "représentation plus abstraite non accessible à l' expérience subjective, ces structures mentales abstraites étant de nature conceptuelle et propositionnelle plutôt que sensorielle ou perceptive" Pylyshyn (1973 in Denis, 1979).
Kosslyn (1975 in Denis 1979, p. 47) reconnait que la structure profonde de l' image reste fondamentalement abstraite et non accessible à l' analyse introspective tandis que l' image est éprouvée par le sujet dans des propriétés de structures analogues à celles des événements perceptifs.
Ce qui rejoint l' hypothèse "propositionnelle" de Neisser.
Une image de mémoire pourrait donc être appréhendée globalement par certains sujets, analytiquement par d' autres, tout en restant dans le cadre d' une image "visuelle".
Les temps enregistrés montrent bien l' existence de ces deux "modes opératoires" d' approche de l' image.
Il semblerait que le sujet "global- analytique" se comporte comme le sujet "analytique" mais qu' il ne le dise pas.
L' hémisphère droit, posséderait-il des capacités linguistiques d' analyse très "primaire" qui ne se traduiraient pas par une extériorisation linguistique du comportement ? C' est un point "intéressant qui reste à approfondir ".
Rappelons les valeurs du Td (en secondes) relevées dans le sous-groupe "global rapide".
Groupe d'âge
|
très rapides |
assez rapides |
différence
entre les 2 processus |
10 ans |
0.91 s |
1.66 s |
0.75 s |
11 ; 8 ans |
o.98 s |
1.43 s |
0.45 s |
L' écart entre les 2 processus est 1,66 - o,91 = o,75 s. à
10 ans et 1,43 - o,98 a o,45 a. à 11 ; 8 ans. Ce qui peut être rapproché de ce que nous avons trouvé pour
le sous-groupe analytique dans le passage hDhG
(respectivement 0,32 s. et 0,60 s.).
Ce n' est donc pas le passage en lui- même qui "allonge" le temps, comme nous l' avons déjà souligné [ : il ne s'agit pas d'une transmission calleuse qui, elle, ne demande que 30 ms environ (Gazzaniga, 1976)] mais bien le processus qui de global devient plus analytique.
Nous pouvons donc avancer une valeur moyenne d' environ 500
ms comme différence entre les deux processus : l'analytique qu' il soit de nature
"verbale" ou "imagée" demanderait, dans les conditions de
l' expérimentation, environ 500 ms. supplémentaires par rapport au "global"
pur. [passage hD
hG]
Une autre constatation importante à faire est que dans l'analytique lent nous avons une seule valeur autour de laquelle se regroupent les sujets alors que dans le "global" lent, il semblerait (ce que confirmeraient les résultats trouvés dans les deux populations d' âges différents) qu' il y ait, comme dans le "global" rapide, deux processus différents. Et cela malgré la lenteur des processus engagés.
Il y aurait donc là une confirmation de ce qui a été avancé plus haut : à savoir l' existence, dans les deux sous-groupes "global", de deux types de processus de détermination de 1a réponse, l' un de de nature "imagée intuitive" l' autre de nature " propositionnelle abstraite" [ Yawowsky et Johnson (1981) montrent que les stimuli auditifs peuvent être encodés sous deux formes visuelles. ].
La différence de temps (Td) entre les deux temps moyens les plus rapides dans les sous-groupes "global rapide et lent" donne
1,89 - 0,98 : 0,91 seconde à 11 ; 8 ans
et 0,83 seconde à 10 ans [Cf. Tableau 10]
Cela correspond au passage hémisphére gauche vers hémisphère droit (en réalité d' un traitement analytique à un traitement plus global). En effet
Comparons les deux ensembles de valeurs relevées :
Nous constatons qu' il est plus rapide de passer d' un processus "global" à un processus "analytique" que l' inverse : i.e. il est plus rapide d' appliquer un traitement analytique sur une image globale (1ere colonne) que de reconstituer une image globale à partir de données analytiques (2° colonne). Ce qui tombe sous le sens commun.
A ce niveau d' analyse, on pourrait donc estimer que les sujets du sous-groupe O2 - ORG (global lent), et surtout les plus lents, sont défavorisée dans ce type d' épreuve, par rapport aux sujets des autres sous- groupes, y compris par rapport aux sujets lente du sousgroupe "analytique lent".
Pour conclure :
Les processus analytiques seraient toujours du même ordre et se situeraient au niveau hémisphérique gauche.
Les processus que nous avons appelés "globaux" seraient à différencier en globaux purs de type intuitif et en globaux de type propositionnel et se situeraient tous deux au niveau hémisphérique droit ( Si nous acceptons les modèles d' accès direct, d' efficience relative et de relais calleux. ).
Les processus analytiques traduits par "j' ai vu en haut, en bas" dans les groupes "analytique" semblent avoir eu lieu chez certains sujets des sous-groupes "global".
Ce qui tendrait à montrer que ce qui a été verbalisé par le sujet (haut, bas, etc... ) ne reflétait qu' une constatation perceptive et n' était qu' une représentation interne propositionnelle, non opératoire, même chez ces sujets à réponses déclaratives "analytique" explicites.
Au terme de cette analyse des résultats obtenus au test d' identification et complètement de formes (I-C.1) par des droitiers manuels, nous admettons que des différences significatives entre temps de réflexion existent entre les sous-groupes déterminés par leurs types d' asymétries visuelle et auditive et que ces différences pourraient traduire des asymétries de comportement inter-hémisphérique.
Grâce à l' horloge B C1 et au stylo- contact il a été possible de différencier les temps de réflexion des temps d' exécution des dessins.
Nous nous sommes demandé si le temps de réflexion pouvait se prolonger pendant l' exécution du dessin et si une asymétrie comportementale auditive instable [ rappelons notre hypothèse : l' asymétrie traduirait un fait hémisphérique]. pouvait avoir une influence sur le temps d' exécution : le sujet, moins sûr de lui, marquant cette hésitation dans le tracé pourtant rapide.
Le petit nombre de sujets dans certains sous-groupes ne permettra pas de généralisations mais l' observation attentive du tableau 11 montre que :
1. un écart semblerait exister entre sous-groupes à asymétries auditives stables et instables se traduisant dans ce dernier cas, par une augmentation du temps de réalisation de dessin.
2. cette augmentation est nette dans les deux sous-groupes "analytique" où l' écart noté est supérieur à 250 millisecondes. Elle est moins importante dans les sous-groupes "global" où l' écart noté est voisin de 100 ms.
3. parmi les sujets à asymétries stables, ce sont les globaux lents" qui sont les plus lents dans l' exécution du dessin puis qu'ils mettent de 100 à 200 ms. supplémentaires pour réaliser leur dessin.
Tableau 11 Temps moyen, en secondes, d' exécution du dessin de réponse
en fonction |
Comment expliquer les différences constatées entre sous-groupes "analytique" et "global
Nous avançons cette hypothèse :
Dans les sous-groupes "global", 1' hémisphère droit étant responsable du processus d' identification, la commande de la main droite ne pose pas de problème majeur, la programmation de la réponse étant transmise à l' hémisphère gauche, via le corps calleux.
Par contre dans les sous-groupes "analytique" l' hémisphère gauche étant responsable des processus d' identification, et de la commande de la main droite, la programmation de la réponse interfère avec la commande de la main et l' instabilité d' asymétrie comportementale se traduit par une augmentation notable du temps d' exécution du dessin.
D' autres recherches devraient confirmer cette hypothèse.
Il nous semble pue ces faits constituent des indices supplémentaires du bien- fondé de l' hypothèse des modèles d' accès direct et d' efficience relative, puisque ces modèles paraissent contribuer à une explication satisfaisante de phénomènes qui, bien que dépendants de ceux pour lesquels ils avaient été proposés, n' en sont pas moins différents.
Nous avons proposé 4 items de formes (AB) en miroir (IC2) dans le test d' identifications et complètement de formes et quatre items de formes (AB) en miroir à faire tourner autour d' un axe horizontal (rotation V) dans le test d' identifications et opérations spatiales (I.O2). Nous pourrons ainsi comparer les temps moyens de réflexion nécessaires à des opérations identiques mais avec des formes différentes (I.C1 et IC2) et à des opérations différentes à partir de formes identiques (IC2 et I.O2). Le tableau 12 regroupe l' ensemble des valeurs relevées.
|
Tableau 12 Temps moyens de réflexion (en secondes) correspondant respectivement
aux tests d' identifications et complètement de formes (formes courantes
IC1 et en miroir IC2) |
Une première constatation à la lecture du tableau 12 : similitude des résultats dans les deux groupes d' âges.
a) comparons IC1 et IC2 = une même opération exigée mais sur des formes différentes "courantes" en IC1 et en "miroir" en IO2(1) .
exemples : IC1 (
![]()
) ; IC2 (
![]()
) ; IO2 (
![]()
)
Les formes en miroir sont plus rapidement perçues et complétées que les autres : elles demandent environ 0,23 s. (230 millisecondes) de moins. Cela est vrai pour les trois sous-groupes analytique rapide et lent et global rapide. Par contre dans le sous-groupe global lent les écarts sont plus importants (500 ms. en moins environ).
b) comparons IC2 et IO 2 = mêmes formes nais une rotation autour d' un axe horizontal est exigée pour les items IO2
[ exemples : iC1 (
![]()
) ; IC2 (
![]()
) ; IO2 (
![]()
)].
Le test IO 2 a été beaucoup moins bien réussi que les deux autres malgré (ou à cause de) la forme en miroir (cf. tableau 12, nombres entre parenthèses).
Le renversement autour de l' axe a exigé 500 ms. de temps supplémentaire dans les 2 sous-groupes "analytique". Les écarts sont beaucoup plus importants en même temps que trés variables dans les deux sous-groupes "global" et notamment dans le "global lent" où la rotation exige plus d' une seconde par rapport au simple complètement*
Les sujets de ces deux sous-groupes et notamment du dernier semblent avoir des difficultés à opérer une transformation spatiale.
Nous émettons l' hypothése que les conditions de l' expérimentation
comportant une image et une opération spatiales de même nature, les sujets
des sous-groupes "global" ayant les circuits nerveux impliqués dans
l' activité d' imagerie ne peuvent les utiliser à une opération spatiale alors
que dans les sous-groupes "analytique" les sujets sont moins dépendants
de l' opération spatiale puisque les relations retenues suffisent à résoudre
l' item sans qu' il soit nécessaire d' effectuer la rotation dans l' espace
(ie: de
méme niveau et opposés donc, si c=
, la réponse "de même niveau et opposés" donne
).
Les résultats aux tests IO1 et IO3 ne seront pas analysés. Comme pour le test IO2, ils exigent des opérations spatiales et les conditions de l' expérimentation n' ont pas permis leur réussite [une étude sur les représentations mentales spatiales a été faite par Strizenec (1981) qui a utilisé comme variable dépendante le critère de réussite. Ce critère ne nous parait pas suffisamment pertinent.]
Pour conclure :
1. A opération identique, la forme influence la réussite, une "bonne forme" au sens gestaltiste du terme abaissant le temps de traitement (de 230 ms, à 500 ms selon les sous- groupes).
2. A forme identiques l' opération à effectuer influence la réussite : dans les conditions de l' expérience et avec des sujets de 10 ans et 11 ; 8 ans, il faut environ 500 ms. supplémentaires pour opérer une rotation autour d' un axe horizontal.
3. Les sujets des sous-groupes "global" ont plus de difficultés que ceux des sous- groupes "analytique" à opérer une transformation spatiale : notre hypothèse est que chez les premiers les mémes circuits sont impliqués dans l' imagerie et l' opération alors que chez les seconds ces circuits pourraient être indépendants.
La méthodologie et le matériel utilisés pour le test de mémorisation permettent une mise en relation avec le test tachistoscopique. Dans les deux cas les indices à retenir sont simples et peuvent l' étre de manière globale ou de manière analytique [ Strizenec (1981) note, en mémorisation, ces deux types de codages qu' il appelle géométrique pour les formes et algébrique pour les codes symboliques.].
Pour le test de mémorisation [ les sujets observent une forme pendant 5 secondes puis doivent la reproduire immédiatement après] les variables dépendantes relevées sont
- l' exactitude de la réponse [ sur les formes ABCD seulement (voir annexe)] ;
- le temps de réponse [ sur les formes ABCD seulement (voir annexe)] : temps compris entre la disparition du stimulus et la fin du dessin ;
- les réponses déclaratives obtenues en fin de passation.
Le test de mémorisation est destiné à vérifier la qualité de la mémorisation qui prolonge la mémoire sensorielle.
C' est la raison pour laquelle aucune opération spatiale n' a été demandée et que la reproduction a été exigée immédiatement après l'observation.
L'observation pendant 5 secondes permet des saccades oculaires ou une verbalisation implicite pour l' analyse des formes à encoder. Il est ainsi possible d' examiner le rôle possible joué par les prévalences motrices dans la mémorisation : rô1es de l' oeil directeur et de la voie auditive "sensorielle" la plus efficiente.
Nous avons noté, avec Piaget, que la mémoire faisait appel au schématisme opératoire. Il serait normal que les résultats qui la traduisent soient en relation avec la latéralité au niveau des prévalences motrices.
Il sera tenu compte pour l' analyse des résultats au test de mémorisation :
- du degré de dominance manuelle de la main droite par rapport à la main gauche ;
- du degré de dominance manuelle comme ci- dessus mais en prenant en considération l'aide éventuelle ou non de la vision ;
- de la qualité de la vision binoculaire déterminée grâce au test d' acuité stéréoscopique (cf. livret annexe).
Toutes ces variables interviennent plus ou moins. Nous allons essayer de déterminer leur poids relatif dans les processus de mémorisation.
Si l' on examine le pourcentage de bonnes réponses (cf. tableau 13) on constate des résultats disparates, ce qui justifie à nos yeux la nécessité de mesurer aussi la latence de réponse dans de tels tests. Elle s' avère un critère plus pertinent que la fréquence de réussite.
Tableau 13 Pourcentages de réponses exactes obtenues au test de mémorisation
par les sujets des sous-groupes |
Il semblerait d' après le tableau 13 que les sous-groupes "global lent" et "analytique rapide" soient ceux pour lesquels quelques problèmes apparaissent.
Prenons en considération maintenant, les latences de réponses et les fréquences de réussites.
L' étude en sera faite par sous-groupes.
- la mémorisation est rapide et correcte pour des sujets sans problèmes particuliers - moyennes des latences de réponses
7 s. à 11 ; 8 ans.
- la mémorisation est lente ou déficiente (moy. 11 s. à10 ans et 13,7 s. à 11 ; 8 ans),
Dans ce sous-groupe c' est la qualité de la vision qui prédomine.
C' est l' organisation de l' image qui parait en cause.
Si l' image qui se forme a de bonnes qualités, alors la mémorisation parait elle même rapide et sûre.
C' est à rapprocher de {l' image = imitation intériorisée.}
Les réponses déalaratives, l' oeil directeur, l' asymétrie auditive sensorielle ne créent pas ici de différenciations statistiquement significatives.
b) Sous- troupe "global lent" O2- ORG
- la mémorisation est rapide et correcte pour les sujets à oeil directeur droit - moyennes des latences des réponses 10 s. à 10 ans et 7 s. à 11 ; 8 ans.
- la mémorisation est lente ou déficiente (moyenne 13 s. à 10 ans et 13,3 s. à 11 ; 8 ans) pour les sujets à oeil gauche directeur dont les réponses déclaratives sont "j' ai regardé l' image" (dans les 2 groupes d' âges).
Il semblerait dopa qu' existe la controlatéralitê au plan de
la "direction" oculaire puisque les sujets à oeil gauche directeur
ont déclaré avoir utilisé l' image (OGhD)
alors que les sujets à oeil droit directeur ont dit avoir "regardé en haut,
en bas, etc...'
Dans ce sous-groupe, l' oeil directeur semble jouer un rôe important en mémorisation. Il semblerait que les saccades oculaires qui interviennent dans l' analyse et l' observation aient favorisé l' hémisphère cérébral controlatéral. Nous n' affirmons rien. C' est une constation sur deux échantillons indépendants.
Les sujets à oeil gauche directeur ont donc des problèmes de mémorisation : ils étaient classés en "global lent" pour le test tachistoscopique, ils restent en "global" pour le test mémorisation ils utilisent une "image" qui apparemment n' est pas très efficiente.
c) Sous- groupe "analytique rapide" O2- ORD
- la mémorisation est rapide et correcte pour des sujets dont l' asymétrie auditive sensorielle est droite : moyennes des latences de réponses : 8,6 s. à 10 ans et 7,4 s. à 11;8 a.
- la mémorisation est lente ou déficiente (moyenne 14,3s à 10 ans et 12,3 s. à 11;8 ans) pour les sujets dont l' asymétrie auditive sensorielle est gauche. On le recontre aussi chez les sujets à auditif "séquentiel" instable et dont la dominance manuelle diminue dans le test yeux bandés.
Il semblerait, qu' existe la constrolatéralité au plan de l'
asymétrie auditive "sensorielle" comme elle existe au plan "séquentiel"
puisque les sujets "sensoriel gauche" ont déclaré avoir utilisé "l'
image" (sensoriel gaucheh.D).
Dans ce sous-groupe, la voie auditive sensorielle semble jouer un rôle important en mémorisation. Il semblerait que cette voie "directrice", la plus efficiente dans la discrimination, détermine l' utilisation privilégiée d' un hémisphère cérébral.
Si les sujets "analytique rapide" présentent :
- une asymétrie auditive sensoriélle droite (h.G),
alors la mémorisation parait correcte ;
- une asymétrie gauche (o.h.D)
alors la mémorisation pose problème, est retardée ou médiocre.
Peut- on émettre l' hypothèse dans le premier cas d' une possibilité de verbalisation implicite alors que dans le deuxième cas les sujets seraient plus "muets" ?
d) Sous- groupe "analytique lent" OD- ORD
- la mémorisation est rapide et correcte pour des sujets sans problèmes particuliers : moyennes des latences de réponses 9 92 s. à 10 ans et 7 s. à 11 ; 8 ans.
- la mémorisation est lente ou déficiente (moyenne 11,3 s. à 10 ans et 13,7 s. à 11 ; 8 ans) pour les sujets présentant des instabilités motrices (des écarts importants d' un item à l' autre au test manuel), des incoordinations oculaires, et, une dominance manuelle diminuant dans le test avec les yeux bandés.
Dans l' ensemble du sous-groupe la mémorisation a été efficace. Il semblerait que ce soit ici l' organisation elle même des processus, leur stabilité, qui soit en cause.
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E. Conclusion
Nous regroupons les constatations effectuées dans le tableau suivant. Il est rappelé qu' il s' agit d' une mémorisation immédiate portant sur du matériel imagé de type spatial. Les faits expérimentaux relevés valent pour de telles conditions d' expérimentation.
Comment expliquer que "l' analytique rapide" soit sensible à l' asymétrie auditive sensorielle, i.e. à une voie "directrice" auditive, alors que c' est le "global lent" qui réagit à la voie directrice visuelle.
Dans ce dernier cas, l' image se forme lentement. Si cette image reste au niveau hémisphérique droit (oeil directeur gauche), la mémoire imagée, apparemment visuelle, est peu efficace ou met du temps à s' extérioriser. Le langage implicite (détour par l' hémisphère gauche) pourrait expliquer la réussite des sujets à oeil directeur droit.
Dans le cas de "l' analytique rapide", 1' image est vite perdue si elle n' est pas relayée par de l' audio- articulatoire. Si d' analytique, l' image devient globale (asymétrie auditive sensorielle gauche) alors la mémorisation est lente à se former et reste labile.
Pour l' analytique lent, si les processus sont stables, l' image reste vivide, sinon elle est perdue ou difficile à retrouver.
Pour le global rapide, la vision joue un rôle primordial. D'elle et de l' organisation de l' image, de la stabilité des processus visuels, dépend la mémorisation.
Tout en restant très prudent quant à la généralisation de tels faits, nous disons :
- avant toute étude sur la mémoire immédiate, ou à plus ou moins long terme, commençons par étudier la mémoire sensorielle (portant sur le même matériel, dans des conditions expérimentales voisines, etc...)
- intéressons- nous à l' acuité stéréoscopique des sujets. Généralement il est considéré que l' acuité stétéoscopique intervient dans la vision du relief, la binocularisation procurant ce relief. Il semblerait ici que l' utilisation d' un seul oeil puisse poser problème au niveau de la mémorisation immédiate mais uniquement pour les sujets du sous-groupe "global", c' est- à- dire utilisant une image. Et en particulier dans le sous-groupe "global" rapide.
Ainsi à 11 ; 8 ans sur 5 sujets à acuité stéréoscopique faible, 3 appartenant à "global rapide" ont des problèmes de mémorisation alors que les 2 du sous-groupe analytique n'en présentent pas. Le même constat est fait dans le groupe d'âges 10 ans.
Bien sûr, il faut rester prudent et considérer le petit nombre de sujets posant ce problème. Mais tout de même, lorsqu' on sait que les acuités stéréoscopiques déficientes ne sont pas toujours corrigées, cela fait réfléchir.
Les sujets "analytiques" ne paraissent pas incommodés a par cette acuité stéréoscopique déficiente. Mais les "globaux rapides" ? Et si cette déficience intervenait sur la qualité de leur mémorisation immédiate ? C' est vers les médecins ophtalmologistes que nous nous tournons, pour leur poser la question.
Les sujets étudiés ici ont une prévalence motrice manuelle droite. Le test manuel permet :
a) de déterminer quelle est la main qui démarre en premier ;
b) le temps de réaction au démarrage ;
c) l' écart entre performances des deux mains.
En faisant passer le test quatre fois : deux en conditions de vision, deux yeux bandés, on dispose de quatre indications par sujet concernant la main qui démarre en premier. On sait ainsi s' il s' agit toujours de la méme main pour un sujet donné ou e' il y a instabilité dans les commandes motrices.
Très souvent le temps de réaction vient confirmer le démarrage d' une main. Il a été noté que le temps de réaction augmente légèrement (200 ms. environ) quand par hasard, le sujet change de main de démarrage.
Les premiers démarrages d' une main ont été relevés en tenant compte de l' hémisphère cérébral qui recevait l' input d' après le modèle d' accès direct (cf. tableau 14).
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Tableau 14 Fréquences, en pourcentages, des premiers démarrages des mains droite ou gauche en fonction de l' asymétrie visuelle en convergence droite (OD) ou en ambiocularité (O2). |
Ainsi, la main droite démarre le plus souvent lorsque l' asymétrie visuelle en convergence est droite alors que la main gauche démarre le plus souvent lorsqu' il y a ambiocularité.
Le calcul du Chi² indique que les différences constatées sont significatives à un seuil de probabilité inférieur à P = .01 (respectivement Chi²= 7,68 et 15,78 pour 1 ddl dans les groupes d' àges 10 ans et 11 ; 8 ans).
Il semblerait donc, mais cela reste à confirmer, que le plus souvent, c' est la main ipsilatérale à l' hémisphère cérébral concerné le premier qui démarre en premier. L' hémisphère qui reçoit l' input semblerait initier l' ordre de démarrage.
Aucune différence significative n' apparait dans les premiers démarrages de main si l' on prend en considération l’œil directeur.
Le sujet qui s' attend à voir une lampe s' allumer focalise son attention sur ce stimulus, l' attention sélective développée entraînant une activation hémisphérique.
Telle pourrait être l' hypothèse émise. En tout cas, ce fait comportemental apparaît de même nature dans les deux groupes d' ages.
Les deux mains devaient tourner en même temps. Les deux premiers essais manuels étaient faits en vision normale, les deux suivante avec les yeux bandés. Dans l' ensemble il y a une assez grande stabilité dans le choix de la main pour le démarrage. L' hémisphère activé parait aussi le rester lorsque le stimulus devient auditif dans la suite.
Une autre hypothèse possible serait alors une liaison visuo- motrice constante entre première main activée et asymétrie visuelle. Cela nous parait peu vraisemblable. On comprendrait mal comment la main gauche pourrait être prête à fonctionner la première, quand, dans les actes quotidiens, c' est la main droite qui est la plus utilisée.
Nous préférons donc l' hypothèse de l' activation hémisphérique qui privilégie, pour une tâche donnée et pour une certaine durée dans le temps, une main plutôt que l' autre.
L' acte moteur n' est pas simplement exéeutif, c' est- à- dire performant, il est aussi explorateur, dans la recherche même, conduite par le sujet. Piaget (1960) pense qu"' une étude des mouvements n' atteint son véritable objet que dans le contexte d' une étude des actes (cognitivement) significatifs".
La performance motrice en elle- même ne nous intéressera pas ici. C' est la compétition des voies motrices qui sera prise en compte sachant qu' un seul hémisphère" pourrait être responsable de tous les aspects de la fonction motrice dans des tâches impliquant la musculature proximale seulement (ce qui est le cas ici), le contrôle ipsilatéral et controlatéral étant possible (Jason, 1983, p. 56).
Celui- ci souligne que la production d' activités précises serait latéralisée dans l' hémisphère gauche alors que l' organisation des séquences de ces actions ne serait pas latéralisée.
Bruyer (1982) note que l' hémisphère gauche assure le versant manipulatoire exécutif de la tâche tandis que l' hémisphère droit peut assurer conjointement les aspects exécutif et perceptif de celle- ci.
Pour Kinsbourne (1978, p. 123) dans une tâche de conflit l' hémisphère mineur contrôle l' output moteur non seulement de la main gauche mais aussi de la main droite, "donc pour la compétition des voies motrices hémisphériques qui est le plus compétent pour la fonction impliquée assure le contrele sur le système moteur".
Ainsi, il constate, que méme sur du matériel non verbal, si une transformation verbale est demandée, c' est l' hémisphère gauche qui traite. Il faut donc considérer "une hiérarchie de réponses en termes de réponses compétitives programmées par les deux hémisphères avec l' hémisphère spécialisé pour la tâche demandée accédant alors au système moteur".
Nous avons fait cette vérification en tenant compte des asymétries visuelles et auditives puisque nous les considérons comme des indicateurs de faits de spécialisation inter- hémisphérique. Le tableau 15 présente l' ensemble des résultats. Aucune différence significative n' étant apparue en fonction de l' asymétrie auditive "séquentielle" les temps moyens de rotation pour réaliser un tour sont regroupés selon l' asymétrie visuelle.
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Tableau 15 Temps moyens, en ms., de réalisation d' un tour de disque respectivement pour les mains gauche (m.G) et droite (m.D) en fonction de l' asymétrie visuelle de convergence droite (OD) ou ambioculaire (O2). |
Dans les deux groupes d' âges une différence apparaît en fonction de l' asymétrie visuelle (différences significatives à p < .001 avec respectivement entre main droite et main gauche : t = 6,47 et t =6,89 (31 ddl) à 10 ans et t = 18,6 et t = 24,6 (43 ddl) à 11;8 ans ; assomptions pour l' utilisation du t de student vérifiées).
Les sujets présentant une ambiocularité en convergence (que nous avons mise en relation avec l' hémisphère gauche) paraissent plus rapides et sur main droite et sur main gauche que ceux qui présentent une asymétrie droite (que nous avons mise en relation avec l' hémisphère droit).
Les écarts entre temps moyens des deux mains ne présentent pas de différences significatives. Il s' agit, rappelons- le du test manuel dont la passation a été indépendante du test cognitif (passation à 15 jours d' intervalle environ).
Il semblerait donc que ce soit l' hémisphère gauche qui contrôle la motricité de la main à la fois controlatérale et ipsilatérale dans les deux sous-groupes t s' il est directement concerné, le temps moyen de rotation est relativement bas (S/groupe à ambiocularité), s' il est concerné après relais, le temps moyen de rotation s' allonge (S/groupe à asymétrie visuelle droite - augmentation du temps : 100 ms. environ, par tour de rotation).
Nous avons relevé aussi une amélioration de la performance en fonction de l' âge des sujets dans les deux sous-groupes [ amélioration constatée aussi sur une tâche motrice avec des enfants de 6 à 11 ans par Bard et al (1981)].
Il nous a semblé d' un certain intérêt de voir quelle pouvait être l' influence du démarrage de la main sur la poursuite du mouvement.
Nous avons noté les performances en fonction des asymétries visuelles et auditives et de la main de démarrage droite ou gauche (tableau 16).
Tableau 16 Temps moyen, en ms., pour réaliser un tour de disque respectivement par la main gauche (a) et la main droite (b) en fonction de la main de démarrage dans les sous-groupes analytique rapide (O2- ORD) et global lent (O2- ORG) dans le groupe d' âges 11 ; 8 ans. Résultats de même nature à 10 ans. |
Les résultats en fonction d' une asymétrie de convergence droite (démarrage de la main droite le plus souvent) n' ont révélé aucune différence significative, que la main droite soit la première à démarrer ou que ce soit la main gauche.
Par contre en ambiocularité (cf. tableau 16, ci-dessus)ceux qui démarrent avec la main gauche, améliorent leurs performances par rapport à ceux qui démarrent avec la main droite
- sur main gauche uniquement dans le sous-groupe analytique rapide (colonnes a seulement: ) encadrements rectangulaire
- sur les deux mains dans ,le sous-groupe global lent (colonnes a et b). (o)
Les différences significatives constatées à 11 ; 8 ans le sont aussi à 10 ans. Nous insistons là- dessus.
Nous n' analysons pas ces résultats. Nous les citons comme voie de recherche possible.
Des asymétries motrices existent, elles paraissent dépendantes de facteurs visuels et auditifs et surtout on peut les déterminer d' une manière relativement simple. Nous pensons qu' il y a là une voie de recherche qui peut s' avérer extrêmement féconde.
Les vrais sujets à problèmes nous les rencontrons dans ce sousgroupe présentant une asymétrie visuelle gauche en convergence.
Ils représentent respectivement 19% et 17% de la population des droitiers manuels de 10 ans et 11 ; 8 ans.
c) leurs réponses déclaratives au test tachistoscopique sont, sans exception, dans les deux groupes d' âges, "image" : nous les classons donc parmi le sous-groupe "global" ;
Si nous prenons le seuil de latence (2.50 s.) pour différencier les rapides des lents nous avons :
- à 10 ans
à 11;8 ans :
e) Leur mémoire immédiate pose problème.
f) 69 % des sujets à 10 ans et 45 % à 11 ; 8 ans présentent une asymétrie de démarrage gauche. Ceux qui ont un premier démarrage avec la main droite voient leurs performances droites augmenter (alors qu' en ambioeularité c' était uniquement avec la main gauche de démarrage que la performance de la main gauche augmentait). Mais nous avons ici un petit nombre de sujets, c' est donc une simple constatation à vérifier dans la suite.
g) Leurs performances motrices sont les plus basses de l' ensemble de l' échantillon des droitiers manuels. (tableau 17). ' Les écarts entre sujets sont aussi très importants.
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Tableau 17 Temps moyens, en ms., nécessaires à la réalisation d' un tour
de disque |
Les problèmes rencontrés par les sujets à "oeil gauche dominant" ont été notés par Sampson et Horrocks (1978) pour qui la différence entre niveaux de performances monoculaires et binoculaires est attribuée à l' exactitude réduite du rappel de l' information binoculaire ; par Kinsbourne (1978, p. 219) qui trouve les plus mauvaises performances, en vision binoculaire, chez gauchers et droitiers à "oeil gauche dominant", par Krynicki et Nahas (1979) qui relèvent parmi les sujets schizophrènes un fort contingent de sujets à oeil gauche "dominant", une "dominance" croisée oeil- main associée avec une augmentation de la représentation bilatérale du langage et une "dominance" ipsilatérale oeil- main associée aux habiletés spatiales.
Nous n' allons pas accabler les sujets présentant une asymétrie visuelle gauche en convergence de tous les maux.
Il a été noté que quelques sujets, parmi eux, avaient des performances honorables, en mémorisation notamment.
De plus, le relevé de la littérature fait état de "dominance" qui, en fait, est de la directivité, bien que tous les auteurs ne signalent pas les tests utilisés pour la détection.
Des problèmes existent dans ce groupe. On pourrait se demander si, ce que l' on nomme généralement "problèmes de latéralité croisée" ne rentre pas dans le cadre de ce groupe à asymétrie comportementale visuelle gauche.
Il sera proposé maintenant une hypothèse à partir des modèles développés en début de chapitre. Elle sera émise avec beaucoup de réserves, mais émise tout de même, pour servir de point de départ à une réflexion sur ce problème.
Il a été relevé dans ce sous-groupe deux types de sujets : des "globaux" rapides et des "globaux" lents.
Le modèle théorique qui répond le mieux à cette situation est le suivant
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Diagramme des asymétries |
Prenons le cas (a) :
Les sujets sont rapides : {oeil Gh.G ; Auditif D
h.G}
mais disent utiliser "l' image". Le traitement parait donc global
et leur hémisphère gauche effectuerait ce traitement de type global.
Parmi eux, les sujets à oeil gauche directeur
disent analyser l' image en mémorisation (haut, bas...). Si le principe de controlatéralité est respecté {oeil gauche directeurhémisphère
droit}, c' est leur hémisphére droit qui analyserait [ nous n' écrivons pas
qui parlerait. Il s' agit ici d' une analyse perceptive], confirmant ainsi ce
qui a été dit plus haut.
Les sujets à {oeil droit directeurhémisphère
gauche}, disent utiliser l' image en mémorisation. Ce qui confirmerait encore
ce qui a été écrit plus haut.
Les asymétries auditives "sensorielles" apportent
encore un autre argument en faveur de ce modèle : les sujets à {sensoriel gauchehémisphère
droit} disent "analyser" en mémorisation.
Mais nous restons prudent car ce sous-groupe ne comporte que des asymétries "sensorielles" gauches ou à ambi-auricularité.
Pour conclure :
L' hémisphère gauche assurerait, dans la tâche considérée, les fonctions dévolues normalement à l' hémisphère droit et l' hémisphère droit celles qui reviennent à l' hémisphère gauche ie:
hémisphère gauche
global
hémisphère droitanalytique.
Prenons le cas (b)
Les sujets sont lents : {oeil gauchehémisphère
gauche.}
Il y aurait donc changement d' hémisphère cérébral pour le traitement de l' information qui arriverait sur l'hémisphère gauche mais serait traitée par l' hémisphère droit.
Mais alors, il faudrait que la voie auditive "séquentielle" privilégiée soit la voie ipsilatérale puisque nous avons la majorité des sujets à asymétrie auditive droite.
Si nous observons ce qui se passe au plan mémorisation, il faudrait aussi une voie visuelle ipsilatérale privilégiée pour l' oeil directeur.
Avec oeil droit directeur les sujets disent utiliser l' image (h.D) alors qu' avec oeil gauche directeur (h.G) ils prétendent l' analyser (test de mémorisation). Il y aurait donc confirmation de l' ipsilatéralité des voies.
Figure 18 Modèles théoriques hypothétiques proposés pour expliquer les
asymétries de comportement cognitif des sujets En A l' hémisphère gauche H.G assure un traitement "global"
au lieu d' analytique. |
Les asymétries auditives "sensorielles" semblent confirmer ce principe de l' ipsilatéralité. En effet, les sujets à asymétrie droite disent utiliser l' image en mémorisation.
En conclusion :
Le modèle théorique proposé parait être confirmé par les faite expérimentaux dans les deux groupes d' àges 10 ans et 11;8 ans. Il reste à le vérifier sur d' autres échantillons.
Il y aurait donc deux possibilités, lorsqu' une asymétrie visuelle gauche (en convergence) se présenterait :
- ou bien l' hémisphère gauche pourrait assumer des fonctions de traitement "global" alors que l' hémisphère droit assumerait les fonctions de traitement "analytique", le principe de controlatéralité des voies auditives et des voies visuelles directrices étant respecté ;
- ou bien chaque hémisphère conserverait son mode de traitement spécifique mais les voies visuelles directrices et les voies auditives privilégiées seraient les voies ipsilatérales.
La figure 18, ci-dessus, schématise ces deux modèles théoriques hypothétiques.
Ces deux modèles pourraient répondre au principe de répartition des tâches hémisphériques.
En effet, l' asymétrie comportementale visuelle gauche parait être une aberration de latéralisation puisque toutes les fonctions seraient alors assurées par l' hémisphère gauche (si le modèle d' accès direct est correct).
Ellenberg et Sperry (1980, p, 412) ont noté une coupure sévère dans le comportement des sujets lorsque deux tâches étaient traitées à la fois dans le même hémisphère.
Il y aurait alors, pour éviter l' utilisation simultanée d' un seul hémisphère, une modification de fonctionnement qui rétablirait l' unilatéralité de traitements répartissant ainsi la charge de travail.
Il resterait encore à expliquer pourquoi l' ambi-ocularité en convergence ne provoque pas cette charge de travail uni-hémisphérique si préjudiciable. Nous noterons qu' elle s' accompagne aussi bien d' asymétries auditives séquentielles droites que gauches, alors que seule l' asymétrie droite semble privilégiée avec la convergence oculaire gauche. Nous ne pouvons pas aller plus avant dans la tentative d' explication.
Nous appelons "gauchers" ceux qui ont une latéralité usuelle et graphique gauche.
Après revue de la littérature sur la latéralité, c' était le groupe qui nous paraissait poser le plus de problèmes. Or, il n' en est rien et cette "transparence" du groupe, nous la devons à notre appareil de détermination des asymétries motrices manuelles.
En effet, grâce à lui, nous avons caractérisé trois sous-groupes parmi les "gauchers".
1. Sous - groupe des gauchers purs, présentant une asymétrie motrice nette en faveur de la main gauche, avec un temps moyen par tour de rotation inférieur de plus de 40 ms. à celui obtenu par la main droite. La main gauche a été rapide et le mouvement harmonieux : 2 sujets sur 5 à 10 ans et 4 sur 12 à 11 ; 8 ans sont dans ce groupe.
2. Sous- groupe des ambidextres ne présentant pas d' asymétrie motrice. Le temps moyen par tour de rotation est identique sur main droite et sur main gauche. Deux sujets sur 5 à 10 ans et 5 sur 12 à 11 ; 8 ans sont dans ce groupe.
3. Sous- groupe des droitiers [ il est rappelé que, parmi les droitiers d' usage, il n' a pas été trouvé de sujets présentant une asymétrie motrice comportementale gauche.] manifestant une asymétrie motrice nette en faveur de la main droite avec un temps moyen par tour de rotation inférieur de plus de 70 ms. à celui obtenu par la main gauche. Un sujet sur 5 à 10 ans et 3 à 11 ; 8 ans sont dans ce groupe.
Les gauchers ont été regroupés dans le tableau 18 en prenant en considération leur asymétrie de convergence oculaire.
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Tableau 18 Parmi le groupe de "gauchers" graphiques et d' usage, Dans chaque case le premier chiffre indique le nombre à 10
ans, le 2° chiffre le nombre à 11;8 ans. |
Notes dans ce tableau : 1) le seul parmi l' ensemble des "gauchers" des deux
âges qui ait un ascendant (père) gaucher. |
Nous remarquerons le nombre important de sujets à oeil gauche directeur dans ce groupe de gauchers:
Quelle est la proportion de "vrais" gauchers dans notre échantillon total d' enfants de 10 et 11 ; 8 ans ?
Les fréquences relevées rejoindraient les données de la littérature : on estime en effet, actuellement, à 5 % environ le nombre de "vrais" gauchers dans une population normale.
Un fait bien plus important qui restera à expliquer, vérifié sur les deux populations d' âges différents et sur des adultes de notre entourage est qu' il n' y aurait pas de "vrais gauchers" lorsque l' asymétrie de convergence oculaire est gauche.
Les trois sujets sur quatre (le quatrième manifestant une ambidextrie) à oeil gauche convergent sont ceux qui constituent le sous-groupe des droitiers et nous avons souligné plus haut combien cette asymétrie droite était marquée (plus de 70 ms. d' écart par tour de rotation, ce qui est très important).
Comment se comportent les "gauchers d' usage" face à une tâche spatiale, dans les conditions d' expérimentation identiques à celles des droitiers ?
Ce groupe des "gauchers" était le dernier que nous avions à analyser. Nous avons eu l' agréable surprise de ranger les sujets d' après les modèles théoriques proposés plus haut. Et cela en fonction de l' asymétrie motrice manifestée au test manuel.
Dans les deux groupes d' âges différents, il a été noté
a) que "droitiers" et ambidextres parmi les gauchers d' usage se comportaient au test tachistoscopique comme de vrais droitiers et en fonction de leurs asymétries visuelles et auditives. Par exemple un sujet à asymétries oculaire droite en convergence et auditive "séquentielle" gauche répondra rapidement et déclarera avoir utilisé "l' image". (cf. fig. 17 et 18).
b) que les "vrais" gauchers parmi les gauchers d' usage se comportaient comme les sujets droitiers à asymétrie visuelle de convergence gauche : à savoir que les voies auditives privilégiées paraissent être les voies ipsilatérales. Par exemple :
asymétrie visuelle droite
hémisphère droit ;
asymétrie auditive droitehémisphère droit, entrainant une réponse rapide par un sujet qui dit avoir utilisé l' image".
Nous n' avons pas trouvé dans notre population de sujets présentant une inversion de mode de traitement hémisphérique comme cela a été le cas en asymétrie de convergence oculaire gauche.
Mais nous n' avons que 6 "vrais" gauchers dans l' échantillon, ce qui représente un faible effectif. L' inversion de mode de traitement existe peut être. Nous ne pouvons l' affirmer.
Ce qui semble différencier ce groupe de "gauchers" d' usage de celui des droitiers d' usage se situe au- delà du traitement sensoriel. Il semblerait, mais une analyse expérimentale plus poussée reste à faire, que la latéralisation "gauche" intervienne au- delà du sensoriel.
En effet, ce que nous avons constaté au plan mémorisation dans le groupe des droitiers d' usage (rôle de l' oeil directeur et de l' auditif "sensoriel" avec controlatéralité des voies paraîtrait s' inverser (d' où ipsilatéralité) dans le groupe gauchers d' usage.
Le petit nombre de sujets ne permettant aucune extrapolation nous citons ces observations, simplement comme fait expérimental constaté.
Les analyses d' asymétries comportementales perceptives seront à faire à des niveaux différents si l' on veut mieux "approcher" ce groupe de "gauchers d' usage".
Le modèle proposé qui vaut pour une tâche dans un contexte particulier (ie : mode opératoire le plus "primaire" possible) peut ne plus étre valable dans le cadre de tâches exigeant des stratégies plus élaborées parce que la latéralisation des processus ne se situe plus au même niveau hémisphérique.
Un autre point important est qu' il est indispensable, dans toute étude, de commencer par le commencement..C' est- à- dires qu' avant d' analyser les stratégies élaborées par le sujet, commençons par apprendre comment il se comporte au plan sensoriel, dans les quelques millisecondes qui suivent une prise d' information.
C' est ainsi que se sont différenciés nos gauchers qui, pourtant, ont tous la même stratégie d' utilisation quotidienne de la main gauche.
Pour en terminer avec ce groupe il semblerait que ce ne soit pas l' asymétrie motrice gauche qui pose problème mais l' asymétrie visuelle de convergence gauche. Et l' allusion aux problèmes créés par la latéralité croisée pourrait se rapporter, en fait, à ce type de problème oculaire.
Admettant que la "qualité" des processus sensoriels et moteurs relativement élémentaires pouvaient avoir une influence sur le déroulement des processus psychologiques, nous avons choisi des stimuli facilement codables en traits élémentaires, indices à la fois signifiants et signifiés~que le sujet devrait retrouver spontanément lors de la rétrospection.
Ces mémes indices utilisés en test rapide et en test de mémorisation immédiate doivent permettre de suivre l' évolution de la mémoire sensorielle vers son extériorisation en mémoire à très court terme visuelle ou audio-articulatoire.
En ,prenant le spatial comme matériel à traiter et le graphisme comme réponse, nous avons pu différencier une verbalisation implicite d' une verbalisation extérieure. En fait, cette verbalisation interne n' est qu' un instrument d' identification perceptive et a valeur de système de représentation tout comme l' image mentale.
La distinction a été faite entre prévalences motrices qui traduisent des latéralités extériorisées, qui, elles)sont stables dans le temps, et asymétries comportementales perceptives ou motrices qui traduiraient des faits de spécialisation hémisphérique et pourraient varier, parfois, selon les circonstances et les conditions du milieu.
Les modalités de passation des tests tentaient de se rapprocher des conditions normales de comportement du sujet face à une tâche quotidienne t utilisation simultanée des deux organes symétriques, sans compétition artificielle de l' un par rapport à l' autre.
Les constatations effectuées dans les conditions expérimentales définies ci- dessus, avec les deux populations d' âges 10 ans et 11 ; 8 ans ne sont pas considérées comme des preuves mais comme des arguments de cohérence. Elles tendraient à appuyer l' hypothèse des modèles théoriques proposés, basés sur les notions d' accès direct, d' efficience relative et de relais calleux.
A savoir, lors d' une présentation visuelle brève (25 ms)
- l' information arrive par une voie visuelle, spécifique au sujet dans la majorité des cas, et non par une voie latéralisée que cette information solliciterait elle-même.
Le test de convergence renseignerait sur cette voie privilégiée, amenant l' information respectivement aux hémisphères droit et gauche, si l' asymétrie constatée est droite ou gauche, à l' hémisphère gauche s' il y a ambiocularité.- les hémisphères cérébraux ont des modes de traitement de l' information qui leur sont spécifiques : global pour l' hémisphère droit, analytique pour l' hémisphère gauche, chez la majorité des droitiers et des gauchers.
Le test d' asymétrie auditive "séquentielle" mettrait en évidence la voie privilégiée : la structure sonore étant le plus rapidement prise en charge par l' hémisphère cérébral le plus apte à effectuer le traitement.- si l' hémisphère concerné par l' accès de l' information est efficient pour son traitement, la réponse est rapide. Sinon il y a transfert, appel de l' information sur l' autre hémisphèreq ce qui se traduit par un temps de réflexion plus long.
- Les modèles proposés sont basés aussi sur l' hypothès d' attention sélective développée par un hémisphère, sur le fait que les voies auditives controlatérales sont privilégiées, que les prévalences motrices pourraient intervenir au delà du sensoriel : rôles de l' oeil directeur et des asymétries auditives "sensorielles" dans la mémorisation.
- Les sujets à asymétrie visuelle convergente gauche présentent, pour la plupart, des problèmes au plan traitement de l' information, mémorisation et motricité. Il a été proposé pour eux, deux modèles de fonctionnement :
- chez certains, l' hémisphère gauche assurerait un traitement global au lieu d' un traitement analytique
- chez d' autres les hémisphères conserveraient leur spécificité mais les voies auditives privilégiées seraient ipsilatérales au lieu d' être controlatérales.
- Le test d' asymétrie motrice a permis de définir parmi le groupe des "gauchers" des sujets droitiers ou ambidextres qui se comportent cognitivement, dans les conditions expérimentales définies, comme des droitiers et des "gauchers purs", à voies auditives ipsilatérales privilégiées.
Notre expérimentation et notre échantillon ne nous permettent pas d' affirmer, si, dans le groupe de "gauchers purs", il peut y avoir ou non inversion du mode de traitement spécifique hémisphérique.
- Il a été constaté un seul type de processus parmi les sujets à traitement analytique alors que parmi les sujets à traitement dit global, deux modes de traitement ont été privilégiés selon les sujets :
- un de type global, imagé ;
- l' autre de type plus analytique, que nous avons mis en relation avec l' hypothèse d' une représentation imagée "propositionnelle".
- La réflexion se prolonge pendant le dessin chez certains sujets à auditif instable (à attention sélective peu soutenue ?) effectuant un traitement analytique. Le temps d' exécution du dessin s' allonge, ce qui pourrait s' expliquer par une interférence avec les processus de détermination de la réponse et tendrait à confirmer que les processus analytiques ont bien lieu au niveau hémisphérique gauche où se situent aussi les centres de commande motrice de la main droite.
- Tous les sujets sont aptes à répondre, avec une fréquence élevée de bonnes réponses, et dans les limites de temps de réflexion correspondant à celles des sous-groupes auxquels ils appartiennent.
Ensuite, avec le temps qui demande mémorisation et enchalnements opératoires successifs coordonnés, s' installent des différenciations et apparaissent des problèmes et certains handicaps : ainsi des sujets à traitement global peuvent se révéler "muets" devant une tâche que la représentation imagée seule s' avère inapte à traiter.
Ces mêmes sujets ne se différenciaient pas des autres, du même sous-groupe qu' eux, au test visuel rapide.
- Dans la majorité des cas il semblerait que l' hémisphère gauche contrôle la motricité de la main droite (95 % environ de l' échantillon) et pourrait intervenir ipsilatéralement sur les mouvements de la main gauche.
Le cas présenté résulte d' un choix qui n' est pas, bien sftr, le fait du hasard. Nous voulons montrer, en l' exposant, toutes les données dont on peut disposer pour mieux approcher le comportement d' un sujet. Le cas, en lui- méme, est un parmi les autres et ne présente d' intérit que parce qu' il .est tiré du sous groupe à asymétrie visuelle de convergence gauche.
J.C est un garçon de 11 ; 8 ans, sérieux, discipliné, scolaire mais inattentif, vite rêveur, incapable d' entreprendre rapidement un travail, d' analyser seul les données des problèmes qu' il a à résoudre.
Tests visuels :
- asymétrie de convergence gauche
- asymétrie sensorielle gauche ;
- oeil directeur gauche ;
- bonne vision binoculaire ;
- porte des lunettes : en réalité les verres sont neutres {+ 0,5 dioptrie sur oeil gauche - neutre sur oeil droit}. Une vérification supplémentaire montre qu' il ne s' agit pas d' un problème d' acuité visuelle mais d' une coordination binoculaire instable qui fatigue le sujet.
Tests auditifs :
- asymétrie auditive "séquentielle" instable à tendance droite (quatre tests ont donné deux fois l' ambi-auricularité à tendance droite et deux fois l' asymétrie droite ;
- asymétrie auditive "sensorielle" gauche.
Tests manuels
J.C est droitier. Le temps moyen pour effectuer un tour de rotation avec la main droite est 550 ms, ce qui le place parmi les sujets de son groupe, mais parmi les plus lents de l' échantillon (cf. tableau 17).
La main droite est rapide dans le test visuel, plus lente (un tour de rotation demande 60 ms supplémentaires) dans le test yeux bandés.
Ce qui confirmerait l' instabilité de latéralisation des voies
auditives et l' utilisation de l' hémisphère gauche
(oeil G convergent h.G)
dans le test visuel.
Les sens de rotation, direct et indirect, ne modifient pas le comportement de la main droite. Par contre la main gauche devient plus lente dans la rotation de sens indirect. De ce fait, l' écart entre les deux mains se creuse. Alors qu' il n' était que de 50 ms par tour de rotation en sens direct, il passe à 90 ms en sens indirect. La main gauche est donc moins bien contrôlée par rapport à la main droite dans le sens de rotation indirect.
Le premier démarrage est toujours effectué par la main gauche. Le temps de réaction au démarrage par signal visuel est de 690 ms, par signal sonore de 280 ms.
Ce qui confirmerait la voie ipsilatérale pour l' auditif : (Aud. Dh.D
m.G
: 280 ms)
alors qu' au signal visuel on a (oeil Gh.G
h.D
m.G
: 690 ms).
Test spatial
Items d' identification et complètement de formes I.C1[
exemple
?].
- temps de réflexion : 4,01 s., pour 11 items réussis sur 12. Cela le place parmi les lents avec une réponse déclarative "image", donc traitement global.
Avec le modèle théorique proposé nous aurons :
il y aurait donc ipsilatéralité privilégiée pour les voies auditives.
L' écart type des temps de réflexion (sigma = 1.16) est parmi les plus élevés, ce qui caractérise encore l' instabilité des voies auditives, traduisant une incertitude quant à la prise en charge de l' information pour son traitement. Les temps de réflexion les plus bas ne vont jamais au- dessous de 2.70 s., ce qui confirme l' insertion de J.C dans le sous-groupe des "globaux lents".
Le temps d' exécution du dessin, 1.04 secondes, le place parmi les lents : on ne pourra pas affirmer que cette lenteur est due à la lenteur motrice plutôt qu' à l' instabilité des voies auditives ou aux deux réunies.
Pour le test (formes en miroir) 2[ exemple
]
le temps de réflexion est 3,88 s. soit 130 ms de moins que pour IC1.
Ce qui est normal.
Par contre, dans le test où une transformation de type V devrait,
en principe, être opérée (test I02) [ exemple
]
le temps de réflexion moyen n' est que 2,96 s., soit presque
une seconde de moins que pour identifier et compléter les mêmes formes.
Ces items occupant la 2°, 11°, 15° et 23° place dans le test, ces résultats ne sont pas dus à un artefact expérimental. Il a donc été plus facile à J.C de voir globalement la forme dans une position haut- bas que dans sa position droite- gauche, ce qui confirmerait les problèmes de latéralisation et en même temps la saisie et le traitement globaux de la forme.
En mémorisation, le temps de réponse est assez rapide (7,39 s) et tous les items réussis. Il déclare avoir vu "l'image".
Les tests de prévalence perceptive motrice donnent :
oeil gauche directeur ![]() |
|
réponse "globale" (mémorisation rapide, ce qui concorde avec le modèle théorique proposé.) |
|
auditif sensoriel gauche ![]() |
En conclusion :
Avec les tests classiques de latéralité, J.C serait classé parmi les sujets à latéralité croisée main-oeil, donc parmi les sujets à problèmes.
L' ensemble de nos tests permettent de déceler
- une incoodination oculaire ;
- une asymétrie auditive "séquentielle" instable ;
- un traitement global de l' information. (J.C est "muet" intérieurement face à l' information visuelle).
En conséquence
10 Novembre 2007